Pour atteindre le Superbowl, Aaron Rodgers a du se montrer patient. Très patient. Ignoré par les universités, boudé lors de la Draft puis coincé dans l’ombre de Brett Favre, le numéro 12 a su garder confiance en lui pour finalement devenir le leader des Packers et les mener à leur premier Superbowl depuis 1997.
En interview, Aaron Rodgers garde quasiment toujours son calme. Il ne se laisse pas aller à des déclarations tapageuses et il ne crie pas sa vengeance envers tous ceux qui n’ont pas cru en lui. Il pourrait. Mais il ne le fait pas. Le quarterback des Packers savoure son succès sans en faire des tonnes. Il savoure aussi le fait d’avoir donné tort à tous ses détracteurs. A chaque étape de sa carrière, il a rencontré le doute des autres. Lui, y a toujours cru. Une confiance qui lui a toujours permis de sortir de l’ombre.
Dès sa sortie du lycée, le jeune californien, qui idolâtre Joe Montana, ne voit aucune fac lui proposer une bourse malgré une carrière solide en high school. Il passe donc quelque temps dans une fac locale avant d’être découvert par Jeff Tedford, le coach de California qui a déjà envoyé plusieurs quarterbacks en NFL. Il fait rapidement regretter aux autres facs de ne pas l’avoir fait venir. Après cinq matchs, Rodgers est titulaire. Au cours de sa première saison, il participe à une victoire face au rival USC. La deuxième année, Cal ne perd qu’un match sous la direction de Rodgers qui fait tomber quelques records de sa fac et de la NCAA avec notamment 23 passes complétées de suite en un match. Après 43 touchdowns pour 13 interceptions en deux ans, Rodgers quitte la fac pour se présenter à la Draft.
Humilié lors de la Draft
Avant la Draft 2005, tous les spécialistes prédisent à Rodgers une place dans le Top 10. C’est pour cette raison que la ligue l’invite à New York pour assister à l’évènement. La soirée tourne au cauchemar pour le joueur qui voit les équipes l’ignorer les unes après les autres. Tous les autres joueurs invités sont partis depuis longtemps et lui reste seul à sa table, les caméras braquées sur lui pendant plus de 4 heures, avant que les Packers ne le sélectionnent avec le 24e choix. Certains coéquipiers ont encore la scène en mémoire : « C’était dur de regarder ca », explique Greg Jennings à ESPN. Malgré sa soirée difficile, Rodgers garde la foi : « Je pense toujours que je suis le meilleur quarterback de cette Draft », explique-t-il alors aux journalistes. C’est cette confiance qui a plu aux Packers. Lors de l’entretien pré-Draft, les dirigeants ont fait remarqué à Rodgers que les quarterbacks envoyés en NFL par son coach de fac n’ont pas vraiment réussi. Il lui ont alors demandé pourquoi lui allait réussir. « Parce que je suis meilleur que tous ces gars », a-t-il alors répondu.
De la patience, il va en falloir encore beaucoup à Rodgers pour attendre de prendre les commandes à Green Bay. Trois ans sur le banc derrière la légende Brett Favre et un seul match significatif ou il a brillé (18/26, 201 yards, 1 TD) contre les Cowboys après la sortie du numéro 4 en cours de jeu. Encore une fois, dans l’ombre, l’homme attend son heure. « Je me rappelle quand j’ai été drafté, explique Greg Jennings. Je suis entré dans la caféteria – et je n’avais jamais rencontré ce mec de ma vie – et la première chose qu’il m’a dit c’est, « Ca sera toi et moi un jour dans le futur. » »
En mars 2008, Favre annonce sa retraite. Quelques mois plus tard, il tente de forcer la main des Packers pour revenir. Cette fois, le staff ne cède pas et envoie la légende à New York. Pendant toute la tempête, Rodgers reste encore d’un calme et d’un professionnalisme impressionnants.
De l’ombre de Favre à la lumière du Superbowl
Au début de la saison 2008, Rodgers est donc le nouveau boss des Packers. Le premier à débuter un match pour l’équipe sans s’appeler Favre depuis 1992. L’ombre de la légende le suivra toujours et il le sait : « Je crois que je devrais faire avec pendant toute ma carrière », explique-t-il à l’époque à NFL Network. Tout n’est pas parfait d’entrée pour Rodgers, qui peine dans les fins de match serrés, mais l’essentiel est là : il ne déçoit pas. Les fans des Packers qui auraient voulu garder Favre sont conquis au fil des matchs même si les bonnes performances de l’ancien à New York puis chez les Vikings rend la transition plus longue. Mais comme lorsqu’il n’a pas intégré directement une grande fac ou lorsqu’il a attendu 4 heures à la Draft, Rodgers sort de l’ombre pour arriver à la lumière du succès. Sa progression est constante. Pas de playoffs la première année, une élimination au premier tour la seconde et un parcours jusqu’au Superbowl cette saison.
Comme les nombreuses facs qui regrettent de ne pas avoir fait attention à lui, San Francisco, son équipe de coeur, qui disposait du premier choix en 2005, regrette sûrement d’avoir préféré Alex Smith à l’enfant du pays. Les dirigeants des Packers, eux, ne regrettent certainement pas le choix difficile qu’ils ont fait à l’été 2008 et qui aurait pu leur couter leur job. Porté par sa confiance et son talent, Aaron Rodgers leur a donné raison. Le numéro 12 a déjà ramené l’équipe avec lui sous les spotlights du Superbowl et une victoire lui donnerait déjà le même nombre de bagues que Favre. Une bonne base pour construire sa propre légende.