Robert Kraft : « Je suis vraiment désolé »

Il est sorti de son silence. Hier, samedi 23 mars, le propriétaire des Patriots Robert Kraft s’est exprimé publiquement pour la première fois depuis l’annonce de son implication présumée dans...

Il est sorti de son silence. Hier, samedi 23 mars, le propriétaire des Patriots Robert Kraft s’est exprimé publiquement pour la première fois depuis l’annonce de son implication présumée dans un scandale de trafic sexuel. Vague sur le sujet, il s’est excusé pour les blessures et la déception occasionnées, promettant de faire mieux par ses actions. Adam Schefter d’ESPN s’est fait l’écho de cette déclaration.

«Je suis vraiment désolé. Je sais que j’ai blessé et déçu ma famille, mes amis proches, mes collègues de travail, nos fans et beaucoup d’autres qui m’attendent à juste titre à un niveau supérieur. Tout au long de ma vie, j’ai toujours essayé de faire ce qu’il fallait. La dernière chose que je voudrais faire est de manquer de respect à un autre être humain. J’ai un respect extraordinaire pour les femmes. Ma morale et mon âme ont été façonnées par la femme la plus merveilleuse, l’amour de ma vie, que j’ai eu la chance d’avoir comme partenaire pendant 50 ans.»

Soigneusement rédigées par son équipe d’avocats, les formules utilisées font penser à un mea culpa, mais il refuse toujours d’admettre toute culpabilité. Il n’évoque pas non plus le danger juridique dans lequel il se trouve. Dans sa bataille, il avance à tâtons mais devrait rapidement en savoir un peu plus sur son sort puisque l’audience est fixée au 28 mars.

Rappel des faits

En février dernier, les autorités de Jupiter en Floride ont démantelé un vaste réseau de prostitution local impliquant une centaine d’hommes. Parmi eux, Robert Kraft. Il est accusé d’avoir été client d’un salon de massage qui faisait travailler des prostituées issues de réseaux en lien notamment avec la Chine. Les femmes présentes dans le spa étaient issues du trafic d’êtres humains, obligées de s’adonner à des actes sexuels et devaient dormir sur place. Il s’est ainsi retrouvé inculpé de sollicitation de prostitués et trafic d’être humain.

Des documents publiés par le bureau du procureur de Palm Beach indiquent que le grand patron des Patriots se serait rendu au Spa Orchids of Asia Day à deux reprises en 24 heures entre le 19 et 20 janvier. Il aurait été filmé en pleine action par les caméras placées sur place par police le jour de la finale de la conférence AFC, laissant deux billets de 100$ à la femme qui l’accompagnait. Il s’est ensuite rendu à Kansas City pour assister à la rencontre décisive face aux Chiefs.

Et maintenant ?

Selon le détective en charge de l’affaire Andrew Sharp, les preuves existent et les images identifient clairement Kraft. Elles pourraient éventuellement être diffusées ultérieurement, une fois l’affaire terminée d’après les déclarations au micro de CNBC du shérif du comté de Martin, William Snyder. C’est justement ce qu’essaie d’éviter le septuagénaire. Ses conseils ont déposé une requête afin que les enregistrements ne soient pas rendus publics, prétextant que les images obtenues l’ont été de façon illégale, qu’elles violaient le quatrième amendement de la constitution et donc qu’elles ne peuvent pas être prises en compte contre leur client.

Même si juridiquement, les risques sont faibles, il continue de nier en blocs les faits reprochés et a plaidé non-coupable pour les deux chefs d’accusation. Pourtant, il s’est vu offrir une porte de sortie pour l’abandon des poursuites. En échange d’un aveu de culpabilité, le paiement d’une amende et de sa présence au sein d’un programme communautaire, le procureur abandonnerait les charges retenues. La balle est dans son camp.

Alors pourquoi s’entêter ? Certainement pour éviter ou minimiser une éventuelle sanction disciplinaire de la NFL contre sa personne ou son organisation. Plusieurs propriétaires ont déjà été punis par la ligue (Jim Irsay pour les Colts, Eddie DeBartolo des 49ers et Kraft lui même dans l’histoire du Deflategate) avec des peines allant d’amendes conséquentes à des suspensions. S’il venait à être suspendu, il ne serait ainsi pas autorisé à porter la bannière de champions pour la première rencontre en septembre prochain au Gillette Stadium. Une énième polémique dont la NFL et Roger Goodell se seraient volontiers passés.

La politique de comportement de la ligue est très stricte, elle appelle à des standards encore plus élevés pour les dirigeants et propriétaires. Dès ce dimanche, tout ce petit monde sera présent en Arizona pour participer aux réunions de travail de printemps, nul doute qu’ils ne pourront échapper aux questions relatives à ce sujet. L’affaire n’est pas à l’ordre du jour, mais ce ne serait pas sans précédent si Kraft s’adresse directement à ses homologues. Jimmy Haslam des Browns en 2013 et l’ancien patron des Panthers Jerry Richardson en 2018 se sont déjà prêtés à l’exercice lorsque leurs problèmes juridiques respectifs avaient éclaté au grand jour.

En conclusion

Le problème des excuses est qu’avant de pouvoir dire que vous êtes désolé, vous devez admettre que vous avez commis une erreur. À la lecture de sa déclarations, il n’admet rien du tout et ne fait référence aux charges retenues que comme « cette affaire », façon courtoise de rejeter le sujet. Kraft n’admet pas avoir commis quelque chose de mal, mais déplore s’être fait prendre. Il ne propose pas non plus de véritables réflexions sur ses actions ou ses engagements futurs et souhaite juste qu’on lui fasse confiance. Chacun se fera son avis sur le sujet.

 

Partagez cet article sur : Twitter Facebook
Afficher les commentaires