À 6 semaines du Super Bowl LII, épisode 45 de notre rétrospective exceptionnelle, le Super Bowl XLV.
Pittsburgh Steelers (AFC) vs. Green Bay Packers (NFC) – 6 février 2011
18 titres NFL. 111 millions de téléspectateurs records. Plus de 100 000 spectateurs dans un stade de la démesure à plus d’un milliard de dollars. Dans un Texas qui voit tout en XXL, la NFL affiche sa démesure. Et quoi de mieux que ses deux franchises les plus titrées pour ça ?
Le règne des défenses
Il s’en est allé. Visage poupon devenue icône barbue aux tempes grisonnantes de l’une des plus illustres franchises NFL, Brett Favre a quitté les baie des Puants pour un retraite bien méritée, puis un retour, puis une retraite, puis une fabuleuse, mais malheureuse épopée 2009 sous le maillot des ennemis du Minnesota voisin. Drafté au premier tour en 2005 en provenance de Cal, Aaron Rodgers fait ses armes derrière l’inoxydable star des Packers triomphants des années 90. Pendant 3 ans, le numéro 12 doit se contenter de miettes. À tel point qu’en 2007, des rumeurs l’envoient à Oakland en échange de Randy Moss. Le receveur s’envolera finalement pour la Nouvelle-Angleterre. Le quarterback restera à Green Bay. Le 4 mars 2008, battu en finale de conférence par des Giants en route vers le titre quelques semaines plus tôt, un Brett Favre sanglotant annonce sa retraite. Rodgers tient enfin sa chance. Il va la saisir à pleines mains.
Malgré ses plus de 4000 yards, 28 touchdowns et 13 interceptions, les Packers de Mike McCarthy ne s’imposent que 6 fois. Arrivé après le renvoi de Mike Sherman au terme d’un campagne 2005 ratée ponctuée par 4 misérables victoires, Mike McCarthy traîne derrière lui une solide réputation de coach offensif et de gourou des quarterbacks. Un an après une première saison de titulaire accomplie sur le plan personnel, mais terriblement frustrante d’un point de vue collectif, Aaron Rodgers monte en puissance. Inarrêtable. 4434 yards, 30 touchdowns, 7 interceptions. Un véritable joyaux. Précieusement couvé pendant 3 longues années, il rayonne enfin de tout son éclat. En 2009, assommés dès le premier tour par les Cardinals de Kurt Warner dans une rencontre gargantuesque (51-45), les Packers passent un cap. Un an plus tard. Ils vont brûler les étapes. Pourtant, après deux mois de compétition, les Cheesers sauce 2010 sont au point mort. 3-3. Il ne tient qu’à eux de ne pas faire basculer leur saison vers le côté obscure. Une victoire au panache face aux Vikings, un succès minimaliste à New York (9-0), une branlée face aux Cowboys (45-7), une semaine de repos bien méritée et un raide sanglant sur le Metrodome (31-3). En 5 semaines, les Packers s’ouvrent la voie des playoffs.
Le grand artisan de cet automne réussi ? Aaron Rodgers, évidemment. 3922 yards, 28 touchdowns, 11 interceptions, le quarterback régale de son talent et signe une troisième saison avec une évaluation à trois chiffres (101,2). Machine à yards et à touchdown, dynamiteur de défenses, Pro Bowler, go-to-guy, Greg Jennings attrape 76 ballons pour 1265 yards et 12 touchowns. Dans le costume de seconds rôles taillés sur mesure, Donald Driver ses doigts de fées et ses talents d’acrobate ajoutent 565 yards et 4 touchdowns, pendant que la doublette James Jones/Jordy Nelson étire les seconds rideaux à coup de longs tracés et compilent 1258 yards et 7 touchdowns à eux deux. Un quatuor à donner le tournis aux defensive backs qui profite très largement de la blessure de la montagne Jermichael Finley en semaine 5. Les blessures, le jeu au sol aussi connait ça. Dès la semaine 1, Ryan Grant et ses plus de 1200 lors des deux précédents exercices disparaissent des écrans radars. En son absence, Brandon Jackson amasse 1045 yards et 4 touchdowns dans les airs comme au sol, pendant qu’Aaron Rodgers et John Kuuuuuuuuhn ajoutent 637 yards dans des styles diamétralement opposés.
