La saison approche. La rédaction de TDActu vous propose de faire le point sur les forces et faiblesses des 32 franchises. Aujourd’hui, les Indianapolis Colts 2023. Vous pouvez retrouver toutes les présentations en cliquant sur ce lien.
Une fin devenue inéluctable. À trop vouloir relancer d’anciennes gloires en fin de parcours au poste de quarterback, le head coach Franck Reich a signé la fin de sa propre aventure dans l’Indiana, après cinq ans de bons et loyaux services. Pour le remplacer, le propriétaire Jim Irsay et le General Manager Chris Ballard ont pisté des terres connues. Comme lors de la nomination de Reich, à l’époque, c’est Shane Steichen, un ancien coordinateur offensif des Philadelphia Eagles, passé par le Super Bowl, qui vient rallier l’écurie des Colts. Une embauche symbolique. À 38 ans, Steichen est le troisième plus jeune coach de la ligue, derrière Sean McVay et Kevin O’Connell.
Son objectif ? Développer une attaque rajeunie et stabiliser une défense vaillante sous les ordres du coordinateur Gus Bradley, qu’il a au passage conforté dès son arrivée. Dans l’AFC Sud actuelle, Indy a des espoirs de reconstruction rapide, mais quels sont concrètement les ingrédients pour espérer un retour au premier plan ?
La saison dernière : 4 victoires-12 défaites-1 nul, 3e en AFC Sud, pas de playoffs
Les mouvements à l’intersaison
Arrivées notables : Gardner Minshew (QB), Isaiah McKenzie (WR), Genard Avery (DL), Samson Ebukam (EDGE), Matt Gay (K).
Re-signatures : E.J. Speed (LB), Ashton Dulin (WR).
Draft : Anthony Richardson (QB), Julius Brents (CB), Josh Downs (WR), Blake Freeland (OT), Adetomiwa Adebawore (DL), Darius Rush (CB), Daniel Scott (S), Will Mallory (TE), Evan Hull (RB), Titus Leo (EDGE), Jaylon Jones (CB), Jake Witt (OT).
Pertes notables : Parris Campbell (WR), Matt Pryor (OT), Bobby Okereke (LB), Stephon Gilmore (CB), Rodney McLeod (S).
Comme souvent depuis son arrivée aux commandes de la franchise, le General Manager Chris Ballard a principalement opté pour des retouches, malgré le besoin de renouveau au poste de quarterback. C’est d’ailleurs vers cette position que tous les regards seront tournés : exit les vétérans Matt Ryan et Nick Foles. Deux profils de moins de 30 ans arrivent au Lucas Oil Stadium, avec l’ancien Jaguar Gardner Minshew, que Steichen avait sous ses ordres à Philadelphie, et l’un des prospects les plus intrigants de la dernière draft, le quatrième choix venu de Florida, Anthony Richardson. Le premier arrive sûrement pour laisser du temps au deuxième de s’aguerrir aux joutes de la NFL et développer des automatismes avec un corps de receveur de plus en plus jeune. Après Michael Pittman et Alec Pierce, c’est une troisième cible extérieure qu’Indianapolis a sélectionné dans les trois premiers tours de la draft depuis 2020. Homme à tout faire à North Carolina, Josh Downs arrive avec un profil hybride et dynamique pour sévir d’entrée dans le slot, aux côtés d’une recrue printanière, l’ancien retourneur des Bills, Isaiah McKenzie.
En défense, Indianapolis reste aussi sur ses gardes, en injectant du sang neuf contre la passe. Solidement ancré dans la rotation à San Francisco, Samson Ebukam vient avec l’envie de franchir un cap supplémentaire, en tentant de faire oublier le plus coûteux Yannick Ngakoue, meilleur sackeur de l’équipe en 2022 (9 et demi). Avec la signature du remplaçant Genard Avery et la draft des projets Adetomiwa Adebawore et Titus Leo, les Colts entendent se faire respecter dans les tranchées. Ce qui devrait donner un coup de main à un backfield défensif quelque peu fragilisé pendant l’intersaison. Entre le départ de cadres comme Stephon Gilmore et Rodney McLeod, sans oublier les affaires de paris illicites, qui ont conduit au départ d’Isaiah Rodgers, la franchise au sabot a dû faire peau neuve pour contrer les grosses attaques de la conférence américaine. Avec Julius Brents et Darius Rush, Shane Steichen et Gus Bradley tiennent deux belles prises adeptes de la couverture physique au poste de cornerback, et pourraient rapidement en faire des alliés précieux de Kenny Moore sur l’extérieur du dernier rideau.
On notera enfin la retouche au poste de kicker, avec l’arrivée de Matt Gay, en provenance de Los Angeles. L’ancien Rams, auteur d’un solide 87% sur field goal en carrière, vient suppléer le trop inconstant Rodrigo Blankenship. Un choix qui n’est sans doute pas dû au hasard, au vu des cinq matches qu’Indianapolis a terminé à égalité ou à trois points ou moins de son adversaire en 2022.
