Nouvelle structure, rénovation, future implantation… qu’importe l’avancée du projet, le stade demeure l’élément de base pour chaque franchise. Il représente à la fois un véritable moyen de pression auprès des municipalités et une extraordinaire machine à cash pour les équipes. Au cours de ce tour d’horizon, TDActu vous propose de découvrir les spécificités de chaque enceinte. Dans un premier temps, place aux stades actuels accueillant une franchise à temps complet tout au long de la saison.
Direction cette semaine la baie de San Francisco pour découvrir l’Oakland–Alameda County Coliseum d’ Oakland.
Retrouvez les enceintes de la première saison en cliquant sur ce lien.
Le RingCentral Coliseum, le dernier dinosaure
Le Coliseum d’Oakland est une exception dans le paysage des enceintes sportives professionnelles aux États-Unis. Il a ouvert ses portes en 1966 et reste le dernier stade partagé par des équipes de football et de baseball. Il fait partie d’un complexe sportif qui accueille en plus l’Oracle Arena, ancienne résidence des Golden State Warriors en NBA. Près de 100 millions de personnes ont déjà franchi les grilles de l’une ou l’autre de ces installations pour en faire les principales sources de divertissement du Nord de la Californie.
Les Raiders y ont évolué au cours de deux périodes, de 1966 à 1981 et de nouveau depuis 1995, entrecoupées d’un incartade à Los Angeles. En MLB, il est le domicile des A’s depuis 1968 et a même accueilli les rencontres à domicile de la franchise de MLS des Earthquakes de San José lorsque leur stade était en construction entre 2008 et 2009.
Le design est intéressant, il a été conçu presque comme un cercle parfait, d’où l’utilisation du mot « Colisée » dans sa dénomination. Au cours de ses premières décennies d’existence, le stade était ouvert, donnant une vue pittoresque sur les collines d’Oakland. Cela a changé en 1996, quand une tribune massive a fermé le côté Est. Peu adapté à l’esthétique du stade, ce bloc de béton d’une capacité de 20 000 places a été élevé en lieu et place des structures construites précédemment, bloquant la vue et la configuration pour les amateurs de baseball. Pour le football, il s’agit d’un ajout intéressant, mais n’a pas empêché le Coliseum de devenir le plus petit stade de la NFL en 2015 (sans compter les sites temporaires).
De l’extérieur, il semble modeste et unique à la fois. Il présente une conception souterraine où la surface de jeu est 6 mètres sous le niveau de la mer. Les fans entrant dans le stade se retrouvent dans le hall principal, au sommet du premier niveau des tribunes. Cela, combiné avec la butte construite autour du bâtiment rendant seulement le troisième étage visible de l’extérieur, ne donne pas l’illusion d’être une arène professionnelle.
A l’instar de leur voisin de Santa Clara, les deux installations de la baie mènent des efforts conjoints afin de réduire leurs impacts environnementaux. Ils déploient des mesures pour économiser l’énergie et l’eau (installations sanitaires économes en eau, éclairage éco-énergétique avec des détecteurs de mouvement), recycler les déchets (verre, plastique, aluminium, carton, papier), compostage des matières organiques, acheter des produits respectueux pour la planète (produits de nettoyage) et sensibiliser le public aux problèmes en soutenant notamment les activités de nettoyage d’Oakland’s Creek to Bay.
Ils ont ainsi obtenu la certification LEED par l’US Green Building Council en septembre 2015 et participent au programme de durabilité environnementale d’AEG, AEG 1EARTH, qui compare pratiques et performances avec les autres installations membres. Les deux franchises incitent les fans à faire de même en demandant de privilégier des solutions de transport qui réduisent l’impact carbone (co-voiturage, transports en commun, marche, vélo), d’adopter les bons réflexes en terme de recyclage et d’économie d’énergie ou d’eau.