Attaque aérienne léchée, les Packers s’appuient sur l’une des meilleures défenses de la ligue pour couvrir leurs arrières. Il y a deux ans, elle stagnait dans le ventre mou. Depuis l’arrivée de Dom Capers et sa 3-4, elle écrabouille tout. Virage à 18 degrés. De toute la NFC, aucune équipe ne concède aussi peu de points par match (15). Emmené par les 7 sacks de Cullen Jenkins malgré une saison écourtée, et les 6,5 sacks du buffle B.J. Raji et ses 132 kilos, le pass rush enregistre 47 sacks. En embuscade derrière la ligne, les crinières blondes d’A.J. Hawk, ses 111 plaquages et 3 interceptions, et du 4e meilleur sackeur de la ligue (13,5), Clay Matthews. Pour verrouiller les airs, trois Pro Bowlers. Tramon Williams et ses 6 ballons volés, Nick Collins le safety à tout faire et l’inoxydable machine à turnovers Charles Woodson. Un casting de luxe. Une défense en or grâce à laquelle les Packers n’auront jamais été menés par plus de 7 points sur leur route jusqu’au Big Game. Du jamais vu dans l’ère du Super Bowl. Du jamais vu depuis les Lions de 1962.
Malgré une fin de saison cahoteuse et trois défaites étriquées à l’extérieur, le Lambeau Field reste forteresse imprenable. 10-6, les protégés de Mike McCarthy doivent se contenter de la 2e place de la NFC Nord. Pour atteindre le Super Bowl, il leur faudra gagner trois fois. Chaque fois, sur la route. Les Eagles battus par un James Stark sorti de nulle part, les Falcons se font étriper dans leur nid du Georgia Dome. En finale de la NFC, dans le froid glacial du Soldier Field, les Packers retrouvent les champions de la NFC Nord pour un duel inédit en séries depuis 1941. Jay Cutler blessé en cours de match, sa doublure Todd Collins elle aussi touchée, Caleb Hanie se retrouve projetée sur le devant d’une scène bien trop grande pour lui. B.J. Raji intercepte la doublure de la doublure, « galope » jusque dans l’en-but et la défense contient les assauts désespérés du quarterback. 13 ans plus tard, les Packers retrouvent le Super Bowl. Après avoir promis qu’il ferait le déplacement à Dallas en cas de victoire des Bears, Barack Obama suivra le Super Bowl de la Maison Blanche, caressant l’espoir pas si secret de voir les Steelers l’emporter. Sa deuxième équipe de cœur.
En Pennsylvanie, après une année sabbatique, les Steelers renouent avec leurs bonnes habitudes : les séries. Couronnés deux ans plus tôt au terme d’un incroyable Super Bowl XLIII, les protégés de Mike Tomlin auront passé la saison 2009 à se remettre de leur gueule de bois. 9 victoires, 7 revers, la 3e place de l’AFC Nord. Ils regarderont les playoffs de leur canap. Après une année pour du beurre, les Steelers ne déconnent plus et attaquent 2010 avec trois victoires consécutives dans la vague d’une défense impitoyable qui ne concède que 11 points par match. Même lorsque les Ravens brisent leur série au retour de leur semaine de congé, ils n’encaissent que 17 points. 7 fois, ils n’accorderont pas plus de 10 points. Seuls les Patriots d’une duo Tom Brady/Rob Gronkowski fabuleux parviendront à faire péter le verrou et leur en passer 39 au Heinz Field. Ça n’est pas tous les jours que l’on piétine la chevelure virevoltante du Joueur Défensif de l’Année.
