[Intersaison] Philadelphia Eagles : drafter comme des champions

Philadelphie est champion NFL 2024. Cette phrase paraissait lointaine à écrire au moment de clôturer la saison 2023 de la franchise. Mais les Eagles ont trouvé les réponses et ont réussi là où ils avaient échoué en 2022. Les montagnes russes annuelles vont-elles continuer ? Entre une jeunesse au pouvoir et une possible gueule du bois du Super Bowl, il faut que les Eagles démêlent et recousent un groupe pour 2025.

La franchise peut s’appuyer sur un coach jeune mais désormais expérimenté en la qualité de Nick Sirianni. Après 4 années à la tête des Eagles, il poste un bilan de 54 victoires pour 23 défaites, 4 passages en playoffs, 2 au Super Bowl et donc une victoire lors de ce match désormais. Si Sirianni est parfois décrié par ses propres fans, il faut lui allouer une qualité rare et qui gagne : il sait s’entourer. Bingo avec Vic Fangio et Kellen Moore, ses coordinateurs.

Et bien sûr, comment omettre l’homme qui tire les ficelles, Howie Roseman ? Si les Eagles sont des double-vainqueurs du Super Bowl c’est simplement grâce à lui. La science de Roseman a construit un effectif… parfait. Les erreurs sont rares pour le manager général que cela soit par la signature d’agents libres ou par la draft. Son rôle sera déterminant pour pallier, à nouveau, aux départs multiples mais il a peut-être déjà un coup d’avance.

Les tauliers

1. Jalen Hurts (QB)
2. Saquon Barkley (RB)
3. Lane Johnson (RT)

Les trois tauliers font partie de l’attaque des Philadelphia Eagles. Il faut préciser que si la défense est excellente elle est jeune et s’est construit par la draft. Il faut donc attendre un peu avant de rentrer dans cette catégorie les excellents Jalen Carter, Nolan Smith ou encore les rookies Quinyon Mitchell et Cooper DeJean tous grands artisans du titre.

L’attaque donc. Jalen Hurts en est indiscutablement le cœur. Comme tout quarterback il est le leader de son équipe sur le terrain et la saison 2024 a entériné ce constat. Dans les chiffres, il a saisi sa campagne la moins médiatique avec un piètre 193,5 yards par match et 18 touchdowns à la passe. Mais il a été propre avec seulement 5 interceptions et 14 touchdowns à la course derrière une ligne somptueuse.

La ligne offensive de Philadelphie est la meilleure ligne de la ligue. En tant qu’unité on est sur la plus homogène et avec le plancher moyen le plus élevé. L’homme qui a les honneurs dans cette escouade et le tacle droit, Lane Johnson. A 34 ans il a encore une fois été élu dans une équipe All-pro (4^e de suite, 5 au total en carrière) et au Pro Bowl. Le vétéran rempile une année supplémentaire. Il est et sera l’âme de l’attaque.

Le dernier élément offensif inévitable est Saquon Barkley. Débarqué de New York lors de l’intersaison 2024, le coureur a éclipsé la marque ultime des 2000 yards à la course en saison régulière (en 16 matchs, 9^e joueur a le réaliser). Il est aussi devenu le joueur offensif de l’année et a connu sa première sélection en équipe All-pro. Le mieux dans tout cela, Saquon Barkley a tout pour devenir le premier coureur à faire deux saisons à 2000 yards à la course en carrière.

Les indésirables

1. Darius Slay (CB)
2. Bryce Huff (EDGE)
3. James Bradberry IV (S)

Howie Roseman a un seul gros travail à faire lors de cette intersaison : économiser de l’argent pour payer les contrats exponentiels de l’attaque et préparez ceux de la défense. Les éléments vieillissants ou avec un faible rapport qualité/prix sont donc contraints de quitter le navire malgré pour certains des performances encore convenables.