On pourrait penser que le troisième plus vieux stade de football du pays aurait un charme rétro comme Fenway Park ou Wrigley Field en baseball mais le Coliseum est probablement le plus proche de la fin parmi les stades de cette liste. Construit dans les années 1960, il est resté bloqué à cette époque dans biens des domaines, en particuliers au niveau des commodités et du confort où les premières places sont éloignées des lignes de touche. Si le déménagement du côté de la cité du vice pour les « Silver and Black » est en cours, les Athletic’s hésitent entre rénover le lieu, dont ils auront l’utilisation exclusive, et conserver leur histoire, ou partir sur un autre site dans une arène ultra-moderne pour y écrire un nouveau chapitre. En cas départ, cumulé à celui des Warriors en 2019 au Chase Center, dans le quartier de Mission Bay à San Francisco, l’avenir en tant que complexe sportif majeur s’inscrirait en pointillés.
Le stade
Le RingCentral Coliseum fait partie d’un complexe sportif et de loisirs de 53 hectares situé à côté de l’Interstate 880, entre 66th Avenue et Hegenberger Street. Le complexe comprend en plus du stade, l’Oracle Arena (salle des Warriors en NBA) et environ 10 000 places de parking. Bien que le voisinage immédiat est largement industriel, le lieu est facilement accessible par voie routière ou transports en commun, avec de nombreuses stations à proximité, et se trouve à un peu plus de 3 kilomètres de l’aéroport international d’Oakland.
Le Coliseum Complex est détenu conjointement par la ville d’Oakland et le comté d’Alameda qui ont créé une agence mixte pour assurer la gestion des installations, la Oakland Alameda County Coliseum Authority, qui a signé un contrat avec AEG Facilities pour exploiter le complexe en son nom. Filiale à part entière d’AEG et premier exploitant de sports, loisirs, salles de spectacles au monde, elle s’occupe de l’administration complète des sites en y organisant tous les évènements (services aux clients, billetterie, réservations, ventes, marketing), mais aussi en assurant l’entretien au quotidien des installations.
Premier établissement à voir une franchise déménager avant finalement de revenir sur place, ce stade est le deuxième plus petit de toute la NFL, devançant seulement le domicile temporaire des Chargers à Los Angeles, mais il est le huitième plus grand de la MLB. Avec une capacité de 63 024 places en version football, le Coliseum comprend 147 suites de luxe, 9 000 sièges VIP, 2 clubs privés répartis sur 3 niveaux distincts et entourant une pelouse en gazon naturel. Pour le baseball, l’enceinte peut accueillir 46 765 personnes avec 125 suites et 5 000 sièges haut de gamme disponibles. L’affluence peut s’étendre à 70 000 personnes pour des concerts.
La construction
Vers le milieu du XXème siècle, la ville d’Oakland et sa banlieue étaient en concurrence avec d’autres villes de l’Ouest pour devenir une véritable région métropolitaine aux yeux de la nation, avec une identité viable et distincte de son voisin de la baie. Un stade d’une des ligues majeures changerait l’image de la ville et l’aiderait à attirer une franchise de sports professionnels, moyen essentiel pour obtenir une telle reconnaissance.
Au début des années 1960, un groupe d’hommes politiques locaux, de chefs d’entreprises et dirigé par un promoteur immobilier, Robert Nahas, ont créé une société à but non lucratif pour élaborer les plans, trouver le financement et construire un nouveau stade dans l’optique d’attirer une franchise de baseball ou de football. Plutôt que d’utiliser des deniers publics, l’idée de Nahas était de trouver des intérêts privés pour assumer le coût des travaux et transférer la propriété aux mains de la ville et du comté.
Le projet avait de l’envergure et leurs efforts n’ont pas été vain, l’histoire des Raiders a commencé en janvier 1960 lorsque Oakland a obtenu une franchise d’expansion par l’AFL. Entre 1962 et 1965, les rencontres à domicile de la nouvelle équipe se déroulaient dans des stades de la baie (Kezar Stadium, Candlestick Park et Frank Youell Field) en attendant la sortie de terre du Coliseum.
Fait rare, les premiers plans architecturaux ont été publiés en novembre 1960, avant même que le site définitif ne soit sélectionné un mois plus tard. Plusieurs sites ont été proposés dont un en centre-ville, adjacent au lac Merritt et à l’Auditorium d’Oakland. Mais le groupe a préféré un terrain à l’Ouest du district d’Elmhurst, à East Oakland, le long de la nouvelle autoroute I-880 récemment achevée. Le port de la ville a joué un rôle clé dans ce choix en cédant à la ville 42 hectares de terre à travers l’autoroute, qu’il avait lui même échangé contre 64 hectares de parcelles vers la baie de San Leandro, dans le district régional d’East Bay.