49 plaquages, un sacks, un fumble forcé, 7 interceptions, un touchdown, Troy Polamalu vit l’une des saisons les plus accomplies de sa carrière. Défense la plus radine en points (14,5 par match), la plus gourmande en sacks (48), les Black & Yellow éteignent le jeu au sol adverse comme personne. 62,8 yards par match, c’est ce dont il faudra se contenter. Seule la défense de San Diego concède moins de yards au total. Car pour espérer percer la muraille d’acier, il faut bien passer au travers d’un quatuor de linebackers à vous pisser dessus. LaMarr Woodley, ses 10 sacks, 3 fumbles forcés, 2 interceptions et son touchdown ; James Farrior, ses 109 plaquages et 6 sacks ; Lawrence Timmons ses 135 plaquages et 4 turnovers ; et le meilleur pour la fin, James Harrison, son regard glaçant, ses 100 plaquages, 10,5 sacks, 2 interceptions et 6 fumbles forcés. Un CV de défenseur de l’année.
S’ils doivent leur bon début de saison à une défense suréquipée, ils ne le doivent certainement pas à Ben Roethlisberger. Suspendu pour les 4 premières rencontres de la campagne 2010, le quarterback paye les allégations d’agression sexuelles qui pèsent sur lui. Si aucune charge ne sera jamais portée contre lui, Roger Goodell enfile son costume de juge et condamne le joueur. Sans toujours briller, Dennis Dixon et Charlie Batch assurent l’intérim et décrochent 3 succès en 4 matchs qui pavent une voie royale au retour de Big Ben. 3200 yards, 17 touchdowns, 5 maigres interceptions, une évaluation qui flirt avec les 3 chiffres, le colosse de Pitt récite un football impeccable. Santonio Holmes parti rejoindre Mark Sanchez dans la Grosse Pomme, Mike Wallace devient le go-to-guy tout désigné des Steelers. 1257 yards, 10 touchdowns, 26 catchs de plus de 20 yards, 10 de plus de 40, la fusée de Mississippi écœure les défenses adverses à coup de tracés verticaux et de chevauchées supersoniques ballon en main. À 34 ans et au crépuscule de sa carrière, Hines Ward attrape 59 ballons pour 755 yards et 5 touchdowns dans un rôle de slot receiver où il fait jouer toute son expérience, pendant que l’interminable Heath Miller ajoute un peu plus de 500 yards et 2 touchdowns.
Willie Parker non prolongé et parti à Washington, prend plus que jamais les plein pouvoirs sur le jeu au sol. Surfant sur une campagne 2009 aboutie, le running back cavale 1273 yards et croise 13 fois la ligne dans la foulée du seul Pro Bowler de l’attaque des hommes d’acier : le centre rookie Maurkice Poncey. Une défense de fer, une attaque équilibrée, malgré quelques accrocs à domicile, les Steelers décrochent 12 victoires et reprennent le titre de l’AFC Nord. Leur meilleurs ennemis de Baltimore assommés, ils stoppent l’insolence de Mark Sanchez en finale de conférence pour s’ouvrir les portes du Super Bowl. Leur 8e. Un record. 70’s, 80’s, 90’s, années 2000, années 2010. Dans chacune de ces décennies, ils auront su se hisser jusqu’en finale. Un cas unique. Symbole d’une culture de la gagne à toute épreuve. Symbole d’une franchise gérée de main de maître. Un modèle du genre.
Marée verte
12 titres records dont Super Bowls d’un côté, six Super Bowls victorieux là aussi records de l’autre. Deux franchises qui puent la gagne. Deux franchises qui puent le football. À Arlington, dans l’écrin flambant neuf des Cowboys, la NFL nous offre un cours d’histoire grandeur nature. À 38 ans, Mike Tomlin devient le plus jeune coach à commander son deuxième Super Bowl. À 21 ans et 322 jours, le tackle des Packers Bryan Bulaga devient le plus jeune joueur de l’histoire à débuter un Big Game. Sans une cheville douloureuse qui le contraint à renoncer, Maurkice Pouncey et ses 122 jours de moins lui auraient volé le record. À l’heure du coup d’envoi, autour d’un Cowboys Stadium au toit fermé, la neige qui s’était inhabituellement abattue sur la région de Dallas la semaine passée s’est évaporée. Dans l’enceinte, ils sont 103 219 à s’être entassés. L’une des plus grandes affluences jamais enregistrées pour une finale. À 766 unités du record du Super Bowl XIV.
