
C’est le meilleur moment de l’année : les playoffs NFL. Quatorze équipes en match à élimination directe. Et à la fin, il n’en restera qu’un. Si ce format a évolué dans le passé, il est probable qu’il évolue dans le futur.
Cette année, les Lions veulent supprimer l’avantage des champions de division, assurés pour le moment de recevoir au premier tour. Un nouvel ajustement qui ne fera pas de miracles. Car les spécificités du calendrier NFL font qu’il semble impossible de trouver une formule juste pour tout le monde.
Les Lions misent sur les playoffs NFL « les moins injustes »
Rappel de la règle : dans chaque conférence, 7 équipes vont en playoffs, et chacune a un numéro de tête de série de 1 à 7. À chaque match la tête de série la plus élevée en jeu joue à domicile la moins bien classé.
La particularité est que les têtes de séries 1 à 4 sont réservées aux champions de division. Ce qui explique que les Vikings n’ont obtenu que la tête de série numéro 5 malgré un bilan supérieur aux Rams et aux Buccaneers, qui ont gagné leur division respective.
Les Lions proposent donc de supprimer cette règle et de classer les équipes de 1 à 7 selon le bilan, tout en conservant la qualification automatique des champions de divisions. Donc un champion de division avec un bilan de 8-9 serait toujours en playoffs, mais plus en 4e tête de série. Une bonne idée ?
Le problème de l’équité est insoluble, et cela pour une bonne raison : chaque équipe à un calendrier différent. Même dans une division, la différence due aux matches de classement peut être énorme. La NFC Ouest de 2024 est une illustration. Les Niners ont eu le calendrier le plus difficile (1.6, source PFR) alors que la difficulté du calendrier des Seahawks est deux fois moins importante (0.8). Le 17e match a renforcé cette tendance, et un 18e le fera encore plus.
Une solution serait alors de classer les équipes selon la difficulté du calendrier en cas d’égalité de bilan, comme pour la draft. Mais là encore c’est inégal : une équipe X n’est pas forcément dans la même forme en septembre et en décembre.
Cependant, si on étudie les 10 dernières saisons (20 occurrences car deux conférences), on peut comprendre les arguments que les Lions peuvent avoir. L’idée est de comparer ici les têtes de série 4 (plus faible vainqueur de division) contre le 5 (plus fort non-vainqueur de division).
- 65% du temps la tête de série 5 a un meilleur bilan;
- 70% du temps la tête de série 5 a un calendrier plus difficile;
- 55% du temps, la tête de série 5 a les deux (100% en 2024 et 2023).
Donc 55% du temps l’équipe est incontestablement supérieure, mais doit jouer à l’extérieur. Cela a-t-il une influence ? Oui. La tête de série numéro 5 cumule 3 victoires pour 8 défaites ! Le résultat aurait-il été différent à domicile ? On ne le saura jamais. Mais le ratio est très surprenant.
C’est donc là tout le raisonnement des Lions : la majorité du temps la tête de série numéro 5 est largement supérieure au tête de série numéro 4. Donc à choisir entre deux systèmes inégaux, autant prendre le « moins inégal ». Mais cela repose encore une fois sur une approche mathématique qui ne survit pas forcément à la réalité du terrain.
En 2023 par exemple, les Browns et les Eagles sont largement au-dessus statistiquement. Mais la réalité est que les Eagles sont en crise depuis 6 semaines et les Browns tiennent sur un miracle permanent de Joe Flacco. Pas sûr que jouer à l’extérieur change l’issu du match.
La proposition sera acceptée, ou non. Mais pour autant cela ne sera toujours pas juste. Et c’est bien ce qu’il faut accepter dans la vie, c’est qu’elle n’est jamais juste.
L’inévitable futur : 16 équipes en playoffs
Au début de cette décennie, la NFL a décidé deux changements majeurs : un 17e match de saison régulière, et l’élargissement des playoffs de 12 à 14 équipes. Désormais, seule la tête de série numéro 1 est exemptée de premier tour.
Mais ce n’est que le commencement. Chaque saison, entre petites déclarations et conférence de presse, le commissionnaire Roger Goodell prépare les fans et les franchises à l’instauration d’un 18e match. Ne soyons pas dupes, les playoffs à 16 arriveront également.
La NBA a montré qu’il n’y a aucune limite, notamment avec le play-in. S’il y a des revenus, il y a du plaisir (pour la ligue). Cela aura pour conséquence de moins récompenser la tête de série numéro 1, même si le fait de jouer à domicile reste un avantage.
La tête de série numéro 7 a pour le moment fait office de victime expiatoire, sauf pour les Giants de 2022 contre les Vikings. Autant dire que cela n’a apporté ni spectacle ni matchs mémorables.
Juste une perte de valeur pour la tête de série numéro 2 qui n’a plus de repos.
Le seul argument qui peut éventuellement retarder ce changement est le risque de voir les équipes lever le pied en fin de saison. Le fait est que c’est déjà le cas, et que comme Myles Garrett nous l’a rappelé l’argent est roi.
Le folklorique : le choix de l’adversaire en playoffs
C’est une alternative qui est dans l’air depuis plusieurs années, au moins chez certains observateurs. C’est une idée folle, mais avec un spectacle garanti.
L’idée est la suivante : la tête de série numéro 2 choisit son adversaire de wild card entre le 5, 6 et 7. Le 3 choisi entre les deux restants. L’idée est simple, donner à l’équipe la moins bien classée une motivation supplémentaire, l’envie d’éliminer l’équipe qui les a choisi.
Cela donnerais lieu à des échanges légendaires, et à des histoires dont nous parlerions encore dans 20 ans. Est-ce réaliste ? Non. Mais, heureusement, le fantasme c’est encore gratuit.