Les préparations préliminaires du terrain ont débuté durant l’été 1961 et le baseball était également un facteur majeur dans la planification du Coliseum; la Ligue Américaine indiquant publiquement son souhait d’inclure Oakland dans ses plans d’expansion sur la côte Ouest. En 1962, après l’approbation du projet par la ville et le comté d’Alameda, un financement de 25,5 millions de dollars a été approuvé pour l’édification d’un complexe comprenant un stade, une salle et initialement une salle d’exposition entre les deux. Les travaux selon les plans établis par le cabinet d’architectes Skidmore, Owings and Merrill de San Francisco ont débuté au printemps de cette année là, sous les ordres de l’entrepreneur général Guy F. Atkinson Company. Le calendrier de construction a été retardé de deux ans en raison de divers problèmes juridiques et de dépassements de coûts; la conception originale a dû être légèrement modifiée afin de respecter le budget.
L’enceinte a été baptisée Oakland-Alameda County Coliseum et terminée en quatre ans. Elle a ouvert ses portes le 18 septembre 1966 avec au programme une rencontre face aux Chiefs de Kansas City en AFL. La salle voisine a célébré son ouverture le 9 novembre, lorsque les Oakland Seals ont rencontré les San Diego Gulls dans un match de hockey. Le 18 octobre 1967, Charlie Finley, propriétaire des Athletics de Kansas City en MLB, mécontent des installations du Missouri et impressionné par le nouvel outil d’Oakland, a obtenu l’autorisation de délocaliser sa franchise en Californie. Convaincu par Nahas et après plusieurs tentatives de déménagement infructueuses controversées, les A’s ont inauguré les lieux le 17 avril 1968.
La vie du Coliseum n’est pas un long fleuve tranquille et a connu de nombreuses identités au cours de son histoire. Pendant plus de trois décennies (1966-1998), il était appelé Oakland-Alameda County Coliseum. En 1998, Network Associates a déboursé 5,8 millions de dollars sur 5 ans pour les droits de dénomination, le stade devenant Network Associates Coliseum ou le Net. En 2003, le contrat a été renouvelé pour cinq années supplémentaires et 6 millions de dollars, même si un an plus tard, le bâtiment a été renommé McAfee Coliseum, éponyme au nouveau nom de la société. Le 19 septembre 2008, après le refus de McAfee de prolonger l’aventure, le stade est revenu à son nom d’origine jusqu’en juin 2011, date à laquelle il a été rebaptisé Overstock Coliseum ou O.Co Coliseum, suite à l’accord de 7,2 millions de dollars sur 6 ans signé avec Overstock.com. En raison d’un différent contractuel persistant, les A’s n’ont jamais employé cette appellation dans leurs communications officielles et l’entreprise de commerce électronique en ligne a choisi de ne pas participer à sa dernière année d’engagement. Le 2 avril 2016, pour la troisième fois de son histoire, il a retrouvé sa dénomination première d’Oakland-Alameda County Coliseum. En juin 2019, l’entreprise de communications RingCentral a signé un partenariat pour les trois prochaines années, plus une quatrième optionnelle. Montant de la transaction : 1 millions par an. La franchise de baseball a décidé de son côté d’honorer son plus grand joueur en nommant la surface de jeu Rickey Henderson Field au cours d’une cérémonie le 3 avril 2017 pour célébrer le Hall of Famer, recordman de tous les temps du nombre de bases volées.
Un terrain, deux sports, trois configurations
2019, époque où les stades aux toits rétractables sont communs et les palais des sports étincelants parsèment le paysage d’une côte à l’autre. Au milieu de tout cela, le Coliseum est considéré comme une relique. Il s’agit du dernier stade de sport professionnel polyvalent à temps plein qui reste dans le pays, une ode à une époque antérieure. Alors que le boom des constructions d’installations sportives était à son paroxysme, le site a fini par ressembler à un dinosaure, mais il continue dans le double service. Sans glamour. Au moins jusqu’à ce que le football élise domicile à Vegas d’ici peu.
