L’entrée ou non d’un joueur au Hall of Fame est souvent l’objet d’un débat passionné, et nombre de joueurs disposent d’autant de soutiens que de détracteurs. Après une première sélection interne à la rédaction, douze joueurs (non-éligible aujourd’hui) ont été retenus car ils ont recueilli des votes contradictoires et méritaient une analyse plus poussée. Ainsi pas de joueurs évidents comme Tom Brady ou Peyton Manning. Après ces douze volets, deux épisodes bonus vous seront proposés.
Les Patriots ont produit de nombreux joueurs pouvant prétendre au Hall of Fame durant les deux dernières décennies. Mais peu ont eu l’impact de Vince Wilfork, au sens propre comme au sens figuré.
Retraité depuis 2016, il va bientôt pouvoir être candidat. Mais a-t-il fait suffisamment pour y accéder ?
Dans ce troisième épisode du tribunal, nous vous donnons des éléments de réponses.
Les arguments favorables
Pour pouvoir obtenir un buste à Canton, avoir été un joueur important d’une dynastie comme celle des Patriots du XXIe siècle est forcément un gros argument. Wilfork a disputé quatre Super Bowls, onze campagnes de playoffs pour un total de 24 matches de phases finales dans sa carrière. C’est tout simplement le 10e meilleur total de l’histoire, ce qui est une sacré publicité pour « Air Wilfork ».
Si l’impact de Vince Wilfork a marqué les esprits, ce n’est pas forcément pour sa production statistique pure (voir ci-après), et cela s’explique en partie par l’utilisation qui était faite du joueur. D’une domination physique rare, Wilfork pouvait enfoncer l’intérieur de la ligne à lui tout seul, et ouvrir des boulevards pour ses coéquipiers.
L’ancien joueur de l’université de Miami était un homme de l’ombre, mais ses performances l’ont finalement mis en lumière au point de devenir une figure historique de sa franchise. Bill Belichick a toujours loué le leadership du joueur, le désignant à son départ comme le « capitaine des capitaines ». Bel hommage illustrant l’importance de Wilfork, sur le terrain mais aussi en dehors, et ce leadership est un argument supplémentaire pour sa candidature.
Les arguments défavorables
Si le palmarès de Wilfork est impressionnant, ce n’est pas le cas de ses récompenses individuelles, un peu légère pour postuler à une place dans le temple. Cinq Pro Bowls et seulement une sélection dans l’équipe première All Pro (quatre au total), c’est faible en comparaison des defensive tackles présents au Hall of Fame. Le seul ayant si peu de récompenses est Curley Culp (1 All Pro 1st et 6 Pro Bowl), qui a attendu près de 30 ans avant d’accéder au Hall of Fame.
D’ailleurs, la position est étonnamment peu présente au Hall of Fame, comme l’atteste la liste des joueurs ayant obtenu une place ces 10 dernière années : Curley Culp (2013), Warren Sapp (2013), Cortez Kennedy (2012) et John Randle (2010). Et le total de sacks de ces trois joueurs en carrière (les sacks n’étaient pas compté à l’époque de Culp) explique en partie la sélection : respectivement 96,5, 38 et 137,5 ! Ce qui amène à notre troisième point…
La production statistique de Wilfork est loin d’être aussi impressionnante que son palmarès. En 189 matches, il n’a réussi que 16 sacks et 39 plaquages pour pertes. En comparaison Bryant Young en a 89,5 et 93 et il n’a pas de veste dorée, malgré 14 Pro Bowls et 4 sélections en équipe All Pro ! Il y aura de la concurrence pour Wilfork, et elle sera de taille.
Les votes
Pour (9 votants) : Alain Mattei, Sebastien Polomeni, Nelson Caignard, Brice Duhamel, Matthieu Pasquier, Camille Saraben, Mehdi Jullien, Alexandre Foy et Elioth Salmon.
« Massif. Dominant. Quelques récompenses individuelles, quelques bagues, et c’est direction Canton. » (Matthieu Pasquier)
« La position est un peu mal aimée du Hall of Fame et il faut vraiment être exceptionnel pour arracher un buste quand on est defensive tackle. Mais Wilfork, reste le symbole de ces joueurs de l’ombre essentiels au succès d’une équipe. Il a été un des pions favoris de Bill Belichick pendant des années, ce qui est rarement un hasard. Son rôle dans le vestiaire est difficile à évaluer de l’extérieur, mais il était réel. » (Alain Mattei)
Contre (4 votants) : Raoul Villeroy, Raphaël Masmejean, Jean-Michel Bougeard et Victor Roullier.
« Choix difficile. Le coeur dit oui pour ce big man attachant et à la superbe carrière. Mais pour moi il est le 3e meilleur DT de sa « génération » derrière Kevin Williams et Haloti Ngata. Je ne vois pas forcément 3DT mi-2000/2010 rentrer au HoF donc par élimination… » (Raphaël Masmejean)