Ils partirent 32 en septembre dernier pour se retrouver à 12 en janvier, 6 de chaque côté. Non ce n’est pas le synopsis de la dernière saison de Game of Thrones mais bien la réalité NFL à l’aube d’attaquer une nouvelle campagne de playoffs qui s’annonce palpitante. Si tous les chemins mènent à Atlanta, un seul sera victorieux, à chacun de trouver le plus rapide ou le moyen de locomotion adéquat.
Après la conférence NFC hier, concentrons nous aujourd’hui sur l’ AFC pour décrire les itinéraires de chaque équipe dans l’otique de la victoire finale.
1. Kansas City Chiefs (12 victoires – 4 défaites) : autoroute 4 voies en Ford Mustang
Pourquoi ils vont gagner : avec la nouvelle vague actuelle d’attaque à outrance et festival aérien explosif, les Chiefs feraient un champion idéal ce qui validerait enfin le travail d’Andy Reid en NFL. Reconnu comme « éleveur de quarterback », il a su faire parler la magie avec son nouveau pur-sang Patrick Mahomes pour le propulser vers les sommets et pourquoi pas le titre de MVP. Les chiffres plaident en tout cas en sa faveur : 50 touchdowns et 5 000 yards à la passe, deuxième joueur de l’histoire à réaliser une telle performance après Peyton Manning en 2013. Avec lui, l’attaque du Missouri a été très productive tout au long de la saison, tant sur le plan comptable (n°1 avec 35,3 points par match) que dans les statistiques (n°1, 425,6 yards par match), elle n’a jamais ralenti la cadence, réussisant toujours à trouver la faille même contre les bonnes défenses. Trop souvent oublié, les Chiefs ont une forte capacité à faire pression sur le quarterback adverse avec trois joueurs ayant au moins 9 sacks: Justin Houston (9), Dee Ford (13), Chris Jones (15,5) et peuvent compter sur l’aide du bruyant public pour faire monter la température.
Pourquoi ils n’iront pas au bout : s’ils s’adjugent le monopole des premières places des statistiques offensives, la défense végète dans les bas-fonds de la ligue. Et c’est bien là le problème, elle éprouve les pires difficultés à stopper son adversaire (plus de 400 yards encaissés par match) et prend trop de points (plus de 26 points par match), de loin la plus mauvaise escouade des équipes encore en course. Sans un redressement fulgurant, Kansas City ne pourra espérer franchir les limites de l’état pour aller plus loin alors qu’ils n’ont pas gagné deux matchs de suite en playoffs depuis 1993 avec un bilan catastrophique (1 victoire en 10 matchs). Attention, Reid éprouve historiquement des difficultés à gérer le chronomètre dans les rencontres importantes et laisse trop la balle à son adversaire cette année (51,90% du temps), ce qui peut être rédhibitoire en phases finales
Le pronostic :
2. New England Patriots (11 victoires – 5 défaites) : voie réservée en voiture diplomatique
Pourquoi ils vont gagner : ce n’est peut-être pas un choix populaire mais les Patriots trouvent toujours le moyen de le faire en match éliminatoire. Ils doivent être à nouveau considérés parmi les meilleurs prétendants cette année. Encore et surtout lorsqu’ils jouent chez eux (9 victoires de suite au Gillette Stadium en playoffs). Aussi fiable qu’une bonne 205 turbo, Tom Brady démarre au quart de tour lorsque janvier pointe le bout de son nez. A 41 ans, il a su s’économiser pendant la saison avec des chiffres moins prolifiques que par le passé (29 touchdowns pour 4 355 yards) pour arriver en forme au bon moment. Et quoi qu’on en dise, ils sont performants dans les secteurs clés d’une rencontre : ils convertissent leurs troisième tentatives (40,80%), évitent les pertes de balles (5ème avec 1,1 ballon perdus par match) et possèdent un head coach qui s’est adapté son cahier de jeu en fonction de la situation tout en masquant les faiblesses de son équipe.