Petit retour en arrière. Conçu pour être à usages multiples, il a été construit plus pour le baseball que pour le football, cela se voit en particulier par la découpe singulière des tribunes au niveau de la pelouse avec des recoins. De base, il présente un aspect inhabituel comparé à la plupart des anciennes installations polyvalentes comme le Hard Rock Stadium de Miami. Le « marbre », point de départ et d’arrivée, est habituellement positionné dans un angle, pour ainsi apporter le moins de modifications possibles au terrain. À Oakland, cette zone se trouve derrière la ligne de touche, au niveau des 50 yards. Des gradins provisoires sont installés en fonction de l’évènement dans des zones différentes et des bâches aux couleurs de l’équipe recevante sont apposées. Une grande avancée en bas de la tribune Est est retirée pour les rencontres des A’s afin de laisser la place pour les champs extérieurs. Deux petites sections derrière la première et troisième base, soit dans les coins Sud-Ouest et Nord-Ouest, sont ajoutées à côté des « dugouts » (bancs de touche de baseball) pour respecter une sorte de symétrie.
Tous les éléments sont à chaque fois démontés, soulevés et remorqués pour être entreposés sur le parking ou sous l’immense tribune Est. Des gradins rétractables auraient été une solution beaucoup plus pratique, mais les restrictions budgétaires du milieu des années 1990 pendant la phase de rénovation ont interféré. La conversion s’apparente donc à un vaste jeu de construction, avec une grue qui place des gradins d’un côté pendant qu’une autre réarrange des sections à l’opposé. La transformation du terrain nécessite 20h de travail pour élaborer l’aire de jeu des Raiders (un peu moins dans le sens inverse) et coûte 250 000 $ à chaque fois.
Au cours des deux périodes de cohabitation, l’enceinte a connu deux configurations distinctes pour les rencontres de football. Entre 1968 et 1981, le terrain NFL était d’abord orienté Est-Ouest tant que la saison des Athletics n’était pas terminée, avant de pivoter de 90° et suivre un axe Nord-Sud lorsque les Raiders étaient seuls à jouer. Des sièges provisoires étaient installés en conséquence et les détenteurs d’abonnements à l’année des Silver and Blacks disposaient de deux emplacements, dans deux parties du stade, correspondant approximativement au même positionnement par rapport au terrain. Depuis leur retour de Los Angeles et l’extension du stade en 1996, la seconde disposition reste la seule en vigueur. Point commun entre les deux combinaisons, les sentiers en terre reliant chaque base ne sont pas recouverts de gazon tant que les deux équipes sont encore en lice.
Un bateau à la dérive
Fin des années 1970, les premiers signes du temps commençaient à se faire ressentir. Le stade n’était pas bien entretenu, état plus perceptible pendant la saison de baseball avec des affluences très basses (le 17 avril 1979, 653 spectateurs ont assisté à la rencontre face aux Mariners). Le refus de la ville et du comté d’améliorer les installations ont d’ailleurs poussé Al Davis a déménagé du côté de Los Angeles en 1982, laissant les A’s comme seul et unique locataire du « mausolée d’Oakland ». Avec des finances au plus bas et sans sa franchise phare, la municipalité avait d’autres préoccupations plus urgentes à régler, d’autant plus que la santé sportive des « Green and Gold » à cette époque n’était pas au mieux.
Les rénovations favorisant le retour des Raiders en 1996 ont envenimé la situation. L’ajout d’une zone de 10 000 places au-dessus de la tribune Est, dorénavant appelé Mount Davis, a ruiné l’ambiance d’origine, plus confinée. En plus de couper la vue sur les collines environnantes de par sa hauteur, cette extension entraîne une découpe particulière de l’aire de jeu, désormais peu propice au baseball avec de nombreuses échappatoires pour la petite balle blanche.
