Le temps d’une saison, ils y ont cru. Le temps d’un match, ils ont tutoyé la gloire avant qu’elle ne les fuit inexorablement. Brutalement parfois. Une idylle sans lendemain. Un coup d’un soir. Un one-night stand. Des one-year wonders. Ces stars aussi éphémères que des étoiles filantes.
L’AVANT
Son lieu de naissance le prédestinait à un destin pas comme les autres. Mouvementé. Valloné. Sinueux. Magique. Tragique. Le genre de destin qui inspire les scénaristes les moins dégourdis. Mais s’il naît à Hollywood, c’est à quelques bornes plus au sud, davantage dans les terres, que Steve Beuerlein fait ses premiers pas d’apprenti footballeur. À Servite, fief de la fratrie Kalil quelques années plus tard, le passeur en herbe se découvre un tempérament de leader. Encore ado, il culmine déjà à un mètre 91 et pèse 90 kilos sur la balance. Précoce et incroyablement doué pour lire les défenses, il se mue en véritable général en chef. Tellement qu’en 1981, alors junior, son coach abandonne sa triple option (veer offense) tout terrain au sol pour une attaque pro style qui fait la part belle à la voie des airs et fait briller son protégé.
« Il savait ce qu’il faisait, » commente Gerry Faust, son futur coach universitaire, dans les pages du NY Times en octobre 1983. « Ils ont remporté le titre d’État et le seul match qu’ils ont perdu cette année-là ce fût face à Moeller, 29-15. J’ai vu le match, Steve a lancé 257 yards. C’est tout bonnement impressionnant. Tu ne lances pas autant face à Moeller en temps normal. »
Et le coach en sait deux ou trois choses, il a passé 18 ans aux commandes des Crusaders. À 17 balais seulement, Steve Beuerlein a déjà le privilège rarissime pour un ado d’ajuster lui-même les jeux sur la ligne d’engagement si l’action appelée ne lui semble pas appropriée. Un gage de confiance qui en dit long sur la maturité du gamin. Prototype du futur passeur pro, il peut exécuter n’importe quelle passe. Minasse dans le fond du terrain pour un receveur aussi ouvert qu’une véranda en plein été, flèche surpuissante et chirurgicale dans le trafic pour faire avancer les chaines, délicate parabole parfaitement lobée dans le coin de la endzone pour contourner les defensive backs, il peut tout faire. Sauf courir. Quand il s’arrache pour une course de 15 yards, le speaker du stade qui a oublié de couper son micro s’en étonne lui-même. « Dieu qu’il est lent, n’est-ce pas ? » En 1982, senior, il balance 2244 yards, 21 touchdowns, est sacré joueur de l’année et porte les Friars dans le Big Five Championship de la conférence californienne. Une année spéciale à plus d’un égard pour Steve. Le 18 septembre 1982, les ados de Servite High School quittent leur douillette Californie et parcourent 3200 bornes à travers les States pour atterrir en plein coeur de l’Ohio. Un périple au coût exorbitant inhabituel pour des lycéens. L’établissement rassemble des fonds depuis près de deux ans pour financer cette escapade unique.
« Les gamins et toute la communauté se sont vraiment investis dans notre levée de fonds afin que nous puissions envoyer notre équipe à l’autre bout du pays, » se réjouit Larry Walker, directeur du département sportif du bahut auprès de l’agence de presse UPI à quatre jours du grand match. « Il y a énormément d’excitation autour de ce périple. »
Leur destination : la banlieue de Cincinnati et un affrontement au sommet avec la forteresse de Moeller High School. 76. 77. 79. 80. Sous la houlette de la légende Gerry Faust, le lycée a décroché quatre titres nationaux sans connaître le moindre revers. Après 18 ans de service, le coach a filé dans l’Indiana pour reprendre en main la destinée de la cathédrale de Notre Dame après le départ de Dan Devine. Pourtant, attaché à ses Crusaders, le tacticien est sur le bord du terrain ce jour-là. Et ce grand dadais californien lui plaît. Autoritaire, sûr de lui, immobile dans sa poche malgré la pression et au lancer incroyablement vif, il fait même douter le rouleau compresseur de l’Ohio. Menés en début de quatrième, les joueurs de Cincy finissent par arracher la victoire. Ils remporteront chacun de leurs treize matchs cette année-là, en route vers leur cinquième couronne nationale en sept ans. Vaincu ce samedi de septembre, Beuerlein ne s’inclinera plus une fois de l’année et ira décrocher le titre d’État en foutant une taule à la pépinière de Long Beach Poly pour se hisser au quatrième rang national. Une offre de scolarité tous frais payés dans les paluches, le quarterback découvre le prestigieux campus au style gotique de South Bend un an plus tard.
