Jamais il n’aurait dû se retrouver là. Personne ne l’en croyait capable. Personne ne lui prédisait le moindre avenir sur un terrain de football. Trop petit. Bien trop petit pour les mastodontes du gridiron. Personne n’y croyait, sauf lui. Car on est jamais mieux servi que par soi-même. Fletch, c’est l’underdog par excellence. Ce mec qu’on regarde en souriant, plein de bienveillance, mais qu’on ne prend pas vraiment au sérieux. Ce mec qui, étape après étape, fait taire ses détracteurs. Ce mec qui ne cesse jamais de croire en ses chances. Ce mec qui refuse de se laisser abattre, même lorsque le sort s’acharne sur lui. Un mec made in Cleveland.
Bienvenue en Enfer
London voit le jour en 75 dans la pépinière à talents de Cleveland, Ohio, véritable terre de football meurtrie par les émeutes raciales du début de la décennie et accablée par une épouvantable gestion des deniers publics qui la précipite en pleine ruine. En décembre 1978, la cité des rives du Lac Érié devient la première métropole à être déclarée en défaut de paiement depuis la Grande Dépression née du krach de 1929. Cataclysme économique, drame social. La ville s’enlise, la pauvreté enfle et le crack se propage comme la peste dans les rues des quartiers les plus pauvres et déshérités de Cleveland. Des quartiers oubliés comme celui où London et sa famille à rallonge s’entassent, au coin de la 71e rue et de Superior Avenue. Sa mère et ses quatre frères et soeurs dans l’appartement du haut, ses grand-parents, une tante et ses quatre marmots dans celui du bas. Dans une maison aux allures de refuge pour les cousins et autres tantes sans nulle part où aller, ils sont parfois une quinzaine à vivre les uns sur les autres. Une oasis de réconfort perdue dans un quartier désoeuvré et rongé par la violence. Le pire de Cleveland.
Le 14 décembre 1987, London n’a que 12 ans lorsque le corps sans vie de Kecia, sa soeur aînée de 17 ans, est retrouvé près d’une voie de chemin de fer. Violée, assassinée, jamais le coupable ne sera attrapé. Le choc est terrible. Depuis ses 13 ans, déjà, elle errait dans les rues « à faire des choses que les jeunes filles ne devraient pas faire, » confie Fletcher à Sports Illustrated en 2013. Un petit cousin fauché trop tôt par les balles, une tante qui met fin à ses jours, une mère, Linda, dévastée par la perte de sa fille et qui s’abandonne dans la drogue, en quête d’un échappatoire, en quête d’un remède à cette vie morbide.
Élève brillant collectionnant les A depuis ses premiers pas d’écolier, London est happé par ce tourbillon de noirceur et voit ses résultats scolaires dégringoler. Les A s’évaporent de son bulletin de notes. Les D se font de plus en plus fréquents. Autant que les coups de feu qui glacent le silence pesant de son quartier jour après jour. Comme des centaines de gamins, Fletch garde la tête hors de l’eau grâce au sport. Son oxygène dans l’asphyxie d’une vie jalonnée de drames.
« Le sport était mon refuge, ma façon de gérer les choses qui arrivaient autour de moi, » raconte-t-il au New York Times en 2006. « Au lieu de traîner dans les rues, j’ai choisi le basket et le football. »
Sur les parquets, d’abord, il use de son physique cubique pour attiser la curiosité des recruteurs locaux. Il est en quatrième et se frotte à des grands machins de Cleveland State lorsqu’il tape dans l’oeil de Mike Moran, coach de la St. Joseph High. London tente sa chance, mais se fait rembarrer par l’établissement, la faute à des notes en chute libre. « Fais remonter tes notes, » lui recommande le prêtre en charge des admissions. Dès l’année suivante, l’ado renoue avec les A se souvient Moran. Soutenu financièrement par un couple de philanthropes qui l’a pris sous son aile, comme des dizaines d’autres gamins de Cleveland, depuis son année de CM1, il quitte son lycée public pour rejoindre St. Joseph et ses profs en soutane. Là-bas, meneur titulaire la grosse balle orange en main, il décroche deux titres d’État. Pour sa dernière année de lycéen, London fait une infidélité aux parquets pour s’essayer au football le temps d’une saison d’enfer au poste de running back qui lui doit de faire tourner quelques têtes. Mais en basketteur dévoué et lauréat d’une bourse d’études, Fletcher traverse la frontière pour Saint Francis College, en Pennsylvanie, et son campus bucolique paumé dans le petit village de Loretto.
