Sans avoir affolé les compteurs, une dernière poignée d’échanges ont eu lieu en 2024 avant la fermeture du marché des transferts NFL. Certaines équipes ont su manœuvrer leur barque à la perfection pour s’attacher les services de joueurs ciblés. D’autres ont pris des risques difficiles à élucider.
Néanmoins, aucune folie envoyant un ou plusieurs premiers tours de draft à une franchise pour récupérer une superstar n’a abouti. C’est d’ailleurs la première fois depuis 2001 que toutes les équipes possèdent encore leur premier tour de draft respectif pour la draft suivante après ce passage dans la saison.
Liste des échanges lors du dernier jour
- Marshon Lattimore (CB) aux Commanders
- Za’Darius Smith (DE) aux Lions
- Preston Smith (DE) aux Steelers
- Mike Williams aux (WR) Steelers
- Khalil Herbert (RB) aux Bengals
- Tre’Davious White (CB) aux Ravens
- Khalil Davis (DT) aux 49ers
- Jonathan Mingo (WR) aux Cowboys
Le bon : Za’Darius Smith (DE) chasse en meute
Cet échange est une évidence. Toute la sphère NFL connaissait son existence deux jours avant son officialisation. Il faut dire que sur le papier, tout clique. Les Lions, orphelins de leur superstar Aidan Hutchinson, cherchent une solution de substitution adéquate. Les Browns, embourbés dans une énième reconstruction dégraissent.
Detroit doit remplacer un joueur responsable de 45 pressions (4e) dont 8 sacks (2e ex-aequo) (statistiques réalisées en 5 matchs, PFF). Si Za’Darius Smith n’atteint pas des marques si hautes (27 pressions pour 5 sacks) son apport à l’opposé de Myles Garrett n’est pas négligeable.
Néanmoins, il est demandé à Smith de s’avancer comme une solution numéro 1 dans le pass rush de Detroit. Il aura à sa disposition à l’intérieur de la ligne, Alim McNeil et Levi Onwuzurike. Les deux hommes sont capables de mettre de la pression (50). Et ils ne demandent qu’une chose, qu’on les laisse plus souvent en un contre un. Si Za’Darius Smith possède un pass rush win rate (pourcentage de fois où un joueur est capable de se défaire d’un bloc en moins de 2,5 secondes) de 10 %, le plus faible de sa carrière, il se trouvait encore à 21 % l’an dernier et a l’habitude d’attirer les attaquants sur lui (28 % du temps avec deux défenseurs à battre en 2022).
S’il n’est pas la panacée, Za’Darius Smith a de quoi déverrouiller des situations pour une équipe qui joue le titre.
Le meilleur des transferts NFL 2024 : Marshon « Gandalf » Lattimore (CB)
L’échange de Marshon Lattimore est beaucoup plus étonnant. Il a fallu un alignement de circonstances plus ou moins attendues. D’abord, les Saints ont dû dérailler complétement, enchaînant 7 défaites et remerciant leur entraîneur principal. L’ère est au renouveau en Louisiane. Ensuite, les Commanders ont surpris la NFL avec un Jayden Daniels déjà rookie de l’année et un coaching acclamé. Mais un problème persiste dans la capitale, la défense de passe.
En effet, sur la première moitié de la campagne 2024, les cornerbacks grenats ne sont pas au niveau. Les forces en présence sont Emmanuel Forbes, Benjamin St-Juste et Mike Sainristil. Le premier, ancien premier tour de draft est une déception ambulante. Il a été titularisé seulement un match en 2024 (106 jeux joués au total). Forbes est tributaire d’un extravagant 24,6 % de plaquages ratés en carrière. Et enfin, il a encaissé 729 yards en tant que plus proche défenseur à la passe (66,7 % de passes complétées, PFF).
Les titulaires Mike Sainristil et Benjamin St-Juste font mieux. Ils plaquent bien (respectivement 6,7 % et 9,1 % de plaquages manqués cette année). Mais ils laissent eux aussi des largesses défensives visibles quand il s’agit de couvrir (250 et 441 yards alloués). A la décharge de Sainristil, le joueur découvre la position extérieure. Il a défendu dans le slot 72 % du temps à l’université.
