Les hommes de ligne offensive sont aussi essentiels en NFL qu’ils sont sous-exposés médiatiquement. Bien que leur utilité ne soit pas à démontrer, le « glamour » de leurs tâches n’est pas à proprement parlé l’aspect qui va attirer le spectateur, qui plus est pour la position de centre. Autant les tackles vont être loués pour leur protection, autant les centres font un travail ingrat que beaucoup vont réduire au simple fait de mettre en jeu au moment du snap, aspect très et même trop réducteur pour une position souvent mal reconnue.
A peine moins démesurés du point de vue physique que leurs compères jouant sur les positions de tackles, les centres sont des athlètes qui témoignent d’un niveau de force et même d’explosivité bien supérieurs à ce que l’on pourrait croire. Ils sont les premiers en action puisqu’ils mettent en jeu le ballon, et ils doivent être capables d’exploiter ce léger temps d’avance dont ils disposent pour faire la différence face aux defensives-tackles (souvent les joueurs les plus lourds sur les terrains) auxquels ils sont opposés.
Garrett Bradbury a été drafté en avril 2019 par les vikings du Minnesota, et bien qu’il n’ait encore jamais été nommé All-Pro, il fait partie des centres solides de la ligue. Il mesure 1,91m pour 138 kilos. Un colosse impressionnant qui a démontré lors du processus draft qu’il était un athlète totalement hors-norme.
Un gabarit de titan
Sa taille et son poids sont bien entendu déments pour le commun des mortels. Son IMC se situe dans les 38,22, et pourtant, pas d’inquiétudes particulières, il est doté d’un gabarit digne des joueurs de ligne NFL. Sa masse graisseuse est peut-être élevée, il n’empêche que son poids est du avant tout à une musculature impressionnante.
Il présente quand même un défaut aux yeux des analystes, à savoir qu’il est doté de bras courts. Le fameux syndrome du tyrannosaure pour les auditeurs des podcasts draft.
Ses bras de 79 centimètres et son envergure de 1,93m ont en effet inquiété les recruteurs, et lui ont fait perdre un peu de valeur lors de son repêchage. Probablement la crainte de ne pas être suffisamment long pour utiliser de grands leviers face aux linemens adverses.
Ses mains, en revanche, sont aussi « violentes » qu’imposantes, puisqu’avec 25,4centimètres, autant que Tristan Wirfs (LT, Buccaneers) ses « pâluches » impressionnent en n’incitent pas au conflit.
Sa capacité à être très bas sur son centre de gravité, avec cette position hyper fléchie propre aux centres, offre un ancrage au sol des plus solides. Bien fixe sur ses appuis et solide sur ses jambes, Bradburry est une souche d’arbre qu’il est difficile de déraciner… d’autant plus qu’avec 34 répétitions de développé couché à 102 kilos, il est doté d’une force brute dantesque, laissant entrevoir un maximum qui avoisine les 225-250 kilos. De ce point de vue, il réalise des performances dans les très hauts standards de ligne offensive, et tutoie presque la performance d’Aaron Donald qui en a réalisé 35.
Une vitesse qui détonne pour une puissance inégalée pour un centre
Bradburry a couru le 40 yards en 4,92 secondes, le seul joueur de sa position à descendre sous les 5 secondes depuis de nombreuses années au Combine. Surtout, son explosivité a été confirmée avec un temps de passage de 1,69 seconde aux 10 yards. Qualité primordiale, sa très bonne vitesse de démarrage lui permet d’exploser au moment du snap et de prendre l’ascendant sur nombre de defensive-tackles adverses, moins explosifs au démarrage pour la plupart.
Sa vitesse maximale a été mesurée à 25,75km/h, ce qui, lorsqu’on pèse plus de 138kilos, impressionne et fait penser à un char d’assaut.
Une explosivité du bas du corps très honnête
Concernant les ateliers de saut, sa détente sèche a été mesurée à 79 centimètres. Marque qui n’en fera pas un record pour la ligue, mais qui est nettement supérieure aux joueurs de la même position. Bradburry est non seulement très fort au sol, il reste également capable de générer de la vitesse lors d’une impulsion, d’où le fait que cet homme, qui pèse pratiquement le double du poids d’un homme moyen, est capable d’élever sa tête jusqu’à 2 mètres 70. Lourd et terriblement fort, il peut aussi sauter horizontalement et sans élan à 2 mètres 64.
C’est cette mise en perspective qui permet de prendre conscience des aptitudes athlétiques de Bradburry. Toutes moqueries laissées de côté, avec sa longueur de bras, ce colosse de 138 kilos a largement de quoi dépasser le cercle d’un panier de basket afin de dunker, alors qu’il mesure la même taille qu’Anfernee Simmons (dernier vainqueur du concours de dunk NBA) mais pèse quasiment 60 kilos de plus.
Un titan à l’agilité incroyable
Toutes ces données sont à combiner avec le fait qu’il réalise un temps très intéressant de 7,41 secondes à l’atelier des 3 cônes, démontrant à la fois qu’il est explosif, rapide, et très mobile pour un joueur de cette morphologie. Cela atteste de sa qualité à se mouvoir avec aisance, et est à relier avec un certain Jason Kelce (centre des Eagles) comme la meilleure jamais enregistrée pour un centre.
En terme de vitesse d’appuis et de temps de contact au sol, difficile de déterminer avec précision sans capteurs quelle est la plus value des appuis de Bradburry. Pour autant, il est question ici de données liées à l’agilité et à la mobilité, tout bonnement exceptionnelles tant le poids et les mesures sont affolantes.
À l’issue de ses deux premières saisons en NFL, Bradburry ne s’est pas imposé comme l’une des références des centres de la NFL, mais son potentiel athlétique et sa robustesse (il n’a manqué aucun match et a toujours été titularisé) en font potentiellement le futur de la franchise des Vikings.