À peine 11 minutes de jeu en moyenne, mais deux expulsions pour accumulation de fautes, du haut de son petit mètre 78 et fort de ses 100 kilos, meneur de jeu atypique, London impose son style robuste sur les parquets. Surtout, il fait des ravages dans ses propres rangs. La liste des blessés s’allonge et le coupable est souvent le même. Contusion au genou, raison : collision avec London Fletcher. Contusion à la cuisse, raison : collision avec London Fletcher. Sa saison de freshman achevée, il ne passe pas l’automne et retourne dans sa Cleveland natale après trois semestres d’exil. Adieu le Red Flash. Adieu la Division-I. Sur les bords du Lac Érié, rien n’a vraiment changé. Sa mère noie toujours son chagrin dans la drogue, son frère fait des aller-retour derrière les barreaux et ses soeurs sont en cruel manque d’une présence masculine forte.
« Il se passait tellement de choses, » se souvient Fletch dans Sports Illustrated. « Saint Francis était ce dont j’avais besoin à ce moment de ma vie. Du calme et de la sérénité. Devoir m’occuper de ma mère m’affectait énormément. Mais après un an et demi d’absence, il fallait que je retourne auprès d’eux. »
Dans cet environnement lugubre, London se bâtit un mental en acier trempé. Dans les malheurs de sa mère, il puise une source de motivation sans fin.
« Elle s’est battue plus que je ne l’ai jamais fait, » confie-t-il avec émotion au Chicago Tribune au soir du Super Bowl XXXIV. « Je me bats sur le terrain. Elle se bat dans sa vie de tous les jours. Si je perds un match de football, j’ai le droit à une autre opportunité. Elle perd une bataille et ça peut être la fin pour elle. Ma mère m’a inspiré à devenir ce que je suis aujourd’hui. Elle m’a transmis un état d’esprit, et les épreuves auxquelles j’ai dû faire face ont façonné l’homme que je suis aujourd’hui, pas seulement sur, mais aussi en dehors du terrain. »
20 ans, une rapide saison de basket universitaire dans les pattes, une de football qui remonte au lycée, la carrière sportive de London est frappée d’un immense point d’interrogation. Tirer un trait dessus ou lui redonner une ultime chance ? Un petit coup de fil à Mike Moran, son coach de basket au lycée devenu entraîneur à John Carrol, petite université jésuite à quelques bornes de Cleveland, et le voilà transféré dans le modeste programme de Division-III pour la fin de la campagne 94-95. London veut jouer pour son ancien entraîneur, c’est tout ce qui importe pour lui. Retrouver une figure rassurante. Et comme en Pennsylvanie, il déboule sur les parquets comme une boule de bowling dans un jeu de quille se souvient Moran.
« London n’aimerait pas que je dise ça, mais il jouait au basket comme il jouait au football, » raconte-t-il à Tim Layden de SI. « Il aurait très bien pu débuter chaque match avec deux fautes d’office ; de toute façon, il ne tardait jamais à les obtenir. »
À l’automne 95, séduit par l’appel du ballon à lacet, il rejoint les footeux de John Carroll et délaisse peu-à-peu les parquets. Pour sa première saison, repositionné en défense, il joue peu et ne brille pas vraiment. On ne rattrape pas deux années loin du gridiron d’un claquement de doigts. Élu meilleur linebacker de Division-III en 96, il reprend ses marques et commence à imposer son style de bourrin. Féroce, increvable, il se livre sans la moindre retenue. Gare aux dégâts. En 97, il ne lui faut que 12 matchs pour empiler 202 plaquages gargantuesques et exploser le record des Blue Streaks. Cette année-là, il n’a besoin que d’un après-midi pour emboîter 29 plaquages face à Ohio Northern. 29. En une seule rencontre. « J’avais déjà près de 50 plaquages après les deux premiers matchs, » raconte-t-il au News-Herald en janvier dernier.
