L’heure du conseil de classe a sonné ! Après la Draft, voici l’évaluation de chaque équipe, division par division. Les évaluations, dans l’ordre de qualité : félicitations, compliments, encouragements, passable, redoublement. Conseils de classe déjà publiés : AFC Nord.
À l’issue de ces trois jours de sélections, seul Green Bay à opter pour une stratégie inverse de ses camarades en misant sur l’avenir. Chacun avec des moyens différents, Chicago, Detroit et Minnesota ont apporté plus de réponses aux questions qui entouraient leurs effectifs respectifs.
Minnesota Vikings : félicitations
Choix : Justin Jefferson (WR), Jeff Gladney (CB), Ezra Cleveland (OT), Cameron Dantzler (CB), DJ Wonnum (DE), James Lynch (DT), Troy Dye (LB), Harrison Hand (CB), KJ Osborn (WR), Blake Brandel (OT), Josh Metellus (S), Kenny Willekes (DE) , Nate Stanley (QB), Brian Cole (S), Kyle Hinton (G).
Pour combler le dernier départ en date, Minnesota a utilisé son choix de premier tour, récupéré en échange de Stefon Diggs, afin de remplir le vide laissé à cette position. Rick Spielman a jeté son dévolu sur Justin Jefferson qui devrait avoir l’occasion de se montrer dès la saison prochaine. Pas aussi explosif que son prédécesseur, il sera probablement plus facile à gérer avec un bagage technique assez complet faisant de lui l’une des têtes d’affiche recherchées de cette classe prometteuse.
Toujours au niveau offensif, Minnesota a peut-être trouvé son tackle gauche du futur en la personne d’Ezra Cleveland s’il parvient à ajouter un peu de force à son jeu. Mais son athlétisme s’inscrira bien dans le schéma offensif de Gary Kubiak, basé sur la rapidité et l’agilité de la ligne offensive avec un schéma de blocs en zone.
Pire que le trou au poste de receveur, le dernier rideau défensif a trouvé le matériel nécessaire pour remplacer les Xavier Rhodes, Trae Waynes et Mackensie Alexander. En véritable spécialiste du poste, Mike Zimmer préfère traditionnellement laisser ses cornerbacks se développer depuis le banc de touche. La situation actuelle ne lui laisse pas le choix, Jeff Gladney (qualité de plaquage, blitz) et Cameron Dantzler (vitesse, taille) devraient avoir du temps de jeu dès cette saison. Chacun bénéficiant de qualités différentes. Le dernier jour a essentiellement contribué à renforcer la défense de manière générale, avec 7 joueurs sélectionnés de ce côté du ballon sur les 11 possibilités. Les trois choix suivants la sélection de Dantzler ont tous contribué à reconstituer et renforcer le front-seven avec des joueurs solides (James Lynch, Troy Dye et DJ Wonnum) qui devraient pouvoir se faire une place dans la rotation.
Cette draft était l’une des plus importantes dans le Minnesota au cours des dernières années. Bloqué par un plafond salarial bas, le front office a vu plusieurs joueurs quitter le navire durant la free agency et n’a pu s’aligner pour s’offrir des cibles aguerries. Ils devaient donc s’appuyer sur ces trois jours pour se réorganiser et combler les manques de l’effectif actuel. La tâche est remplie haut la main, félicitations à Rick Spielman et Mike Zimmer pour cela. Non seulement les Vikings ont œuvré en coulisse pour gagner un volume fou (15 choix au total), mais ils savaient aussi exactement quoi faire, ajoutant la qualité à la quantité. Les plus grand besoins (receveurs, defensive backs, ligne offensive et défensive) ont tous été comblés en sélectionnant juste au bon moment. Des perspectives intéressantes qui, si elles justifient les attentes, auront aussi un impact sur les finances purple avec des contrats favorables pour les prochaines années. Une draft équilibrée et bien menée.
