La saison 2021 vient de se terminer, et dès le 16 mars prochain, la campagne 2022 ouvrira ses portes. Touchdown Actu en profite donc pour vous proposer un tour d’horizon des différentes franchises pendant l’intersaison. Quels joueurs garder et couper ? Quel agent libre prolonger ? Quelles recrues observer ? Voici quelques idées, franchise par franchise. À l’honneur aujourd’hui, les Cincinnati Bengals.
Révolution à Cincinnati. Improbable, inenvisageable, 2021 a été la saison miraculeuse que les fans n’espéraient plus attendre. Qu’elles ont été longues ces décennies pour les supporters des tigres ! Et cette année, les Bengals ont (presque) tout réussi. Sweeper Baltimore et Pittsburgh, gagner la division, remporter un match de playoffs à domicile, puis s’imposer par deux fois à l’extérieur face aux meilleures formations de la Conférence AFC… Le rêve s’est pourtant arrêté en Californie, à quelques minutes de l’échéance le titre s’est échappé. Folle espérance, cruelle désillusion.
Et pourtant les Bengals peuvent continuer à se nourrir d’espoirs. Ils ont aligné le quatrième plus jeune effectif de la NFL en 2021, peuvent compter sur des bases solides, et disposent de la quatrième masse salariale disponible pour attaquer le marché libre, avec presque 50 millions de dollars. La reconstruction est encore officiellement en cours, le club peut se sentir confiant.
De plus, avec le succès et l’arrivée des nouveaux maillots, l’image de l’équipe a été entièrement renouvelée. Oubliées les longues années de médiocrité. Fini le camp de redressement en plein air pour délinquants juvéniles de l’époque Marvin Lewis. Grâce à son voyage au Super Bowl, la franchise est maintenant sympathique, jeune, talentueuse, et cool.
Cependant, il ne faut pas occulter que l’imprévisible succès des tigres ne repose – pour l’instant – que sur des bases bien peu éprouvées. Il y a deux ans ils étaient la pire équipe de la ligue, et ont drafté en cinquième position cette année. Pour arriver en finale, Cincinnati a profité d’un incroyable alignement de planètes. Peu de blessés, peu de COVID, des adversaires de divisions en difficultés, des comebacks improbables, des victoires à l’arrachée sur des actions d’éclat. Sans oublier le pari fou mais gagnant de la sélection de Ja’Marr Chase (WR) et Evan McPherson (PK) à la draft, et des réussites insolentes sur le marché libre avec les recrutements de Chidobe Awuzie (CB), Trey Hendrickson (DE), Mike Hilton (CB), ou D.J. Reader (DT). Le plus gros défi des Bengals sera donc de continuer leur progression pour confirmer leur statut de prétendants.
Les tauliers
1. Joe Burrow (QB)
2. JaMarr Chase (WR)
3. Jessie Bates (FS)
4. Joe Mixon (RB)
5. Tee Higgins (WR)
L’attaque de Cincinnati a son avenir devant elle, et il s’annonce radieux. L’escouade déborde de talent en ce qui concerne les porteurs de balle. Tout d’abord la franchise a trouvé son quarterback du futur en la personne de Joe Burrow (366 passes, 4611 yards, 34 TD, 14 INT). Le sophomore a largement confirmé sa sélection comme premier choix général de la draft, a rassuré sur sa rééducation, et a explosé aux yeux de la ligue. En plus de ses qualités sportives de haut vol, Burrow a impressionné par ses qualités personnelles. Intelligence, humilité, calme et leadership sont des armes qu’il possède déjà. Son sang froid et son swag ont pris d’assaut la NFL jusqu’aux portes du titre. Il est déjà le nouveau Joe Cool.
Et pour s’exprimer, le jeune quarterback dispose d’une des plus belles armadas de la ligue. La sélection de Ja’Marr Chase (81 réceptions, 1455 yards, 13 TD) l’an dernier n’a plus aucun détracteur aujourd’hui. Le rookie offensif de l’année a complètement survolé la saison 2021, se permettant d’exploser des records historiques des Bengals et de la NFL dès sa première campagne. A ses côtés, Tee Higgins (74 réceptions, 1091 yards, 6 TD) a confirmé qu’il est plus qu’un complément, et qu’il représente une solution alternative très efficace. Enfin, Joe Mixon (1205 yards courus, 13 TD / 314 yards réceptionnés, 3 TD) continue de s’imposer comme un des meilleurs coureurs de la Conférence AFC. Avec ce noyau dur et un Tyler Boyd (WR) qui s’ajoute à l’équation, les Bengals peuvent tutoyer l’élite.
De l’autre côté du cuir, la défense trouve moins d’identité forte. Si ce sont majoritairement les agents libres recrutés qui ont prouvé leur valeur, Jessie Bates (88 plaquages, 1 INT, 4 PD, 1 FR) incarne le mieux cette escouade en progression par sa sélection à la draft 2018. Le safety a immédiatement trouvé une place de titulaire et a rapidement proposé un gros volume de jeu dans l’arrière garde tigrée. Bates est désormais considéré comme un top joueur à son poste et la franchise ne s’y est pas trompée. Elle a fait ce qu’il faut pour conserver son visage défensif en posant le franchise tag sur lui.
