[Preview 2021] Houston Texans, nous avons un problème

Comme tous les ans, Touchdown Actu vous propose ses traditionnelles fiches d’avant-saison. Vous pouvez toutes les retrouver en cliquant sur ce lien.

Houston, ton univers impitoyable. Presque. Ce n’est pas si loin. Un entraineur obtenant à 65 ans son tout premier poste d’entraineur principal. Un effectif, où les potentiels Pro Bowler se comptent sur les doigts d’une seule main. Idem pour leurs chances de victoires en 2021 (et pas les 5 doigts). Surtout, un quarterback accusé d’agressions sexuelles. Une histoire qui arrive au seul joueur de très haut niveau de l’effectif !

Les supporters de Houston se doivent d’avoir une conviction solide pour le rester : cette équipe risque de les faire souffrir en 2021.

La saison dernière : 4-12, 3e en AFC Sud, pas de playoffs

Les mouvements à l’intersaison

Enormément de mouvements dans l’effectif lors de l’intersaison 2021. Que ce soit au niveau du coaching staff ou des joueurs, les Texans repartent d’une feuille blanche, ou presque.

Un nombre très élevé de recrues mais aucune superstar. Par contre, le recrutement semble parfaitement en phase avec les nouveaux entraineurs. Le manager Nick Caserio a fait venir des joueurs qui collent avec le système défensif voulu par Lovie Smith. Les joueurs offensifs, eux, semblent correspondre à ce que le nouvel entraineur, David Culley, veut implanter à Houston.

Après ses passages chez les Chiefs, les Bills et les Ravens, Culley veut installer une attaque utilisant le meilleur de ces trois franchises. Tout d’abord, un jeu au sol performant pour que les défenses respectent « la boite » : le costaud Mark Ingram (qui vient de Baltimore comme David Culley) pour pilonner et l’incisif Phillip Lindsay pour accélérer. Les deux semblent complémentaires du toujours présent David Johnson. Une fois que la défense adverse est attentive au jeu au sol alors, David Culley aime la battre avec un quarterback capable d’être une double menace. Ce fameux jeu en « Read Option » où le quarterback essaye de feinter la défense en donnant le ballon au coureur, en courant lui-même ou finalement en lançant le ballon, derrière des défenseurs ayant mordu à la feinte de course. Le foot US est un sport de feintes mais aussi de gagne terrain, et David Culley veut faire avancer les chaines, même petit à petit. Les tight-ends Jordan Akins, Ryan Izzo et le rookie Brevin Jordan auront donc leur lot de ballons.

Deshaun Watson est là. Pour le moment. Si procès il y a, il ne devrait se tenir qu’après la saison. Deshaun Watson était donc présent au début du camp d’entrainement. Puis une blessure l’aurait écarté du terrain, et dans le même temps, les rumeurs d’échanges recommençaient à refaire surface. Accusé d’agressions sexuelles par de multiples plaignantes, ce problème sera forcément dans son esprit. De plus, Deshaun Watson a demandé à quitter la franchise (et la région) alors, s’ils trouvent une offre satisfaisante, les Texans l’échangeront. Deshaun Watson est clairement le facteur X de la saison 2021 des Texans. C’est tellement évident qu’il ne sera pas besoin de revenir sur lui dans la rubrique « Facteur X. »

Pour assurer leur arrières, les Texans ont donc signé un quarterback prêt à l’emploi. Au cas où. Tyrod Taylor a de l’expérience : 72 matchs NFL dont 47 comme titulaire et des tonnes de coordinateurs offensifs (et donc de cahiers de jeu différents) après 10 saisons dans la grande ligue. Il sait conduire une attaque, tout en proposant une double menace pour les défenses, avec sa capacité à porter le cuir. Davis Mills est un pari sur le talent. Recrue lycéenne 5 étoiles en 2017, le joueur n’a pu que partiellement confirmer ses compétences avec Stanford. Constamment gêné par des blessures au niveau universitaire, il ne devrait sans doute pas voir le terrain en 2021.