Detroit Lions : encouragements
Choix : Jeff Okudah (CB), De’Andre Swift (RB), Julian Okwara (DE/LB), Jonah Jackson (G), Logan Stenberg (G), Quintez Cephus (WR), Jason Huntley (RB), John Penisini (DT), Jashon Cornell (DT).
Après toutes les rumeurs plus ou moins fondées les voyant échanger leur troisième choix, les Lions sont finalement restés en place et ont rempli l’un des plus gros besoins avec de loin le meilleur cornerback disponible, Jeff Okudah. L’ancien d’Ohio State était le bon choix et Detroit ne s’est pas trompé. Aucune équipe n’a joué autant de couverture homme à homme qu’eux la saison dernière, une philosophie apportée par Matt Patricia lors de son arrivée dans le Michigan. Ce système implique de faire voyager ses cornerbacks au gré des assignations adverses et d’avoir un vrai numéro 1 pour le faire de façon cohérente. Dans ce rôle, il sera le digne remplaçant de Darius Slay récemment échangé. Complet, physique, technique, il a toutes les armes pour s’installer à la table des meilleurs à son poste. Son plafond ne dépendra que de sa capacité à grandir en tant que joueur.
La baisse de rendement de la couverture aérienne la saison dernière était en partie dû à un pass-rush défaillant. Detroit va tenter d’y remédier avec Julian Okwara, qui rejoint par la même occasion son frère Romeo. Dans un style différent, le cadet est plutôt dans l’explosivité et possède la souplesse nécessaire pour tourner le coin et atteindre le quarterback. Les joueurs possédant ces qualités ne sont généralement pas disponibles au 3e tour, Detroit a bien fait de saisir l’opportunité.
Le dernier tour a permis de rajouter deux hommes de lignes défensives qui tenteront de décrocher une place dans l’effectif final.
Offensivement, l’accent a été mis sur le jeu de course, Detroit recherchant toujours un successeur à Barry Sanders. L’élu de cette année se nomme D’Andre Swift. Tombé en 35ème position, Bob Quinn n’était pas mesure de faire la fine bouche au moment de sa sélection. Swift a l’agilité latérale nécessaire pour créer son propre espace et peut avoir un impact dans le jeu de passes, un domaine dans lequel il a été sous-utilisé à Georgia. De quoi donner une alternative et un complément sérieux au trop souvent blessé Kerryon Johnson. Un duo qui pourrait permettre à Detroit de trouver un équilibre offensif. Pour les aider à avancer, ils ont ajouté Jonah Jackson et Logan Stenberg qui ont de sacrés arguments pour concurrencer Oday Aboushi, Kenny Wiggins ou Joe Dahl pour un poste de départ à l’intérieur de la ligne offensive. Au cinquième tour, Detroit a amené de la profondeur dans la rotation avec le coureur Jason Huntley et le receveur Quintez Cephus. Ancien de Wisconsin, ce dernier a donné quelques sueurs froides à Okudah qui dit de lui qu’il est le meilleur receveur qu’il ait jamais rencontré.
Une draft cohérente dans l’ensemble. Les meilleurs joueurs disponibles pour combler les manques ont été sélectionnés aux moments opportuns. Les deux lignes ont été renforcées avec plusieurs choix ce qui reste toujours une bonne stratégie. Les seuls « défauts » restent la position de linebacker qui n’a pas été considérée, tout comme celle de tackle offensif où ils ont préféré doubler le poste de garde avec deux choix successifs.
Chicago Bears : passable
Choix : Cole Kmet (TE), Jaylon Johnson (CB), Trevis Gipson (DE), Kindle Vildor (CB), Darnell Mooney (WR), Arlington Hambright (G), Lachavious Simmons (G).
