Jusqu’à la Draft, Touchdown Actu vous propose chaque jour les meilleures vidéos des meilleurs joueurs qui seront sélectionnés les 25, 26 et 27 avril prochains à Nashville.
Cliquez ici pour retrouver toutes les fiches Draft 2019 déjà publiées.
Boom or bust. Vous avez déjà entendu cette expression et typiquement, Murray correspond à cela. Il est le type de joueur qui peut, dans un an, faire paraitre ridicules les sceptiques d’aujourd’hui, comme se rater complètement. Faire passer un general manager pour un génie ou le transformer en chômeur. Et bien entendu, s’il réussit, vous n’échapperez pas aux commentaires de ceux qui aujourd’hui se font discrets mais qui clameront alors bien haut un « je vous l’avais dis ».
Kyler Murray – Quarterback – 21 ans – Junior (RS) – Oklahoma
Taille : 1m78
Poids : 93 kilos
Position estimée dans la draft : 1e tour
Stats 2018 : 4361 yards et 42 touchdowns à la passe, 1001 yards et 12 touchdowns à la course
Kyler Murray est petit : 1m78. Kyler Murray est une crevette à 93 kilos (tout est relatif). Il est à ce stade de sa carrière un QB très dynamique, plus que le traditionnel passeur depuis la poche. Alors pourquoi cette rumeur persistante ? Murray va être le numéro 1 de la draft ! Ou plutôt, il serait le choix des Cardinals. Oui en 2019 cela veut dire la même chose puisque les Cards ont le #1 mais pour dire que, si la franchise d’Arizona avait le #4 alors les rumeurs ne parleraient pas (beaucoup moins en tout cas) d’un possible numéro 1 de la draft et elles l’enverraient à Phoenix en quatrième position (plus sur le pourquoi, plus bas).
Points forts
– athlétique
– bras puissant et précis sur certaines zones du terrain
– fort mentalement, un playmaker confiant
Heisman trophy, c’est à dire élu meilleur quarterback universitaire. Devant celui qui était favori pour remporter la distinction du début de la saison à la fin : Tua Tagovailoa, Alabama. Comment ? Et bien tout simplement en jetant pour 4361 yards à la passe, 1001 yards en courant et en scorant 54 petits touchdowns en cumulé ! BOUM !
Comment ignorer une telle production ? Sans parler de l’impression visuelle d’une sorte de fourmi atomique courant dans tous les sens ou lançant de façon précise à 50 yards. Une comparaison avec Russ Wilson pourrait se justifer en raison d’un gabarit similaire ainsi qu’au fait que les deux savent courir. Mais Wilson était un lanceur plus accomplit à sa sortie de Wisconsin. Cependant, plus de 5000 yards et 54 touchdowns ! Dans certes une équipe bien meilleure que 90% de leurs adversaires mais tout de même, il a été impressionnant en 2018. Premier joueur de l’histoire de la première division (FBS) a lancer pour plus de 300 yards et courir pour plus de 60 yards en moyenne par match.
Ce à quoi les détracteurs répondent : alors oui mais euh la Big 12 est une conférence où les défenses sont réputées moyennes au mieux et puis, c’est ce système qui fait que, une sorte de air-raid hyper agressive, pas un système NFL ça…
Seulement, 2018 a révélé Pat Mahomes, et Baker Mayfield a fait naitre beaucoup d’espoirs dans une franchise qui n’en avait plus depuis longtemps. Deux quarterbacks, qui comme Murray, viennent de cette conférence et jouant avec ce type de système offensif. Devinez qui était l’entraineur du Chief Patrick Mahomes à l’université ? Vous l’avez, Kliff Kingsbury.