Arrivées notables : Tyrod Taylor (QB/Chargers), Shaq Lawson (DE/Dolphins), Mark Ingram (RB/Ravens), Justin Britt (OC/Seahawks), Vincent Taylor (DT/Browns), Maliek Collins (DT/Raiders), Terrance Mitchell (CB/Browns), Kamu Grugier-Hill (LB/Dolphins), Kevin Pierre-Louis (LB/Washington), Jordan Jenkins (DE/Jets), Christian Kirksey (LB/Packers), Chris Conley (WR/Jaguars), Phillip Lindsay (RB/broncos), Jaleel Johnson (DT/Vikings), DeMarcus Walker (DE/Broncos), Ryan Izzo (TE/Patriots), Rex Burkhead (RB/Patriots), Andre Roberts (WR/Bills), Anthony Miller (WR/Bears)
Re-signatures : David Johnson (RB), Desmond King (CB)
Draft : Davis Mills (QB), Nico Collins (WR), Brevin Jordan (TE), Garrett Wallow (LB), Roy Lopez (DT)
Pertes notables : JJ Watt (DE/Cardinals), Randall Cobb (WR/Packers), Nick Martin (OC/Raiders), Bryan Anger (P/Cowboys), Darren Fells (TE/Lions)

Le(s) point(s) fort(s)

Un coureur comme David Johnson, capable de courir mais aussi de réceptionner des ballons, sera comme un poisson dans l’eau dans ce système offensif. Il est un des rares à avoir surnagé en 2020. Et, pour que les espaces dans les zones intermédiaires soient toujours disponibles tout au long du match, il faut que la défense adverse respecte le jeu en profondeur. Pour cela, David Culley comptera sur Brandin Cooks, Chris Conley, Andre Roberts, Anthony Miller, Nico Collins et Keke Coutee. Tous dotés d’une belle pointe de vitesse.

Le groupe de receveurs offre beaucoup de qualités au quarterback des Texans. Brandin Cooks est un receveur rapide ayant rapporté 1150 yards en 15 matchs 2020 : 7000 dollars le yard gagné, voila un des meilleurs rapport qualité/prix en NFL. En plus, il l’a fait avec une moyenne de 14 yards par réception. Pour faire des différences, une attaque a besoin de pouvoir punir l’adversaire en gagnant beaucoup de yards en un seul jeu. Brandin Cooks est ce type de joueur. Brandin Cooks, Key’vantanie Coutee et Andre Roberts, les receveurs des Texans manquaient de taille. Alors au 3e tour de la Draft, ils ont choisi un receveur formé à Michigan, Nico Collins. Un joueur de 1m93 pour presque 100 kilos, capable donc de s’imposer face aux physiques défenses de NFL, mais aussi pourvu en vitesse : 4,42 secondes sur le sprint du 40 yards ! Surtout, 17,8 yards par réception (78 rec) dans une des meilleures conférences universitaire. Nico Collins offre peu de garanties, en raison de son statut de rookie. Il offre aussi un profil qui rappele Chase Claypool et sa formidable réussite avec les Steelers : un séduisant mix de taille, de vitesse et de robustesse. Peut-on considérer le rookie Brevin Jordan comme un receveur ? Avec 7 touchdowns en 8 matchs 2020 et une moyenne de yards par réception de 15, ce tight-end est surtout un attrapeur de ballon (quand il ne les relâche pas).

Deshaun Watson a fait mentir bon nombre d’observateurs du football universitaire, en devenant un passeur accompli en NFL. S’il est toujours là et qu’il peut garder la tête à l’endroit alors, il aura à sa disposition des cibles de choix.

Canes up!

Jarren Williams finds Brevin Jordan for six. pic.twitter.com/8timO7hYym

— ESPN College Football (@ESPNCFB) August 25, 2019

Autre élément majeur : Laremy Tunsil. Il a couté cher, en contrat mais aussi en choix de draft, mais il le justifie sur le terrain : 1 sack concédé en 2020 et 3 en 2019 (sur un total de 28 matchs). L’entraineur principal David Culley, qui jusque là n’avait jamais même été coordinateur offensif, n’arrive pas dans un désert.

Pas dans une oasis non plus.

Le(s) point(s) faible(s)

Comment juger le niveau d’une ligne offensive ? L’impression visuelle bien-sûr, mais aussi les statistiques. En 2020, celle des Texans a concédé 50 sacks. Seule une équipe NFL a fait pire ! D’accord, un quarterback peut porter trop longtemps le ballon ou les receveurs n’arrivaient pas à se démarquer suffisamment vite pour que le quarterback leur lance le cuir, avant qu’un défenseur ne vienne l’aplatir. Certes. Cependant, donner un maximum de temps et empêcher que son quarterback ne risque une blessure sont deux missions d’une ligne offensive. Eclaté au sol le plus souvent, Deshaun Watson n’a pas été aidé par cette ligne censée le protéger. Ouvrir des brèches pour les coureurs en est une troisième (de mission). En 2020, les Texans ont fini la saison comme la 31e et avant-dernière équipe en yards gagnés au sol !