La baisse des fréquentations dans la première décennie du XXIème siècle a entraîné l’installation de bâches en 2006 dans diverses parties de l’enceinte dont le sommet du Mount, afin de réduire la capacité de 37% et retrouver une atmosphère plus « intime ». Ces bandes de plastiques sont teintées aux couleurs de l’équipe, avec la présence du logo et des numéros retirés des anciennes gloires locales. Ces dernières années, un retour à une configuration normale permanente a toujours été refusé par la direction malgré quelques exceptions. Des secteurs ont été partiellement ouverts en 2013 et 2017 face à la demande insistante des fans. Le 21 juillet 2018, l’intégralité des places étaient disponibles afin de battre le record d’affluence de l’enceinte au cours du derby face aux Giants de San Francisco.
Les Raiders ont emboité le pas en 2013 en maintenant cette partie couverte. Le but était de maintenir un taux de remplissage supérieur à 85% pour éviter la règle du black-out télévisuel, obligeant les chaînes locales à ne pas diffuser les rencontres dans un rayon de 121 kilomètres autour du stade pour inciter les spectateurs à se déplacer. Revers de la médaille, le Coliseum est désormais le plus petit stade de la NFL et il ne peut enlever les bâches pendant la saison en vertu des règles de la ligue.
Autre élément peu flatteur, la fuite des eaux usées est un phénomène récurrent. L’épisode le plus « marquant » date du 16 juin 2013, lors d’une rencontre entre A’s et Mariners où les vestiaires visiteurs et zones de stockage, toutes situées sous le niveau de la rue, ont été submergés, contraignant les deux équipes à partager les mêmes locaux pour se préparer. Selon les officiels du Coliseum, le système de plomberie vieillissant du stade a été surchargé suite à une série de six matchs à domicile qui a attiré près de 171 756 spectateurs.
Pourtant résidents principaux des lieux, les Athletics ne semblent pas autant attaché à l’endroit que leurs excentriques collègues. Depuis le début des années 2000, la franchise quadruple championne nationale en terre californienne a tenté désespérément de quitter ce navire laissé à l’abandon. Plusieurs projets concrets ont vu le jour tout autour d’Oakland afin de bâtir une enceinte uniquement dédiée à leurs besoins, mais aucun n’a pu se concrétiser. Finalement, ils ont signé un nouveau bail de 10 ans en juillet 2014 avec le Coliseum. Selon les termes de l’entente, l’autorité en charge du stade s’engage à verser un million de dollar par an (avec une augmentation annuelle de 5%) dans un fond d’entretien du bâtiment et de nouveaux écrans géants ont été installés. En contrepartie, l’équipe accepte de ne pas dépasser les limites de la ville si, à l’avenir, elle souhaite prendre place dans un nouveau domicile. Mais la suite a changé la donne.
L’avenir
Au cours de la dernière décennie, les Raiders ont cherché à construire un nouveau stade par tous les moyens. Le Coliseum est l’un des plus anciens sites de la NFL à qui il manque de nombreux équipements modernes, équivalents aux nouvelles enceintes, et surtout la franchise ne veut plus partager son terrain. Ils ont passé de nombreuses années à essayer de travailler avec les responsables locaux d’Oakland pour développer un plan pour garder l’équipe en ville.
Entre 2013 et 2014, un nouveau stade de 50 000 places construit au même endroit que l’actuel était envisagé, sans succès. Le financement des 800 millions de dollars était réparti équitablement entre la franchise et la ville (300 millions chacun), la ligue contribuant à hauteur de 200 millions pour le reliquat via son programme de prêt facilitant les nouvelles constructions. Un parc pour le baseball séparé figurait même dans le projet. En 2015, les autorités municipales ont engagé un consultant pour tenter d’établir un modèle financier capable de collecter 900 millions de dollars, sans utiliser l’argent des contribuables, afin de satisfaire aux exigences de Mark Davis. Les dirigeants locaux étaient enclins pour améliorer les infrastructures comme l’évacuation des eaux usées ou l’éclairage, qui devait être réalisé de toute façon, mais réticents à l’idée d’avoir recours une nouvelle fois à l’argent public car ils remboursaient encore la dette de la précédente rénovation. Davis mettait la pression. Il annonçait vouloir rester sur place, mais il avait besoin de 400 millions de dollars d’aide locale pour concrétiser son projet.
