Alors que le coureur Ashton Jeanty est très souvent annoncé comme un choix du top 10 de la Draft 2025, la question se pose sur la viabilité d’une telle décision.

La valeur de la position

Le jeu au sol est important en NFL. Moins qu’au siècle précédent mais davantage depuis deux ans. En 2025, sur les dix coureurs ayant gagné le plus de yards, seuls trois n’ont pas connu les playoffs : Bijan Robinson (Atlanta), Jonathan Taylor (Indianapolis) et Chuba Hubbard (Carolina).

Les sept autres ont bien entendu été dépendants de la qualité du quarterback, de la ligne offensive et de la défense de leurs équipes respectives. Mais nier leur apport dans les succès de leur équipe serait malhonnête.

Cependant, drafter un joueur c’est renoncer à un autre ! Un manager doit choisir entre plusieurs besoins dans son effectif. Au premier tour et à fortiori dans le top 10, il est primordial de sélectionner le joueur susceptible d’avoir le plus d’impact possible.

La valeur des différentes positions

La position de quarterback est hors compétition, car sans nulle doute la plus importante de toutes. En défense, celle de edge est considérée comme la plus impactante. C’est pourquoi dans le Top 10 de n’importe quelle draft, ces deux positions sont considérées en priorité.

Le poste de tackle offensif est également très prisé : deux dans le Top 10 en 2024, deux autres en 2023 et trois en 2022. L’explication est simple : les êtres humains mesurant deux mètres pour 140 kilos et sachant se mouvoir comme des athlètes sont rares !

Sur les quatre dernières draft, seuls deux joueurs sont devenus titulaires sur le coté gauche sans avoir été choisi au premier tour : Walker Little (Jacksonville) et Bernhard Raimann (Indianapolis). Un staff NFL ne peut donc se permettre d’attendre pour protéger son quarterback.

Coureur en attaque, comme linebacker en défense, sont joués par des hommes aux morphologies plus communes. C’est pourquoi chaque année, la Draft propose une quantité notable de talent à ces deux positions.

La profondeur annuelle

En 2024, 20 coureurs ont été draftés : soit 7,8% des joueurs universitaires sélectionnés. Sachant qu’il y a 14 positions différentes, le pourcentage est conséquent. Et c’est la même chose tous les ans : 18 coureurs en 2023, 24 en 2022, 20 en 2021…

Alors pourquoi se précipiter sur cette position ? Dans le Top 10 des gratteurs de yards en 2024, Kyren Williams (L.A Rams) a été recruté au 5e tour, tout comme Aaron Jones (Minnesota). Chuba Hubbard (Carolina) et Bucky Irving (Tampa Bay) au 4e tour.

Un faible retour sur investissement

Un choix du top 10 signifie un contrat de 5 ans et 43 à 23 millions de dollars. À ce tarif, un manager devant gérer une masse salariale maximale privilégie un joueur qui sera tout le temps (ou presque) sur le terrain.

En 2024, sur la centaine de coureurs utilisés en NFL, seuls 15 ont joué 60% ou plus des jeux offensifs de leur attaque ! Si le premier paragraphe a montré qu’avoir un numéro 1 haut de gamme est important, les coureurs évoluent toujours dans un comité. Le retour sur investissement dans le Top 10 est meilleur avec un joueur de ligne offensive, un receveur ou un cornerback.

D’autant plus en ajoutant un autre facteur ! Chaque joueur est susceptible de se blesser : les cas de Jaycee Horn (choix 8 en 2021) ou d’Anthony Richardson (choix 4 en 2023). Mais étant donné une exposition aux chocs incomparable, le poste de coureur peut davantage qu’un autre envoyer l’investissement à l’infirmerie.

Le risque vaut-il l’investissement ?

Leonard Fournette (choix 4 en 2017), Christian McCaffrey (choix 8 en 2017) et Saquon Barkley (choix 2 en 2018) ont refroidi les ardeurs des managers. Pourtant très cotés lors des drafts suivantes, les coureurs Josh Jacobs (Green Bay) et Travis Etienne (Jacksonville) ont glissé en fin de 1e tour. Jonathan Taylor (Indianapolis) et Breece Hall (N.Y Jets) ont du attendre le début du 2e tour.

Investir un choix du Top 10 sur un coureur n’est pas recommandé par un bon gestionnaire. Ils sont moins sur le terrain et davantage exposés aux blessures. Un profil athlétique moins rare qu’à d’autres positions et évoluant en comité. Sans compter qu’ils sont totalement subordonnés à la qualité de leur ligne offensive ! Sauf quand le coureur est considéré comme générationnel. Et encore.

Avant d’être inarrêtable à Philadelphie, Saquon Barkley a beaucoup souffert chez les Giants. Comme McCaffrey, ce n’est d’ailleurs pas avec l’équipe qui l’a drafté qu’il a fini par aller loin en playoffs. Les deux hommes ont été la cerise sur le gâteau d’équipes déjà bien construites, mais pas des pièces fondatrices là où ils avaient été sélectionnés.

Générationnel ?

La draft 2023 signe le retour d’un coureur sélectionné dans le top 10. Véritable phénomène à l’université de Texas, Bijan Robinson a depuis confirmé tout son talent en NFL. La même année, Detroit investi le choix 12 sur Jahmyr Gibbs, pour une réussite similaire.

Pour l’instant épargnés par les blessures et évoluant derrière deux lignes offensives de qualité, ils donnent du crédit à la sélection d’Ashton Jeanty en 2025 : Raiders au choix 6 ? Bears au choix 10 ?

Mais le joueur de Boise State est-il un talent rare méritant cet épithète ? Ce serait le seul moyen de justifier une sélection si haute. Et encore.