Points faibles
– limité sur les lancers au milieu du terrain
– prise de décisions
– risque de blessure important lié à son gabarit et à son jeu
Athlète accomplit, Murray a également dans son arsenal un bras très puissant. Niveau précision, 69% de passes complétées. Le souci est plutôt sur les zones où il est précis. Son pourcentage diminue lorsqu’il s’agit de lancers au centre du terrain, et c’est là qu’entre le plus en jeu sa taille ainsi qu’un autre élément : sa capacité de lecture. Il s’agit d’un défaut très répandu chez les quarterbacks dits dual-threat, c’est à dire ceux qui savent bien courir. Ils ont parfois tendance à sortir de la poche en courant si leur première option est marquée, au lieu de patienter une demi-seconde supplémentaire pour en voir une autre être ou se démarquer.
Kyler Murray a bénéficié d’une ligne offensive dont 4 membres seront draftés cette année (Cody Ford en tête) dans une conférence peu réputée pour ses pass rushers. 69% de passes complétées donc. Oui mais. Oui mais contre la meilleure défense qu’il ait eu à affronter, celle d’Alabama, le pourcentage tombe à 51,4 ! À combien tombera t’il face aux défenses NFL ? Une certaine précipitation (et incapacité à changer d’option) l’a conduit a quelques lancers qu’il aurait mieux fait de retenir :
Des progrès à faire en lecture, tous les quarterbacks rookies en ont à faire mais Murray plus encore que d’autres. Cela est un aspect primordial pour réussir en NFL mais un de ceux qui se travaillent et sur lesquels un joueur peut progresser. Il y travaille déjà avec Jim Zorn (ex quarterback avec Seattle notamment) ainsi qu’avec son père : Kevin Murray, quarterback avec Texas A&M avec qui il lance pour plus de 2600 yards en 1985.
Comme Baltimore avec Lamar Jackson, le gameplan devra être pensé en fonction des qualités et défauts de son jeu. Une attaque voulant utiliser les read options, avec donc déjà un bon coureur, semble le schéma le plus sur à ce stade de son développement. Les medias eux l’ont déjà adopté, presque adoubé.
the moment @TheKylerMurray became the #1 pick in the #NFLDraft — from our Super Bowl show in Atlanta. pic.twitter.com/FXMFIZP5Ur
— Rich Eisen Show (@RichEisenShow) February 27, 2019
Au NFL Combine, il ne participe à aucun atelier et le lendemain, le respecté Charley Casserly (ancien GM des Redskins et des Texans) relate qu’il a entendu de très mauvais retours des interviews de Kyler Murray. Pas de leadership et mauvais sur le si important tableau noir.
Alors okay, peut-on vraiment juger du leadership d’un bonhomme en 10 minutes d’entretien ? Disons qu’on peut s’en faire une idée. Au moins trois équipes auraient, selon Casserly, ressenti cela. Mais bien entendu, le plus mauvais dans ce propos est le manque de capacité au tableau noir. Comprendre et enregistrer les schémas offensifs, la base pour un joueur de cette position. Dominant au lycée, dominant au niveau universitaire, la question est posée : Murray aurait-il dominé ces niveaux par ses aptitudes naturelles plus que par sa science du jeu ?
En tout cas Kyler Murray est LA sensation de cette draft, celui qui polarise au moins la moitié de l’attention. Quelques jours après le NFL Combine, dans son show, Dan Patrick rapporte que certains évaluateurs se demandent si le quarterback n’aurait pas tout fait pour « gonfler » son poids ? Nourriture, eau, que sais-je. Et de continuer cette théorie en expliquant que c’est pour cela qu’il n’a pas couru le sprint du 40 yards où il aurait pu être très performant ! Et certains de demander qu’il soit à nouveau peser avant son ProDay.
Et il est effectivement pesé à nouveau au ProDay (lui comme les autres joueurs de Oklahoma, pas un traitement spécial). Niveau poids, il pèse 2 pounds de moins qu’au Combine (0,90 kilos). Pas de souci à ce niveau-là donc. Ni au niveau du workout. Cependant qu’il puisse lancer le ballon sans opposition n’est ni une surprise ni un exploit. Bien plus important sont les séances privées avec les équipes, notamment celle qu’il aura avec les Cardinals. Des Cardinals qui d’ailleurs ne s’étaient pas déplacés, au contraire d’un Pat Shurmur (Giants) par exemple.