Pour sa première année à l’Université de Notre Dame du Lac, Steve est sensé apprendre et attendre son heure derrière le capitaine Blair Kiel. Et elle va venir plus vite que prévu. Après un démonstration à Purdue en ouverture, les numéro 4 au classement national se ramassent à la maison face aux rivaux de Michigan State avant de rester muet face aux Hurricanes. Deux programmes non classés. Un début de saison qui fait tâche. Le Fighting Irish est expulsé tu top 25 et Steve Beuerlein promu titulaire malgré son cruel manque d’expérience. Deux succès probants et prometteurs à Colorado et South Carolina, une branlée infligée à l’Army au Giants Stadium, une victoire de prestige face à USC grâce à laquelle Notre Dame remet la main sur le Jeweled Shillelagh après cinq années de disette et revoilà le programme aux douze (ou 18) titres nationaux de retour dans le gotha du foot universitaire. Dans une attaque de bambins qui ne compte plus qu’un vétéran dans son alignement de départ depuis la destitution de Kriel, Steve et ses 18 piges prennent rapidement leurs aises. Mature, leader naturel, imperturbable face au pass rush le plus féroce, il est capable d’imposer d’interminables drives à répétition, comme lors de son premier succès dans le Colorado, et se révèle d’une efficacité bluffante pour un minot qui découvre la NCAA. Pourtant, malgré la belle impression visuelle, Steve n’affole pas les stats et se révèle maladroit. Il achève sa première campagne universitaire avec tout juste 50% de précision, il efface d’un souffle la barre des 1000 yards, se trompe de mains à six reprises et doit se contenter de quatre touchdowns. Vainqueur de ses cinq premières titularisations, il clôt l’année sur trois revers serrés et perd sa place de titulaire pour le Liberty Bowl face aux Eagles de Doug Flutie.
En 1984, Blair Kiel parti chez les Bucs au onzième tour, Steve est désormais le seul maître à bord. Plus question de garde partagée. En semaine 5, son épaule droite croise le chemin des Hurricanes de Miami. Shooté à la cortisone il ne manquera qu’une semaine et enchaînera des victoires de prestige face à LSU et USC avant de s’incliner face à SMU lors du Aloha Bowl. S’il flirte avec les 2000 yards et règle la mire niveau précision, il balance 18 interceptions record pour un Fighting Irish. Une triste marque qu’il met sur le compte de son épaule meurtrie. Une épaule dont l’état va se détériorer face aux Mustangs pour son dernier match de l’année. Le traitement infructueux, Notre Dame l’expédie dans sa Californie natale au printemps et les docs découvrent une cassure dans sa clavicule. Envoyé sur le billard illico presto, on lui retire 2,5 centimètres de clavicule et un tendon entier. Cinq mois plus tard, il est en uniforme pour le déplacement dans la Big House de Michigan en ouverture de la campagne 1985. Mi-novembre, Steve paye un rendement bien trop faible et est envoyé cogiter sur le banc. En sept rencontres, il n’a lancé que trois touchdowns. Anémique. Insuffisant. L’épaule toujours en vrac, il montre de jolies choses en sortie de banc et récupère sa place de titulaire. Malheureusement pour lui. Car le menu des trois derniers samedi de l’année est copieux. Penn State (#1), LSU (#17) et Miami (#4). Steve se tape une indigestion, ne lance pas le moindre touchdown et l’attaque du Fighting Irish se montre incapable de planter plus de sept pions. Si la défense fait tout ce qu’elle peut face aux Tigres de Bâton Rouge (7-10), elle est emportée par l’ouragan floridien (7-58) et Steve est vite à court d’excuses. Car en plus de devoir composer avec un bras boiteux, il ne peut même pas compter sur sa mobilité. Effroyablement lent, il force même Lou Holtz, débarqué en provenance du Minnesota après deux années honorables aux commandes des Golden Gophers, à instaurer la « Beuerlein option rule. »
« Steve Beuerlein, je vais t’expliquer la règle quand tu exécutes une run option à Notre Dame, » raconte-t-il Sports Illustrated en avril 2000. « Si tu t’approches de la ligne et que le defensive end fait ne serait-ce que te regarder, tu jettes le ballon au tailback. Et si jamais tu t’approches de la ligne et que tu ne vois rien d’autre que du gazon vert devant toi, tu te débarrasses quand même du ballon fiston. »
Après cinq années de stagnation loin des standard d’excellence de la paroisse de l’Indiana, Gerry Faust jète l’éponge. Sous les ordres de la légende Lou Holtz, Steve va enfin s’épanouir. Si la précision n’est toujours pas son fort, il lance plus de 2200 yards, claque treize touchdowns et arrête enfin de balancer des interceptions à go-go. Pour sa der universitaire, il s’offre même un succès de prestige dans le classique face à USC en plantant trois touchdowns dans le second acte et conserve son invincibilité face aux Trojans. Quatre matchs, quatre victoires. Malgré des stats d’un autre temps, il quitte South Bend avec un bilan de 21-18 et presque tous les records aériens du programme, y compris le moins reluisant. En quatre saisons il aura amassé le total délirant de 44 interceptions pour seulement 27 touchdowns. Il est temps d’aller cogner à la porte des grands.