Le(s) point(s) fort(s)
Cela devait être le point fort indéniable de la franchise, surtout au vu de l’affection toute particulière de Shane Steichen pour ce secteur. Mais le backfield offensif fait encore grise mine, au moment de ce tout nouveau chapitre. La faute à des négociations contractuelles qui semblent fortement déplaire à la star offensive de l’équipe, Jonathan Taylor, seulement auteur de 11 matches la saison passée, pour cause de blessure, mais qui n’a pas fini si loin de la barre des 1 000 yards (861). La faute aussi à cette douleur au bras qui a contraint Zack Moss à se faire opérer et à manquer le prochain mois et demi, selon l’estimation des médecins. A l’heure de l’écriture de ces lignes, l’ancien Raven Kenyan Drake (442 yards, 3 TD en 2022), Deon Jackson (236 yards) et le polyvalent rookie Evan Hull sont les options les plus viables, mais cela ne devrait pas empêcher Shane Steichen de pencher vers la course cette saison, quoiqu’il arrive …
Comme dit précédemment, le pass rush a été une très bonne surprise en 2022, en figurant dans le top 10 de la ligue en termes de sacks. Le probable départ de Ngakoue est forcément à digérer, mais avec Ebukam, le taulier du premier rideau, DeForest Buckner, et les deux jeunes loups Kwity Paye et Dayo Odeyingbo, ce sont quatre joueurs qui ont au moins franchi la barre des 5 sacks l’an passé.
Le(s) point(s) faible(s)
Si Gus Bradley est un coordinateur réputé, sa défense a souvent semblé sur courant alternatif l’an passé. Certes, l’attaque ne faisait rien pour aider, mais pas mal d’éléments doivent être rectifiés pour que les adversaires craignent de nouveau cette escouade.
Le backfield défensif a été repensé, d’autant que les Colts faisaient partie des moins bons élèves l’an dernier niveau interceptions (10 au total). Le rajeunissement était devenu nécessaire, mais comme pour le pass rush en son temps, cela conduira sûrement à une période d’adaptation.
Côté jeu au sol, l’absence constante de Shaquille Leonard au poste de linebacker s’est payé au prix fort. 20 touchdowns ont été concédés à la course en 2022, notamment sur des actions en zone rouge, où Indianapolis a été le pire élève de la ligue en termes de pourcentage.
Le joueur à suivre : Anthony Richardson
Il était le quarterback qui divisait le plus lors de la dernière draft NFL. Aussi talentueux que brut, avec à peine une année d’expérience comme vrai repère dans les rangs universitaires, Anthony Richardson a tout ce qu’il faut pour plaire à des dirigeants NFL. Un bras canon, un physique imposant, une agilité de félin : « AR15 » a des attributs similaires à ce qui avait pu plaire à Shane Steichen lors de sa collaboration avec Jalen Hurts, à Philadelphie. La question n’est pas de savoir si on le verra comme titulaire en 2023, mais quand ? Cela pourrait en dire beaucoup sur son adaptation à la grande ligue et la capacité d’Indianapolis à anticiper la refonte offensive.
Auteur de 17 touchdowns à la passe et de 9 au sol lors du dernier exercice chez les Gators, Richardson a un vrai challenge pour guider les siens : gagner en constance et en maturité. Ses choix sont parfois hasardeux et périlleux, et il lui faudra garder un maximum la tête froide, sous peine de le voir concéder de nouvelles pertes de balle évitables, à l’image de ses 9 interceptions et de ses 3 fumbles, dont 2 perdus, en 2022. La mise en place d’un backfield offensif vorace pourrait en tout cas rapidement lui permettre d’être comme un poisson dans l’eau.
Facteur X : La ligne offensive
Avec la retraite récente d’Anthony Castonzo, il était difficile d’imaginer les Colts garder le niveau élite qui était le leur au début de l’ère Frank Reich. Mais la dégringolade a semblé s’amorcer en 2022.
Incapable de protéger son quarterback, avec 60 sacks subis (seuls les Broncos ont fait pire), en souffrance au moment d’ouvrir des brèches au jeu au sol, avec 8 petits touchdowns à la course (dont 4 en 11 matches pour Jonathan Taylor), la O-Line a atrocement traversé la saison passée, au point de voir l’habituelle valeur sûre, Quenton Nelson, accuser le coup.
Pour remettre son attaque sur les bons rails, Shane Steichen ne peut qu’espérer un meilleur rendement de cette escouade. Tony Sparano Jr., fils de l’ancien head coach des Dolphins, arrive aux affaires et sera pour la première fois le coach en chef de cette ligne offensive, après des expériences chez les Panthers et les Giants.
Il devrait s’appuyer sur un groupe qui a globalement peu changé, mais qui reste expérimenté, avec Nelson, Braden Smith en tackle droit et Ryan Kelly en centre. Lancé dans le grand bain l’an passé, l’Autrichien Bernhard Raimann a été pas mal pénalisé lors de sa saison rookie mais sera de nouveau un focus central concernant la progression de ce groupe en 2023, sur un poste de tackle gauche crucial depuis plusieurs années maintenant …
Calendrier des Indianapolis Colts 2023
Jaguars, @Texans, @Ravens, Rams, Titans, @Jaguars, Browns, Saints, @Panthers, Patriots (Francfort), Buccaneers, @ Titans, @Bengals, Steelers, @Falcons, Raiders, Texans.
La preview audio du podcast
En résumé
En cruel manque de playmakers établis des deux côtés du ballon ces dernières années, les Colts doivent profiter de cette saison pour dresser le profil de leurs stars de demain. Avec l’effectif le plus jeune de la NFL sur le papier, Shane Steichen a des éléments pour construire peu à peu un groupe de qualité, qui va avant tout devoir se faire respecter dans les tranchées.
A moyen terme, Indy a les moyens de suivre une tendance récente, en proposant un jeu au sol rapide et excitant. La situation contractuelle de Jonathan Taylor devra aider en ce sens. Cela aura le mérite de mettre moins de pression sur le quarterback et sur la défense, en faisant potentiellement des Colts une équipe poil à gratter. Mais au vu de la mise en place nécessaire en début de saison, il faudra sans doute s’attendre à une année de transition dans un premier temps.