On continue notre présentation du Super Bowl LIV. Aujourd’hui, on rentre encore un peu plus dans le vif du sujet avec une description détaillée de chacune de ces deux formations dans chaque compartiment du jeu.
Quelle escouade dominera l’autre ? Quels joueurs faut-il surveiller et où ? Analyse de cet affrontement poste par poste.
ATTAQUE
Quarterbacks
Kansas City Chiefs : En seulement deux ans, Patrick Mahomes s’est imposé comme un lanceur d’exception. Une explosion fulgurante, récompensée par un titre de MVP dès l’an dernier. S’il ne devrait pas faire le doublé cette année, c’est non seulement parce que Lamar Jackson était sur un nuage, mais surtout parce qu’il a dû composer avec quelques blessures qui l’ont ralentie en milieu de saison régulière. Mais tous ces pépins semblent derrière lui désormais. Il n’y a qu’à voir ses deux matchs de playoffs. Après les rencontres face aux Texans et aux Titans, il affiche des statistiques impressionnantes (46/70, 65,7 %, 615 yards, 8 TDs + 106 yards à la course et 1 TD). Le tout validé par une évaluation monstrueuse de 131,5 durant cette post-saison. C’est simple, il est le meilleur quarterback de la NFL à l’heure actuelle.
San Francisco 49ers : Le Super Bowl, Jimmy Garoppolo connait. Il est même déjà double champion NFL. Le lanceur faisait partie des campagnes victorieuses des Patriots en 2014 puis en 2016. Certes il n’a pas pris un seul snap lors de ces playoffs, mais il a au moins vu comment aborder ce genre de rencontre. Il ne sera donc pas tout à fait novice au moment d’entrer sur le terrain à Miami. