0-2 : Quelles chances de playoffs pour les équipes sans victoire ?

Retard à l'allumage ou problème plus profond ? On fait le point sur les équipes en mal de succès.

Neuf. Après deux semaines de compétition, neuf équipes n’ont pas encore goûté à la victoire en NFL. Avec 15 matchs encore à disputer, il peut paraître (trop) tôt pour parler de playoffs… Que nenni ! Une saison peut se faire (ou se défaire) dès les premières rencontres. Preuve en est, depuis la saison 1990, seulement 32 équipes sur 279 ont accédé aux playoffs après avoir perdu leurs deux premiers matchs (soit un faible taux de réussite de 11,5%). Pire encore, une troisième défaite annihile quasiment tout espoir, puisque seulement 4 équipes sur 162 sont parvenues en playoffs après un tel départ (2,5% de réussite).

Voyage vers les tréfonds de la ligue afin d’analyser les chances de playoffs de chacun.

Cincinnati Bengals : Bonnes

D’une certaine manière, Zac Taylor et les Bengals se trouvent en terrain connu. Au cours des trois dernières années, Cincinnati a toujours commencé par un 0-2. Ils sont ensuite parvenus à atteindre les playoffs en 2022, puis à terminer avec un bilan positif de 9-8 la saison dernière.

Après une défaite surprise face aux Patriots, puis une beaucoup plus encourageante face aux Chiefs, Cincinnati semble être sur la pente ascendante. Un sentiment renforcé par le fait qu’il reste du potentiel inexploité. En effet, leur corps de receveurs, considéré par beaucoup comme un atout majeur, n’a pas répondu aux attentes jusqu’à présent. Une situation qui s’explique en partie par la blessure aux ischio-jambiers de Tee Higgins, mais aussi par un Ja’Marr Chase boudeur/malade/blessé. Dès que Joe Burrow retrouvera son duo, l’attaque devrait de nouveau rugir.

De l’autre côté du terrain, la défense est au contraire une bonne surprise. Portée par Logan Wilson, Cam Taylor-Britt et Trey Hendrickson, l’unité de Lou Anarumo a tenu tête aux redoutables Chiefs en semaine 2. Après avoir déjà été solide en semaine 1, il y a de quoi voir l’avenir avec optimisme.

Avec trois de ses quatre prochains matchs contre les Commanders, Panthers et Giants, les Bengals peuvent espérer plusieurs victoires. Ils devraient ainsi regarder vers le haut et penser à nouveau aux playoffs.

Baltimore Ravens : Plutôt bonnes

La défaite des Ravens face à Kansas City lors du match d’ouverture n’avait rien de surprenant. Celle de dimanche à domicile contre les Raiders est en revanche inquiétante.

Avec un Lamar Jackson qui fait le jour et la nuit, les Ravens ont besoin que leur quarterback joue à son meilleur niveau. Il faudra pour ce faire que la ligne offensive continue de progresser. Après avoir subi 14 pressions contre Kansas City, elle n’en a laissé que 5 contre Maxx Crosby et les Raiders. Une bonne chose qu’il faudra accompagner d’une optimisation de la connexion avec les receveurs. Si Isaiah Likely puis Zay Flowers ont été très précieux sur les deux premiers matchs, Marc Andrews n’est pas encore sorti du bois. Comme pour Cincy, il reste du potentiel à exploiter.

En phase défensive, le départ de Mike Macdonald a fait plus de mal que prévu. Même si elle dispose de talents à tous les niveaux, la défense désormais menée par Zach Orr est en peine. Particulièrement défaillants en couverture, abandonnant des jeux explosifs (15 yards ou plus) sur 17,7 % des snaps, les Ravens peuvent se faire transpercer à tout moment. Et ce n’est pas leur triste première place au niveau des yards concédés dans les airs (567 yards) qui nous persuadera du contraire. Les corbeaux ne volent plus.

L’équipe de John Harbaugh sera confrontée à un défi de taille à Dallas en semaine 3. Un défi qui pourrait (déjà) déterminer leurs chances de playoffs, alors que les Bills et les Bengals suivront…

Jacksonville Jaguars : Modérées

Premier bilan mitigé à Jacksonville. Les Jaguars ont certes perdu leurs deux premières rencontres, mais le calendrier n’était pas des plus aisés. Ils n’ont également pas laissé plus de 5 points de différence à leurs adversaires, preuve de leur ténacité. Pour autant, les floridiens n’ont pas fait des étincelles, loin s’en faut.