Vinny Testaverde file à Tampa dès le premier choix. Chris Miller rejoint le nid d’Atlanta en 13e position. Jim Harbaugh atterrit dans la tanière des Ours en fin de premier tour. Les Oilers jettent leur dévolu sur un type tombé dans l’oubli au troisième tour. Mark Vlasic endosse le rôle de doublure de Dan Fouts à San Diego en début de quatrième. Rich Gannon déboule en Nouvelle-Angleterre dix choix plus tard. Puis vient l’heure de Steve Beuerlein. 110e homme. Après avoir renforcé leur front offensif lors des deux premiers tours et ajouté un pion au sol au troisième les Raiders se dotent d’un prétendant à la succession de Jim Plunkett. Après une saison 86 décevante, le passeur aux deux bagouses a choisi de tirer sa révérence et laisse un trou béant dans l’escouade offensive de la Cité des Anges. Grève des joueurs et blessure en pré-saison, le rookie vit une année bien pourrie et ne disputera pas une seconde.
Tom Flores parti, Steve Beuerlein est titularisé par Mike Shanahan pour le match d’ouverture de la campagne 1988. S’il n’affole pas les stats et ne complète même pas la moitié de ses passes, il décroche son premier succès. La semaine suivante, il plante un triplé dans une défaite tout feu tout flamme chez les rois du mazoute de Houston. Sept jours plus tard, dans le derby de Los Angeles, il passes 375 yards aux Rams, marque deux fois, vise toujours aussi mal et les Raiders se font encorner par les Béliers. Envoyé sur le banc pendant deux semaines, il reprend sa place, continue de souffler le chaud et le froid, et se fait de nouveau chourer sa place par Jay Shroeder en fin d’année. Quand la saison 1989 s’ouvre, Steve doit se contenter du costume de doublure. Une tunique qui commence à lui être bien trop familière. Après quatre semaines, les Raiders n’ont gagné qu’une fois et Shanahan se fait mettre à la porte. Quand l’ancien passeur de Washington balance trois interceptions dans un énième revers face aux Chargers en semaine 10, Art Shell l’expédie sur la touche et Beuerlein reprend les rênes. Peu de touchdowns, trop d’interceptions, une précision douteuse et des stats passables. Match après match il conforte son image de joueur médiocre malgré un professionnalisme incontestable et une véritable aura de leader. Une image pas des plus reluisantes qu’il va s’appliquer à écorner davantage encore.
En 1990, pressenti titulaire pour la saison à venir, Beuerlein est le quarterback partant le moins bien payé de toute la ligue. 140 000 billets verts annuels qui ne sont pas de son goût et qui l’entraînent dans un bras de fer perdu d’avance avec Al Davis. S’il se décide enfin à signer à quelques jours du début de la saison, le propriétaire des Raiders est froissé et interdit à Art Shell de faire jouer le passeur-boudeur. Rétrogradé doublure de la doublure, il ne sera pas activé une seule fois. Blacklisté. Une année vierge. Spectateur des douze succès et quatre petits revers de ses coéquipiers, il ronge son frein et vit la finale AFC de loin. Car sans lui, les Black & Silver se portent à merveille. À quelques jours du coup d’envoi de la saison 1991, devenu toxique selon le tout puissant proprio des Raiders, Al envoie Steve chez son pote Jerry Jones en échange d’un choix de quatrième tour. À Dallas, il se glisse dans le costume de doublure d’un Troy Aikman encore minot. Un costume qui l’attendait tendrement depuis belle lurette. Depuis que Davis avait fait capoter un échange à la dernière minute en janvier dernier. Car Jimmy Johnson le convoitait depuis longtemps.
« Steve a été mis dans une situation intenable à Los Angeles, » commente Mike Shanahan dans les pages de SI en 2000. « Partir loin des Raiders a été la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Steve avait cette faculté à faire totalement abstraction du fait qu’il allait se faire frapper et se focaliser essentiellement sur le fait d’expédier le ballon loin devant à la place. C’est quelque chose d’unique. »
Un jour, à l’entraînement, Norv Turner, coordinateur offensif des Cowboys, se glisse entre ses deux passeurs. « Vous allez chacun jouer un Pro Bowl un jour les gars. » Si le gamin d’Hollywood devra attendre un paquet d’années encore, Aikman connaitra son dépucelage hawaiien dès la fin d’une saison aux allures de répétition générale. En semaine 13, dans un choc avec des Redskins encore invaincus, le genou de l’ancien passeur de UCLA morfle et Steve doit entrer à la rescousse. 7/12, une centaine de yards et un précieux touchdown dans les mains de Michael Irvin dans le dernier quart d’heure pour assurer la victoire. Une copie soignée. Troy sur le flanc jusqu’à la fin de l’année, il tourne autour des 200 yards, claque un touchdown par match, les Cowboys enchaînent quatre succès consécutifs et compostent leur billet pour les playoffs. Pas flamboyant, mais appliqué, le passeur assure et Dallas s’offre le scalp des Bears au premier tour avant d’être piétinés par les Lions d’un Erik Kramer des grand soir dans un match marqué par le retour aux opérations d’Aikman en cours de partie. Le temps de deux mois, Steve Beuerlein aura vécu son petit moment de gloire. Son premier. Car le meilleur reste encore à venir.