Pourquoi ils n’iront pas au bout : car oui, New England a montré plus de signes d’inquiétude cette année. Souvent pénalisée, la défense a besoin d’élever son niveau de jeu alors qu’elle a connu quelques turbulences cette année, encaissant beaucoup de yards (359,1 par match) notamment au sol sur première tentative (plus de 7 yards par course sur les cinq derniers matchs) de quoi permettre aux adversaires de contrôler le tempo du match. Souvent blessé et diminué cette année, Rob Gronkowski inquiète en attaque et des doutes planent sur ses envies de continuer ou non le football. Enfin, les hommes de Bill Belichick ne se rendent pas au Super Bowl s’ils ne sont pas assurés de disputer toutes leurs rencontres à domicile; or cette année, sauf surprise, ils devront se déplacer pour gagner leur ticket pour la Géorgie. Peut être le plus gros handicap avec cinq défaites loin du Massachusetts en 2018.
Le pronostic :
3. Houston Texans (11 victoires – 5 défaites) : route nationale en Renault Fuego
Pourquoi ils vont gagner : le temps est venu de montrer que J.J « Captain America » Watt est bien de retour et qu’il mérite lui aussi une étoile à son palmarès. Dans son sillage, la défense contre la course est redoutable (3,4 yards encaissés par portées, premier en NFL). Comme à Baltimore ou Chicago, les Texans ont une identité et savent comment gagner les matches. Ils récupèrent des ballons (29 au total) et savent mettre la pression sur le quarterback adverse (25 sacks combinés pour Watt et Jadeveon Clowney). Cela tombe très bien car ce sont sur ces aspects du jeu que les rencontres de janvier se décident. Offensivement, ils démarrent plus haut sur le terrain que leurs adversaires, et peuvent compter sur le bras ou les jambes de Deshaun Watson, les mains sûres de DeAndre Hopkins (115 réceptions sans relâcher une fois le cuir) pour faire avancer le ballon.
Pourquoi ils n’iront pas au bout : mais c’est bien là que le bât blesse. Ces deux sont trop seuls dans cet effectif qui manque de profondeur, notamment au poste de receveur avec les blessures de Will Fuller et Demaryius Thomas. Watson aborde ces playoffs en ayant été sacké 62 fois et frappé 126 (5ème plus haut total de l’histoire en NFL), bien que certains soient à mettre à son crédit alors qu’il a tendance à trop garder le ballon). Un point d’interrogation subsiste autour de Lamar Miller et de sa cheville, Watson ne pourra pas courir seul et sans jeu au sol performant, Houston ne pourra pas franchir les grilles du NRG Stadium. Un autre sur l’efficacité texane sur 3ème tentative (37%, plus faible total des équipes encore en course) et un dernier sur la capacité de Bill O’Brien à appréhender les grand rendez-vous.
Le pronostic :
4. Baltimore Ravens (10 victoires – 6 défaites) : boulevard périphérique en Batmobile
Pourquoi ils vont gagner : et si c’étaient eux la surprise? Surfant sur une excellente fin de saison depuis la titularisation de Lamar Jackson au poste de quarterback (6 victoires-1 défaite), les Ravens ont enchainé les prestations convaincantes pour souffler la division et la qualification en playoffs à Pittsburgh. Aussi efficace que soit le jeu au sol (2ème de la ligue avec plus de 152 yards par match), la défense reste la raison pour laquelle Baltimore remportera le Super Bowl. Sans pitié, ils n’ont pas besoin de marquer beaucoup de points pour l’emporter (7-1 lorsqu’ils scorent au moins 24 points) et contrôle le chronomètre avec plus de 54 % de possession (1er de la ligue). La position de départ sur le terrain pour les adversaires et tirer le maximum de points sur chaque possession sont des facteurs importants à prendre en compte, encore un bon point avec la présence dans l’effectif de l’un des meilleurs duos de spécialistes sur équipes spéciales avec Justin Tucker (Kicker) et Sam Koch (Punter). Le tout merveilleusement coaché par John Harbaugh, de quoi donner des raisons d’espérer aux fans du Maryland.
Pourquoi ils n’iront pas au bout : mais les corbeaux sont incapables de revenir s’ils prennent trop de retard ou si la défense n’arrive pas à stopper son vis-à-vis et se fatigue en restant trop sur le terrain. Jackson est une double menace mais n’a pas encore été confronté à une situation de match qui l’oblige à lancer pour aller chercher la victoire et il n’est pas encore prêt à ça. Le manque d’expérience et les chiffres ne plaident pas pour lui. Depuis 2000, les quarterbacks rookies titulaires n’ont gagné que 9 fois en 21 matchs.
