Tableau noir : J.J. Watt

Cette semaine, honneur au defensive end des Houston Texans. J.J. Watt réalise un début de saison extraordinaire, et semble être en bonne voie pour poser une trentaine de sacks, couper une vingtaine de passes, le tout en jouant dans une défense en 3-4. Green Bay a bien battu Houston, mais n’a pas pu faire grand chose contre Watt. Voici trois exemples de la panique mise par le Texan face aux Packers. Merci à Pro Football Focus.

Packers @ Texans – 1er quart-temps, 13:15 à jouer – Seul face à un lineman All-Pro.

Sur une 2ème et 7, Watt repousse Josh Sitton et contient à lui seul le RB Alex Green pour un gain de seulement 2 yards.

Sur les deux premiers snaps pris par Green Bay, Watt est bloqué en un contre un par Sitton. Ce dernier n’a jamais atteint le Pro Bowl, mais c’est un joueur de calibre All-Pro, qui visiblement a toute la confiance de son staff puisqu’il se voit confier une tâche compliquée d’entrée de jeu.

Malheureusement pour lui, il s’est retrouvé en sur-régime très tôt, pour simplement survivre face à un J.J. Watt déchaîné. Sur le premier jeu, Watt lui colle un 360° pour filer sur le course. Et sur ce jeu, Watt domine le point de contact purement et simplement

Sur le contact initial, Sitton se fait secouer un yard en arrière, voire plus, et s’il parvient à sauver les meubles en repositionnant ses mains sur le défenseur, le pire est déjà arrivé car le coureur doit alors dévier sa trajectoire pour éviter le mur.

Bien que verrouillé par Sitton sur le bloc, Watt parvient à sortir son bras gauche pour attraper au vol Alex Green. Peu de joueurs en NFL sont capables d’en faire autant, avec un guard agressif accroché à au maillot. Avec un seul bras seulement, Watt descend Alex Green en le déséquilibrant. Cela donne le ton de la partie. Josh Sitton s’en sortira globalement bien ce soir là, et sa prestation restera sans doute l’une des meilleures parmi ceux opposés cette saison à J.J Watt. Mais sur cette rencontre, le Texan a été un peu au dessus malgré tout.

Packers @ Texans – 2ème quart-temps, 8:41 à jouer – Deux contre un.

Sur 1ère et 10, les Packers envoient deux joueurs se charger de Watt : Sitton et le tackle droit Bryan Bulaga. La course extérieure appelée est stoppée par le linebacker Brooks Reed, qui prend le meilleur sur le tight end Tom Crabtree.

Les blocs doublés pour un seul défenseur sont peu fréquents. La plupart du temps, cette technique fait partie du schéma offensif, et amène l’un des deux lineman à sortir de son bloc pour bloquer au second niveau, sur un linebacker par exemple. Les gars qui parviennent à monopoliser deux bloqueurs rendent la défense au sol plus facile, car un joueur se retrouve alors sans vis-à-vis, avec toute la liberté de foncer vers le ballon. Ça, c’est l’impact qu’a J.J. Watt sur la défense des Texans, même lorsqu’il n’est pas à la conclusion de l’action.

Dans cette situation, et face à une défense en 3-4, le double marquage sur Watt s’impose de lui-même. Bulaga (#75) et Sitton (#71) serrent Watt de chaque côté, et offrent ainsi au coureur tout le loisir de choisir un trou à gauche ou à droite. Dans ce cas, le défenseur libre est le SS Glover Quinn, qui peut aller au contact du RB Alex Green dans le trou intérieur. Sur l’image ci-dessous, vous voyez Quinn fermer l’intérieur. Sa présence oblige alors Green à choisir l’extérieur.

La seule chose qui empêche Green Bay de prendre un sac de yards, c’est le travail de Reed à l’extérieur. Il arrive à faire reculer le tight end (#83) assez loin pour squeezer la ligne de course, et il se désengage assez vite pour faire le tackle avant le moindre gain.

Ce jeu illustre à quel point le double marquage d’un joueur comme Watt est risqué. Sitton et Bulaga n’arrivent pas à décrocher car personne n’arrive à le contrôler suffisamment. Du coup, un défenseur  se retrouve libre un peu trop longtemps, et le jeu s’écroule pour les Packers.

Packers @ Texans – 1er quart-temps, 2:46 à jouer. Le coup de main.

Sur 1ère et 10, les Packers contiennent une pression à quatre en se focalisant sur J.J Watt. La pression arrive finalement d’ailleurs, et Aaron Rodgers s’échappe pour trouver Randall Cobb sur une jolie passe.

Les Texans n’envoient que quatre joueurs au rush, mais à un moment donné, Watt se retrouve avec trois joueurs rien que sur lui. Green Bay aime bien aligner des tight ends en position de coureur, pour leur permettre, au choix, de filer extérieur sur un tracé de passe, ou alors de rester près du QB et filer un coup de main en protection. Là, ils bougent Crabtree en motion, il vient se placer derrière Sitton et Watt. Au snap, Sitton saute extérieur sur Watt, parce qu’il sait que son tight end viendra l’aider de ce côté là. Plutôt que de le bloquer un court instant et filer sur un tracé, le tight end se livre complètement au bloc de J.J Watt.

A un moment donné, juste avant cette image, le centre Jeff Saturday (#63) donne l’impression de vouloir faire le troisième homme sur Watt, avant de se raviser et de réaliser qu’il est plus indispensable à gauche, où le guard T.J. Lang galère pour contenir son bonhomme.

A terme, les trois autres Packers laissés en un contre un finissent par céder. Mais Green Bay a obtenu ce qu’il cherchait : dégager Watt du milieu pour donner une chance à Rodgers. Tout le match, Watt a pu faire un peu ce qu’il voulait sur la ligne, quand bien même l’attention de la O-line pouvait être focalisée sur lui. Ce jeu montre à quel point les Packers étaient prêts à ajuster leur système de protection pour contenir J.J. Watt. Les autres défenseurs en ont profité, et chaque fois que Watt s’est retrouvé en un contre un, il a dominé son vis-à-vis.

Evidemment, lorsque Aaron Rodgers et ses receveurs ont mis la machine en route, peu importe la performance d’un seul homme, les Texans ont ramassé 42 points dans les dents et perdu leur premier match de la saison.

Mais à l’heure actuelle, il est presque impossible de contenir J.J. Watt durablement sur un match. Et toute tentative d’ajout d’un ou de deux bloqueurs rend la vie des autres défenseurs des Texans beaucoup plus facile.