[Fiche draft] Bryce Young (QB), le magicien en format poche

Le quarterback le plus doué de la cuvée, qui a tout d’une future star, sauf le gabarit.

Bryce Young – Quarterback – 21  ans – Junior – Alabama

Taille : 1,78 m

Poids : 92 kg

Position estimée dans la draft : top 4

Stats 2022 : 245-380 (64.5%), 3 328 yards, 32 touchdowns, 5 interceptions, 49 yards et 4 touchdowns à la course

Comparaison NFL : Johnny Manziel/Tony Romo miniature

Joueur 5 étoiles et quarterback n°1 des États-Unis en sortie de lycée, Bryce Young est de ceux dont le passage à l’université n’a rien changé de leur réputation. Sinon que, trois ans plus tard, la sienne est encore plus reluisante. D’abord remplaçant de Mac Jones, il a lancé pour 4 872 yards et 47 touchdowns dès sa première saison titulaire, devenant le premier quarterback d’Alabama à remporter le Heisman Trophy, avec le championnat universitaire en prime. Rien que ça.

Sa campagne 2022, plus laborieuse sur le plan collectif, l’a vu évoluer aux mêmes standards d’excellence, amassant 3 328 yards et 32 touchdowns dans les airs et quatre au sol, en 12 rencontres. Tout cela, malgré le départ en NFL de ses deux cibles préférentielles, Jameson Williams et John Metchie III.

Points forts

– Précision

– QI football

– Improvisation 

– Leadership

– Calme

Douze interceptions en 950 passes tentées, soit une interception toutes les 79 passes. Le taux d’interception de Bryce à Alabama (1,26%) est inférieur à celui en carrière d’Aaron Rodgers (1,37%), record absolu en NFL. Le ratio de sa carrière universitaire est démentiel et ne rend même pas entièrement justice à la précision de ses lancers, qu’ils soient courts, intermédiaires ou longs. Avec un toucher plus soyeux que la soie elle-même, il parvient à atteindre ses cibles visées avec une aisance déroutante.

Parce qu’en plus d’être précis, il est intelligent. Changements de protection, identification des couvertures, manipulation des défenseurs… Young comprend le football plus vite que ces congénères. Ce qui lui permet de punir le moindre écart et lancer avec anticipation, avant même que les receveurs ne soient ouverts. Et quand ils ne le sont qu’à moitié, prière de vous référer au paragraphe précédent.

Son bras n’est pas très puissant, mais il arrive à générer suffisamment de vélocité dans ses passes pour délivrer les ballons où il le souhaite. Son geste de lancer est fluide et rapide, ce qui lui permet de lancer dans des positions inconfortables, notamment en mouvement, sans que la passe ne devienne flottante.

Bryce Young a aussi ce petit quelque chose de magique, cette impression qu’il possède une paire d’yeux dans le dos et voit venir la pression de tous les coins du terrain. Plus que la voir, il réussit à l’éviter plus souvent qu’il ne devrait être en droit de le faire. Sa capacité à s’évader, à soudainement accélérer et à improviser augmentent considérablement la durée de vie des jeux. Un cauchemar pour n’importe quelle défense. D’autant que, si nécessaire, sa vitesse de pointe est bien supérieure à la moyenne pour le poste.

Si la saison 2022 d’Alabama était moins paisible qu’à l’accoutumée, elle aura eu le mérite de mettre au jour les qualités de leader de Young, capitaine respecté même lorsque le navire tanguait, meneur posé et invétéré quand son équipe était menée en fin de partie.

Son aptitude à rester calme est par ailleurs visible quand sa poche s’écroule et que le contact arrive. Il ne panique pas et ne bat pas en retraite.

Points faibles

– Taille

– Taille 

– Taille

Si Bryce Young mesurait 1,88 m au lieu d’1,78 m et pesait 102 kg au lieu de 92 kg, les Bears auraient échangé Justin Fields plutôt que leur 1er choix de draft. Et à raison. C’est le président du fan club de Fields qui l’écrit. On parlerait de lui dans la même veine que nous parlions d’Andrew Luck et de Trevor Lawrence, c’est-à-dire comme l’un des meilleurs prospects de tous les temps.

Mais Bryce Young mesure 1,78 m et pèse 92 kg. Son poids est, du reste, bien généreux et certainement le fruit d’un gavage de protéines à rendre malade un canard périgourdin, avant de monter sur la balance. Considérant ce qui devrait être son poids de forme, il sera sans aucun doute le premier quarterback en dessous des 200 livres (90,7 kg) sélectionné au premier tour de la draft depuis Jim McMahon, en 1982.

Une barre tout aussi symbolique que significative. Sonny Jurgensen, Billy Kilmer, Michael Vick, Drew Brees, Russell Wilson, Kyler Murray, Tua Tagovailoa… La plupart des quarterbacks faisant peu ou prou la même taille que Bryce Young, et ayant eu le moindre succès chez les professionnels, dépassent allègrement les 200 livres. Quelques exceptions existent : Doug Flutie et Jim McMahon, dont ledit succès reste relatif ; Eddie LeBaron, Len Dawson, Fran Tarkenton et Joe Theismann, qui ont tous pris leur retraite avant 1985.

Autrement dit, aucun quarterback aussi léger que Young n’a vraiment réussi dans la ligue depuis quasiment 40 ans. À l’échelle de la NFL moderne, il serait petit et frêle même s’il jouait cornerback. Pour un quarterback, il est minuscule. Un déficit de taille et de poids qui accroît inévitablement le risque de blessure.

Dans le jeu, il a tendance à reculer plus en profondeur pour voir ce qu’il se passe au-delà de sa ligne offensive. Rien de plus normal, tous les petits quarterbacks le font. Au plus haut niveau, contre des défenseurs plus rapides et plus puissants, derrière une ligne offensive moins fiable que celle d’Alabama à l’échelon universitaire, les sacks pourraient être plus nombreux et les pertes de terrain plus importantes.

Bryce Young est-il condamné à se blesser ou à échouer en NFL par l’absence de précédent contemporain ? Non, évidemment. Et s’il l’on devait miser sur un joueur capable de briser les normes, il serait le parfait candidat. Seulement, les probabilités ne jouent pas en sa faveur.

Destinations possibles

Carolina Panthers, Houston Texans, Indianapolis Colts

Cela étant dit, le talent est enivrant. Pour peu qu’une franchise investisse autant sur la protection de Young que sur Young lui-même, le voir devenir un des visages de la ligue ne serait pas étonnant, loin de là. La blessure à l’épaule qui l’a mis sur le flanc cette saison est une préoccupation, mais pas assez grande pour le voir tomber au-delà du quatrième choix. L’une des trois premières équipes en rade de quarterback, tentera sa chance : Bryce Young sera un Panther, un Texan ou un Colt.

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