Fit possibles
Cardinals, Giants, Dolphins, Chargers
Le nouvel entraineur des Cardinals utilisait à l’université de Texas Tech, un système offensif dans lequel Murray serait comme un poisson dans l’eau. Les rumeurs partent de ce constat, pas du fait que Rosen les aurait déçu. Fin octobre 2018, une semaine avant de l’affronter*, Kliff Kingsbury déclare que s’il le pouvait, il sélectionnerait Murray avec le premier choix de la draft. Quelques mois plus tard, il a cette possibilité. *(Murray a fait honneur à ce commentaire avec 4 touchdowns dont 1 à la course pour une victoire de Oklahoma).
En 2012 déjà, Kingsbury alors coordinateur offensif à Texas A&M, se déplace régulièrement à Allen pour voir évoluer et discuter avec Kyler Murray et ses entraineurs :
« Je le suis depuis sa saison sophomore au lycée et je pense énormément de bien de lui. Je n’ai jamais vu personne de meilleur que lui au niveau lycée et il le montre désormais au niveau universitaire. Il est phénoménal » (yahoo sports)
Évidemment, Murray aimerait jouer pour cet entraineur parti à Texas Tech quand lui arrive à Texas A&M :
« Je connais son système offensif. Il m’a recruté quand j’étais lycéen et j’ai une très bonne relation avec lui. Si je pouvais jouer pour lui, ce serait le mariage idéal » (reuters)
Par ailleurs, un élément dont on a du mal à prendre la mesure en France. Ici, nous avons constaté son incroyable saison avec Oklahoma. Là-bas, il est connu et respecté depuis qu’il a 15 ans. Le football du lycée est une institution dans ce pays, plus encore dans l’état du Texas et Murray a incroyablement brillé à ce niveau-là aussi. Articles, reportages sur les télés locales et parfois nationales, il est une star/joueur exceptionnel depuis longtemps déjà et forcément cela marque l’esprit des gens. La hype autour de Kyler Murray est aussi à comprendre par le biais de ce prisme.
Un dernier biscuit ? Allez, pour la route…
Murray arrive au Allen High School (Texas) pour sa saison sophomore (2e). Pour sa troisième année, son entraineur s’inspire et applique à son attaque certains schémas offensifs utilisés par un autre entraineur texan évoluant au niveau universitaire. De qui coach Fleener s’est-il inspiré pour mettre en valeur son lycéen de quarterback ? Oui c’est bien de lui, tonton Kliff.
Numéro 1 de la draft ? La connexion avec Kingsbury est évidente et la tentation est obligatoirement présente cependant pas plus tard que l’an passé, difficile d’imaginer que le staff des Ravens ait improvisé. Nul doute que l’idée de sélectionner Lamar Jackson avec le choix 25 a du alimenter nombre de leurs conversations pre-draft. Pourtant ils ont respecté leur board (hiérarchie personnelle) et ont drafté un joueur avec leur choix du premier tour…avant de monter un échange pour obtenir un nouveau choix du premier tour et ainsi prendre leur dalaï-lamar. Les Cardinals pourraient utiliser le même type de stratégie.
Bien entendu, il est aussi possible que Arizona ne sélectionne pas Kyler Murray. Dans ce cas, il serait néanmoins étonnant que le joueur n’entende pas son nom le jeudi (1e tour). Celui qui a réussi l’exploit (unique jusqu’à présent), d’être sélectionné au match all-star lycéen à la fois en football et en baseball, a choisi le ballon ovale malgré le contrat signé avec les A’s de Oakland (4,5 millions de dollars). Vous n’avez pas fini d’entendre parler de lui pendant encore 34 jours…