Rétrogradé à son rôle d’éternel remplaçant, le natif d’Hollywood est le témoin privilégié de l’avènement des Triplets. Propulsés par un Troy Aikman aérien, les Cowboys arrachent treize victoires, raflent leur premier titre de division depuis 1985, plument les Eagles de Cris Carter et domptent les 49ers de Dieu Montana avant d’éparpiller les Bills sur la scène du Super Bowl XXVII. Une dynastie vient de prendre vie. Témoin privilégié, Steve fait de la figuration avant de s’offrir un fumble anecdotique sur sa seule action du Big Game. Agent libre non-restreint au terme d’une campagne pauvre en événements, mais riche en émotions, Beuerlein est courtisé par une flopée de franchises et opte finalement pour les Phoenix Cardinals en échange de 7,5 millions de dollars sur trois ans et d’une place douillette de titulaire qui l’attend dans la fournaise de l’Arizona. Une fournaise où le coach Joe Bugel a chaud aux fesses. Si les Cards ne décrochent pas au moins neuf succès, il sera viré l’a prévenu un proprio frustré par trois piteuses saisons à cinq victoires ou moins. Un objectif qui ne sera pas atteint. Malgré trois victoires consécutives en clôture, les piafs ne gagnent que sept fois en dépit d’un Steve plutôt convaincant qui efface la barre des 3000 yards, complète plus de 60% de ses passes, claque 18 touchdowns, 17 interceptions et s’invite dans le top 10 de presque toutes les catégories statistiques en ayant disputé seulement 14 matchs. Une année vaguement encourageante à laquelle va succéder un épouvantable calvaire.
Bugel débarqué, Buddy Ryan et sa légendaire finesse sont investis coach et GM. Une précision au ras des pâquerettes, des chiffres piteux, Steve Beuerlein n’a besoin que de deux semaines et deux défaites navrantes pour être expédié sur le banc.
« Ça fait 30 ans que je regarde du football, je n’ai jamais vu un quarterback avoir une pire journée que lui face aux Rams, » commente Buddy Ryan dans les pages de Sports Illustrated en octobre 1994. « Il envoie le ballon directement dans le gazon, il l’envoie dans le dos des gars, il lance trop court, et je lui ai maintenu ma confiance. Le match suivant, il lance une interception sur la première action de la partie et donne six points aux Giants, je n’ai pas le choix de faire quelque chose. Nous étions comme une équipe de basket sans meneur de jeu.
Publiquement humilié par son entraîneur, il est le bouc émissaire d’une faillite offensive dont il n’est pas l’unique responsable, quand bien même il ne peut se défiler face à sa responsabilité. « Un des pires quarterbacks que j’ai jamais vu de ma vie, » ne se prive pas d’ajouter Ryan. Dézingué sans une once de tact par un coach qui n’a jamais vraiment cru en lui, Beuerlein est ridiculisé devant le vestiaire par un stratège obtus aux méthodes douteuses, à la langue bien pendue et incapable de reconnaître ses tords. Quand le passeur se plaint devant la presse d’avoir été rétrogradé remplaçant du remplaçant sans que le moindre membre du staff n’ait les cojones de le lui dire en personne, ce cher Buddy rassemble ses troupes après un entraînement et pose une question simple : qu’est-ce que vous feriez si vous aviez une tumeur ? On l’enlèverait répondent-ils à l’unisson. « Exactement, » riposte le coach. « On l’enlève. Et rappelez-vous d’une chose, c’est moi le putain de docteur ici. » Le message est clair. Si vous n’êtes pas content, allez voir ailleurs. Ne craint-il pas que de pareilles remarques ne puissent qu’aggraver la situation ? Pas le moins du monde.
« Il doit être capable d’encaisser, » tranche-t-il sans concession. « Il gagne deux millions de dollars par an. »
Pourtant, planqué derrières ses certitudes et son arrogance, le coach ne réalise pas que sa vendetta n’affecte pas seulement son joueur, mais l’ensemble du vestiaire. Une ambiance terriblement toxique qui contamine les performances.
