La présentation équipe par équipe de la saison 2018 continue ! Au programme aujourd’hui : les Jacksonville Jaguars. Vous pouvez trouver toutes les fiches déjà publiées en cliquant sur ce lien.
Cela fait plusieurs années qu’on attendait Jacksonville à ce niveau. À force de gros chèques pour recruter et de draft intelligente, les dirigeants ont réussi à monter une équipe qui n’a plus simplement du potentiel, mais aussi des résultats. Et ceux-ci sont peut-être même encore meilleurs qu’espérés. Qui aurait cru l’an dernier que les hommes de Doug Marrone ferraient leur retour en playoffs presque de la plus belle des manières, en tenant en respect le champion en titre pendant trois quart-temps lors de la finale de conférence ? Pas grand monde.
L’idée maintenant sera de confirmer en s’appuyant sur cette expérience en playoffs. Malheureusement, la franchise ne semble pas avoir réussi son intersaison comme elle avait l’habitude de le faire ces dernières années. Elle ne devrait en tout cas pas réserver beaucoup de surprises, en s’appuyant sur les mêmes qualités et en trainant les mêmes défauts qu’en 2017.
La saison dernière : 10 victoires – 6 défaites, Finale de conférence AFC perdue face à New England (24-20).
Mouvements à l’intersaison
La question qu’il faut se poser au terme de chaque intersaison est plutôt simple : l’équipe est-elle meilleure que l’an dernier ? Pour ce qui est des Jaguars, la réponse est négative. Sur le papier, Jacksonville ne semble pas vraiment s’être renforcée par rapport à la saison passée. Déjà au poste de quarterback. Beaucoup de lanceurs ont bougé cette année, un certain nombre ont été draftés, et pourtant, en Floride rien n’a changé. Blake Bortles (16 matchs, 3 687 yards, 21 TDs, 13 INTs et 60,2% de passes complétées) sera toujours à la tête cette attaque alors qu’on attendait un nouveau quarterback, ou au moins un jeune capable de pousser le numéro 5 dans ses retranchements. Il n’en sera rien. Blake Bortles a même été prolongé. C’est à peine si Cody Kessler a remplacé Chad Henne (parti aux Chiefs) dans le rôle de doublure. Pendant ce temps-là, la franchise choisissait Taven Bryan avec son 29e choix du premier tour sur une ligne défensive déjà bien garnie.
Avant cela, durant la free agency, les dirigeants ont plus donné l’impression de subir qu’autre chose. Là où depuis plusieurs années ils faisaient parties des meilleurs dans ce secteur, ils ont été moins en vue ce printemps. Le poste qui a le plus bougé est celui de receveur. Exit Allen Robinson (blessé dès le premier match l’an dernier) et Allen Hurns (10 matchs, 39 réceptions, 484 yards et 2 TDs), les Jags devaient démarrer la saison avec une doublette Marqise Lee (14 matchs, 56 réceptions, 702 yards et 3 TDs), prolongé cette année, et Donta Moncrief (12 matchs, 26 réceptions, 391 yards et 2 TDs), signé durant la free agency. Malheureusement, Lee s’est blessé et sera indisponible toute la saison. D.J. Clark, drafté au deuxième tour, devrait du coup prendre une place encore plus importante.
Dans le sens des départs, il faut inscrire la retraite de Paul Posluszny (145 matchs en NFL, 1 214 plaquages, 15 INTs et 16 sacks) et la signature de Patrick Omameh aux Giants. Les Floridiens ont aussi décidé de laisser partir Chris Ivory (14 matchs, 112 courses, 392 yards et 1 TD) et Marcedes Lewis (16 matchs, 24 réceptions, 318 yards et 5 TDs) qui n’avaient plus leur place dans cette escouade offensive. Surtout qu’au poste de tight end, Austin Seferian-Jenkins (13 matchs, 50 réceptions, 357 yards et 3 TDs) et Niles Paul (14 matchs, 13 réceptions et 94 yards) sont devenus deux nouvelles cibles pour Blake Bortles. Le quarterback doit aussi voir l’arrivée d’Andrew Norwell, chargé de sa protection sur la ligne offensive, d’un très bon oeil. Enfin, on note aussi quelques recrues au sein des lignes arrières avec les arrivées de Cody Davis (7 matchs, 22 plaquages, 4 passes défendues et 1 INT), Don Carey (13 matchs, 9 plaquages et 1 fumble forcé) et D.J. Hayden (16 maths, 44 plaquages et 9 passes défendues).