En couplant ces deux statistiques, les « certes » et les « oui mais » ne tiennent plus la route : la ligne offensive n’a pas été performante. Parmi les 5 titulaires 2020, trois semblaient moins pire que les autres : Laremy Tunsil (LT), Max Scharping (LG) et Tytus Howard (RT). Les dirigeants ont alors tenté de renforcer les deux postes les plus déficients avec le centre Justin Britt et celui qui jouera guard droit : Marcus Cannon et son expérience de 9 saisons NFL. Répétez ces 5 noms et évaluez si cette ligne offensive vous inspire un max de confiance : Tunsil-Scharping-Britt-Cannon-Howard. Alors ?

En 2020, la défense des Texans a intercepté trois ballons. Trois ! Ils ont terminé derniers dans cette catégorie. L’avant dernier en avait tout de même gagné 7 ! Parce qu’il s’agit d’un sport d’équipe, les 11 joueurs sont responsables de cette piètre performance. Les joueurs de la couverture aérienne doivent avoir de meilleures lectures et cela les aiderait grandement si les quarterbacks adverses n’étaient pas dans un fauteuil pour effectuer leurs lancers.

Mais qui pour mettre la pression dans cette escouade ? JJ Watt était sur le déclin mais il était encore le meilleur sackeur de l’équipe en 2020. Whitney Mercilus n’est pas mauvais : 54 sacks en 9 saisons. Mais qu’elle semble loin l’année 2015 avec ses 12 sacks. Jordan Jenkins, qui arrive des Jets, est un joueur capable de déborder un tackle offensif. Mais pas à tous les matchs, loin de là. Jacob Martin et le rookie 2020 Jonathan Greenard ont également des qualités mais ce groupe d’empêchera aucun quarterback adverse de dormir comme un bébé la veille du match.

Facteur X : le changement de système défensif

Jusqu’en 2020, les Texans alignaient leur front 7 défensif en 34 (3 linemen défensifs et 4 linebackers en formation de base). L’arrivée de Lovie Smith comme coordinateur défensif redistribue les cartes : place à une 43 et un système de couverture nommé « Tampa 2 ». Ce système est une variation du système dit « Cover 2 ».

Pour rappel, le chiffre à coté du terme « Cover » signifie en combien de partie la profondeur du terrain est partagée. Cover 2 signifie donc que deux joueurs couvrent la profondeur sur une moitié de terrain chacun. Dans la Cover-3, cette partie du terrain est donc couverte par 3 joueurs (voir article « Clash of Camp AFC Ouest »), 4 dans la Cover-4, etc. Dans le système dit Cover-0, si cher à Brian Flores avec les Dolphins, aucun joueur ne couvre en zone et tous sont en marquage individuel avec les attaquants.

La défense Tampa 2 est légèrement différente d’une traditionnelle Cover-2 en cela que cette zone profonde est couverte, non pas par deux joueurs mais par trois (et pourtant ce n’est pas une Cover 3 ! Non, ce sport n’est pas toujours simple). Le middle linebacker est ainsi chargé de réagir au jeu offensif : attentif au jeu de course qui dans ce cas le fera sprinter vers l’avant mais, si un jeu de passe est appelé, alors ce linebacker axial reculera pour couvrir une zone en profondeur. Si l’explication (basique) est claire, tant mieux. Sinon, ce graphique peut aider à mieux saisir le concept de départ.

Si les 11 joueurs ont leurs rôles à jouer, dans ce système le plus important est d’avoir des linebackers compétents en couverture (que ce soit le MLB ou les OLBs). C’est pour cela que les Texans ont signé Christian Kirksey et Kamu Grugier-Hill. Aussi, une signature passant totalement inaperçue mais pourtant très importante (et cohérente) pour ce système défensif, celle de Kevin Pierre-Louis. Ce linebacker entame en 2021 sa 8e saison en NFL. En 2020, il a été considéré par le site Pro Football Focus comme étant le 5e meilleur linebacker NFL en couverture. Il devrait donc être précieux pour défendre les tight-ends et slot receivers adverses.

