L’entrée ou non d’un joueur au Hall of Fame est souvent l’objet d’un débat passionné, et nombre de joueurs disposent d’autant de soutiens que de détracteurs. Après une première sélection interne à la rédaction, douze joueurs (non-éligible aujourd’hui) ont été retenus car ils ont recueilli des votes contradictoires et méritaient une analyse plus poussée. Ainsi pas de joueurs évidents comme Tom Brady ou Peyton Manning. Après ces douze volets, deux épisodes bonus vous seront proposés.
La défense de Seattle a marqué les années 2010, avec la célèbre « Legion of Boom ». Cette escouade comprenait de nombreux joueurs de talent, comme Richard Sherman et Earl Thomas, mais Kam Chancellor était bien le leader de cette escouade redoutée.
Les arguments favorables
Nous l’avons évoqué, Chancellor a été une clé de voûte de la « LoB ». En huit saisons, il a atteint les playoffs à six fois et le Super Bowl deux fois, pour une victoire et une (cruelle) défaite. Son palmarès est grandiose, et être un des leaders d’une équipe qui a marqué l’histoire de la ligue est un sacré argument pour envisager une veste dorée.
Ce qui marque lorsque l’on regarde Kam Chancellor jouer, c’est le côté « hard-hitter », cette agressivité dans chaque contact qui fait la personnalité du joueur. Il est l’héritier des safeties des années 90-00, comme Brian Dawkins, qui évoluent à la limite entre agressivité et violence. Si ce style n’est plus forcément dans l’air du temps, il aura permis de faire de Chancellor une des vitrines de la défense de sa décennie.
Enfin, et c’est le propre des grands joueurs, ce qui caractérise Kam Chancellor est sa capacité à être décisif quand c’est le plus important, c’est-à-dire les playoffs. Son interception au Super Bowl et sa défense de passe un peu avant sont mémorables, mais cela ne s’arrête pas seulement à ce match. Contre les Panthers en match de division en 2014, il a intercepté Cam Newton et a retourné le ballon sur 90 yards pour un touchdown décisif. Contre les Vikings en Wild Card 2016, il provoqué le fumble d’Adrian Peterson, là encore une action extrêmement importante. La marque des grands joueurs.
Les arguments défavorables
Le plus gros obstacle à la nomination de Chancellor au Hall of Fame est la faible durée de sa carrière, seulement 8 saisons, ce qui complique sa candidature sur plusieurs aspects. Tout d’abord la production statistique n’est pas extraordinaire si elle est comparé aux standards de l’histoire. LeRoy Butler et Ronde Barber ne sont pas au Hall of Fame malgré respectivement 38 et 47 interceptions en carrière, contre 12 pour Chancellor. Et cette logique s’applique sur toutes les catégories statistiques importantes.
Mécaniquement, cette limite s’applique aussi aux récompenses individuelles. Jamais sélectionné en équipe première All Pro, il ne compte que 4 Pro Bowls. Butler, Barber, Bobby Boyd et Dave Grayson par exemple ont au moins 3 sélections 1st All Pro, et aucun de ces joueurs n’est au Hall of Fame. La sélection sera rude avec les concurrents qui attendent, mais la plus grande menace vient sûrement de son équipe.
La Legion of Boom devra être récompensée au Hall of Fame, c’est une certitude. Elle enverra au moins un membre au temple, surement deux, mais il est difficile d’envisager que trois joueurs de cette défense y parviennent. Et entre Richard Sherman, Earl Thomas et Kam Chancellor, il est fort probable que ce soit ce dernier qui passe à la trappe.
Les votes
Pour (7 votants) : Nelson Caignard, Brice Duhamel, Matthieu Pasquier, Camille Saraben, Mehdi Jullien, Elioth Salmon et Jean-Michel Bougeard.
« Chancellor n’a peut être pas la côte de ses comparses Sherman ou Thomas, mais il a été le coeur de la Legion of Boom. Sélectionné au cinquième tour, il est devenu le meilleur hard hitting safety de sa génération, digne d’un John Lynch. Safety avec des stats de linebacker, « the Enforcer » est un des visages de la domination des Seahawks durant la décennie. » (Matthieu Pasquier)
Contre (6 votants) : Alain Mattei, Sébastien Polomeni, Raoul Villeroy, Raphaël Masmejean, Alexandre Foy et Victor Roullier
« Comme Marshawn Lynch, ce sont quelques années fortes, un mental d’acier et un style incroyable… Mais peut être un petit manque de chiffres et de durée pour s’imposer au Panthéon. »
Cas épineux. Leader moral de la LoB, champion, joueur marquant.. Mais est-il dans le top 3 des safetys des années 2010 ? Non. « Que » 7 ans de carrière, pas de 1st Team All-Pro, et est-ce que le HoF peut récompenser toute la LoB ? Pas sûr… Et à ce niveau-là il est derrière Sherman et Thomas pour moi. » (Raphaël Masmejean)
« Un des meilleurs joueurs dans une des meilleures escouades défensives. Mais jamais LE meilleur. » (Raoul Villeroy)