Entre deux défenses intraitables, oublié la finesse. Dans un début de match cadenassé, les chocs sont violents et les contacts sonores. Malgré un retour de 38 yards du rookie Antonio Brown sur le coup d’envoi, les Steelers doivent rendre le ballon en deux temps trois mouvements. Tramon Williams fait traverser un frisson dans la horde de Cheeserheads à avoir envahi les tribunes en se foirant à la réception du punt, mais parvient à sécuriser le cuir. Aaron Rodgers a beau trouver une brèche et expédier une passe de 24 yards dans les bras de Donald Driver, il rate deux fois la cible en direction de Jordy Nelson et Tim Masthay doit punter à son tour. Malgré 24 yards de Rashard Mendenhall, Jeremy Kapinos lui rend rapidement la pareille. Mains molles, drops grossiers et press coverage millimétré, les attaques galèrent à prendre de l’altitude. Baladé par le secondary des Steelers, envoyé au tapis par derrière par Polamalu, Jordy Nelson vit un sale début de match. Même traitement pour Greg Jennings qui en glisse deux mots aux officiels.
« Hey, ils n’ont pas le droit de me poser les mains dessus si je suis déjà en profondeur sur le terrain. Troy [Polamalu] m’a purement et simplement poussé en pleine route alors que je ne regardais pas, ça s’appelle un contact illégal. »
Message reçu par les arbitres. Mais si les Packers veulent déjouer la défense rugueuse et maline des Steelers, il ne faudra pas seulement compter sur la vigilance des hommes en noir. Et le numéro 12 l’a bien compris. Lassé par un interminable round d’observation dicté par des défenses parfaitement en place, Aaron Rodgers prend les choses en main. La ligne fait de son mieux pour dompter le pass rush sanguin des hommes d’acier. Le quarterback fait de son mieux pour naviguer dans sa poche et étendre les jeux pour gagner quelques précieuses secondes. Lancers courts et rapides, courses tranchantes de James Stark, le plan de match est efficace et fait tranquillement avancer les chaînes. À 29 yards de la peinture verte, Jordy Nelson s’échappe dans le dos de Williams Gay et se propulse vers l’avance pour attraper un délice de passe et s’écraser dans l’en-but. Big Ben doit répliquer rapidement. Il va faire tout le contraire. Sur sa première passe après le coup d’envoi, acculé contre sa endzone, le quarterback feinte à gauche avant d’allumer en profondeur juste avant qu’Howard Green ne viennent l’écrabouiller et troubler sa mécanique. De sa position de safety, Nick Collins à tout vu. Le défenseur se rue vers le point de chute, intercepte une passe bien trop courte pour les jambes de feu de Mike Wallace, reste dans le terrain, accélère, slalom entre des blocs parfaits et plonge dans l’en-but au travers de trois défenseurs jaunes et blancs. 14-0. De toute l’histoire du Super Bowl, jamais une équipe ayant inscrit un pick-6 ne s’est inclinée. 10 victoires. Les Packers ne feront pas exception.
Rires hilares, sourires éclatants sur le banc de Green Bay. De l’autre côté, des gueules d’enterrement. Et quand Roethlisberger pose un genou à terre après une glissade étrange, les cœurs se mettent à battre au ralenti. Plus de peur que de mal. Amochés, les Steelers reprennent en douceur au sol. Sur un 3e et 9, Big Ben s’arrache pour aller cueillir le first down et 9 yards supplémentaires, et rassure tout le monde sur l’état de sa cheville. Pas suffisant pour dépasser le paillasson de la redzone. Il faudra se contenter de 3 points de Shaun Suisham. Sur des lignes côtés vierges de la moindre cheerleader pour la première dans l’histoire du Super Bowl, les mines des mauvais jours sont toujours de sortie, les regards dans le vide ou rivés sur le gigantesque écran géant. Aaron Rodgers neutralisé dans les airs, Pittsburgh récupère rapidement le ballon. Quelques jolies passes, des petits yards arrachés au sol, les Steelmen s’échappent de leur camp et traverse la ligne médiane. Pris de vitesse sur l’extérieur, fracassé à l’intérieur, Big Ben voit sa poche voler en éclat et force son jeu. Mike Wallace pris en tenaille sur une crossing route, le quarterback tente une passe suicidaire et Jarrett Bush bondit pour intercepter le ballon.