En parallèle, il continuait d’explorer d’autres options pour garder son avantage sur le sujet. San Antonio s’est proposé avec son Alamodome de façon temporaire, en attendant la création d’une nouvelle enceinte. Partager le Levi’s Stadium avec les 49ers à Santa Clara pour rester proche de sa base a été envisagé. Tout comme déménager une nouvelle fois à Los Angeles et y faire construire un stade de 1,7 milliard de dollars à Carson avec les Chargers. Toutes ces possibilités ont été étudiées avant d’être dépassées par un rival de dernière minute, Vegas.
En 2016, des développeurs de Las Vegas ont décidé de mettre tout en oeuvre pour attirer un sport majeur dans la capitale mondiale du jeu. Le hockey était le premier à franchir le pas cette année-là avec la création des Golden Knights en NHL le 22 juin. Au printemps, Davis a visité la ville et s’est montré intéressé pour délocaliser sa franchise dans le Nevada. Bien aidé en cela par la proposition de Sheldon Adelson, patron de la compagnie de casinos Las Vegas Sands, de construire un stade couvert sur le campus de l’Université de Nevada, disponible pour les Raiders et les Rebels. Début 2017, son choix était fait, il a demandé officiellement à la NFL le droit de déménager à Sin City. Le 27 mars, la ligue a entériné la décision.
Coup dur pour Oaktown et ses fidèles supporters qui s’apprêtent à perdre pour la seconde fois son équipe de football, mais qui n’avait pas vraiment les moyens de ses ambitions pour espérer retenir une franchise évaluée à 2,9 milliards de dollars selon Forbes. De son côté, Davis a enfin trouvé son Graal, mais doit encore un peu patienter avant de prendre possession de son nouveau bijou. Le stade ultra-moderne de Las Vegas ne devrait pas ouvrir avant 2020. Son emplacement a été établi sur un site proche de l’I-15, à l’extrémité Sud de la grande avenue des casinos et face au célèbre Mandalay Bay. Comme convenu, il sera le domicile des deux programmes de football, mais Bank Of America a finalement remplacé Adelson dans le plan de financement.
Malgré la fin annoncée, les Raiders continueront de fouler la pelouse du Coliseum. Rien n’est impossible mais dans tous les cas, les jours du football professionnel à Oakland semblent comptés dans un avenir proche. Il ne reste plus qu’à espérer que la ville se décide à accéder aux exigences des A’s avant la fin de son bail en 2024 pour refaire de l’endroit un lieu moderne, propice au baseball. Faute de quoi, avec le départ programmé des Warriors, le complexe devrait connaitre une fin brutale mais attendue depuis quelques années déjà.
Les rénovations
La fin de l’histoire entre les Raiders et Los Angeles était similaire avec le premier passage de la franchise à Oakland. À chaque fois, le propriétaire -Al Davis- souhaitait que les municipalités rénovent le stade afin d’ajouter plus d’espaces VIP pour générer des revenus supplémentaires. À L.A, il a même demandé la construction d’une nouvelle enceinte pour ne plus partager les installations avec les Trojans d’USC. À chaque fois, il s’est confronté à une réponse négative, l’obligeant à élire domicile sur une terre plus accueillante.
En face de San Francisco, mis à part le remplacement des tableaux d’affichage originaux et l’ajout d’un nouvel écran vidéo après la saison 1986 de baseball, le lieu n’avait n’avait pas connu de grands bouleversements depuis son ouverture. Mais après une décennie sans les Raiders, la ville d’Oakland a tenté de faire revenir l’équipe. Davis n’y était pas opposé mais à la seule condition que l’Oakland Coliseum soit agrandi et il a fallu plus de cinq années pour que les deux parties parviennent à une entente. L’accord a été conclu en juin 1995. En octobre, un projet de 200 millions de dollars visant à agrandir le stade a été lancé selon les plans de la firme HTNB. Simultanément avait lieu la rénovation de l’Oracle Arena, c’était le premier complexe à subir ce genre d’interventions communes où plus de 1 000 ouvriers se sont relayés 24h/24 pour terminer les travaux à temps pour le début de la saison 1996.
