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La story du jeudi : Julian Edelman, le retour du Jedi

S’ils brillent chaque dimanche, leurs parcours pour atteindre le firmament que représente la NFL sont souvent inconnus du grand public. La rédaction de TDActu vous propose de les découvrir avec...

S’ils brillent chaque dimanche, leurs parcours pour atteindre le firmament que représente la NFL sont souvent inconnus du grand public. La rédaction de TDActu vous propose de les découvrir avec cette série consacrée aux acteurs du football américain.

Julian Edelman

1m78 pour 90 kilos
Né le 22 mai 1986 à Redwood city, Californie
Receveur, New England Patriots

Certains joueurs arrivent en NFL après avoir été des stars dans leur lycée puis à l’université. Pour d’autres, aux attributs physiques moindres, le parcours se révèle plus atypique. Tel un de ces héros arrivant de nulle part, Julian Edelman a déjoué les pronostics par ses efforts et son caractère. Ce portrait vous propose de revenir sur son histoire. Elle mériterait presque une trilogie même si celle-ci ne se déroule pas dans une galaxie lointaine, très lointaine…

Juli-han Solo

Dans son auto-biographie, Relentless : A Memoir, Julian Edelman décrit l’adolescent qu’il était :

« J’étais toujours prêt à me battre. Même si le gars était plus grand que moi et que j’allais prendre une raclée, il fallait que je la ramène ! De toute façon ils étaient toujours plus grands que moi. Alors une rouste de plus ou de moins… »

Avec ses cheveux tirés en arrière et sa façon débraillée de porter ses chemises, il donnait l’image d’un jeune rebelle qu’il ne fallait pas chercher. La psychologie de comptoir parlerait de système de défense chez un adolescent au gabarit si peu impressionnant. Cette attitude n’étant pas feinte, elle l’accompagne à l’université.

Un caractère lui jouant parfois de vilains tours comme lorsque deux semaines seulement avant son Pro-Day*, une dispute avec un receveur de l’équipe lui cause d’avoir la mâchoire cassée. (*jour où sur le campus, les staffs d’équipes professionnelles viennent évaluer les joueurs)

« Les recruteurs étaient là et moi je ne pouvais presque pas parler. C’était comme si j’avais des pierres dans la bouche. Pas la meilleure impression à laisser ! »

Si sa personnalité peut évoquer un personnage de film au caractère bien trempé, évoluant lui aussi au milieu d’êtres plus imposants, contrairement à Han Solo il ne fut pas abandonné par ses parents. Bien au contraire.

Je suis ton père

Frank Edelman est mécanicien. Autodidacte, il a du très tôt apprendre à se débrouiller suite au décès de son père alors qu’il n’a que trois ans. C’est ce caractère ainsi forgé qu’il a voulu transmettre : « Est-ce que j’étais dur avec mes enfants ? ». Oui dit-il au journaliste d’ESPN Jeremy Schaap.

« Mais toujours dans le bon sens. Pour les rendre plus fort. Tu veux quelque chose ? Alors bouges-toi pour l’obtenir, ça ne tombera pas tout cuit dans l’assiette »

Edelman a donc grandi avec un père aimant mais aux manières qu’un Julian rieur en interview définit ainsi :

« Disons que, si mon père m’entrainait aujourd’hui comme il le faisait pendant mon enfance, il est probable que la police profiterait de la mi-temps pour venir l’arrêter. Plus sérieusement c’est ma mère qui était obligé d’intervenir régulièrement »

Mais avec un peu de recul, Julian ne regrette rien, bien au contraire : « il est celui qui a fait que j’en suis là aujourd’hui et, je ne parle pas seulement de football mais aussi d’être un homme ».

Et c’est cette éducation qui a peu à peu fait naître chez lui, cette mentalité d’un combattant ne s’avouant jamais vaincu. Son père ne connait que trop bien le bouton sur lequel appuyer pour le motiver : il suffit de lui dire qu’il n’y arrivera pas.

Le réveil de la force

À son entrée au lycée, le jeune Julian a quatorze ans et mesure cent cinquante centimètres. S’il grandit pour atteindre la taille de 1m75 quatre ans plus tard, il est toujours plus petit que les autres. Que tous les autres. Par conséquent aucun recruteur n’écrit de rapport sur lui. Ses 26 touchdowns à la passe, ses 13 autres à la course, le bilan de 13 victoires pour aucune défaite de son lycée. Rien n’y fait. Qui voudrez d’un quarterback aussi petit ?

Car s’il est aujourd’hui reconnu comme un des meilleurs receveurs de la ligue professionnelle, Julian Edelman joue quarterback. Un lycéen de moins d’un mètre quatre-vingt-dix est très rarement considéré, comme ayant du potentiel, pour jouer quarterback à l’université. Alors un d’un mètre soixante-quinze…

Malgré le bilan positif de sa dernière année de lycée, Julian ne reçoit aucune offre de bourse. Son éducation l’empêchant de s’apitoyer sur son sort, il se résout à jouer au niveau inférieur au College of San Mateo. Il passe alors un an dans la ville natale de celui qui deviendra, bien plus tard, son coéquipier et son ami : Tom Brady.

