Les Jacksonville Jaguars et les Baltimore Ravens ne s’affronteront que ce dimanche après-midi, du côté de Wembley. Mais l’effervescence est déjà de mise du côté de Londres. Preuve en est avec l’organisation du NFL UK Live qui attiré son monde dans le Nord-Ouest de la capitale anglaise.
Dans le quartier de Marylebone Road, ils étaient près de 400 à guetter le passage d’anciennes gloires NFL en Europe, passés notamment par Jacksonville et Baltimore. Le premier invité de Neil Reynolds, présentateur de Sky Sports, est d’ailleurs David Caldwell, le General Manager des Jaguars. Son intervention se veut essentiellement positive, avec l’accent sur les futurs espoirs de la franchise comme Leonard Fournette, Telvin Smith ou encore A.J. Bouye.
Si son passage ne marquera pas les mémoires de l’assistance, on ne peut pas en dire autant des prochains invités. Tony Boselli, ancien Pro Bowler des Jacksonville Jaguars, et Ross Tucker, longtemps centre NFL et désormais présentateur de podcast, livrent leurs impressions sur le match à venir et surtout sur l’évolution du poste de lineman offensif. Interrogé sur les raisons qui expliquent les difficultés actuelles des O-Lines, Tucker a une réponse aussi simple qu’exhaustive : les systèmes offensifs en NCAA qui misent plus sur la vitesse que sur la résistance, le nombre infini de passes par match qui augmente de facto le pourcentage de sacks mais aussi et surtout le manque d’entraînement des linemen, suite aux modifications du CBA, accord collectif de la ligue voulu par l’association des joueurs NFL. Une décision censé protéger les joueurs du poste mais qui finit par les desservir, à ses yeux.
Fred Taylor défend Adrian Peterson
Place alors à deux (autres) anciennes gloires des Jaguars : le quarterback Mark Brunell et le running back Fred Taylor. Le premier est notamment interrogé sur sa relation avec son head coach de l’époque Tom Coughlin. Et à la question « L’avez-vous déjà rendu furieux ? », l’intéressé se targue d’un « Oui, chaque jour ! ». Mais bizarrement, il botte en touche au moment d’être questionné sur la situation de Blake Bortles. Le second, lui, prend moins de gant, et relativise l’enfer annoncé au quarterback floridien face à une équipe qui a provoqué dix turnovers.
« Il faut se rappeler que les Ravens ont joué Cincinnati, qui n’a pas marché de touchdowns sur ses deux premiers matches, avant d’affronter un quarterback rookie contre Cleveland. Bortles a cette mobilité qui donnera indéniablement du fil à retordre à cette escouade défensive. »
Taylor se prononce aussi sur Leonard Fournette, qu’il voit devenir le troisième meilleur joueur de l’histoire de la franchise (derrière lui et Maurice Jones-Drew) et sur Adrian Peterson qu’il considère comme un joueur émotif et déterminé dans sa volonté d’aider les New Orleans Saints. S’en suit un concours de précision à la passe, où chaque participant (membres du public inclus) manquent la cible, Mark Brunell décrochant tout de même la meilleure note artistique.
La suite de l’événement est beaucoup plus axée sur les médias et l’aspect organisationnelle. L’équipe de Sky Sports passe notamment par le Landmark London Hotel, avec le consultant et ancien safety des Bengals Solomon Wilcots en vedette. Ce dernier y raconte notamment les malheurs qu’il a vécu contre Joe Montana, lors d’un Super Bowl joué contre San Francisco. Il y rappelle que « Joe Cool » n’a, selon l’histoire, jamais été intercepté en finale. Il nuance cette version dans un sourire, rappelant que son ancien partenaire Lewis Billups a manqué de le punir lors du Super Bowl XXIII. D’où la phrase qui suit :
« Je dis souvent à Joe qu’il a déjà lancé une interception au Super Bowl. Sauf que nous ne l’avons pas catché. »
Alistair Kirkwood, responsable du pôle NFL UK, bouclera cette séquence institutionnelle, en expliquant la manière dont les franchises étaient choisis pour les rencontres londoniennes.
« Le plus dur, c’est sans doute de trouver une équipe capable de recevoir ce match. Et à ce niveau, nous avons eu la chance d’avoir une participation active des Jacksonville Jaguars. Chaque année, nous proposons quinze mois avant les matches prévus des potentiels futurs candidats. Sachant que chaque équipe a un droit de véto pour un match à domicile uniquement. Les équipes qui déménagent sont aussi très souvent sollicités, comme les Los Angeles Rams ces denières années … »
Ray Lewis le prédicateur
Vient alors le clou du spectacle, attendu par une écrasante majorité de fans, acquis à la cause des Ravens : l’arrivée des anciens gloires Jonathan Ogden et Ray Lewis. L’acclamation est à l’image du CV des deux hommes, accueillis comme il se doit par une chorégraphie des plus accrobatiques des cheerleaders de la franchise.
Draftés en 1996, les deux hommes insistent sur le fait qu’ils ont été les deux premiers joueurs choisis par le General Manager Ozzie Newsome. Ils précisent aussi qu’ils ne savaient pas vraiment où ils mettaient les pieds, à l’heure où Baltimore (nouvellement créé après le départ de Cleveland) n’avait pas de casque, de maillot et surtout d’identité attitrés. Ray Lewis dit s’être beaucoup inspiré de la culture de Pittsburgh, une « culture intimidante » qu’il désirait à tout prix faire taire lors des duels de division.
Vient le fil rouge inévitable : trois volontaires sont choisis dans la foule. Leur mission : imiter la danse rendue célèbre par le linebacker. Un concours qui vire à la comédie, Neil Reynolds et Jonathan Ogden finissant par se prêter au jeu, avec plus ou moins de réussite. Dernier moment marquant de cet après-midi : le passage de Jermaine Eluemunor, guard anglais des Baltimore Ravens. Le rookie explique avoir suivi le New York Giants – Miami Dolphins disputé il y a dix ans à Wembley pour l’arrivée de la NFL en Angeleterre. Il s’estime béni d’avoir pu transformer ce rêve en réalité en foulant le terrain londonien demain après-midi. « Béni » ? Il ne fallait pas en dire plus pour voir Ray Lewis se lancer dans un énième numéro de prédicateur en souhaitant à son collègue le meilleur, à condition qu’il se donne à 100% en pensant aux sacrifices éventuels. Le numéro 52 termine en expliquant que le jeu ne lui manque plus, surtout parce qu’il continue de trainer les blessures qui lui font mal depuis cinq ans.
Globalement réussi, l’événement aura paru long à certains moments (trois heures d’échanges) mais aura insisté sur le retour positifs des fans anglais à l’arrivée de la NFL. D’où l’énième interrogation : à quand une franchise à Londres ? Sur cette question, la réponse de Ross Tucker est implacable :
« S’il peut y avoir deux équipes à Los Angeles, pourquoi pas une équipe à Londres ? Je suis persuadé que cela arrivera. Il s’agit maintenant de savoir quand. »
Plus tard dans l’après-midi, Solomon Wilcots jette un peu plus fort le pavé dans la mare. Interrogé sur le passage possible de la NFL dans le Nord de l’Angleterre, plutôt que perpétuellement à Londres, le consultant rétorque :
« C’est une possibilité. Je crois même que voir une équipe débouler à Manchester aurait du sens si une franchise voit le jour à Londres. La NFL est faite de rivalités, et en créer une énième en Angleterre serait tout simplement bénéfique, selon moi. »
Chaque chose en son temps, diront certains …