La somme a été partagée entre municipalité et le comté d’Alameda, ce qui a mis à mal leurs finances. Le programme était à court de liquidités et s’est retrouvé à devoir rembourser seul la dette, après l’échec de la vente de licences de sièges personnels des Raiders. De son côté, les Athletics ont refusé de participer à l’opération car s’estimant lésés dans l’affaire. Pour assumer ses obligations, l’autorité a remboursé son prêt à partir de fonds de réserve, qui a eu pour effet secondaire le licenciement de policiers pour ne pas plus aggraver la situation économique.
Le résultat était l’ajout de 22 000 places supplémentaires, dont 20 000 rien qu’avec l’agrandissement de la tribune Est, désormais surnommée Mount Davis par les fans des A’s « en l’honneur » du sulfureux propriétaire. Critiquée pour ne plus du tout être compatible avec le baseball, cette structure semblait trop raide et emmener les spectateurs trop loin du terrain en plus de couper la vue vers l’extérieur. Pour ériger cette partie, tous les gradins ont été retirés et remplacés par une tribune à quatre niveaux comprenant 90 nouvelles suites de luxe pour répondre à la popularité croissante de l’équipe. En plus de cette addition, le stade rénové comprendra deux clubs privés, deux nouveaux écrans géants vidéo, un système audio amélioré, une nouvelle cuisine pour les espaces VIP, une amélioration des conditions d’accès sur et en dehors du site avec la création d’une passerelle piétonnière pour rejoindre la station de transports en commun proche, des concessions supplémentaires. La clôture du terrain de baseball aura une nouvelle configuration et l’aspect général variera en fonction de la discipline pratiquée avec l’aménagement des tribunes en conséquence.
En 2015, les écrans vidéos ont été remplacés par une version Haute Définition de 11 mètres de haut et 44 mètres de large, d’un montant de 10 millions de dollars. Au cours de la dernière inter-saison de MLB, les A’s ont décidé de créer un espace festif de 1 000 places dans le champ gauche du Coliseum, le Oakland Athletics Treehouse. Cette zone de 930m2 nichée dans les gradins comprend un patio en séquoia, un coin salon avec un bar, une salle de réception et accueille des spectacles pré et post-match avec la présence de DJ. Le financement des travaux (1 millions de dollar) s’effectuera par la vente de laissez-passer au TreeHouse, 29,99 $ par mois pour 6 mois ou 149,99 $ pour la saison.
Évènements organisés
. En football professionnel : AFL Championship Game, le 31 décembre 1967 entre Oakland Raiders et Houston Oilers pour déterminer le champion AFL. AFL Championship Game, le 4 janvier 1970 entre les Raiders et les Chiefs pour élire le représentant AFL pour le Super Bowl (dernier match du genre). Domicile des Oakland Invaders entre 1983 et 1985 en United States Football League
. En NCAA, quelques rencontres dans les années 1970 dont le East-West Shrine Game le 2 janvier 1971.
. En MLB, domicile des A’s depuis 1968. World Series 1972, 1973, 1974, 1988, 1989, 1990. All-Star Game 1987.
. En soccer, Gold Cup 2009. Domicile des San Jose Earthquakes en 2008 et 2009 en MLS, des Oakland Clippers en 1967 et 1968 en National Professional Soccer League, des Oakland Stompers en 1978 en North American Soccer League.
. En motocross, une manche du championnat AMA Supercross depuis 2011.
. Plusieurs concerts dont les Rolling Stones, Santana, les Eagles, Aerosmith, Led Zepplin, U2, Green Day…
. Lieu de tournage du clip vidéo « Take This Heart » de Richard Marx en 1991 où Marx, originaire de Chicago, incarne un joueur des Cubs dans le septième match des World Series face aux Athletics.
. Au cinéma, « Angels in the Outfield » de Disney en 1994 avec les prises de vues des scènes de baseball. « Moneyball » ( « Le stratège » en français) en 2011 avec Brad Pitt et Chris Pratt, basé sur le livre de Michael Lewis qui retrace la saison 2002 des A’s.
Comment s’y rendre?