« London était l’exemple type de l’athlète de Division-III qui n’avait littéralement rien à faire là, » se souvient John Priestap, coéquipier de l’époque et ami proche de Fletch. « Il avait une faculté incroyable à casser la distance et rattraper les coureurs. Il dominait la concurrence de la tête et des épaules. »
Diplômé en décembre, Fletcher partage son temps entre un boulot dans un bureau et la salle de gym. Son unique objectif : la draft. Malgré une carrière universitaire passée dans l’intimité feutrée du troisième échelon universitaire, il est convié au Combine d’Indianapolis et est flashé en excès de vitesse sous la voûte blanche du RCA Dome. 4.38 sur le 40-yard dash. Bluffant pour un linebacker cubique de plus de 100 kilos. Au pro day de Kent State, il récidive en claquant un 4.40 qui commence à faire frétiller quelques observateurs. Mais Fletch a beau se déplacer à une vitesse folle, cela ne lui fait pas gagner de centimètres et les scouts ne s’éternisent pas sur son cas. L’éternel racisme anti-« petits » de la NFL. Le troisième week-end d’avril 98, il est vautré dans le canap du sous sol de son cousin, Asu. Un calepin à la main, il note les noms de chaque linebacker sélectionné. L’un après l’autre. Le 19 au soir, il sont 32 à avoir été sélectionnés. Keith Brooking et Takeo Spikes sont les premiers à monter sur le podium. Vient le tour de Jeremiah Trotter deux tours plus tard. Puis une flopée de mecs tombés dans l’oubli. Mais pas de London Fletcher. Comme Jeff Saturday cette même année, le linebacker est laissé sur le bord du chemin. Fletch ne sera pas le premier gamin sorti de John Carroll à être drafté. Mais il ne compte pas renoncer à être le premier à fouler un terrain NFL. Même Bill Polian, GM des Colts dont le fils était le coéquipier de London à JCU, tombe dans le panneau et le laisse filer.
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1 mètre 78. Pour une NFL qui s’entête à ne regarder que des chiffres alignés sur un bout de papier avant d’évaluer le véritable talent, rédhibitoire. Même à un poste où bien d’autres paramètres que la taille devraient primer. La vitesse, la puissance, l’énergie, l’endurance, la vision, l’anticipation, le leadership. Tant de qualités dont Fletch dégouline abondamment. Si seulement il faisait 4 ou 5 centimètres de plus. Pourquoi lâcher un choix sur un petit mec qui bouge à la vitesse de la lumière, comprend le jeu comme personne et cache cinq poumons sous sa cage thoracique quand on peut en sacrifier un sur un plot d’un mètre 85 ? La logique sauce NFL.
La draft à peine achevée, le téléphone sonne. Au bout de la ligne, St. Louis et une offre de contrat. Quelques jours plus tard, sans autre option à sa disposition, Fletch se retrouve attablé avec Charlie Armey, directeur du personnel sportif des Rams. S’ensuit un échange surréaliste. Savant mélange de bon sens et de froide stratégie d’un côté, d’audace et d’arrogance de l’autre : « Pourquoi ne m’avez-vous pas drafté ? » s’interroge le joueur. « Parce qu’avec ta taille, nous étions à peu près certains que personne ne le ferait, alors nous n’avions pas besoin de le faire, » lui rétorque Armey. « Très bien. Je veux un bonus de signature. » Les agents libres non-draftés n’y ont pas droit, c’est « non-négociable, » riposte le Bélier. Dos au mur, bouillonnant intérieurement, London Fletcher accepte, mais prévient : « Je vais signer ce contrat, mais l’année prochaine je reviens ici pour réclamer plus. » En attendant, il devra ranger son égo et se contenter de 158 000 dollars, le minimum. De la confiance, il n’en a jamais manqué. Elle aura nourrit sa carrière depuis ses premier pas.