Encore privé de premier tour, Chicago est rentré en jeu avec la sélection surprise de Cole Kmet. L’ancien de Notre Dame est un bon joueur, peut-être le meilleur à son poste de cette classe, mais avec 9 autres tight ends dans l’effectif, il y avait des besoins plus importants qui auraient dû être priorisés. Un choix poussé par le manque de productivité du groupe, dernier la saison dernière, et du potentiel du jeune homme qui peut devenir titulaire rapidement. Il a déjà la taille, force et la mentalité pour performer dès sa saison rookie. Ne soyez donc pas surpris si Chicago opte pour des systèmes avec trois receveurs rapprochés la saison prochaine. L’architecte créatif Matt Nagy a compris que cette combinaison rend la défense adverse plus lente et plus prévisible. Avec Jimmy Graham et Demetrius Harris, Kmet offre la possibilité d’être aligné presque partout comme receveur.
Toujours au rayon offensif, les autres choix se sont portés sur la ligne et au poste de receveur. Une prise de risques avec des joueurs évoluant hors des radars. À surveiller tout de même le receveur de Tulane Darnell Mooney, petit mais explosif (4’38 sur le 40 yards dash lors du Combine) qui pourrait faire plus de dégâts que ne le suggère sa sélection au 5ème tour.
Jaylon Johnson (CB) a été leur meilleure décision. Une bonne affaire en 50ème position qui aurait pu trouver sa place au premier tour grâce à sa taille, son athlétisme et sa technique. Le coordinateur défensif Chuck Pagano aime mettre la pression et/ou utiliser une cover 4, où chaque defensive back défend en zone un quart du terrain dans la profondeur. Une défense qui exige une bonne technique de couverture, il était donc essentiel que Chicago trouve un spécimen talentueux pour se glisser dans le coin laissé libre par Prince Amukamara. Johnson a le sens de la couverture physique pour remplir ce rôle avec brio. Un secteur de jeu que viendra compléter Kindle Vildor dans la rotation. Un profil compétitif qui pourrait être un bon remplaçant dans le slot ou à l’extérieur, mais qui devrait dans un premier temps aider sur équipes spéciales.
Une défense n’a jamais trop de pass rushers. Trevis Gipson possède les atouts pour joueur outside linebacker dans ce schéma en 3-4, ce qui devrait l’aider à entrer sur le terrain pour épeler Khalil Mack et Robert Quinn.
Sans premier tour, les Bears ont fait de leur mieux pour tirer le meilleur parti de leurs deux seconds tours. Ryan Pace n’a rien fait de fou en tentant de maximiser le peu de choix à disposition. L’absence de choix au troisième ou au quatrième tour n’a pas aidé non plus l’élève Bears. S’ils ont peut-être (enfin) trouvé la perle rare au poste de tight end après de nombreuses tentatives infructueuses, les lacunes sur la ligne offensive (garde) et le dernier rideau défensif (safety) sont toujours présentes.
Green Bay Packers : redoublement
Choix : Jordan Love (QB), A.J. Dillon (RB), Josiah Deguara (TE), Kamal Martin (LB), Jon Runyan (G), Jake Hanson (C), Simon Stepaniak (OT), Vernon Scott (S), Jonathan Garvin (DE/OLB).
Facilement la classe la plus déroutante qui a dû laisser quelque peu perplexe les fans de Green Bay. Les Packers étaient à une victoire d’une participation au Super Bowl et les besoins étaient simples : offrir des options à Aaron Rodgers dans le jeu aérien et trouver des solutions solides dans l’axe de la défense pour stopper le jeu de course adverse. Au sortir de ces trois jours, aucune des cases n’est cochée. Pire encore, ils ont monté un échange pour sélectionner son futur quarterback. Le profil de Jordan Love est intriguant mais était-il temps de faire ce choix ? La mécanique notamment est encore incohérente en plus des lectures, et il a besoin d’au moins deux années pour se former. Green Bay pense pouvoir rectifier le tir. L’une des plus grandes passions de Matt LaFleur est d’enseigner les détails de la mécanique de lancers et il dispose du temps pour le faire. Rodgers reste le titulaire pendant encore plusieurs années, ce qui permettra au jeune homme d’apprendre les rudiments du monde professionnel. Le numéro 12 a connu pareille situation lors de son arrivée en NFL, il était alors dans la peau du petit nouveau. À voir comment il va percevoir cette arrivée. Orgueilleux et très intelligent, il est connu pour se souvenir de chaque petit détail. Nul doute que cette soirée du 23 avril 2020 restera gravée dans sa mémoire et le pousse à performer au risque de le voir tomber de son trône.