Si les regards se portent naturellement sur Trevor Lawrence et ses timides statistiques (26/51, 382 yards, 1 touchdown), le principal problème se trouve ailleurs. Située au 25e rang pour la protection de passe et au 29e rang pour la course, la ligne offensive se rapporte davantage au chaton qu’au jaguar. Lawrence a été mis sous pression sur 38,7 % de ses jeux de passe, et il ne dispose en moyenne que de 2,37 secondes avant d’être confronté à un défenseur. Pas d’avantage de succès au sol, puisque Travis Etienne Jr. n’a grapillé que 96 yards en 2 matchs, avec une moyenne de 3,6 yards par course.

Sur le plan défensif, le contingent de Ryan Nielsen a été inefficace contre la passe. Avec 524 yards concédés, la défense des Jaguars est 30e de la ligue en termes de gains dans les airs. Pire encore, elle a parfois réussi l’exploit de donner l’impression que Deshaun Watson était revenu à son meilleur niveau.

Après deux nouveaux affrontements compliqués, d’abord contre les Bills ce lundi, puis contre les Texans la semaine suivante, le calendrier devrait s’attendrir. Les floridiens espèrent qu’il ne sera pas déjà trop tard à ce moment.

Indianapolis Colts : Modérées

Tout comme leur rival de division, les Colts n’ont perdu que sur des scores serrés en 2024. Le point noir est que l’une de ces défaites l’a été contre une équipe menée par Malik Willis.

Comme l’a prouvé le match contre les Packers, le fonctionnement offensif d’Indianapolis repose sur Anthony Richardson. L’ancien quatrième choix de la Draft est capable d’actions exceptionnelles tout comme de faire plonger son équipe. Avec 3 interceptions ce week-end, il a fait tomber les Colts malgré le peu de points en face (10-16). Avec un bon Jonathan Taylor en soutien et des receveurs jeunes et dynamiques, Richardson a de quoi faire bien mieux.

La défense des Colts n’a pas non plus beaucoup progressé. L’unité a autorisé le plus grand nombre de yards au sol de la ligue (494 yards). Incapable d’arrêter ses adversaires, elle a passé 23 minutes sur le terrain en première mi-temps face à Green Bay. Une éternité. En plus des difficultés existantes, la perte de DeForest Buckner pour quatre semaines et du cornerback JuJu Brents pour la saison ne vont pas arranger les choses.

Pendue aux fulgurances de son quarterback, la franchise espère que Richardson gagne en régularité afin d’avoir une chance. Dans le contraire, il sera difficile de penser que la défense puisse les porter en playoffs.

Tennessee Titans : Plutôt faibles

Jamais deux sans trois. L’AFC Sud se paye le luxe de placer trois représentants à 0 victoire en deux matchs. Après les Jaguars et les Colts, place aux Titans.

Si le début de saison de Will Levis est un formidable réservoir à mèmes, sa créativité n’est pas du goût de son coach. À deux reprises, les inepties du quarterback ont plombé les matchs des Titans. Il détient également la 27e note parmi les quarterbacks qui ont lancé plus de 10 passes. Un axe de progression est clairement identifié, mais il ne doit pas en cacher un autre. À l’instar des Jaguars, Tennessee connait de gros problèmes de ligne offensive. Cette dernière se classe 26e dans la protection de passe, avec notamment le tackle Nicholas Petit-Frere en tête des pressions concédées en NFL (11). Trois autres Titans (J.C. Latham, Peter Skoronski et Dillon Radunz) ont également laissé passer six pressions ou plus. C’en est trop pour Levis, d’autant plus que celle-ci ne se boit pas.

La défense est à l’inverse correcte, concédant seulement trois touchdowns en deux matchs disputés. L’escouade de Dennard Wilson devrait tenir les meubles cette année, surtout si l’on en croit les premières performances des nouveaux venus Ernest Jones et Chidobe Awuzie. Il conviendrait néanmoins de s’améliorer sur le pass rush. Les Titans n’ont imposé que 19 pressions sur le quarterback adverse, soit le troisième total le plus faible de la NFL.

Finalement, comme pour leurs rivaux des Colts, la plupart des succès se résumeront au jeu de leur lanceur. A-t-il l’étoffe d’un quarterback pouvant mener son équipe en playoffs ? Rien n’est moins sûr.

Los Angeles Rams : Faibles

Sur le papier, les Rams ont un effectif capable d’aller en playoffs une deuxième année consécutive. Le problème est que le papier est aujourd’hui (très) froissé.

Si elle peut toujours compter sur Matthew Stafford et Kyren Williams, l’attaque de Los Angeles est en lambeaux. Privé de Cooper Kupp et de Puka Nacua jusqu’à la mi-saison, Stafford a perdu ses deux receveurs stars. Colby Parkinson, Jordan Whittington, Tutu Atwell et Demarcus Robinson sont désormais ses « meilleures » cibles. Pire encore, la ligne offensive est également décimée, notamment par les blessures de Steve Avila et Jonah Jackson. Elle est peut-être aujourd’hui la pire de la ligue, avec un taux de pression de 42,4% (29e de la ligue) et 6 sacks concédés (3e pire total).