Darius Slay rentre dans cette catégorie. Titulaire lors du sacre, le cornerback a réalisé des matchs corrects mais paye ses 34 printemps. C’est d’ailleurs officiel, la franchise se sépare de lui à une année de la fin de son contrat. Ainsi l’argent perdu est amorti et la jeunesse peut prendre le pouvoir.

James Bradberry lui aussi est en désuétude du côté de la Pennsylvanie. Voilà un an que le management des Eagles cherche à s’en débarrasser mais des blessures et un contrat alambiqué ont repoussé l’échéance. Ce n’est qu’une question de jours ou de mois avant de voir le defensive back dans un autre effectif, probablement après une coupe.

Bryce Huff est LE raté récent du manager général de Philadelphie. Le pass rusher n’a répondu à aucune des attentes placées en lui. Avec plus de 17 millions la saison jusqu’en 2026 (7^e plus gros contrat de la franchise), ses 2,5 sacks en 12 matchs font tache. Le joueur est passé 5^e dans la rotation. A sa décharge, les blessures ne l’ont jamais laissé tranquille. Philadelphie hésite peut-être entre patience et potentiel échange tant que sa valeur marchande existe encore.

L’homme de l’été : Cooper DeJean (CB)

Les Eagles ont encore frappé à la draft. Certes, Quinyon Mitchell, le premier tour, aurait pu être un candidat de choix en homme de l’été. Le cornerback rookie a fini deuxième dans la course du rookie défensif de l’année. Mais l’histoire de Cooper DeJean est encore plus belle et elle ne fait que commencer.

Cooper DeJean (photo) est attendu tôt dans la draft mais ne voit jamais son nom appelé au premier tour. Howie Roseman saute sur l’occasion, réalise un échange, et le sélectionne avec le 40^e choix. Il faut dire que le joueur revient d’une lourde blessure qui l’a privé du processus pré-draft. DeJean devient un Eagle.

Le cornerback attend 6 semaines pour connaître sa première titularisation. Il s’impose immédiatement dans le slot et avec lui Philadelphie gagne 16 matchs, n’en perd qu’un. Il finit le joueur le mieux noté à son poste par PFF. Réalise 51 plaquages, 6 passes défendues, 1 fumble forcé et 3 recouverts. Il n’autorise aucun touchdown à la réception et surtout il écrit l’histoire en interceptant Patrick Mahomes pour un touchdown le jour de son anniversaire, pendant le Super Bowl.

Avec le départ de Darius Slay (voir ci-dessous), Cooper DeJean pourrait prendre encore plus de responsabilités en défendant à l’extérieur. La franchise doit se poser les bonnes questions pour maximiser totalement le talent de son joueur, une affaire à suivre durant cette intersaison.

Les principaux agents libres 2025 des Eagles

1. Josh Sweat (EDGE)
2. Milton Williams (DT)
3. Zack Baun (LB)
4. Mekhi Becton (OL)

Mekhi Becton est l’élément le plus facilement « remplaçable » de la liste des agents libres à venir pour les Eagles. Dans la rotation des joueurs comme Tyler Steen ou Darian Kinnard ont montré être des options crédibles sans pour autant atteindre le niveau de jeu du titulaire, excellent après son replacement à l’intérieur.

Les Eagles ont tout intérêt à éviter les dépenses sur leur propres agents libres en 2025. Les contrats exponentielles des joueurs de l’attaque commencent à poindre et les joueurs talentueux sélectionnés hauts lors de la draft doivent être conservés rapidement dans le futur. Les paris et les joueurs draftés plus bas qui cherchent des gros contrats en surfant sur le titre et leur niveau de jeu en 2024 seront durs à conserver.

Milton Williams et Josh Sweat rentrent dans cette catégorie. Le premier est un ancien 3^e tour de draft en 2021 et est devenu un profil rare, un chasseur de quarterback depuis l’intérieur de la ligne. Josh Sweat, à 27 ans, après 7 ans de bons et loyaux services, a validé son statut de bon pass rusher et a poinçonnait son ticket au Super Bowl, des performances qui payent cash.

