Plus une semaine ne semble passer sans un nouveau record de vente pour une carte de joueur NFL. PWCC a annoncé qu’une carte Panini à l’éffigie de Patrick Mahomes s’est vendue pour 4,3 millions de dollars. Il s’agit d’un nouveau record pour une carte de football américain, battant le record établi en juin par une carte de Tom Brady vendue pour 3,1 millions de dollars.
Il s’agit d’une carte unique, éditée en 2017. Elle contient le badge NFL d’un maillot porté en match par Mahomes.
Achetée par une boutique spécialisée dans les cartes de collection, cette carte va rester… dans un coffre fort.
« Elle ne verra probablement pas la lumière du jour pour un moment », explique Jesse Craig, directeur du développement des activités de PWCC, à ESPN.
Comme beaucoup de loisirs de passionnés, le monde des cartes semble devenir le terrain de jeu des investisseurs. Et c’est aussi pour ça que Tom Brady a été battu.
« Il n’y avait pas de cartes produites à un seul exemplaire quand Tom Brady était rookie en 2000 », précise Craig. « Évidemment, il y a forcément plus de risque quand vous investissez sur un joueur qui est toujours jeune et actif. Mahomes pourrait se blesser demain. Mais il pourrait aussi gagner un autre titre de MVP et un autre Super Bowl.
Ce que nous avons compris sur les joueurs modernes, c’est que les supporters aiment se sentir investis en eux quand ils entrent sur le terrain. »
En marché en plein boom
Et les affaires marchent fort pour PWCC. Depuis janvier, l’entreprise a vendu trois des quatre cartes les plus chères de l’histoire. La palme pour une carte de baseball de 1952 vendue pour 5,2 millions de billets verts.
Selon ESPN, c’est tout le secteur qui connait une croissance folle depuis deux ans.
De 2019 à 2020, eBay a vu une hausse de 142% des ventes de souvenirs sportifs. Goldin Auctions, qui met aux enchères des cartes, maillots ou chaussures a engrangé 100 millions de dollars en 2020, et déjà plus du double cette année. Depuis février 2020, au moins une douzaine de cartes ont été vendues pour au moins un million de dollars, dont six qui ont été adjugées à plus de 3,75 millions.
Merci qui ? Pour une fois, les vendeurs peuvent remercier le COVID.
« La pandémie a mis du kérosène sur le marché : une combinaison de restriction sur les autres luxes comme les voyages et les restaurants de luxe, alliés à l’acceptation des souvenirs sportifs comme un moyen d’investir », explique Chris Ivy, d’Heritage Actions.
Le grand public laissé en plan
Quand arrivent l’argent et les investisseurs, c’est le grand public qui trinque. Même sans parler des enchères délirantes évoquées plus haut, Panini commercialise des collections à plus de 1600 dollars.
Envie d’un pack à 50 dollars ? Il n’y en a plus dans les grands magasins Target aux États-Unis. Des incidents autour des cartes ont poussé la chaîne de magasins à tout simplement stopper les ventes dans ses rayons.
Alors il y a le web… et les robots. Comme dans le monde des sneakers, les acheteurs de bonne foi doivent désormais affronter les robots. Des outils de triche le plus souvent au service de gens qui n’aiment pas autant les cartes que l’argent qu’elles peuvent leur rapporter. Le combat est quasiment impossible à gagner.
Les cartes de collections sont donc en train de devenir un business juteux. Mais peut-être, très bientôt, un business sans âme.
Photo via Berk Communications