« London Fletcher est un excellent linebacker, » concédera le Titan Lorenzo Neal après le Super Bowl XXXIV. « Il joue avec énormément d’émotion et sait parfaitement qu’il est bon. Et c’est une excellente chose car il faut avoir cette confiance en soi. »
Pourtant, s’il ne doute pas de sa valeur, quelques observateurs sont nettement plus sceptiques. Voire tout simplement convaincus qu’il n’a rien faire en NFL. Et pendant que certains heureux élus collectionnent les coupures de presse ventant leur talent et leurs faits d’armes, Fletcher empile celles qui doutent de lui, se moquent, le découpent, l’enfoncent gratuitement, le mettent plus bas que terre. Comme ce papier d’ESPN Magazine en 99 qui promet au linebacker de lui acheter une bagnole s’il se retrouve titulaire d’ici Halloween. « J’attends toujours ma voiture. Je veux une Mercedes Benz 600 bleu Ram » lâche l’intéressé, petit par la taille, mais grand par l’égo. Pas un égo baveux et surdimensionné, mais l’égo de quelqu’un qui sait ce qu’il vaut. Et quand Armey lui fait miroiter un rôle dans les équipes spéciales pour espérer intégrer le groupe, Fletch a déjà une réponse toute faite qui comble le dirigeant : « L’année prochaine, je serai toujours ici et je serai votre middle linebacker titulaire. » Chose promise… Quant à sa taille, il en est fier et ne se cache pas derrière. Il en entend parler tous les jours. Depuis presque toujours. Et quand les Rams lui ajoutent quelques centimètres dans leurs données officielles, il contacte le staff chargé des relations publiques pour rétablir la vérité. « Je fais très légèrement en-dessous d’un mètre 78, » précise-t-il.
En 1998, dès le deuxième jour du camp d’entraînement, il se fait remarquer en se retrouvant au beau milieu d’une baston. Malgré cet épisode, l’été file à toute allure et il passe les cuts un à un. Réserviste en défense, titulaire bouillonnant sur équipes spéciales, il s’intègre tranquillement au groupe. Titularisé pour le dernier match de la saison face aux Niners, il rafle 8 plaquages en défense, 7 en couverture de dégagement et impressionne Dick Vermeil, coach de Rams en pleine ascension. « Quand le moment est venu d’évaluer les joueurs pour la saison suivante, j’ai tout de suis dit, ‘London Fletcher est notre middle linebacker’. » Si son coach le découvre, London n’a jamais douté de lui. Il sait qu’il est le meilleur. Il l’a toujours su.
« Je me souviens de l’an passé, quand il était la doublure d’Eric Hill, il lui répétait chaque jour qu’il était meilleur que lui, » se souvient Todd Lyght, cornerback des Rams, dans les pages du New York Post en 2000. « On parle d’Eric Hill, vétéran de 11 saisons, un mec drafté au premier tour qui a joué à un niveau incroyable pour plus d’une équipe, et ce mec débarqué de nulle part, John Carroll, balance à notre middle linebacker titulaire, ‘Je suis meilleur que toi.’ C’est devenu un running gag, mais au fond de lui, London le pensait vraiment. »
En 99, propulsé titulaire dès sa deuxième année au grand dam d’un des membres de la rédac d’ESPN Magazine, et dans l’ombre d’un autre illustre recalé de la draft floqué du numéro 13, Fletch s’éclate. Son premier sack en semaine 3, son premier safety en week 9, et au milieu de tout ça, une marmelade de plaquages. 138 au total, en défense comme sur équipes spéciales. Le meilleur plaqueur de la franchise, quand bien même il ne passe que 63% des snaps défensifs sur le terrain. En sentinelle au coeur du jeu, il prend un pied immense à lire les attaques, se ruer sur le porteur de ballon avec un instinct de prédateur et entrer dans le crâne de ses adversaires à coup de trash talk bien senti. Un linebacker haut débit qui s’auto-surnomme dot.com, car il est toujours « connecté avec l’escouade offensive adverse, » confie-t-il au Chicago Tribune en 2000.