« Je n’ai jamais rien vécu de semblable, » raconte Ricky Proehl, receveur des Cards de 1990 à 94. « Évidemment que Buddy n’a pas assumé la moindre responsabilité ; pour lui c’était uniquement de la faute de Steve. Steve est le meilleur leader avec lequel j’ai jamais joué. Ça l’a abattu qu’on puisse penser ça de lui. »
Car en dehors du coach, le reste de l’équipe n’a rien à reprocher à Beuerlein. A-t-il le niveau pour transcender son groupe ? Probablement pas. A-t-il le charisme pour leur donner envie de se battre pour lui ? Probablement. Est-il un poison qui nuit à ses coéquipiers ? Certainement pas. Un épisode traumatique pour le joueur qui, d’ordinaire bavard, préfère ne pas trop s’épancher sur cet individu douteux. « Il ne vaut même pas la peine que l’on parle de lui. » Titulaire, benché, même pas activé, il passe par toutes les émotions. Le cauchemar de 94 achevé, Steve n’est pas protégé pour la draft d’expansion et les Jaguars lâchent leur premier choix sur lui. Deux mois plus tard, la nouvelle franchise monte un échange pour faire venir Mark Brunell afin apporter de la concurrence au poste. Titulaire pour le premier match de l’histoire de Jacksonville en NFL, Steve livre une rencontre abyssale. 7/17 pour 54 malheureux yards. Une semaine plus tard, à Cincinnati, il ne complète que quatre de ses douze passes, empile 98 yards et se déboite le genou. Absent deux semaines, il revient pour livrer un nouveau spectacle affligeant avant de s’éclipser pendant un gros mois. S’il réalise enfin des perf potables face aux Bengals et Broncos, Beuerlein passe au travers face aux Lions et balance trois interceptions qui le condamnent au banc pour la der de l’année, rétrogradé troisième homme derrière le rookie Ron Johnson par un Tom Coughlin avec lequel il entretient une relation là aussi houleuse. Son contrat de trois ans, paraphé originellement avec les Cards, en fin de vie, Steve se retrouve de nouveau agent libre. Il est temps d’embarquer vers une nouvelle destination. Une destination qui va lui offrir la plus belle année de sa vie de footeux.
LE PENDANT
Au printemps 1996, Steve Beuerlein rejoint le Caroline du Nord pour jouer la nounou d’un bambin débarqué de Penn State un an plus tôt. Drafté en cinquième position, Kerry Collins est le premier joueur universitaire sélectionné via la loterie annuelle dans l’histoire des Panthers. Après une campagne inaugurale encourageante collectivement comme individuellement, mais minée par des interceptions en pagaille (19), le lanceur resserre son jeu. Sans affoler les compteurs, il peut compter sur un Anthony Johnson qui brise la barre des 1000 yards au sol et une défense portée par le coeur et l’énergie de l’Undrafted Sam Mills. Titularisé quatre fois pour palier aux pépins physiques de Collins, Steve remporte trois de ses matchs, lance huit touchdowns, ne concède que deux interceptions et permet aux jeunes Panthers de maintenir leur cadence folle. Douze succès, quatre revers, à seulement deux ans, ils ont le toupet de s’offrir les Cowboys pour leur dépucelage des playoffs avant de subir la loi des Packers de Brett Favre en finale de conférence, des Cheeseheads en route vers le Super Bowl XXIX.
Un an plus tard, la gueule de bois toujours pas digérée, Kerry Collins lance 21 interceptions et les Panthers matent les séries à la téloche. Maladroit, frustré, le jeunot peut compter sur les bons mots d’un Steve Beuerlein pleinement investi dans son rôle de grand frère. Un mentor qui a vu plein d’un quarterback débutant au plus haut niveau galérer avant de s’ajuster puis d’exploser. La patience et le travail finissent toujours par payer. Titularisé pour les deux premières rencontres de la saison en attendant que Collins pansent ses bobos puis face aux Vikings mi-octobre, le natif d’Hollywood doit se contenter d’un seul succès, mais empile du rab de temps de jeu en fin de saison. Il conclut 1997 avec un bon millier de yards, six touchdowns, trois interceptions et 17 sacks au compteur. Quatre matchs, quatre défaites. En 98, Collins joue comme un pied et se retrouve déporté sur le banc dès la semaine 5. Malgré quelques performances honorables comme à Dallas, Beuerlein ne fait guère mieux et les Panthers doivent attendre le premier jour de novembre pour enfin gagner un match. Un succès arraché à la soutane des Saints de… Kerry Collins. L’esprit ailleurs, embrumé par les quantités excessives d’alcool qu’il ingurgite, il ne se sent plus capable de jouer après un début de saison chaotique. Dom Capers interprète les mots de son passeur comme de la sédition et l’ancien de Penn State est congédié en cours de cinquième semaine avant d’aller signer chez les rivaux de NOLA. Game manager qui semble avoir atteint un plafond, Steve livre des prestations au mieux potables, au pire totalement bidons en dépit d’une précision nettement plus convaincante. Carolina ne remporte que quatre matchs et Dom Capers est flanqué à la porte.
