Echange ? Retraite ? Ultimatum ? Les derniers jours ont été riches en rumeurs au sujet de l’avenir d’Aaron Rodgers au sein des Packers. L’histoire entre la franchise au 13 titres et le futur Hall of Famer n’a jamais semblé être si proche de la fin. Mécontent, le quarterback semble en vouloir à son front office et plus particulièrement à Brian Gutekunst, le manager général.
Il pourrait engager un bras de fer avec son équipe pour obtenir gain de cause. Si la raison évidente de son agacement est née dans la sélection de Jordan Love lors de la draft 2020, les explications sont en réalité plus complexes et le malaise plus profond.
La sélection du successeur en question
La sélection du quarterback d’Utah State l’an dernier, a fait office de coup de tonnerre sur la ligue. Si le triple MVP a déjà connu plusieurs sélections de lanceurs depuis sa prise de pouvoir à Green Bay, c’est la première fois que la franchise le faisait aussi haut.
Mais contrairement aux rumeurs, ce n’est pas le choix d’un potentiel successeur qui a gêné Rodgers mais bien la méthode. D’après Rob Demovsky d’ESPN, le staff, Gutekunst en tête, n’aurait pas pris la peine d’avertir le joueur de la possibilité de prendre Love au 1er tour. Une cachotterie que Rodgers aurait interprété comme une volonté de le remplacer à l’issue de la saison 2020. Le fait d’avoir réalisé un échange pour monter dans la draft n’aurait fait que renforcer son sentiment.
Après les tentatives d’éteindre l’incendie de la part du coach Matt LaFleur, à coup de grande déclaration d’amour et d’engagement sur la durée, et une saison XXL, le clan Rodgers aurait souhaité que la franchise fasse un geste en s’engageant sur un contrat qui aurait garanti la présence du joueur à Green Bay pour les deux prochaines saisons, selon Charles Robinson de Yahoo Sports.
Mais la franchise, Gutekunst en tête, aurait refusé, malgré plusieurs déclarations du manager proclamant que Rodgers était le quarterback du futur. Une schizophrénie que le joueur aurait pris comme un désaveu et comme la confirmation de ses craintes. Et la goutte d’eau qui fait déborder un vase déjà bien rempli.
Un début de relation compliqué
Il faut dire que la relation entre les deux hommes n’avait pas très bien commencé. A peine arrivé en 2018, Gutekunst a pris quelques décisions qui ont profondément attristé Rodgers. La coupe de son ami et cible préférentielle Jordy Nelson, couplée au départ du coach des quarterbacks Alex Van Pelt ont créé un premier fossé. Le MVP s’était alors ému publiquement de sa non-consultation dans ces choix.
« Difficile de trouver les mots justes aujourd’hui pour exprimer ce que 87 signifie pour moi. Certainement un jour triste et la partie la plus difficile de ce business », avait déclaré Rodgers dans un post instagram
« Mon entraîneur Alex Van Pelt n’a pas été retenu. J’ai trouvé que c’était un changement intéressant, sans me consulter. Il y a une connexion entre un quarterback et son coach », avait déclaré le quarterback sur ESPN radio.
« Frustré » et « triste » de ces décisions selon Yahoo Sports, la saison qui a suivi, Rodgers a trainé sa peine sur tous les terrains du pays, ne cachant pas son agacement au moindre évènement. Les non-reconductions de ses amis Randall Cobb et Clay Matthews n’ont fait qu’accentuer ce sentiment de mise à l’écart.
Une guerre des égos ?
Un quarterback avec la carrière, l’aura, mais aussi le caractère de Rodgers veut se sentir impliqué dans les décisions de l’équipe. Il en a d’ailleurs plusieurs fois fait part. Une liberté d’avis que ne lui a jamais accordé Gutekunst depuis sa prise de fonction, malgré un discours officiel ouvert. Le manager semble décidé à continuer à régner sans partage sur la politique sportive de sa franchise. Ian Rapoport de NFL média a rapporté que le quarterback avait particulièrement mal pris la coupe de Jake Kumerow en septembre dernier. La veille Rodgers vantait dans les médias les qualités du joueur et à quel point il le trouvait « fantastique ».
Maladresse ? Façon de marquer son territoire ? Cet évènement aurait d’après Rapoport « sonné le glas » dans les relations entre les deux hommes.
Aujourd’hui le point de non-retour atteint, le camp Rodgers aurait demandé à son président, Mark Murphy, de choisir. D’après ce dernier, cette situation couve depuis plusieurs mois. Dans un communiqué paru sur le site officiel du club, Murphy reconnait que la mission sauvetage est engagée.
« C’est un dossier sur lequel nous travaillons depuis plusieurs mois. Brian Gutekunst, Matt LaFleur et moi sommes partis à plusieurs reprises pour rencontrer Aaron. Nous sommes très conscients des préoccupations d’Aaron et avons travaillé avec lui (et son agent Dave Dunn) pour les résoudre. »
Pour autant, les discours officiels de l’encadrement de l’équipe se veulent optimistes. Dans une interview sur le site officiel, Matt LaFleur a quand même laissé paraitre une inquiétude.
« Je ne peux même pas enlever de mon esprit cette situation », a déclaré le coach. « Je veux tout faire en mon pouvoir pour que cette situation ne se produise pas. Je ne peux pas l’imaginer sans être à Green Bay. »
Les prochaines semaines devraient apporter une réponse. En attendant, les cheeseheads retiennent leur souffle.