Deux saisons. Une victoire. Aucune en 2017. C’est un euphémisme de dire que les Browns sont le standard de la lose en NFL. Nouveau manager général, oui. Nouveau coach, non. Hue Jackson garde la confiance de la direction même si le Père Noël est littéralement passé deux fois depuis sa dernière victoire, le 24 décembre 2016.
Pour corriger les tir, les Browns ont tenté de faire ce qu’ils semblent tenter de faire depuis toujours : se trouver un quarterback.
La saison dernière : 0 victoire – 16 défaites, pas de playoffs.
Mouvements à l’intersaison
Cela devient une habitude, les Browns ont animé l’intersaison. Lors de la Draft, la franchise a surpris tout le monde en sélectionnant Baker Mayfield en première position, alors que Sam Darnold ou Josh Rosen étaient plutôt attendus au-dessus de lui depuis des mois. Autre surprise, la sélection de Denzel Ward en quatrième position alors qu’un pass rusher comme Bradley Chubb était disponible. En clair : comme l’an dernier, la franchise a pris des risques. La preuve ? La sélection d’Antonio Callaway, une bombe à retardement aussi talentueuse qu’imprévisible.
Pourtant, ce n’est plus le même homme qui prend les décisions. Sashi Brown a été éjecté du poste de manager. Il laisse la place à John Dorsey, un vieux routier du circuit passé par Green Bay, Seattle et Kansas City. Un vieux routier qui a décidé de ne pas s’appuyer que sur la jeunesse. Tyrod Taylor a été débauché de Buffalo pour laisser un peu de temps à Mayfield pour se préparer. Il lancera le ballon à Jarvis Landry, cible productive en provenance de Miami. Au sol, Carlos Hyde est un bon renfort pour palier le départ d’Isaiah Crowell. Tous ces hommes seront encadrés par Todd Haley, nouveau coordinateur offensif et ancien meilleur ami de Ben Roethlisberger.
Les autres signatures tentent d’apporter de la profondeur à l’effectif, mais elles ne devraient pas modifier le destin du groupe.
Du côté des départs, la retraite de Joe Thomas risque de faire très mal à l’attaque.
Arrivées notables : Tyrod Taylor (QB), Demarious Randall (CB), Jarvis Landry (WR), Chris Smith (DE), Chris Hubbard (OT), Terrance Mitchell (CB), Darren Fells (TE), Carlos Hyde (RB), T.J. Carrie (CB), Jeff Janis (WR), Chris Smith (DE), Michal Kendricks (LB), E.J. Gaines (CB), Terrance Mitchell (CB), Damarious Randall (S).
Draft : Baker Mayfield (QB), Denzel Ward (CB), Austin Corbett (OT), Nick Chubb (RB), Chad Thomas (DE), Antonio Callaway (WR), Genard Avery (LB)
Pertes notables : Joe Thomas (LT, retraite), Sammie Coates (WR), DeShone Kizer (QB), Cody Kessler (QB), Isaiah Crowell (RB), Randall Telfer (TE), Danny Shelton (DT), Jason McCourty (CB), Jamar Taylor (CB), Tank Carder (LB).
Le(s) point(s) fort(s)
S’il y a un domaine où les Browns peuvent régaler, ce sera dans les airs. Josh Gordon (5 matchs, 18 rec, 335 yards, 1 TD en 2017) est un phénomène qui a fait son retour l’an dernier en promettant d’avoir changé son mode de vie. Le problème ? Il n’a pas réussi à trouver le chemin du camp d’entrainement sans avoir à faire un détour nécessaire pour « son plan de traitement. » Une annonce mystérieuse dans laquelle il se veut rassurant, mais qui, forcément, laisse songeur quand on connait son passé de lutte avec les addictions.
Statement from WR Josh Gordon and GM John Dorsey
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— Cleveland Browns (@Browns) July 23, 2018
Hyper-productif dans le slot avec les Dolphins mais jamais vraiment adopté par la franchise, Jarvis Landry (16 matchs, 112 rec, 987 yards, 9 TDs) pourrait former un superbe duo avec Gordon. Ajoutez à cela les progressions espérées des jeunes Corey Coleman (9 matchs, 23 rec, 305 yards, 2 TDs) et David Njoku (16 matchs, 32 rec, 386 yards, 4 TDs), et Cleveland pourrait être impressionnant dans les airs.
« Vous aurez de la chance si on ne vous met pas 40 points », a même risqué Landry au micro de Sports Illustrated cet été. « Si tout le monde joue au niveau de son potentiel, nous pouvons gagner le Super Bowl. »
On va peut-être se calmer quand même.
Le(s) point(s) faible(s)
Il était le phare dans la brume constante de Cleveland. Joe Thomas est parti, et avec lui l’assurance tout risque qu’il constituait pour le côté aveugle du quarterback. Et maintenant ? Mystère. Les Browns ont terminé 22e en protection de passe la saison dernier en ayant Thomas pendant sept matchs, selon les statistiques de Football Outsider. Pour le remplacer, il va falloir trouver quelqu’un entre Shon Coleman, Chris Hubbard ou l’éternelle déception Greg Robinson, dont la seule qualité semble être sa capacité à toujours trouver un nouveau boulot. Signé en mars, Donald Stephenson (OT) a pris sa retraite début juillet, probablement lorsqu’il a réalisé qu’il devait bien aller jouer pour les Browns dans deux semaines.
