[NCAA] Le match de la semaine : Oklahoma-Texas, le nouveau Western

Histoire, traditions, futurs joueurs NFL et argent-roi. Le Red River Showdown est le Football.

Chaque vendredi, la rédaction de touchdownactu vous décortique l’affiche du week-end en football universitaire. Pour suivre les futurs joueurs de vos franchises NFL préférées et pour vibrer au rythme de rivalités et de traditions ancestrales.

Semaine 6 : Oklahoma contre Texas

Deux états voisins, avec donc une histoire commune forte. Un premier match de football joué en 1900 puis 115 autres après ! Cette rivalité, une des plus importantes du sport Américain, porte un nom : Red River Showdown, en raison du fleuve du même nom formant une partie de la frontière entre les deux états. Ce match n’est jamais joué dans le stade de l’une ou l’autre université, mais toujours sur le terrain neutre du Cotton Bowl à Dallas. Dans ce sud des Etats-Unis si conservateur de ses traditions, ce match est bien plus qu’une rencontre sportive. Alors en 2021, quelle équipe repartira avec le Golden Hat*? Ce chapeau de métal (d’un bronze ayant doré à la cuisson) est remis à l’équipe victorieuse depuis 1941.

*en photo de couverture c’est Orlando Brown (Chiefs) qui le portent en 2017, alors que l’entraineur Lincoln Riley congratule Baker Mayfield (Browns).

Oklahoma a le ballon

L’université de Oklahoma a souvent formé des linemen offensifs de qualité comme Trent Williams (49ers), Lane Johnson (Eagles), Orlando Brown (Chiefs) ou Daryl Williams (Bills). Mais après la draft de Creed Humphrey, la ligne souffre en 2021 avec déjà 9 sacks autorisés en 5 matchs. Le quarterback Spencer Rattler est un des acteurs majeurs du College Football 2021. Joueur talentueux mais au caractère controversé, après que son arrogance fut le fil conducteur de la série Netflix « QB1 : beyong the lights » en 2017. Joueur dynamique, capable de lancer en mouvements comme de réussir des jeux décisifs sur son instinct hors-norme, il est un des favoris pour le 1e choix de la draft 2022. Après un début de saison 2021 moyen, Rattler s’est repris samedi dernier face à Kansas State : certes, il a lancé une interception mais a terminé le match avec un impeccable 22 sur 25 à la passe (2 TDs). Il peut s’appuyer sur un receveur de grand talent en Marvin Mims. Seulement sophomore (2e année), il est un receveur capable de dynamiser un match comme peut l’être Antonio Brown (Buccaneers). Malgré la draft de Rhammondre Stevenson par les Patriots, le jeu au sol est toujours performant avec un Kennedy Brooks de retour de blessure et le talentueux Eric Gray arrivé depuis l’université de Tennessee. Mais la véritable star de cette attaque n’est pas sur le terrain.

L’entraineur Lincoln Riley est régulièrement courtisé par des franchises NFL en manque de solutions pour les diriger. Cet ancien quarterback était le remplaçant à ce poste à l’université de Texas Tech au début du 21e siècle, le titulaire étant un certain Kliff Kingsbury (entraineur/Cardinals). Rapidement, il compris qu’il n’aurait aucun espoir de rejoindre la NFL en tant que joueur et il devint assistant du coach emblématique Mike Leach. Ce dernier est un apôtre de l’attaque dite « Air Raid » : un système privilégiant largement le jeu de passe à celui au sol et avec des alignements à multiples receveurs. Concevant des schémas agressifs, il su faire briller ces dernières années des quarterbacks comme Baker Mayfield (Browns), Kyler Murray (Cardinals) et Jalen Hurts (Eagles).

Stopper cette attaque ne sera pas simple, surtout pour une défense de Texas en difficulté. Une escouade qui a perdu Joseph Ossai (DE/Bengals), Caden Sterns (S/Broncos) et Ta’Quon Graham (DT/Falcons) lors de la draft 2021. Il reste cependant des éléments de qualité avec en tout premier lieu le linebacker DeMarvion Overshown. Recruté en tant que safety, il est le portrait robot des récents linebackers prisés par les scouts NFL comme Jeremy Chinn (Panthers) ou Isaiah Simmons (Cardinals). Grand et fluide dans ses mouvements (1m93 pour 98 kilos), il a explosé sur le devant de la scène en 2020 : 10 matchs, 60 plaquages dont 8 pour perte et 7 passes défendues dont 2 interceptions. Il est un joueur très athlétique, capable de couvrir ou de poursuivre un coureur parti de l’autre coté du terrain avec beaucoup de vitesse. Derrière lui, deux joueurs arrivent à maturité : le cornerback D’Shawn Jamison (CB) et BJ Foster (S). Sur le premier rideau, ce sont les imposants Keondre Coburn et Alfred Collins qui imposent leurs puissances.