Les indésirables
– Eli Apple (CB)
– Isaiah Prince (RT)
– Samaje Perine (RB)
– Trae Waynes (CB)
– Brandon Wilson (RB/KR)
Les Bengals vont avoir des décisions à prendre concernant une partie de l’effectif, et pas uniquement d’un point de vue sportif ou financier. Dans certains cas la communication et le management auront leur part dans les débats. Même s’il sort d’une des meilleures saisons régulières de sa carrière, Eli Apple est désormais la risée de la ligue. Testé, victimisé et carbonisé tout au long des playoffs, il a coulé devant les yeux du monde entier durant le Super Bowl ce qui a coûté cher à son club. La franchise osera-t-elle le garder ? Même problématique pour Isaiah Prince, sorti du banc en relève de Riley Reiff (OT) en décembre, mais qui s’est illustré par un niveau de jeu absolument abyssal. Enfin, Samaje Perine a perdu le coeur des fans sur une seule course, une 3e&1 ratée en finale qui gardera un goût amer encore longtemps. Alors que Cincinnati peut récupérer 1,5 millions de dollars en coupant le running back, il serait étonnant que l’équipe retienne le vétéran alors que les fans voudraient voir Chris Evans sur la pelouse.
L’évaluation de Trae Waynes sera plus simple. Revenu de blessure, il n’a pas su reprendre son poste de titulaire à… Eli Apple. Alors que 11 millions d’économies sont envisageables avec son départ, les tigres tenteront probablement leur chance ailleurs. Brandon Wilson a eu des fulgurances sur relance, pourtant ses statistiques globales ne sont pas affolantes, et là aussi le club peut espérer reprendre 2 millions de marge salariale en coupant court.
Les hommes de l’été : le front office
L’année 2021 et l’aventure jusqu’au Super Bowl ont prouvé une chose : la méthode Bengals marche. La nouvelle attitude de la franchise l’a propulsée au sommet de la NFL. Ces dernières années Cincinnati a investi sur le marché libre, a joué l’audace à la draft, a misé sur la jeunesse et le talent. Une construction intelligente et volontariste, qui ne peut pourtant cacher que l’équipe n’a pas fini sa mue.
Mike Brown (propriétaire), Duke Tubin (directeur du personnel sportif) et Zac Taylor (HC) tiennent l’avenir du club dans leurs mains. Alors que l’effectif a prouvé qu’il peut effleurer le Graal, les décideurs vont avoir la charge d’optimiser l’organisation pour confirmer et enfin décrocher un titre. La free agency et la draft seront capitales pour maintenir, stabiliser et améliorer le groupe.
De plus, malgré sa prolongation de contrat, Taylor va avoir de la pression. Au niveau managérial, il devra encadrer et diriger de jeunes joueurs qui sortent tout juste d’une finale, ratée qui plus est. Il devra être capable de les rassembler et de les porter au niveau supérieur. Et à titre personnel il devra imposer ses qualités techniques. Le jeune coach s’est montré capable d’ajustements tactiques fructueux, mais il reste contesté dans ses appels de jeu et n’a toujours pas conquis l’intégralité des fans. A lui de prouver que 2021 n’était pas une étoile filante.
Les principaux free agents
1. Riley Reiff (OT, 7,5M$)
2. Larry Ogunjobi (DT, 6,2 M$)
3. C.J. Uzomah (TE, 6,1 M$)
4. B.J. Hill (DL, 1M$)
5. Vernon Hargreaves (CB, 2 M$)
Les Bengals entament l’intersaison avec pas moins de 30 agents libres. Cependant ils disposent d’une confortable marge d’action financière et ont montré que leur philosophie a évolué ces dernières années à l’approche de la free agency. Les tigres ont goûté au succès, ils ont des besoins, ils devront se positionner.
Maintenant que Jessie Bates a reçu le franchise tag, C.J. Uzomah (49 réceptions, 493 yards, 5 TD) est le sujet brûlant de Cincinnati. Le tight end s’est montré efficace et fiable. Vus les receveurs écartés dont dispose l’équipe, il n’a pas eu à dominer particulièrement mais a su trouver sa place dans la formation. Il peut profiter du peu de profondeur dans l’effectif sur sa position pour rempiler en trouvant un accord satisfaisant avec les tigres.
Riley Reiff n’avait un engagement réel que pour 2021. Titulaire précieux vu l’état de la ligne offensive, il a annoncé qu’il peut également évoluer au poste de guard. Cependant il a manqué plus d’un tiers des matchs cette saison et avance sur ses 35 ans, le club devra réfléchir.
Sur la ligne défensive, Larry Ogunjobi (49 plaquages, 7 sacks) et B.J. Hill (46 plaquages, 5,5 sacks) ont prouvé toute leur valeur et ont participé à faire de l’unité une des forces de l’équipe. Le premier rideau est devenu le pilier de l’escouade défensive, se hissant dans le top cinq de la NFL en ce qui concerne la protection contre la course. Il faudra faire en sorte que le niveau se maintienne.
Par contre la couverture aérienne devra être remaniée. Classée 26e de la NFL pour les yards encaissés à la passe, l’unité est loin d’être mature et devra être un des chantiers prioritaires de l’intersaison. Du mouvement est à attendre, plusieurs arrières défensifs vont en faire les frais.
Le Top 5 des besoins
1. Ligne offensive
2. Cornerback
3. Linebacker
4. Ligne défensive
5. Tight end/Running back
Les Bengals le savent, Cincinnati le sait, la NFL le sait, le monde entier est au courant. Les Bengals doivent et vont recruter sur la ligne offensive. Entre la saison régulière et les playoffs, Joe Burrow a été sacké 70 fois en 2021-22, alors qu’il avait déjà perdu un genou pendant sa saison rookie. Impossible de continuer à le laisser risquer sa vie sur chaque snap. Ironiquement, en concédant un sack à Aaron Donald (DL, Rams) sur la dernière action du Super Bowl, l’unité a confirmé les mauvais présages et « coûté le titre ». Le poste de centre et tout le côté droit sont à revoir. La tentative Jackson Carman (RG) au second tour de la draft pour compenser la sélection de Ja’Marr Chase est pour l’instant un échec. Riley Reiff et Quinton Spain (LG) ne sont plus sous contrat. Cincinnati va devoir s’employer à la fois lors des repêchages et sur le marché libre pour combler une partie de ses manques.
En ce qui concerne la défense, avec une très bonne ligne et un excellent duo de safeties les besoins portent principalement sur les cornerbacks et le second rideau. En dehors de Awuzie et Hilton les Bengals doivent s’interroger sur tous leurs arrières latéraux. L’escouade souffre de fébrilité, et probablement de manque de talent, elle doit évoluer pour ne pas rester une faiblesse de la formation.
Pour les linebackers, Cincinnati peut se féliciter des performances de Logan Wilson (93 plaquages, 1 sack, 4 PD, 4 INT, 1 FF) qui a fini la campagne en trombe, cependant Germaine Pratt (85 plaquages, 0,5 sack, 2 PD, 1 INT, 2 FF, 2 FR) et Akeem Davis-Gaither (26 plaquages, 3 PD, 1 FF) n’émergent toujours pas au niveau attendu. Le groupe est cependant jeune, et la franchise n’ayant pas touché au poste à la draft l’an passé laisse croire à une stratégie de développement. La position doit rester sous surveillance, des mouvements ponctuels pourraient avoir lieu.
Les Bengals devront également considérer les positions de running back, tight end et lineman défensif en fonction des résultats des négociations avec les principaux agents libres du club.
La cible
Terron Armstead (OT)
Triple Pro Bowler et All-Pro en 2018, Terron Armstead est un des meilleurs hommes de ligne de la NFL. En temps normal New Orleans ne le laisserait pas tâter du marché libre, mais les Saints ont des problèmes de masse salariale. Ca tombe bien, Cincinnati a de gros besoins pour sa ligne et les poches pleines. Et il faudra bien ça, car s’il devait devenir disponible Armstead pourrait avoir moult prétendants et compter pour 20 millions de dollars par saison.
Pourtant, une telle signature permettrait aux Bengals d’ancrer les fondations de leur ligne tout en gagnant en flexibilité. Meilleur joueur de l’escouade actuelle, Jonah Williams (OT) pourrait être repositionné, sur un poste de tackle droit ou de guard gauche. Le club pourrait aborder le reste de la free agency et la draft avec d’autant plus de sérénité et de levier d’action. Le besoin de courtiser les mercenaires serait moins pressant. Avec de la réussite, les tigres peuvent mettre en place la future ossature de la protection de Joe Burrow dès cette année.
Autres choix possibles : Brandon Scherff (OG), Ryan Jensen (C), Levi Wallace (CB), Laken Tomlinson (OG), Mark Glowinski (OG), James Daniels (OG), Connor Williams (OG), Austin Corbett (OG), Andrew Norwell (OG)
Le sang neuf
Daniel Faalele, LT (Minnesota)
Avec Zion Johnson (Boston College) probablement déjà parti au moment de la sélection des Bengals, Cincinnati pourrait se laisser séduire par Daniel Faalele. Annoncé à 2 mètres pour 175 kilos, l’ancien Golden Gopher est tout simplement le prospect le plus massif de la prochaine draft. Puissant, volumineux, armé de longs bras, il dispose pourtant d’une certaine agilité et mobilité. Capable de s’imposer sur les jeux de course, de monter au second niveau, il devra travailler son placement, son timing et sa technique pour éviter de se laisser surprendre, notamment sur ses intérieurs.
Originaire d’Australie, il manque d’expérience football, mais il a cependant 31 titularisations en tant que tackle droit durant sa carrière universitaire. Immédiatement utilisable dans le jeu au sol, il devra prendre de l’expérience pour s’imposer sur la protection de passe.
Autres choix possibles : Zion Johnson (OL), Max Mitchell (OT), Devonte Wyatt (DT), Mario Goodrich (CB)