. En voiture : de San Jose, prendre l’I-880 North en direction d’Oakland. Sortir à Hegenberger Road/Colisée (sortie 36) ou à 66th Ave./Zhone Way (sortie 37).
De San Francisco, prendre l’I-80 East en direction de Bay Bridge/Oakland, puis l’I-880 South vers Alameda / San José. Sortir à 66th Ave./Zhone Way (sortie 37) ou à Hegenberger Rd./Oakland Airport (sortie 36).
De Sacramento, prendre l’I-90 West en direction de San Francisco, puis l’I-880 South vers Alameda / San José. Sortir à 66th Ave./Zhone Way (sortie 37) ou à Hegenberger Rd./Oakland Airport (sortie 36).
. En transports en commun : le plus pratique, la compagnie BART (San Francisco Bay Area Rapid Transit) en sortant à Coliseum/Airport, puis en empruntant le pont piétonnier pour se rendre au stade. La gare est desservie par la Dublin/Pleasanton—Daly City Line et la Richmond—Warm Springs/South Fremont Line.
Amtrak Capitol Corridor : service de trains entre Auburn/Sacramento et Oakland/San José, descendre à la station Oakland Coliseum-BART.
AC Transit : neuf lignes de bus (45, 46, 46L, 73, 90, 98, 805, 646 et 657) desservent la station BART du Coliseum.
. A pied ou en vélo : possible mais le quartier ne s’y prête guère.
Fun Facts
Fans adverses, passez votre chemin ! Les fans des Raiders sont sans contestes les plus excentriques et menaçants de tous les sports US. Regroupés au sein du Black Hole en bas de la tribune Sud, ils sont fiers de leur image, du statut ouvrier de la ville par rapport à San Francisco, et font perdurer l’esprit Raider Nation. Ils sont passionnés et ont toujours soutenus l’équipe malgré les déménagements. Bon nombre revêtissent des costumes intimidants, tout droit sortis du film « Mad Max », tout en respectant les couleurs noires et argentées de la franchise. Billie Joe Armstrong du groupe Green Day, James Hetfield de Metallica ou encore MC Hammer et Ice Cube sont les plus célèbres personnalités de la Raider Nation.
Même si le stade ne vieillit pas bien, les matchs sont encore une fête. Conçu en forme de Colisée comme la plupart des enceintes dans les années 1960, il offre certains bons points de vue même si les premiers sièges restent loins du terrain. À l’exception des drapeaux de champion, il y a peu d’artifices ou de souvenirs pour célébrer les équipes, mais il s’agit là de la façon de fonctionner des Raiders qui ne retirent pas les numéros des joueurs historiques. Entre le Coliseum et l’Oracle Arena, un anneau de plaques rend hommage aux titres des équipes qui y jouent ( A’s, Raiders et Warriors). Seule touche historique, la présence d’un mémorial en forme de torche en l’honneur du propriétaire historique Al Davis après son décès en 2011, et qui sera installée dans le nouveau stade de Vegas. Elle est allumée à chaque rencontre par une personnalité, ancienne gloire locale ou personne(s) méritante(s), et symbolise l’une des phrases célèbres de Davis » le feu qui brûle le plus dans l’organisation des Raiders est la volonté de gagner ».
Autre élément incontournable de la franchise, les fameuses Raiderettes qui sont les véritables ambassadrices de l’organisation Raiders depuis plus de 50 ans. Bien plus que de simples cheerleaders, l’équipe est reconnue dans le monde entier, avec leurs bottes blanches traditionnelles et uniformes emblématiques argent et noir. En plus de divertir les fans à chaque match à domicile, elles travaillent toute l’année dans la communauté lors de centaines de manifestations caritatives et d’entreprise.
Au niveau culinaire, rien de bien transcendant, seulement du traditionnel pour coller avec l’ambiance; à noter que le prix des bières est plus élevé pour une rencontre de football. L’élément le plus populaire est peut être le poulet Teriyaki.
Sources :Oakland Raiders, Info-Stades, Stadium DB, Stadiums of Pro Football, Stadium Journey, Football Stadium Digest, Football Ballparks, Pro Football Reference, Thrillist, Sports Pro Media, Go Banking Rates.