Coach des defensive backs, puis coordinateur offensif finalement promu head coach des 49ers, George Seifert quitte la baie de San Francisco après près de deux décennies passées entre Stanford et le Candlestick Park. Si les quatre saisons qu’il va passer à Charlotte ne vont servir que de transition entre les première années de vie des félins puis l’ère John Fox, pour Steve Beuerlein une toute autre histoire se prépare. Doublure de John Elway dans les rocheuses, Jeff Lewis est échangé contre une paire de choix de repêchage. Battu à la régulière durant l’été par un Steve qui a fêté ses 34 bougies en mars, il agrippe le popcorn et est le témoin privilégié de l’explosion d’un type qui semblait voué à stagner éternellement. Dans une West Coast offense un brin tortueuse initiée par Don Capers et conservée par Seifert, Steve s’épanouie. Ses talents de lecture et d’anticipation font des merveilles malgré son manque confondant parfois de mobilité. Il sent que sa chance est enfin là. Pas question de l’échapper
« Tu abordes les matchs différemment quand tu sais que tu pourrais très bien ne jamais plus avoir de pareille opportunité, » confesse-t-il à Sports Illustrated en avril 2000. « À ce moment de ma carrière, je me disais, hors de question que j’abandonne, peu importe ce qui m’arrive physiquement. Je voulais juste lâcher les chevaux et voir ce qui allait en découler. »
Après des débuts douloureux face aux Saints où il se bouffe sept sacks, il claque trois touchdowns et enchaîne une prestation solide, mais insuffisante face aux Jaguars. Le temps de quelques semaines, sa ligne offensive poreuse lui accorde un peu de répit et Steve en profite pour battre les Bengals à la maison et aller dépouiller les chercheurs d’or en Californie. Un répit de courte durée. Une nouvelle abandonné par son bouclier humain face aux Lions et dans le nid des Faucons, il se mange dix sacks en deux parties, se trompe quatre fois de mains, ne plante pas le moindre touchdown et les Panthers pointent à cinq défaites en sept rencontres.
Une réaction est attendue, elle interviendra dès la semaine suivante. Face aux Eagles du rookie et deuxième choix général de la dernière Draft, Donovan McNabb, le passeur livre une prestation léchée et tisse avec Muhsin Muhammad une relation de plus en plus instinctive. Des trois touchdowns qu’il inscrit ce jour-là, deux finissent dans les gants de l’ancien receveur de Michigan State. Adroit, Steve s’offre une jolie évaluation à trois chiffres et donne le ton d’une fin de saison parfaitement maîtrisée sur le plan individuel à défait d’être couronnée de succès d’un point de vue collectif. Cinq des huit derniers matchs de la saison seront soulignés par des évaluation à trois décimales. Chacun de ces cinq matchs sera récompensé par une victoire. Face aux Falcons il claque un nouveau triplé et signer un évaluation de 135,1. Mi décembre, le temps de deux semaines, il semble injouable. Planqué derrière une ligne nettement plus avare en sacks, il empile 373 yards, marque trois fois, dépasse les 120 de rating et écoeure les Packers dans leur frigo à ciel ouvert. Mené 31-26 à cinq secondes de la fin, niché à cinq yards de l’en-but sur un fourth-and-goal, Steve s’apprête à vivre son meilleur souvenir de fooballeur.
« Les Packers n’avaient plus perdu un match à domicile en décembre depuis huit ans, » rappelle-t-il à Sports Illustrated en 2003. « Il nous restait un jeu. Je suis allé sur le bord du terrain. George (Seifert) m’a demandé, ‘Qu’est-ce que tu penses d’un quarterback draw ?’ Je lui réponds, ‘Un quarterback draw ! T’es cinglé ?’ Il réplique, ‘Je pense que personne dans le stade ne s’attend à ça. Tu penses être capable de nous dégoter cinq yards ?’ Je lui ai dit, ‘Je peux te trouver cinq yards.’ Et c’est ce que j’ai fait. Non seulement ça m’a permis de sauver mon boulot, mais ça m’a aussi permis d’être enfin pris au sérieux en tant que joueur. »
Qui aurait pu s’attendre à ce que ce type qui ferait passer Tom Brady pour un sprinteur y aille de sa petite course voilée pour arracher la victoire. Étalé au sol, les bras tendus vers les cieux grisâtres, il ne jubile pas, il grimace. Le tampon que vient de lui asséner le safety Rodney Artmore en même temps qu’il plongeait tête baissée au-dessus de la ligne résonne encore dans son squelette. Pas le temps de serrer les dents, une nuée de coéquipiers se jette sur lui pour l’ensevelir. Il ne pense plus à la douleur, il savoure la victoire et son troisième touchdown au sol seulement. Il faut dire qu’en 163 courses, Steve ne tourne qu’à 1,2 yard de moyenne. Un train de sénateur qui fait marrer ses coéquipiers et a le don de faciliter la tâche des défenses adverses.