Frappé encore et encore, sans solution, Roethlisberger tente de trouver des réponses dans le jumbotron perché au-dessus de sa tête. En face, Aaron Rodgers est r-e-l-a-x comme jamais. Un calme olympien, une maîtrise insolente. En deux passes et une course, les Packers se rapprochent de 32 yards. À 21 yards de la peinture jaune, Greg Jennings exécute un tracé parfait, se faufile dans le dos de James Farrior, attrape le ballon au nez de Ryan Clark, se fait assassiner par Troy Polamalu, mais parvient à conserver le cuir et croiser la ligne. Touchdown. High fives sur le banc de Green Bay. Frustration et colère sur celui de Pittsburgh. Le match est en train de leur échapper. Il leur reste 2 minutes et 24 secondes pour rectifier le tir juste avant la pause. Trouver de l’émotion, trouver du feu. Les paroles de Brett Keisel à sa défense résonnent jusqu’en attaque et Big Ben trouve enfin la lumière sur une flèche en direction de l’un des héros du Super Bowl XL. Antwaan Randle El s’étire de tout son long, capte le ballon et galope pour décrocher quelques précieux mètre de plus. 37 yards, les Terrible Towels s’agitent enfin en tribunes. Touché Sam Shields s’engouffre dans le couloir menant aux vestiaires. Sur l’action suivante, Charles Woodson se pète la clavicule. Il ne rejouera pas du match. Le dernier rideau Vert et Jaune saigné à blanc, Ben Roethlisberger reprend ses vieilles habitudes et mitraille Hines Ward. 14 yards. 17 yards. L’en-but n’est plus qu’à 8 pas. Bien planqué derrière une ligne offensive qui a su colmater les brèches, le quarterback attend que le jeu se développe et ajuste un lancer parfait dans les mains de Ward. Il reste 39 secondes, les Steelers sont en vie. 21-10. Le hommes d’acier rentrent au vestiaire au pas, sous les encouragements de leur coach.
Turnovers and down…
Emmanuel Sanders, Donald Driver, Charles Woodson, la première mi-temps aura laissé des traces. Si aucun d’eux ne renfilera son uniforme au retour des vestiaires, Sam Shields est rétabli, lui. Privé de son maître à jouer en défense, Dom Caper doit pourtant s’adapter. Oubliez la couverture homme-à-homme, le tacticien passe à une défense en zone plus adaptée aux circonstances.
Profitant de l’indiscipline des Packers et de la maladresse d’un James Jones à deux doigts d’un home run fatal, les hommes de Mike Tomlin forcent rapidement le punt et se retrouvent en position idéale pile sur la ligne médiane après que Tom Crabtree ait agrippé la grille d’Antonio Brown sur le retour de punt. Rashard Mendenhall, Isaac Redman, Big Ben. À trois et en cinq temps, le jeu au sol de Pittsburgh enfonce la défense du Wisconsin sur les extérieurs, engloutit 50 yards et Mendenhall finit le travail tout en force en transperçant le front seven vert en plein cœur sur 8 yards. 21-17. Le banc des Steelers explose enfin. Le momentum a changé de camp. De part et d’autre, les pass rush se réveillent. Rodgers sacké par James Harrison sur un 3e essai, les Packers doivent punter. Roethlisberger sacké sur un 3 essai, les Steelers doivent se résoudre à un field goal longue distance. De 52 yards, Shaun Suisham manque complètement la cible et brise l’élan des Steelmen.