Marshon Lattimore est une amélioration nette et immédiate. Cette saison le cornerback est une glu dont il est impossible de se défaire. Les quarterbacks adverses évitent de lancer sur lui (seulement 9,7 % de ses jeux en couverture, 2e plus faible). Et quand ils le font, ils se mordent les doigts (12,3 % de passes complétées en moins par rapport aux attentes, 3e). L’échange de Marshon Lattimore vient équilibrer une escouade qui peine à défendre en homme à homme contre la passe (0,175 EPA/jeu alloués, 5e plus faible) alors qu’elle s’en sert 36 % du temps (6e).
Marshon Lattimore has not allowed a TD in single coverage since the 2021 season pic.twitter.com/PtbJmpNU7l
— PFF (@PFF) November 5, 2024
Le pire des transferts NFL 2024 : Jerry Jones a la folie des grandeurs
Jonathan Mingo est un receveur, drafté par les Carolina Panthers en 2023 avec le choix numéro 39 lors du second tour. Si à l’époque, sa cote avait augmenté lors du processus pré-draft, la réalité est différente seulement après un an et demi dans la ligue. Sauf pour un seul homme, Jerry Jones (propriétaire et manager général, Cowboys). L’homme à la tête de l’équipe d’Amérique a plus foi en son évaluation personnelle que ce que tout le monde a vu en NFL.
Jonathan Mingo est donc un receveur, bien bâti avec ses 188 cm et 100 kg au compteur. On pourrait s’attendre à une cible extérieure capable de gagner des un contre un contestés. Il n’en est rien puisque Jonathan Mingo n’a rattrapé que 25 % des lancers en situation contestée en NFL (4/16). Ses mains ne sont tout simplement pas assez fiables. Le receveur a échappé 9,8 % de ses ballons dans la ligue professionnelle, et 10,3 % si l’on remonte déjà à sa carrière universitaire annonciatrice.
L’université est aussi un bon indicateur de son utilisation. Pendant ses 3 premières années à Ole Miss, Jonathan Mingo a été déployé sur des positions extérieures (87,9 % des jeux en 2021) sans grande réussite (1,66 yards par route courue). Son coach a donc décidé de le rapprocher pour sa dernière année en l’utilisant 35 % du temps dans le slot, et même 9,1 % sur une position de tight-end. Cette année-là, Mingo a effectué ses records en carrière avec 2,14 yards par route courue et 5 touchdowns (PFF).
A l’échelon supérieur, Carolina a gardé cette utilisation dans le slot pour Jonathan Mingo (36,9 % des jeux en deux ans). Une obligation tant le joueur court très mal ses routes. Le receveur ne sait tout simplement pas faire de séparation. Il atteint un famélique 0,75 yards par route courue dans sa carrière NFL. Le tout avec un échantillon très respectable de 110 passes lancées dans sa direction. Depuis 2000 sur tous les receveurs ayant rattrapé plus de 50 passes en carrière, Jonathan Mingo est le moins prolifique (526e).
Jerry Jones a donc intérêt à avoir un plan pour son nouveau joueur. Problème, le slot, seule position où il arrive à exploiter son « talent » après réception (5,6 yards après réception par réception en 2024) est déjà occupé en majorité par CeeDee Lamb (53,8 % des jeux en 2024). L’extérieur étant une très mauvaise idée, le repositionnement en tight-end pourrait être une porte de sortie.
Les fans de Dallas ne comprennent pas comment leur équipe a pu échanger un 4e tour de draft pour un tel profil. Difficile de les convaincre quand Diontae Johnson, DeAndre Hopkins ou Amari Cooper, bien que plus vieux, partent pour moins que cela.
Among 72 WRs with at least 50 receptions since the start of last season, Jonathan Mingo ranks:
– 72nd in receiving yards (539)
– 71st in yards per route run (0.75)
– 72nd in catch rate (49.5%) https://t.co/g4bTX1PAzP pic.twitter.com/v3dxaio96A— The 33rd Team (@The33rdTeamFB) November 5, 2024