« N’importe qui dans l’équipe le battrait à la course sauf Nate Newton (guard de 150 kilos, ndr), » s’amuse le centre Frank Garcia dans les pages de SI le 10 avril 2000. « Et ça serait une course serrée. »
Une semaine plus tard, il atomise les 49ers. 41 pions en attaque, 368 yards, quatre touchdowns dont trois dans les paluches d’un Muhammad qui ne rate pas un ballon et une évaluation de 136,7. Son meilleur match de l’année. En semaine 17, face aux Saints, Steve Beuerlein va déposer la cerise du le gâteau d’une saison sortie de nulle part. Le passeur va s’appliquer à finir l’année sur une note éclatante. Dans un match aux allures de boucheries, sa ligne offensive une nouvelle fois dépassée par le pass rush survitaminé des hommes du Bayou, il va empiler les sacks aussi vite que les touchdowns. La connexion avec Muhammad plus proche du 124k que de la fibre, il trouve du réconfort dans les mains Patrick Jeffers et Wesley Walls. Un doublé pour et 165 yards pour le receveur arrivé de Dallas au printemps, une paire de touchdowns aussi pour l’expérimenté et toujours fiable tight end, les deux hommes achèvent les plus belles saisons de leurs carrières respectives en beauté. Sacké à six reprises, Steve décortique la défense des Saints et inscrit cinq touchdowns dans les airs pendant que l’Undrafted Jake Delhomme vit un calvaire et balance quatre interceptions. Fin en apothéose pour une saison que personne n’avait vue venir. Si les Panthers remplissent leur part du contrat et finissent la saison à 8-8, ils ratent les playoffs sur un tiebreaker.
En plus de dix ans à écumer la NFL, Steve Beuerlein n’avait jamais fait mieux que 3164 yards lors de son tumultueux passage dans l’Arizona. Jamais il n’avait complété plus de 258 passes. Ses 18 touchdowns de 1993 n’avaient été effleurés que par ses 17 de 98. Il vient de faire voler en éclat tous ses records personnels. Un petit exploit pour un type envoyé au tapis 50 fois, le troisième quarterback le plus sacké cette année-là. Un petit exploit aussi pour un type auquel même son nouveau coach ne croyait pas six mois plus tôt.
« Je ne le voyais comme rien de plus qu’une doublure, » concède-t-il rétrospectivement à Sports Illustrated au printemps 2000. « J’avais comme idée en tête que quelqu’un d’autre serait arrivé pour prendre sa place d’ici la mi-saison. Mais il a tout fait comme un chef. Maintenant l’équipe lui appartient. Il est le titulaire indiscutable et incontestable. Mais c’est maintenant que le vrai test commence pour Steve car j’attends de lui qu’il soit meilleur encore l’an prochain. »
Personne ne fait mieux que ses 343 passes complétées et 4436 yards. Seul le MVP non-drafté Kurt Warner fait mieux que ses 36 touchdowns et son évaluation de 94,6. Il est seulement le onzième homme dans l’histoire à effacer la barre des 4000 yards et 30 touchdowns sur une saison. À 34 piges, Steve s’offre sa première sauterie hawaienne. Treize ans d’une attente interminable et record que seul le guard des Cardinals Bob Young a lui aussi connu en découvrant le Pro Bowl pour la première fois en janvier 1979. Le couronnement d’une saison qui va vite prendre des airs d’anomalie sur un CV difficile à déchiffrer.
L’APRÈS
Titulaire sans véritable concurrence après une campagne 1999 porteuse de mille espoirs malgré son âge avancé, Steve va surfer sur la confiance acquise et enchaîner quelques prestations léchées pour la première saison du nouveau millénaire. Léchées, mais moins convaincantes. Malgré un triplé assorti de plus de 350 yards dans les airs à San Francisco en semaine deux qui permet aux Panthers d’ouvrir leur compteur, le passeur est moins incisif et bouffe sack sur sack à force de camper dans sa poche sans vouloir lâcher le ballon. Il s’en mangera 62 cette année-là. Plus que n’importe quel autre signal caller. De nouveau convaincant face à des Niners qui décidément l’inspirent fin octobre, il sombre une semaine plus tard à Atlanta. De trois touchdowns sans interception face aux Californiens à trois interceptions sans touchdown au Georgia Dome. Un revirement à 180 degrés qui résume à lui seul une saison frappée du seau de l’irrégularité. Chaque victoire semble vouée à être suivie d’une défaite. Et quand ils gagnent coup sur coup face aux Packers et Rams, cela compense à peine les deux revers face aux Saints et Vikings de la quinzaine précédente. Steve balance 3730 yards, son évaluation passe sous les 80, son total de touchdowns chute à 19, son nombre d’interceptions stagne à 18, les Panthers ne remportent que sept rencontres et 1999 semble déjà loin.