« De nos jours, les linebackers doivent faire plus que plaquer. Ils doivent savoir prendre les espaces et couvrir des zones et même, faire du marquage individuel. Les tight-ends semblent de plus en plus performants alors cela devient difficile et important de pouvoir les contrer. Je veux avoir une défense avec des joueurs rapides, capables de couvrir mais aussi de suivre un coureur prenant l’extérieur. Pour cela, il faut des joueurs athlétiques. » Lovie Smith pour le site officiel des Texans

Justin Reid et l’ancien cornerback Lonnie Johnson vont donc se partager un coté du terrain en tant que safeties. Alors que l’unité de cornerbacks est loin d’être vilaine avec Bradley Roby, Desmond King, Vernon Hargreaves et Terrance Mitchell. Mais pour que ces derniers soient efficaces, les 4 hommes de devant devront mettre la pression. Shaq Lawson est habitué à jouer dans un système 43 où il contrôle un coté contre le jeu de course et, apporte de la pression quand cela lui est possible. Sur le graphique ci-dessus, il occupera le poste de defensive end à gauche de la ligne défensive (à droite en regardant la photo).

L’autre poste de defensive end, aligné plus à l’extérieur, aura comme rôle principal d’attaquer le quarterback par son coté aveugle. Whitney Mercilus, Jordan Jenkins, Jacob Martin et Jonathan Greenard vont se partager ce poste. 4 joueurs avec un combo gabarit/qualités plutôt fait pour jouer linebacker extérieur dans un système 34. Mais, si vous regardez à nouveau le graphique, cet alignement du defensive end sur la droite de la ligne, ressemble comme deux gouttes d’eau à celui d’un outside linebacker en 34. 43, 34, de toute façon les coordinateurs défensifs raisonnent différemment. Un peu comme, quand en soccer, vous entendez que ce n’est pas le schéma qui compte mais l’animation.

À l’intérieur, les deux nouveaux Maliek Collins et Jaleel Johnson alterneront sur le poste le plus à l’intérieur (de 0 à 2 Technique, le DT sur la droite en regardant le graphique). Le rôle principal, sur ce poste, est d’empêcher les attaques de courir à l’intérieur. Le second poste de defensive tackle est lui davantage celui d’un pass rusher (voir plus bas). Ross Blacklock, choix du 2e tour en 2020, a les compétences pour aller d’un poste à l’autre. Il pourrait afficher une belle progression dans ce système, pour sa deuxième saison NFL.

Plus encore que les joueurs à disposition, les Texans comptent sur l’expertise de Lovie Smith pour avoir une défense compétente en 2021. Il sera, de toute façon, difficile de faire pire qu’en 2020 : 27e en points encaissés, 30e en yards subis, 32e en interceptions, 29e en 3e tentatives réussies accordées (47,5%). Si Houston veut exister en 2021, il faudra considérablement améliorer ces chiffres.

Avec des incertitudes en attaque, la défense pourrait décider du sort de la saison en 2021.

Le joueur à suivre : Charles Omenihu

Choix du 5e tour de la draft en 2019, Charles Omenihu a quelque peu peiné à trouver sa place chez les Texans. En 2020, s’il n’a joué que la moitié des snaps défensifs, il a su produire 16 quarterbacks hits et 4 sacks. Athlète doué de très longs bras, il se sert de cette allonge tel un boxeur, pour prendre l’avantage sur son opposant de la ligne offensive. Avec le départ de JJ Watt, il sera en 2021 davantage aligné avec la responsabilité de mettre la pression depuis l’intérieur de la ligne défensive.

Sur le graphique ci-dessus, Charles Omenihu sera le plus souvent aligné sur le poste de defensive tackle, à gauche en regardant la photo. Cet alignement en « 3-Technique » est celui d’un joueur intérieur chargé, presque exclusivement, d’attaquer la poche pour mettre la pression sur le quarterback adverse. C’est le rôle qu’occupent, dans leurs équipes respectives, Chris Jones (Chiefs), DeForest Buckner (Colts) et bien sur Aaron Donald avec les Rams (même si bien entendu, ces joueurs sont parfois alignés à d’autres endroits).

Charles Omenihu, avec son mix de vitesse et de puissance, peut devenir un joueur d’impact dans cette défense.

Calendrier

Jaguars – @Browns – Panthers – @Bills – Patriots – @Colts – @Cardinals – Rams – @Dolphins – BYE – @Titans – Jets – Colts – Seahawks – @Jaguars – Chargers – @49ers – Titans

La preview audio du Podcast

En résumé

Deshaun Watson sera t’il là au départ de la saison ? Lovie Smith parviendra t’il à faire progresser cette défense ? La ligne offensive permettra-t-elle à Joe Culley de conduire son système ? Les questions et les doutes sont nombreux.

En 2021, aucun match ne sera facile pour les Texans. Heureusement, la division AFC Sud n’est pas la meilleure en NFL. Tout le monde s’attend à une saison désastreuse. Alors les Texans ne peuvent que surprendre. Ou pas.

Le pronostic : 2-15, 4e en AFC Sud