Collins (95) et Coburn (99) (RICARDO B. BRAZZIELL/AMERICAN-STATESMAN)

Texas a le ballon

Après la draft de son leader de ces trois dernières saisons Sam Ehlinger (QB/Colts), l’attaque se cherche un nouveau leader au poste de quarterback. Elle l’a par contre trouvé pour la position de coureur (plus sur Bijan Robinson plus bas). Quarterback « double menace » et recruté comme tel en 2019, le très costaud Roschon Johnson occupe désormais un poste à temps plein en tant que running-back. Pour réceptionner les ballons, les jeunes Xavier Worthy et Jordan Whittington justifient leurs statuts respectifs de recrues 4 étoiles en 2021 et 5 étoiles en 2020. La perte du tackle gauche Samuel Cosmi à l’intersaison (Washington Football Team) est difficile à compenser mais l’expérience du coté droit tenu par Derek Kerstetter est solide. Pour mener l’attaque, le quarterback Casey Thompson. S’il n’est pas maladroit pour lancer le cuir, il est surtout capable de faire gagner des premières tentatives en s’échappant de la poche. Son duo avec Bijan Robinson est donc un problème pour des défenseurs ne sachant pas qui va porter le ballon, lors des « read options » (à l’engagement, le QB évalue le placement des défenseurs pour transmettre le ballon au RB, courir lui-même ou lancer une passe).

La conférence Big 12 où évoluent ces deux équipes (plus pour longtemps, voir plus bas) a rarement été réputée pour son jeu défensif mais plutôt pour avoir des programmes performants en attaque et friables en défense. C’est beaucoup moins le cas en 2021, notamment sous l’impulsion de Iowa State. Oklahoma possède en son sein quelques-uns des meilleurs défenseurs du pays, certains seront même de hauts choix de draft NFL en 2022. Pour les Sooners (les Pionniers) cela commence sur le premier rideau. Perrion Winfrey (DT) joue la position de nose tackle dans un schéma 34, c’est à dire aligné en face du centre adverse (ou au niveau de son épaule extérieure). S’il est imposant à 1m93 pour 132 kilos, il n’est pourtant pas le prototype représentant les joueurs de ce poste. Winfrey est moins « lourd » et surtout beaucoup plus agile que la moyenne. Il vit derrière la ligne d’engagement avec comme spécialité de déborder son (ou ses) opposant pour ensuite aplatir le quarterback adverse au sol. En NFL, il pourrait plutôt avoir un alignement tel celui de Cameron Heyward (Steelers). Il est un souci pour les coordinateurs offensifs mais pas le seul. Il est entouré de deux modèles différents de defensive end : le costaud Isaiah Thomas, parfait 43DE qui sait contrôler un coté contre le jeu de course et aussi mettre de la pression (7,5 sacks en 2020, 3,5 sacks en 5 matchs 2021). Plus léger mais aussi plus rapide, Nik Bonitto (1m90 pour 108 kilos) possède un style de jeu comparable à celui de Von Miller (Broncos). En se projetant vers la NFL, sa meilleure utilisation serait en tant que 34OLB. Il est un candidat crédible au top 50 de la draft 2022.

Derrière eux, un trio de linebackers offrant un mix séduisant de puissance et de vitesse : Brian Asamoah, DaShaun White et Caleb Kelly. Ce front 7 aura fort à faire avec la star des Longhorns.

Le duel

Jean qui rit et Jean qui pleure. Dans cette expression désuète, le 1e Jean c’est Bijan Robinson. Surnommé « Smiley » par sa mère car il a toujours le sourire, sur un terrain il n’est pas là pour rigoler. Et ce sont ses adversaires qui pleurent. Puissant et possédant une bonne vision de jeu (et donc quelle brèche attaquer et comment), il est considéré comme le prospect numéro 1 au poste de coureur pour la draft…2023. En 2021, il entame seulement sa 2e saison universitaire (il en faut 3 pour être éligible à la draft NFL) et pourtant, Las Vegas le considère déjà comme un des 3-4 favoris pour le prochain Heisman Trophy (remis au meilleur joueur NCAA). Samedi dernier, dans un match accroché face à TCU, Robinson a signé 216 yards et 2 touchdowns !