Le top 5 des besoins des Philadelphia Eagles

1. Coordinateur offensif
2. Edge rusher
3. Tacle droit
4. Safety
5. Profondeur d’effectif

Cela n’a pas encore été évoqué, mais à la suite de leur titre, les Eagles ont perdu leur coordinateur offensif Kellen Moore. Le jeune coach a pris la direction de la Louisiane, pour le remplacer Nick Sirianni a fait confiance à Kevin Patullo. Dans les murs depuis 2021 il était encore récemment le coordinateur du jeu de passe. Philadelphie pari donc sur la continuité mais c’est la première fois que le quarantenaire va occuper son nouveau poste, il aura tout à prouver en tant que playcaller.

Aux postes d’edge rusher et de tacle droit la question est différente. Les titulaires pour la saison à venir sont en place (Nolan Smith et Jalyx Hunt) mais il faut pallier dans la rotation au départ de Josh Sweat et au possible départ de Brandon Graham (retraite) et Bryce Huff (indésirable). Lane Johnson voit lui aussi arriver sa fin de carrière et lui trouver un remplaçant de qualité qui pourra patiemment attendre une saison derrière lui semble une bonne idée.

La position de safety peut être améliorée même si les titulaires ont un niveau NFL tout à fait correct. Philadelphie flairera les bons coups sur le marché pour améliorer la rotation de son effectif. L’équipe possède un argument de poids, elle est championne. Facile pour accélérer les transactions.

La cible : Chauncey Golston (EDGE)

Avec 22 millions de dollars libres dans la masse salariale de la franchise (21^e) il va falloir être malin au moment de faire signer de nouveau joueur. Howie Roseman va se concentrer sur un poste à besoin, sur lequel il ne veut pas mettre un haut choix de draft, un joueur avec une tare qu’il pourra changer et bonus un joueur qui sort d’une franchise dans une situation compliqué vis-à-vis du cap.

Chauncey Golston coche absolument toutes les cases. Le joueur n’a connu que la franchise rivale des Cowboys. Ces derniers ne donneront pas un contrat, même petit, devant recouper les billets pour payer un certain Micah Parsons. Les Eagles ont besoin d’un edge rusher avec des certitudes, Golston est un joueur polyvalent, sans variance, mais aussi sans jeux « wahou ». Il rentrerait immédiatement dans la rotation et a encore 27 ans, il pourrait achever son développement dans une équipe structurée.

Le sang neuf : Josh Simmons (OT)

Les Eagles ont le pick numéro 32 dans une draft très ouverte et sans réel consensus majeur. Placés ainsi, il serait de bon ton de se rabattre sur un joueur à fort potentiel. Comme exposé plus tôt, Lane Johnson n’est pas éternel et chaque saison la question de la retraite se pose pour lui. De plus Howie Roseman est un as de la planification et du choix intelligent. Il va donc attendre qu’un très bon Tacle tombe jusqu’à lui pour le prendre. Josh Simmons bienvenue en Pennsylvanie.

Josh Simmons est grand, athlétique et avec une base technique déjà très développé sur le jeu de jambes. C’est un sérieux protecteur à la passe qui demande à grandir en maturité au niveau de l’utilisation des mains. Sur la course, les highlights sont déjà là. L’ancien pensionnaire d’Ohio State sait bouger les hommes, même si parfois les angles restent à parfaire.

Mais alors, que fait Josh Simmons encore ici ? Et bien une blessure, vilaine, qui l’a privé d’une bonne partie de sa dernière saison universitaire. Sa faculté a gagné sans lui mais il a aussi reçu sa médaille de champion national. Il s’en va vers la draft sur ces lauriers. Philadelphie aura tout le temps de soigner le bobo de son nouveau joueur. Lane Johnson aura tout le temps de lui apprendre les deux, trois grimaces de vieux singe qu’il a dans la poche, de quoi terroriser la NFC pour quelques années encore.

Autres choix : Nic Scourton (EDGE), Le meilleur joueur disponible qui aura chuté