La défense de Sean McVay n’est pas non plus très prometteuse. L’unité a été piétinée par Kyler Murray et les Cardinals en semaine 2 après avoir été écrasée par les Lions en semaine 1. Au total, la défense des Rams se classe dernière pour les yards par jeu autorisés (6,8 yards) et pour les points attendus par jeu.

Les Rams de 2022 se sont majoritairement effondrés à cause des blessures, en particulier celles de Stafford. Les Rams de 2024 ont Stafford mais semblent suivre le même chemin.

Denver Broncos : Très faibles

Après un bilan de 8-9 pour la première année de Sean Payton, l’optimisme était envisageable pour Denver en 2024. Deux semaines après le début de la saison, tout optimisme semble envolé.

Après une excellente pré-saison, le rookie Bo Nix s’est écroulé lors de ses deux premiers matchs en NFL. En manque de confiance et esseulé, il est actuellement parmi les trois pires quarterbacks de la ligue. S’il est efficace sur le jeu court, il n’a réussi que 5 de ses 22 lancers au-delà des neuf yards (22,7 %). En outre, le reste de l’attaque de Denver est aussi apathique. Les receveurs n’arrivent pas à créer de séparation, l’attaque au sol n’est que la 27e de la ligue (avec un Nix y contribuant largement) et la ligne offensive ne filtre pas assez la pression qui vient sur son lanceur. Ajoutez enfin un playcalling parfois douteux, et vous obtenez une des équipes les plus inoffensives de la ligue.

Le motif d’espoir vient donc de la défense de Vance Joseph. Malgré la perte de plusieurs joueurs clés, Denver se classe actuellement dans le top 10 en termes de yards concédés, points encaissés et EPA après deux matchs. Des statistiques flatteuses et encourageantes, d’autant plus que le groupe est jeune et en progression.

Avec un tel chantier, un calendrier relevé et une division promise aux Chiefs, les espoirs de playoffs sont quasiment oubliés à Denver.

New York Giants : Très faibles

Daniel Jones et Brian Daboll ont entamé la saison 2024 en sachant qu’il s’agissait d’une année décisive, et les dégâts sont peut-être déjà irréparables.

Même s’il a mieux joué en semaine 2, Jones ne convainc toujours pas. Malgré une ligne offensive qui le protège bien, et Malik Nabers et Wan’Dale Robinson qui font des étincelles, Jones n’arrive pas à mener son équipe à la victoire. Il a d’ailleurs réalisé un petit exploit, puisque les Giants sont la première équipe de l’histoire à s’incliner en inscrivant trois touchdowns sans en encaisser. Un « coup d’éclat » qui inquiète. Il semble aujourd’hui difficile d’imaginer que l’attaque de Big Blue s’améliorera beaucoup, alors qu’elle n’est que 26e en termes de points gagnés par match.

La défense new-yorkaise a été meilleure que son attaque, toutefois elle n’est pas aussi solide qu’attendu. Brian Burns et Kayvon Thibodeaux n’ont pas encore trouvé leur rythme, et seul Dexter Lawrence semble surnager. La défense de Shane Bowen devrait poursuivre sa progression, mais il faudra maintenir les adversaires à moins de 20 points s’ils veulent espérer gagner des matchs.

Avec un calendrier difficile, les choses pourraient rapidement dégénérer. Les chances de playoffs des Giants ainsi que les heures de Jones semblent comptées.

Carolina Panthers : Playoffs ? Playoffs ?!

Le bilan de 0-2 ne rend presque pas justice aux Panthers tant le niveau affiché est abyssal. Carolina a encaissé un terrible 13-73 cumulé sur ses deux premiers matchs.

Tout le monde espérait voir l’attaque s’améliorer sous la direction de Dave Canales, mais pour le moment c’est statu quo. Malgré les arrivées de Diontae Johnson et Xavier Legette, ainsi que les signatures de Robert Hunt et Damien Lewis, le quarterback Bryce Young a régressé. Après deux semaines faméliques (31/56, 245 yards, 3 interceptions), il vient même d’être remplacé par Andy Dalton. Si le changement a parfois du bon, il est dur d’imaginer que le roux de secours transforme radicalement cette attaque.

Là où le bât blesse, c’est que la défense est presque aussi mauvaise. Après la perte de l’excellent joueur de ligne défensive Derrick Brown, il ne reste pratiquement aucun playmaker dans les rangs. Les Panthers sont 27e pour le nombre de points encaissés et 31e sur la défense au sol, et ces chiffres pourraient empirer.

Dans une division beaucoup plus relevée qu’attendu, il y a de fortes chances que Carolina termine avec deux victoires ou moins pour la deuxième année consécutive. Ils pourront peut-être se consoler en profitant du 1er choix de la Draft cette fois.

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