Dans un 3e quart-temps pris en otage par les défense depuis le touchdowns de Rashard Mendenhall, plus le moindre point à se mettre sous la dent. Les passes ratées s’enchaînent, les punts aussi et les Steelers gaspillent deux temps morts. Avec 15 minutes à jouer et un match plus incertain que jamais, le running back des Steelers va flancher. Charles Woodson en civil sur le bord du terrain, Clay Matthews enfile le costume de leader. Après être passé à deux doigts d’intercepter Big Ben sur un rush électrique derrière la ligne de scrimmage quelques minutes plus tôt, le linebacker sèche Mendenhall dans son camp, fait exploser le ballon de ses bras et Desmond Bishop se rue dessus pour l’attraper. Le poing serré, le numéro 52 revient vers son banc. Il le savait. Il se sentait. Ça n’était qu’une question de temps avant qu’il n’arrache un ballon. Répondant aux prières de Donald Driver, Jordy Nelson capte une courte passe de Rodgers, traverse le terrain dans sa largeur, s’engouffre derrière le bloc de Greg Jennings et s’étend de tout son long pour tenter d’atteindre le poteau orange malgré le retour de Polamalu. En vain. S’il sort avant de croiser la ligne, le receveur de gagner 38 yards et de déposer les siens à 2 yards d’une balle de match.
« J’étais complètement seul sur un tracé dans le coin, et quand je dis complètement seul… Envoyé n’importe qui dans le coin, il sera seul au monde. Il ne peuvent pas nous couvrir, peu importe qui est chargé de le faire, » confiait Greg Jennings à son quarterback quelques minutes plus tôt.
6 yards en arrière après un sack de LaMarr Woodley, 8 yards en avant. Aaron Rodgers suit les conseils de Greg Jennings, le receveur s’enfuit vers le coin droit de la endzone, personne ne le suit, le quarterback écrase la gâchette. Touchdown. D’un simplicité enfantine. Du football intelligent. Avec l’énergie du désespoir, Roethlisberger arrose comme un jardinier. 5 passes, 66 yards. Le passeur délivre une spirale parfaite pour envoyer Mike Wallace se faufiler dans la peinture jaune, 25 yards plus loin. Antwaan Randle El se charge de la conversion sur un pitch play. Les Steelers ne sont plus qu’à 3 points. 28-25. Un turnover, c’est tout ce dont ils ont besoin. Tuer le chrono et rapporter au moins 3 points, c’est ce dont les Packers ont besoin. Et qui de mieux qu’Aaron Rodgers pour ça ? Malgré un sack d’Evander Hood, le quarterback déniche 31 yards sur un 3e essai crucial. James Stark fait parler ses jambes, James Jones rapproche un peu plus les siens des poteaux, et de 23 yards, Mason Crosby double l’avance. 31-25. Deux minutes et le touchdown de la gagne. Les Steelers l’ont déjà fait. Deux ans plus tôt. Cette fois-ci, pas de miracle. Malgré 15 yards d’Heath Miller pour débuter, les 5 unités de Hines Ward ne suffisent pas et Big Ben fend l’air par 3 fois. Turnover on downs. Jeu, set et match. Le trophée Lombardi rentre à la maison.
« Tout le mérite revient aux gars sur le terrain, » lâche Dom Capers, architecte de la défense des Packers. « Ils ont fait ce qu’ils avanient à faire
4 turnovers, 21 points. Zéro turnovers. D’ordinaire si fiables en attaque et gourmands en défense, les Steelers auront failli au jeu des revirements. Pour la première fois, le 6e ticket pour les séries dans la NFC sera allé jusqu’au bout, porté par une défense endiablée en playoffs et une attaque capable de capitaliser comme personne sur les revirements. 15 fois en saison régulière, les Packers avaient converti un turnover en touchdown. En playoffs, ils avaient retourné 3 interceptions jusque dans l’en-but. Jusqu’au Super Bowl, ils auront su gagner au rythme d’une défense boulimique.
« Ce qui a fait la différence, » concédera Troy Polamalu. « Ils ont réussi à faire des gros jeux en défense. Pas nous. »