Si l’intérieur de la ligne est excellent avec Joel Bitonio et Kevin Zeitler, Cleveland risque d’être submergé par les côtés. À moins que Bitonio ne bouge à l’extérieur, ce qu’il n’a pas envie de faire et qui affaiblirait le milieu.
Mettre la défense dans les points faibles est un peu cruel, et ce n’est pas tant par manque de talent que par manque de profondeur. Qui derrière un Myles Garrett qui est, en plus, fragile sur le plan physique ? Sur le front seven, l’équipe collectionne les jeunes à fort potentiel, mais le groupe n’a pas encore vraiment pris forme. La ligne est très jeune. Au milieu, Larry Ogunjobi doit confirmer les beaux espoirs donnés l’an dernier. Chez les linebackers, Joe Shobert (16 matchs, 144 plaquages, 3 sacks, 1 int, 3 fumbles forcés) a été la belle surprise de 2017 avec une sélection pour le Pro Bowl. Autour de lui, Jamie Collins (6 matchs, 31 plaquages, 1 int, 1 fumble forcé) ou Christian Kirksey (16 matchs, 138 plaquages, 3,5 sacks, 2 fumbles forcés) sont encore trop irréguliers. Derrière, les vétérans E.J. Gaines (11 matchs, 59 plaquages, 9 passes déviées, 1 int, 3 fumbles forcés) et Damarious Randall (14 matchs, 47 plaquages, 4 interceptions) doivent encadrer les jeunes Denzel Ward et Jabrill Peppers (13 matchs, 57 plaquages, 1 interception). Ce dernier a d’énormes progrès à faire pour être un safety solide. Avec autant d’incertitudes et un banc sans histoire, les marrons vont devoir toucher du bois pour garder la forme et progresser à la fois. Lors de la dernière campagne, s’ils ont affiché des statistiques honorables, notamment contre la course (7e en NFL) et sur le total de yards encaissés (14e), ils n’ont pas fait la différence dans l’opportunisme, en se classant 21e sur les sacks (34) et avant-derniers sur les interceptions (7 en 16 matchs).
Facteur(s) X
Les Browns tiennent-ils leur quarterback ? C’est la seule et unique question qui compte pour cette franchise. C’est même une obsession. DeShone Kizer, Kevin Hogan, Robert Griffin III, Josh McCown et Cody Kessler ont tous débuté des matchs ces deux dernières années. Ils sont tous partis. Place à Tyrod Taylor et Baker Mayfield.
Malgré des coachs par franchement derrière lui, Taylor a mené les Bills en playoffs avec 14 touchdowns et 4 interceptions. Avec 186,6 yards en moyenne par match, il ne faudra pas lui en demander trop. Mais si le jeu au sol l’aide, comme à Buffalo, il peut tenir les matchs. Ca tombe bien, avec Carlos Hyde (16 matchs, 3,9 yards/course, 8 touchdowns), l’excellent rookie Nick Chubb et Duke Johnson, le potentiel pour marcher sur les adversaires est bien là !
L’autre question inévitable : combien de temps avant de voir Baker Mayfield sur le terrain ? On ne sélectionne pas un joueur en première position pour le laisser sur le banc. Jackson peut annoncer ce qu’il veut, Mayfield va finir par jouer. Et là encore, Cleveland va retenir son souffle pour qu’il soit le bon. Le rookie réussirait actuellement un camp d’entrainement de haute volée. Mais la vérité du terrain est souvent différente. Il va falloir prouver que malgré sa relative petite taille il peut être le leader qui manque cruellement à cette équipe depuis des années.
En résumé
Ah, si les matchs NFL se jouaient sur le papier ! Dans un tel monde (celui de Madden ?), Cleveland serait une équipe avec de bonnes chances de créer la surprise. Au moins un peu. Mais Hue Jackson sait-il encore comment gagner un match ? Les personnalités qu’on qualifiera sympathiquement de « volatiles » qui composent le vestiaire vont-elles s’entendre ou exploser en vol ?
Les Browns partent tout simplement de trop loin pour prétendre à quoi que ce soit. La franchise doit d’abord viser des objectifs simple : savoir si Mayfield est bien son quarterback pour le long terme, continuer à construire la défense, trouver une bonne alchimie pour éviter une déflagration d’égo nuisible au groupe. Certains de ces progrès sonneraient déjà comme des grandes victoires.
Calendrier : Steelers, @Saints, Jets, @Raiders, Ravens, Chargers, @Buccaneers, @Steelers, Chiefs, Falcons, Repos, @Bengals, @Texans, Panthers, @Broncos, Bengals, @Ravens.
Le pronostic : 4 victoires – 12 défaites. Pas de playoffs.