Le 20 mars 2001, Steve est gentiment prié d’aller voir ailleurs. Sur la sellette, George Seifert souhaite un passeur plus mobile, plus agile, plus souple et surtout plus jeune. L’antithèse d’un Beuerlein rigide, statique et vieillissant. En interne, cette décision surprise est loin de faire l’unanimité dans un vestiaire et une organisation qui ne pense que du bien de Steve, de son professionnalisme et de ses qualités humaines comme de footballeur. Drafté un tour après Steve Smith, le rookie Chris Weinke. Vainqueur en ouverture face aux Vikings de son Minnesota natal, le quarterback enchaînera défaite sur défaite. Les Panthers perdent les quinze rencontres suivantes et Seifert s’en va pointer au chômage. Wienke, lui, ne remportera qu’un seul autre match de toute sa misérable carrière. Steve quitte la Caroline avec tous les records aériens en poche. Si Jake Delhomme et Cam Newton en ont capturé quelques-uns, il demeure le passeur le plus prolifique et le plus adroit de l’histoire de la franchise le temps d’une saison. Embauché par les Broncos, il file endosser le costume de doublure de Brian Griese dans les Rocheuses. Là-bas, il retrouve Mike Shanahan son coach à la fin des 80’s du côté de Los Angeles. Une éternité. Une autre époque. Blessé, il ne jouera pas de toute l’année Sa première saison blanche depuis sa campagne de rookie en 1987.
En 2002, Steve doit attendre un déplacement à Seattle en semaine 10 pour enfin dégourdir son bras. Deux passes tentées, deux passes complétées, deux touchdowns. Du travail bien fait. Titularisé pour les deux matchs suivant, il fait du Beuerlein. Pas totalement vilain, mais pas folichon du tout. Les Broncos perdent les deux rencontres et Steve retrouve le banc. De nouveau partant en clôture de la saison face aux Cards, il s’offre un succès pour l’honneur au terme d’une prestation soignée face à un piètre adversaire. En 2003, Denver laisse Brian Griese filer chez les Bucs et arrachent Jake Plummer aux crochets des Cardinals. À 38 balais, Steve pense à la retraite, mais Mike Shanahan met les petits plats dans les grands et saute dans un avion direction la Caroline du Nord pour convaincre le pré-retraité de prolonger une saison de plus. Le coach lui offre même un bonus de signature de 50 000 balles pour achever de convaincre le couple et leurs trois enfants de s’infliger un énième déménagement. « Vas-y, on est plus à un déménagement près, » lui glisse son épouse.
Un bout de match, une petite titularisation, puis basta. En semaine 7, les canassons se déplacent dans le Minnesota avec cinq victoires et un seul revers au compteur. Face à des Vikings invaincus, Beuerlein va bafouiller son football. Harassé par un pass rush increvable il déguste comme rarement. Sacké cinq fois, il perd trois fois le ballon, ne complète même pas la moitié de ses passes, franchit tout juste les 100 yards, récolte une évaluation au ras des pâquerettes et perd un doigt sur un énième tampon infligé par le rookie Kevin Williams. Sur le coup, dans le vif de l’action, il sent rien. Puis en baissant le regard sur sa main droite il découvre son petit doigt transformé en équerre, à 90 degrés.
« La douleur était insoutenable, » confie-t-il à Peter King de Sports Illustrated en octobre 2003. « Puis c’est devenu presque surréaliste. J’étais dans une sorte d’état de shock, comme si j’avais été propulsé en dehors de mon propre corps. Je suis sorti du terrain et je savais que c’était pas joli. C’était une fracture nette. Et en quittant le terrain, je n’avais qu’une seule chose en tête, ce sentiment terrible d’abandonner mes coéquipiers et mes coachs après tous les efforts qu’ils avaient déployé pour me convaincre de poursuivre avec eux. »
Fracture de sa main droite. Il ne rejouera plus jamais au football. Convalescent pour six semaines d’après les médecins, pragmatiques, les Broncos préfèrent l’envoyer sur la réserve des blessés pour faire de la place sur le roster. Au printemps suivant, il déclinera l’offre de rempiler pour un dernier baroud d’honneur. À 39 ans, il se sent usé. Usé, mais fier d’une carrière longue, souvent frustrante, parfois réjouissante, mais accomplie selon le principal intéressé.
« Je me suis retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment un paquet de fois, » concède-t-il à SI. « Mais je n’étais qu’un choix de quatrième tour. Durer 15, 16, 17 ans dans la ligue, de quoi je me plaindrais ? J’ai vécu mon rêve bien assez longtemps. La seule chose que je changerais, c’est la façon dont ça s’est terminé. »
En juillet 2004, Steve Beuerlein signe un contrat d’un jour pour se retirer sous les couleurs de ses Panthers. Clap de fin sur 17 ans d’une carrière grâce à laquelle il aura empoché près de 30 millions de billets verts. Une carrière qui pourrait se résumer à des déménagements et d’interminables heures à arpenter les lignes de côté en cirant le banc, mais qui mérite bien plus de se résumer à cette année 1999 sensas. Cette année qui a vu l’explosion d’un type que l’on semblait éternellement voué à endosser le costard de doublure. Au lieu de ça, le temps d’une saison, il s’est invité à la table des plus grands. Un twist plot hollywoodien pour un héros éphémère. A one-year wonder.