« En tant que linebacker, ça me rend malade de laisser l’équipe adverse courir pour plus de 100 yards, » lâche-t-il au New York Times en 2006. « Quand je regarde les stats après le match et que je vois un mec avec plus de 100 yards au sol, ça me retourne l’estomac. »
Débutant, mais plein s’assurance, il s’impose comme un leader naturel, haut en couleur et à l’inépuisable jauge d’énergie. « Parfois, j’ai l’impression qu’il va faire de l’hyperventilation, » raconte le défensive tackle des Rams D’Marco Farr dans les colonnes du Baltimore Sun, à quelques jours du Super Bowl XXXIV. « Il déboule dans le huddle et ressemble à un vrai pitbull. C’est presque un second coach. On oublie vite que c’est juste sa deuxième saison. T’as envie de lui dire de la fermer, mais tu ne peux pas. Il serait capable de te mordre ou je ne sais pas trop quoi. »
Au premier tour des playoffs, dans une orgie offensive XXL face aux Vikings, il s’offre 11 plaquages et un sack dans l’anonymat des prouesses du Greatest Show on Turf de Kurt Warner and Co. La semaine suivante, dans une finale de conférence cadenassée, il en ajoute 7 de plus à sa collection. Le 30 janvier 2000, sous la yourte géante du Georgia Dome, il empile 11 plaquages et les Béliers encornent les Titans pour décrocher leur premier titre de l’ère Super Bowl.
Une enfance dans la violence d’une Cleveland en plein déclin, une adolescence à se balader entre la balle orange et le ballon à lacet pour tenter de s’extirper du bourbier, des années de fac passées à errer sur des campus de seconde zone et, enfin, en deux ans, la reconnaissance. Signé en catimini 18 mois plus tôt, il est sur le toit du monde. Lui, le mec trop petit. Ce gringalet pour les standards NFL. Face aux journalistes, London savoure sa revanche un immense sourire en travers de la face. Hilare même. De St. Louis à Washington D.C. en passant par Buffalo sur les rives d’un Lac Érié qu’il connait si bien, Fletch ne ratera pas le moindre match de toute sa carrière. Zéro blessure. Zéro coup de fatigue. Que dalle. Nada. Après avoir autant galéré pour en arriver là, pas question de manquer à l’appel le moindre dimanche. Quand bien même il faut enchaîner les sprints, les collisions et les plaquages à un rythme insensé pour le corps, London l’inusable et incassable intègre le club très sélect des Iron Man de la baballe à lacet. 215 titularisations d’affilée, un cas unique pour un linebacker qui le place au même rang que la légende violette Alan Page, premier défenseur couronné MVP dans l’histoire de la NFL, et que Ronde Barber, iconique cornerback des Bucs. Avec 256 matchs consécutifs sans le moindre pépin physique l’écartant de la feuille de match, kickers et punters mis à part, seuls deux hommes ont fait mieux que lui : Brett Favre le Cheesehead passé à l’ennemi (299) et Jim Marshall le Viking (282).
De toute l’histoire de la ligue, jamais un défenseur non-drafté n’a disputé autant de matchs que Fletch. En 98, un scribouillard n’ayant probablement jamais enfilé un plastron de sa vie lui prédisait une carrière des plus courtes. 15 ans plus tard, après des années passées au coeur du front, à la position la plus stratégique de la défense, exposé comme jamais aux mauvais coups, il achève sa carrière sans une seule égratignure en étant l’un des seuls rescapés de la cuvée 1998. La récompense d’un parcours unique. La récompense d’une éthique de travail irréprochable et d’un mode de vie monastique. Des étés passés à entretenir son corps, des saisons passées à le préserver, un régime alimentaire parfaitement dosé, une rythme de sommeil savamment pensé, une routine calculée au millimètre et à la seconde près. L’histoire de London Fletcher, c’est un peu de chance, et une énorme dose de détermination et d’abnégation. Un role model. Incassable. Inclassable.