Arrivées notables : Austin Seferian-Jenkins (TE), Donte Moncrief (WR), Andrew Norwell (G), Cody Davis (S), D.J. Hayden (CB), Don Carey (S), Niles Paul (TE) et Cody Kessler (Q).
Re-signatures : Marqise Lee (WR), Corey Grant (RB) et Lerentee McCray (DE).
Draft : Taven Bryan (DT), D.J. Clark (WR), Ronnie Harrison (S), Will Richardson (OT), Tanner Lee (QB), Leon Jacobs (LB) et Logan Cooke (P).
Pertes notables : Allen Robinson (WR), Marcedes Lewis (TE), Allen Hurns (WR), Aaron Colvin (S), Paul Posluszny (LB), Chris Ivory (RB), Chad Henne (Q), Patrick Omameh (G) et Brad Nortman (P).
Le(s) point(s) fort(s)
Les Jaguars possèdent la meilleure défense de la ligue. En tout cas, l’an dernier, elle avait peu d’équivalent. Cette escouade semble n’avoir aucune lacune. La saison passée, elle a produit pas moins de 6 Pro-Bowlers (Calais Campbell, Yannick Ngakoué, Jalen Ramsey, Malik Jackson, A.J. Bouyé et Telvin Smith) et a amené l’équipe jusqu’en finale de conférence. Entre Yannick Ngakoué (16 matchs, 12 sacks, 30 plaquages et 4 fumbles forcés) et Calais Campbell (16 matchs, 14,5 sacks, 67 plaquages, 3 fumbles forcés et 3 passes défendues) sur les extérieurs ou Malik Jackson (16 matchs, 8 sacks, 40 plaquages, 4 fumbles forcés et 3 passes défendues) et Marcell Dareus (9 matchs, 1 sack et 20 plaquages) à l’intérieur, la ligne fait peur à n’importe quel quarterback ou running back. Et même si Dante Fowler (16 matchs, 8 sacks, 21 plaquages et 2 fumbles forcés) n’est pas au niveau espéré, Taven Bryant, lui aussi choisi au premier tour, devrait venir apporter encore plus de profondeur.
Dans le fond du terrain, Jalen Ramsey (16 matchs, 4 INTs, 17 passes défendues et 63 plaquages) et A.J. Bouye (16 matchs, 6 INTs, 18 passes défendues et 56 plaquages) forment peut-être la meilleure paire de cornerback de la ligue. Les deux safeties qui les assistent sur les lignes arrières (Tashaun Gipson et Barry Church) laissent eux peu de place aux assauts aériens adverses. Entre les deux lignes, Myles Jack (16 matchs, 90 plaquages, 2 sacks et 3 passes défenduess) et Telvin Smith (14 matchs, 102 plaquages, 1 fumble forcé, 3 INTs, 1 TD et 5 passes défendues) s’occupent du reste. Et le font bien. En bref, la défense est remplie de talent. Ça tombe bien, c’est elle qui fait gagner les titres apparement.
De l’autre côté du terrain, il y a un peu moins de talent mais un sort tout de même du lot : Leonard Fournette. Drafté en quatrième position en avril 2017, le rookie est arrivée dans la ligue en trombe. Et malgré un petit passage à vide en fin de saison, c’est lui qui a porté l’attaque des Jaguars toute la saison. Moins mentionné qu’Alvin Kamara ou Kareem Hunt qui font partie de la même classe que lui, le running back sera encore l’atout majeur de Doug Marrone et son escouade offensive.
