[Preview 2023] Baltimore Ravens : Lamar Jackson n’a plus d’excuses

Renforcés en attaque, sous la houlette d’un nouveau coordinateur offensif et d’un quarterback plus riche de 185 millions de dollars, les Ravens ont tout pour rejoindre l’élite de la conférence.

Baltimore Ravens 2023 - Lamar Jackson

La saison approche. La rédaction de TDActu vous propose de faire le point sur les forces et faiblesses des 32 franchises. Aujourd’hui, les Baltimore Ravens 2023. Vous pouvez retrouver toutes les présentations en cliquant sur ce lien.

Une nouvelle saison pleine d’ambition, une nouvelle saison gâchée par les blessures, dont celle du joueur phare de l’équipe. Si près, et pourtant si loin des Chiefs, des Bengals et des Bills, qui règnent sur l’AFC depuis trois ans. Si près grâce au talent de leur quarterback, à l’excellence de leur entraîneur principal et de leur direction sportive. Si loin à cause d’un jeu de passe fruste et simpliste, à des années-lumières des standards modernes de la NFL, et des blessures, encore et toujours. La faute à pas de chance ou au pire staff médical de la ligue, selon les joueurs eux-mêmes, sondés par leur syndicat.

Peut-être un début d’explication à la réticence de Lamar Jackson à précipiter son retour de blessure en fin de saison dernière, avant de se sentir à 100%. Peut-être un facteur expliquant aussi sa volonté de signer un contrat record, l’imbroglio qui a rythmé l’intersaison des Ravens, mais désormais derrière les principaux intéressés. Jackson a son énorme contrat et la sécurité financière qui en découle, Baltimore a son quarterback, s’épargnant ainsi des maux de têtes pour les cinq prochaines années. 

Ne reste plus que le terrain et les multiples changements qui, sur le papier, ne laissent désormais plus de place aux faux-fuyants. Si la défaite n’est jamais interdite dans une ligue aux certitudes aussi volatiles que la NFL, se hisser au niveau de la fine fleur de la conférence est un impératif. Et pour la première fois de l’ère Jackson, une réelle possibilité.

La saison dernière : 10 victoires, 7 défaites, éliminés au 1er tour des playoffs

Les mouvements à l’intersaison 

Arrivées notables : Nelson Agholor (WR), Odell Beckham Jr. (WR), Rock Ya-Sin (CB), Sam Mustipher (C), Josh Johnson (QB), Angelo Blackson (DT), Laquon Treadwell (WR), Melvin Gordon (RB), Arthur Maulet (CB), Tyler Ott (LS), Ronald Darby (CB), Jadeveon Clowney (OLB).

Resignatures : Trayvon Mullen (CB), Nick Moore (LS), Justice Hill (RB), Geno Stone (S), Del’Shawn Phillips (LB), Kristian Welch (LB), Tarik Black (WR), Kevon Seymour (CB), Tyler Huntley (QB), Lamar Jackson (QB). 

Draft : Zay Flowers (WR), Trenton Simpson (LB), Tavius Robinson (DE), Kyu Blu Kelly (CB), Malaesala Aumavae–Laulu (OT), Andrew Vorhees (G).

Départs notables : Chuck Clark (S), Calais Campbell (DE), Ben Powers (G), Josh Oliver (TE), Trystan Colon (C), Daelin Hayes (OLB), Demarcus Robinson (WR), Marcus Peters (CB), Andy Isabella (WR), Mike Thomas (WR), Kenyan Drake (RB), Justin Houston (OLB), Vince Biegel (OLB), Kyle Fuller (CB), Ja’Wuan James (OT), Steven Means (OLB), Jason Pierre-Paul (OLB), Sammy Watkins (WR).

Aux oubliettes les tensions autour de sa situation contractuelle, le tweet – supprimé depuis – révélant sa demande de trade… Lamar Jackson est bel et bien un Raven. Au-delà de son salarié le plus important, la franchise a mis un point d’honneur à lui octroyer ce dont il a cruellement manqué ces dernières saisons : des receveurs de haut niveau. Nelson Agholor et Odell Beckham Jr. pendant la free agency, Zay Flowers à la draft. Cela, plus le retour de blessure de Rashod Bateman, et le corps de receveurs a une toute autre allure que celui dans lequel Demarcus Robinson faisait figure de cible préférentielle. 

