Greg Zuerlein a envoyé les Rams au Super Bowl grâce à un énorme coup de pied de 57 yards. Cody Parkey, quelques semaines plus tôt, avait été le héros malheureux.
Les kickers sont souvent au centre du suspense, mais leur boulot est souvent méconnu. Voilà quelques éclaircissements.
Théorie
Pour répondre à cette question qui peut paraître simple, il faut d’abord essayer de comprendre quels sont les facteurs qui entrent en jeu pour la réussite d’un coup de pied entre les poteaux (qu’il s’agisse d’un field goal ou d’un transformation classique à 1 point).
Il y a tout d’abord les facteurs intrinsèques du kicker, qui ne dépendent que de ses capacités personnelles :
– La force du coup de pied entre évidemment en jeu : plus il va frapper fort le ballon, plus les chances de réussir un coup de pied lointain sont grandes.
– La précision de l’angle vertical : on sait grâce à Newton que pour que le ballon aille le plus loin possible, il faut le frapper ni trop haut, ni trop rasant. L’idéal étant un angle de 45° par rapport au terrain.
– La précision de l’angle horizontal : les poteaux sont espacés de 5,5 mètres et sont positionnés à l’arrière de la end zone. Cela laisse peu de place au hasard. Un kicker, lors d’une transformation à 1 point, est positionné à 33 yards de ces poteaux et a droit à un angle de très exactement 10,3 degrés pour réussir son coup de pied. Plus on se recule, plus cet angle est petit et plus cela demande de précision. Il y a quelques années, le kicker était encore placé sur les 10 yards ce qui lui autorisait un angle de 17,0°. Le record du field goal le plus lointain est détenu par Matt Prater en 2013 avec un kick de 64 yards. Il n’avait alors le droit qu’à un angle de 5,4° pour réussir son essai…sans compter la puissance qu’il a du mettre pour parcourir cette distance… Une véritable prouesse !
– On évoquera finalement la confiance : c’est un facteur extrêmement important qui peut transformer la carrière d’un joueur en véritable cauchemar.
A ces 4 premiers facteurs, ajoutons ceux qui sont extérieurs et qui ne dépendant pas du kicker :
– La position du ballon : si le snap est mauvais ou que le holder positionne mal le cuir, les chances de réussite sont fortement diminuées. Le holder va d’ailleurs tourner le ballon pour que le lacet se trouve à l’opposé du pied du botteur et permettre de frapper la zone la plus lisse possible. Ces gestes sont répétés de nombreuses fois à l’entrainement mais demandent d’être réalisés à la perfection pour maximiser les chances du kicker.
– L’équipe adverse : il ne faut pas l’oublier, l’adversaire est là pour contrer la balle. Le moindre petit droit qui effleure d’un rien le ballon peut suffire à faire avorter la tentative de coup de pied
– Le vent : seulement 8 équipes jouent en intérieur dans des domes. Les 24 autres équipes jouent sur des terrains en extérieurs où le vent peut venir perturber le botteur.
– Le temps : contrairement au rugby (coucou Wilkinson), le kicker n’a pas autant de temps qu’il veut pour se préparer. Il a seulement quelques secondes pour se concentrer et réaliser l’action.
Ajoutons à tout cela le soleil, le bruit, le coach adverse qui prend un temps mort volontairement pour « freezer » le kicker, et on comprend bien qu’il est loin d’être évident de faire passer le ballon entre les poteaux.
Techniques de kick
Il est intéressant de noter ici que la manière de frapper le ballon avec le pied a beaucoup changé depuis les années 80. Difficile pour illustrer cela de ne pas vous proposer cette magnifique vidéo de Mark Moseley, ancien kicker NFL de 1970 à 1986 qui est le seul joueur d’équipes spéciales à avoir emporté le titre de MVP de la NFL :
Comme vous pouvez le voir, les kicker frappaient la balle « straight-on », c’est à dire avec un bon vieux pointu des familles. La chaussure était d’ailleurs quasiment plate à l’avant pour améliorer la précision. Pourtant, tous les joueurs de soccer le savaient depuis longtemps, le pointu est une très mauvaise technique qui n’offre que peu de précision. Le premier kicker a utiliser une technique « classique » de soccer était Pete Gogolak qui a joué de 1964 à 1974. Pourtant, il a fallu énormément de temps pour qu’il soit copié et ce n’est qu’en 1986 que le pointu a été abandonné avec le départ en retraite de Moseley. En 1964, le pourcentage de field goal réussi n’était que de 53,1% alors qu’en 1987, alors que tous les straight-on kickers avaient disparus, ce pourcentage était monté à 70,3%.
Autre fait historique assez amusant, il y a eu dans les années 80 une vague de kicker préféraient ne pas utiliser de chaussure pour leur pied de kick. Cette période était décidément bien étrange pour les kickers qui cherchaient toutes les techniques possibles pour être le plus performants. De nos jours, ils portent toujours deux chaussures différentes, une normale, et une pour frapper le ballon. Il y a cependant une uniformisation de la manière de frapper et les pourcentages de réussite sont très hauts.
Statistiques actuelles
Comme nous l’avons vu juste au dessus, les manière de frapper ont beaucoup évolué en NFL. Cela se ressent très nettement dans les statistiques. Le pourcentage de réussite n’a fait que grimper jusqu’à atteindre une certaine limite depuis les années 2010 :
– 2018 = 84.4%
– 2008 = 84.5%
– 1998 = 79.6%
– 1988 = 71.7%
– 1978 = 63.1%
– 1968 = 55.6%
– 1958 = 46.9%
– 1948 = 40.9%
– 1938 = 40.6%
Le meilleur pourcentage de tous les temps est pour le moment détenu par un joueur en activité chez les Ravens : Justin Tucker. Il est le seul à dépasser les 90% de réussite en carrière avec 90.1%. Le plus gros scoreur est lui aussi toujours en activité du côté des Colts. Il s’agit d’Adam Vinatieri, qui a cette année dépassé le légendaire Morten Andersen et du haut de ses 46 ans a inscrit en tout et pour tout 2598 points avec 582 field goals et 852 extra points.