Le(s) point(s) faible(s)
On l’a dit, Leonard Fournette fait partie des meilleurs coureurs de la ligue, mais le casting autour de lui laisse à désirer. Et quand on dit ça, on parle forcément du quarterback. Le lanceur cristallise beaucoup de critiques de la part des observateurs. La plus grave peut-être concerne son éthique de travail et sa capacité à mener une équipe NFL au titre. S’il est toujours difficile de savoir à quel point ce qui est dit est vrai, l’ancien de UCF n’a pas beaucoup progressé depuis qu’il est dans la ligue. Gagner sans un lanceur ultra-dominant c’est possible (cf : Broncos 2015), et les Jaguars ont les ingrédients qu’il faut pour compenser : une grosse défense et un très bon running back. Blake Bortles est quand même un boulet que la franchise va devoir trainer encore (au moins) un an.
D’autant plus que les dirigeants ne l’ont pas beaucoup gâté. Son groupe de cible a beaucoup changé depuis l’an dernier et sa cible numéro un s’est blessée en présaison. Désormais, Blake Bortles lancera le ballon à Donte Moncrief, Keelan Cole, Dede Westbrook et D.J. Clark. Il n’y pas vraiment de quoi rendre un quarterback meilleur. Au poste de tight end, c’est un peu mieux avec les arrivées d’Austin Seferian-Jenkins et Niles Paul qui sont censés être utilisés dans le jeu aérien. Mais dans un passé récent, Julius Thomas ou Marcedes Lewis ont essayé et cela n’a pas donné grand chose. Vous l’aurez compris, le domaine aérien ne devrait pas être un point fort cette année en Floride. Plutôt l’inverse même.
Facteur(s) X
Les mauvaises langues diront que les Jaguars se sont qualifiés en playoffs grâce aux blessures dans leur division. Nous n’irons pas jusque-là, mais il faut bien dire que cela a un peu facilité les choses. Blake Bortles est le seul quarterback de cette division (Jaguars, Titans, Colts, Texans) à avoir joué les 16 matchs. Cette saison, Andrew Luck et Deshaun Watson seront de retour. Mais à quel niveau ? S’ils reviennent au top de leur forme, l’AFC Sud peut devenir un calvaire en 2018. Jacksonville est tout à fait capable de battre ces équipes, même avec leurs quarterbacks titulaires, mais le calendrier deviendrait alors beaucoup plus relevé et la qualification en playoffs encore plus dure. À l’inverse, si les blessures étaient de retour, ou si elles avaient laissé des traces durables, le chemin serait de nouveau grand ouvert. La franchise n’a donc pas toutes les cartes entre les mains.
Calendrier : @Giants, Patriots, Titans, Jets, @Chiefs, @Cowboys, Texans, Eagles, Repos, @Colts, Steelers, @Bills, Colts, @Titans, Redskins, @Dolphins, @Texans.
En résumé
Cette équipe de Jacksonville évoque un sentiment paradoxal. Depuis quelques années, on se demandait comment il était possible qu’elle ne soit pas au top de la conférence avec tout le talent dans l’effectif. Maintenant qu’elle y est, on se demande, à l’inverse, comment elle va bien pouvoir y rester. Le manque de talent au poste le plus important semble rédhibitoire, mais dans le même temps, la franchise a réussi à largement le compenser la saison dernière.
Difficile dans ce contexte d’analyser l’année à venir pour les Floridiens. Mais cette intersaison en demi-teinte et les autres équipes qui devraient voir revenir leur maître à jouer semblent mettre du plomb dans l’aile aux ambitions des Jaguars.
Le pronostic : 9 victoires – 7 défaites.