Outre le départ de Ben Powers, l’attaque des Ravens semble mieux équipée pour les joutes contre les mastodontes de la conférence. Quant à la défense, il faudra bâtir sur la remarquable seconde partie de saison et miser sur la continuité du système pour contrebalancer les fluctuations de personnel. Rock Ya-Sin, Ronald Darby et Jadeveon Clowney auront sûrement à endosser de plus grands rôles qu’initialement prévu. 

Le(s) point(s) fort(s)

Dans l’attente de voir Anthony Richardson et de revoir Justin Fields au plus haut niveau, la couronne du meilleur quarterback à la course de tous les temps reste la possession de Lamar Jackson. Sa seule présence sur le terrain altère les plans défensifs adverses et la géométrie du terrain pour ses coéquipiers. Jackson est un système offensif à lui tout seul. 

Lorsqu’il était en en tenue la saison dernière, l’attaque des Ravens était la 4e meilleure de la ligue. Elle était également 9e à la passe, avec des concepts pourtant très élémentaires et justement décriés. Avec des receveurs aptes à se démarquer, l’excellence de Mark Andrews et, surtout, l’arrivée d’un nouveau coordinateur offensif, Todd Monken, précédé par sa réputation de faire voler le cuir, charger la boîte avec huit défenseurs pourrait relever du suicide. Il faudra prudemment choisir son poison pour défendre contre les Ravens.

Si Jackson est l’alpha et l’oméga des ambitions des Ravens, Roquan Smith est son pendant défensif. Arrivé en milieu de saison passée dans le Maryland, il a métamorphosé le visage de l’escouade défensive. Si bien que le prix payé par Eric DeCosta pour l’acquérir, et sa prolongation de contrat record ne sont aujourd’hui sujets à aucun débat. Peut-être l’auraient-ils été dans une autre équipe, dans un autre système défensif. Pas à Baltimore, pas dans la défense de Mike Macdonald, où Patrick Queen s’est soudainement mué en joueur NFL fonctionnel et performant. Le rookie Trenton Simpson et le quasi rookie David Ojabo n’auront qu’à suivre le guide pour faire du groupe de linebackers le joyau de la défense des Ravens.

Les point(s) faible(s)

L’autre pan du front seven des Ravens est, à l’inverse, un gros point d’interrogation. Le seul joueur au taux de pression supérieur à la moyenne en 2022 était Justin Houston, qui évoluera sous les couleurs des Panthers cette saison. Qui donc sera le pass rusher n°1 de cette défense ? Jadeveon Clowney, récemment signé, est plus un écraseur de poche qui brille contre la course qu’un chasseur de quarterback pur jus. En l’absence de réponse évidente, la solution sera vraisemblablement un effort collégial orchestré par Mike Macdonald.

D’autant que derrière, le backfield, immense point de satisfaction l’année dernière, est instable avant même le début de la saison. Il est d’ores et déjà acté que Marlon Humphrey manquera les premiers matchs après son opération du pied. Rock Ya-Sin, touché au genou, et Arthur Maulet, à l’ischio-jambier, viennent tout juste de faire leur retour à l’entraînement. Quant au vétéran Ronald Darby, recruté pour combler les absences, il revient d’une rupture des ligaments croisés du genou. 

On n’est loin de l’assurance dégagée par le quintet Chuck Clark-Marcus Williams-Kyle Hamilton-Marlon Humphrey-Marcus Peters en 2022. Hamilton qui était censé retrouver son poste naturel de safety pourrait ainsi débuter la saison au poste de nickel corner, laissant Geno Stone donner la réplique à Marcus Williams. John Harbaugh et Mike Macdonald ont encore une semaine pour trouver la combinaison gagnante.

Le facteur X : le couple Todd Monken-Lamar Jackson

En trois décennies de coaching, Todd Monken s’est construit une réputation d’artificier. Partout où il est passé, ses attaques ont produit des yards dans les airs et des touchdowns, avec des concepts novateurs d’année en année. Son fructueux passage à l’université de Géorgie a parfait sa philosophie avec l’incorporation de courses du quarterback, comme il sera amené à en appeler pour Lamar Jackson.