Le pronostic :
5. Los Angeles Chargers (12 victoires – 4 défaites) : route de bord de mer en Harley-Davidson
Pourquoi ils vont gagner : ce ne serait que mériter au vu de la saison. Les Chargers ont le talent des deux côtés du ballon et un jeu complet pour remporter le trophée Vince Lombardi. A la recherche de la perle rare, ils ont résolu leur problème de kicker avec l’ajout de Mike Badgley, auteur d’un 15/16 depuis sa prise de fonction. Leur absence d’avantage du terrain malgré leur bilan supérieur est peut être un plus pour eux. Loin du StubHub Center, Los Angeles est électrisant: une seule défaite dans le derby face aux Rams et des succès de prestiges à Seattle, Pittsburgh et Kansas City, trois lieux particulièrement difficiles pour les adversaires. Fort d’un bon groupe de receveurs dont Mike Williams, Keenan Allen, et Tyrell Williams, Philip Rivers a l’expérience et le grain de folie nécessaire pour embraser une partie et conquérir un trophée qui lui a toujours échappé.
Pourquoi ils n’iront pas au bout : attention que son intrépidité ne lui explose pas en plein visage, il n’a que trop connu cette situation. Ses trois derniers matchs en sont la parfaite illustration avec 6 interceptions lancées, soit le même total que pendant les 13 premières rencontres. Sa ligne offensive a du mal contre les pass-rushers rapides mais la route qui mène au Super Bowl est pavée d’excellents défenseurs. Handicapé par plusieurs blessures, Melvin Gordon et Austin Ekeler n’ont pas joué à leurs vrais niveaux et risquent de manquer de rythme alors que Los Angeles met du temps avant de rentrer dans ses rencontres. Pas préjudiciable pour le moment mais les déficits précoces sont difficiles à récupérer dans un match couperet.
Le pronostic :
6. Indianapolis Colts (10 victoires – 6 défaites) : route départementale en Renault Kangoo
Pourquoi ils vont gagner : la belle histoire de l’année. L’un des principaux facteurs dans la réussite en playoffs d’une équipe est la qualité de son quarterback. Andrew Luck est de retour et fait parti des meilleurs (39 touchdowns, 15 interceptions et près de 4 500 yards à la passe). Après un départ chaotique (1-5), les Colts ont formidablement redressé la barre pour terminer au galop (9-1), idéal pour amorcer le sprint final. Qui l’eut cru, l’efficacité de la ligne offensive d’Indianapolis a été un facteur déterminant dans cette amélioration avec seulement 18 sacks encaissés (1er de la ligue). Ils ont également terminé la saison avec le meilleur pourcentage de conversion de troisième tentative (48,6%), ce qui contribue à expliquer une partie de l’efficacité retrouvée de l’équipe, au même titre que l’efficacité du jeu aérien. La combinaison du rendement offensif et d’une solide défense contre la course explique le renouveau d’Indy depuis le 4 octobre. Le bon coaching de Frank Reich qui a conquis tout son vestiaires par ses méthodes et son discours, ajouté aux choix judicieux de la dernière draft (Quenton Nelson et Darius Leonard) et vous comprenez pourquoi les Colts sont à prendre au sérieux.
Pourquoi ils n’iront pas au bout : dans ce ciel bleu, la défense anti-aérienne va probablement condamner les Colts dans un avenir proche. Avec une moyenne honorable de 238 yards encaissés par match, ils autorisent trop de passes (70,8% de passes complétées) et de premières tentatives. Face à de bons quarterbacks et des receveurs agiles, ils peuvent rapidement prendre un bouillon. Le receveur T.Y Hilton ne s’est pas beaucoup entrainé en décembre à cause de sa cheville, ce qui n’a pas diminué son rendement mais pourra-t-il continuer ainsi sans s’entretenir durant la semaine? Enfin, la seule préoccupation réelle est qu’ils devront se battre exclusivement sur la route avec des déplacements à Houston, Kansas City et potentiellement New England au programme.