Le front office a décidé d’adopter le contre-pied dans ce qui était attendu et ce qu’ils avaient l’habitude de faire. 6 de leurs 7 premiers choix ont été consacrés à des joueurs offensifs, et il fort possible qu’aucun d’entre eux ne jouent en 2020. Parmi eux, aucun receveur n’a été ajouté. Le tight end Josiah Deguara est ce qui se rapproche le plus d’une aide dans les airs. Sauf que l’ancien de l’université de Cincinnati n’a cumulé que 1117 yards en 35 matchs durant son cursus et qu’il est s’est surtout distingué dans le jeu au sol en situation de bloc. Il serait alors compatible au schéma prôné par Matt LaFleur qui emploie souvent un personnel « 12 » (un running back, 2 tight ends). Jace Sternberger sélectionné l’an dernier occupant l’une des deux places, le dernier strapontin se jouerait entre le rookie et le vieillissant Marcedes Lewis, qui excelle lui aussi aux blocs.
À la course justement, ils sont allés chercher bien haut un running back de la vielle école A. J Dillon, véritable minibus unidimensionnel, qui n’a capté que 21 passes à Boston College. Il entrerait alors directement en concurrence avec Jamaal Williams pour le rôle de doublure d’Aaron Jones. Dans un style différent, tout en puissance. Ces décisions ne les aideront probablement pas à gagner plus de match l’an prochain mais prépareront le terrain pour les années futures. Elles viennent en tout cas corroborer les informations de journalistes américains proches de l’équipe qui laissent sous-entendre que Matt LaFleur souhaite davantage s’appuyer sur un jeu plus physique à l’avenir, avec une prédominance pour la course, à l’instar de Tennessee ou Baltimore. Le technicien estimant que son corps de receveur a le potentiel nécessaire pour faire le travail dans les airs.
Ils ont cependant compris qu’il fallait protéger son quarterback en ajoutant de la profondeur sur la ligne offensive avec 3 nouveaux joueurs, un à chaque poste. Même si la sélection d’un tackle aurait pu intervenir plus tôt.
En défense, les trois recrues ne devraient pas avoir d’impact immédiat, mais ont peut-être été les meilleurs choix au moment venu par rapport à ce dont ils avaient besoin. Ou du moins deux d’entre elles. Kamal Martin aura des difficultés sur la couverture au niveau supérieur, mais reste un solide plaqueur avec de bons instincts. Jonathan Garvin a le bon gabarit et les outils nécessaires pour son poste. Mais là encore, il s’agit plus d’un projet qui à besoin de temps pour améliorer sa technique. Vernon Scott cherchera lui à se faire une place sur équipes spéciales.
Si l’on compare Green Bay à ses concurrents directs dans la division ou la conférence, ils sont un cran en dessous. Voire même deux ou trois. La décision que tout le monde espérait n’est jamais arrivée : aucun receveur n’a été ajouté pour épauler Rodgers et Davante Adams. Ce qui est clair, c’est que le directeur général Brian Gutekunst, et l’entraîneur en chef, Matt LaFleur, ont estimé que cette draft serait le meilleur moyen d’investir dans l’avenir. Cette décision les fera passer pour des génies incompris ou de parfaits imbéciles aux yeux du grand public. Seul l’avenir nous apportera des réponses. En l’état actuel des choses, Green Bay décroche le bonnet d’âne de sa division et peut-être même de la ligue, les besoins à l’instant T n’étant pas comblés.