Cette philosophie, bien plus évoluée et adaptée au football moderne que celle de son prédécesseur, Greg Roman, est censée débloquer un tout autre niveau du jeu de Jackson et, a fortiori, de celui des Ravens. La saison dernière, sous Roman, Baltimore a joué en personnel 11 (1 running back, 1 tight end, 3 receveurs) sur 11,6% de ses jeux, quand la moyenne de la ligue était de 61%… Presque un autre sport. 

Le reste du staff de John Harbaugh étant inchangé, l’espoir est que Todd Monken ajoute son savoir-faire dans le jeu aérien au jeu au sol des Ravens, qui demeure une référence. L’enjeu sera de mélanger homogènement les courses de Lamar Jackson à des concepts de passe plus contemporains, à la manière des Eagles et Jalen Hurts.  

Si et seulement si la mayonnaise prend entre le quarterback et son nouveau coordinateur offensif. Il se peut que Lamar Jackson ait atteint un plafond de verre à la passe qui l’empêchera de rejoindre l’élite de l’élite de son poste. Les signes à notre disposition – sa saison MVP, son succès en personnel 11 malgré l’échantillon réduit, ses deux dernières saisons sans receveur digne de ce nom -, laissent penser qu’il lui reste une marge de progression. Mais l’échec reste une éventualité.

Le joueur à suivre : Zay Flowers

Le rookie format poche est de ces joueurs qui transcendent leur taille et leur poids. Ballon en mains, il est tout bonnement électrique. Il ne lui sera pas demandé d’être le receveur n°1, mais il pourrait bien le devenir malgré lui. Odell Beckham Jr. n’a plus joué en NFL depuis février 2022 et, malgré une relative renaissance à Los Angeles, ses jours en tant que receveur superstar déjouant les prises à deux à l’envi semblent être passés. Quant à Rashod Bateman, il doit encore prouver que son corps peut tenir une saison NFL entière.

Dans une attaque qui présentera l’un des meilleurs tight ends de la ligue et l’un des jeux au sol les plus menaçants, les opportunités de 1 contre 1 devraient être légion pour Zay Flowers. Les défenseurs de l’ACC qui en ont fait l’expérience vous diront qu’il est un cauchemar à contenir. 

Calendrier des Baltimore Ravens 2023

Texans, @Bengals, Colts, @Browns, @Steelers, @Titans (Londres), Lions, @Cardinals, Seahawks, Browns, Bengals, @Chargers, Bye, Rams, @Jaguars, @49ers, Dolphins, Steelers.

La preview audio du podcast

En résumé

Depuis la saison MVP de Lamar Jackson, les Ravens ont échoué à rééditer semblable réussite en saison régulière et n’ont qu’une petite victoire en playoffs dans leur escarcelle. Pour Jackson, John Harbaugh et l’ensemble de la franchise, il y a jusqu’à présent toujours eu des excuses légitimes expliquant le défaut de pérennité de leur succès. 

Peu, très peu de quarterbacks auraient fait mieux avec Greg Roman en coordinateur offensif, un corps de receveurs aussi faible, un carrousel de running backs blessés et une ligne offensive toujours incomplète. Peu, très peu d’entraîneurs auraient gagné 53 matches en cinq saisons dans pareilles circonstances.

Mais à l’aube de la saison 2023, le temps des excuses paraît révolu. Nelson Agholor, qui aurait été sans conteste le receveur n°1 des Ravens en 2022 est aujourd’hui quatrième dans la hiérarchie, signe du renforcement de l’escouade. Ronnie Stanley est enfin en bonne santé pour débuter l’année. Greg Roman a laissé sa place à l’un des esprits offensifs les plus brillants de l’histoire récente du jeu, que ce soit en NFL ou au niveau universitaire. Pour peu que la défense se rapproche des sommets atteints en fin de saison dernière, beaucoup des questions qui demeurent autour des personnages clés de la franchise trouveront leurs réponses dans 17 matchs. 

Pronostic : 12 victoires, 5 défaites, qualification en playoffs (wild card)

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