Après une saison avec 1300 yards à la passe et 1250 à la course (et 31 touchdowns en cumulés), il pense qu’il va enfin être recruté par une université de première division. Il l’est. Une université et une seule lui offre une bourse d’études, Kent State dans l’état de l’Ohio. Loin, très loin d’être la meilleure université concernant le football. Il se souvient alors des mots de son père :

« Pas d’excuses, tu dois être un homme et toujours faire face »

Alors ni l’éloignement familial, ni le changement de climat et de culture ne lui font baisser pavillon. Son coéquipier d’alors, Brian Lainhart, se souvient d’avoir vu arriver un joueur de petit gabarit : « je me suis dis, ce doit être notre nouveau kicker ». Les autres quarterbacks de l’équipe sont bien plus grands, avec des bras puissants. Mais Julian est meilleur. « Et quand je l’ai félicité pour un lancer, il m’a répondu que j’allais m’habituer à le voir faire ça ! Il avait cette confiance en lui » rapporte t’il dans le documentaire ESPN E60 consacré au numéro 11 des Patriots.

Sur de sa force, Julian va non seulement devenir le quarterback titulaire de l’équipe mais deviendra aussi un des joueurs les plus spectaculaires du football universitaire.

Un nouvel espoir

En trois ans avec les Golden Flashes, Julian lance pour 5000 yards à la passe (4997 pour les pointilleux) et il gagne 2483 yards à la course. 30 touchdowns + 22. Cette fois c’est sur, les recruteurs vont passer outre sa taille et vont le remarquer.

Tous les mois de février, entraineurs et managers des trente-deux franchises NFL, se retrouvent au Lucas Oil Stadium d’Indianapolis pour le NFL Scouting Combine. Là, les joueurs universitaires éligibles (au moins trois ans après le lycée) sont pesés, mesurés et participent à divers ateliers afin d’évaluer leurs capacités athlétiques.

En 2009, 328 joueurs sont invités à cette grand-messe. 328 mais pas Julian Edelman.

Tout espoir n’est cependant pas perdu. Il lui reste le Pro-Day (oui celui où il participe avec la mâchoire cassée). Un des ateliers du sus-cité NFL Combine est le 20 yard shuttle. Un exercice qui mesure la rapidité et la vivacité pour changer de direction.

Le meilleur temps réalisé lors du NFL Combine où Edelman n’est pas invité est de 4 secondes et 3 centièmes. Lors de son Pro-Day Julian réalise un chrono de 4,01. Mieux que les 328 autres. Si la plupart des staffs étaient là pour observer un lineman offensif, celui de New England est suffisamment impressionné et l’invite pour un entrainement privé. Convaincu par ses qualités athlétiques, ils le sélectionnent avec le 232e choix de la draft 2009.

Le retour du Jedi

Gonflé à bloc, Julian est enfin récompensé de ses efforts. Cependant s’il jouait quarterback depuis ses plus jeunes années, il est conscient de devoir changer de position chez les professionnels. D’ailleurs le jour de sa sélection, son nouvel entraineur, Bill Bellichik, lui dit :

« Je ne sais pas encore de quelle façon on va t’utiliser mais tu sais jouer »

Et Julian qui n’a jamais joué receveur, se lève tôt chaque jour car il doit tout apprendre. Les routes, à lire les défenses, comment casser un plaquage. Tout. Et quand on lui demande de jouer en défense en raison de blessures dans l’effectif ? Il répond présent. Bien sur. Son père n’aurait pas accepté le contraire.

Il aurait pu continuer à jouer quarterback puisque les Lions de British Columbia (ligue Canadienne) s’étaient positionné mais Julian veut jouer en NFL : « Je n’ai pas grandi en rêvant de jouer en CFL mais en NFL » confie t’il à kentstatesports.com.

Travailleur et appliqué il pose sans cesse des questions. Son ex-coéquipier Wes Welker se souvient :

« Il posait tellement de questions que ça en devenait pénible. Mais il est comme ça. Et puis c’est toujours mieux de voir un jeune gars prendre le taureau par les cornes, que d’être trop timide ou trop fier pour demander quoi que ce soit »

La suite de l’histoire est connu de la plupart d’entre-vous. Son touchdown lors de son tout premier match de pré-saison sur retour de punt. Son utilisation sur le terrain, tel un clone de Wes Welker, qu’il remplacera par la suite dans l’effectif. Son attitude de padawan pleine de respect et d’amitié envers un maitre Jedi de ce jeu (Tom Brady). Sa réception décisive au Super Bowl 51 en 2017 ou sa relation avec un entraineur parfois surnommé l’empereur.

Si la saison 2018 débute sans lui, en raison d’une suspension, le Jedi est de retour ce jeudi 4 octobre contre les Colts d’Indianapolis pour le Thursday Night Football. Il y sera attendu et observé, nul doute. Mais rien ne peut plus l’impressionner. Plus depuis qu’à l’âge de quinze ans il sortait avec une fille du coin. Elle s’appelait Jaqui Rice. Fille d’un certain Jerry : Jerry Rice, légende des 49ers de San Francisco.

« La première fois que je l’ai rencontré j’étais tellement impressionné ! On a lancé quelques paniers ensemble mais il ne m’a jamais trop parlé. Je comprends, je sortais avec sa fille »

Aujourd’hui plus personne ne lui parle de son manque de taille. Un Julian Edelman tel Maitre Yoda : « La taille importe peu. Regardes-moi. Est-ce par ma taille que tu peux me juger ? ».

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