Pour tenter de le contrer, le puissant Asamoah se dressera sur sa route. Joueur aux qualités athlétiques supérieures à la moyenne, il est tout autant capable de suivre le tracé d’un tight-end et de lutter physiquement avec ce dernier, que de chasser un coureur tentant de prendre la tangente. Son coéquipier DaShaun White le seconde, notamment contre le jeu au sol adverse. Mais le plus talentueux de tous au poste de linebacker est sans conteste Caleb Kelly. Recrue 5 étoiles en 2016, il a effectué deux saisons très prometteuses en 2017 et 2018 avant qu’une blessure ne vienne interrompre sa saison 2019 après 4 matchs seulement, et de le priver de toute la saison 2020 (genou). Il est de retour en 2021 pour aider Oklahoma a atteindre les playoffs (4 équipes, demi-finales et finale).

Match samedi 09 octobre à 18h.

Le bonus de la semaine

Oklahoma et Texas jouent dans la conférence Big 12 comprenant 10 équipes mais cet été 2021, elles ont defrayé la chronique en annonçant qu’elles allaient rejoindre la conférence SEC (en 2025 ou avant ?). La South Eastern Conference est la plus prestigieuse du football universitaire. Elle comprend des programmes tels Alabama, Florida, Georgia, LSU, Ole Miss, Texas A&M ou Arkansas. La volonté est donc d’affronter les meilleurs chaque samedi, créant ainsi de superbes confrontations sportives mais aussi, davantage encore de revenus via les droits télévisuels. En 2019, la chaine ABC a payé 7,3 M$ pour pouvoir retransmettre ce Red River Showdown entre Oklahoma et Texas ! Les deux universités avec une fan base immense espèrent multiplier les revenus suscités avec les si suivis matchs de SEC.

Des stades immenses, une passion sur tout le territoire attirant les télévisions et donc les contrats publicitaires : les universités les plus performantes dans ce sport-roi qu’est le football sont très fortunées. Lors de la saison 2019, l’équipe de football de LSU a généré un chiffre d’affaires de 95 millions de dollars dont 53, 7 M$ de bénéfices ! Et c’est ce qui permet aussi à ces universités de financer des infrastructures modernes à des programmes sportifs moins suivi (Volley, Lacrosse, natation etc) et aussi, de doter les départements scientifiques de matériel de pointe.

Jusqu’à présent, seuls les entraineurs étaient payés comme celui de Oklahoma Lincoln Riley touchant 6M$ par an ou celui de Alabama Nick Saban 10M$. Depuis cette rentrée, les universités ne payent toujours pas les joueurs, mais ils ont la possibilité de signer des contrats de droits à l’image. Jusque là, ils ne pouvaient être rémunérés autrement que par le biais d’une scolarité tout frais payé. Et depuis des années, beaucoup criaient à l’injustice. Pourquoi ces joueurs, qui mettent leurs santés en jeu sur le terrain, ne peuvent être payés alors que les équipes de football génèrent tant d’argent ?  Bien entendu tous les joueurs ne sont pas sollicités et ce sont seulement les meilleurs qui signent des contrats avec des marques de boissons énergisantes ou des chaines de fast food. Avec cette nouvelle possibilité, un évènement directement lié s’est produit en 2021.

Les meilleurs lycéens du pays sont évalués, notés et classés. Pour le recrutement 2022, c’est le quarterback Quinn Ewers (né en 2003) qui était projeté comme l’incontestable numéro 1 du pays. Ayant réussi à être éligible académiquement, ce dernier a devancé l’appel et a rejoint l’université de Ohio State un an avant la date prévue. Sur les 5 premiers matchs de la saison 2021, il n’a pas joué un seul snap. Par contre, il a déjà signé trois partenariats dont un pour un montant de 1,4 M$ sur trois ans.

L’argent est aussi de sortie lorsque des universités veulent affronter des adversaires d’autres conférences. Les universités passent entre elles des accords et cela n’est pas gratuit : par exemple, l’université de Michigan payera celle de Hawaï 1,9 millions de dollars pour que celle-ci se déplace pour un match en 2022, et 1,85 M$ à Fresno State pour un match en 2024 etc L’argent, comme dans le reste de notre société, est souvent au centre de toute considération. Mais en périphérie, d’autres domaines nous procurent de la joie comme un match de rivalité !

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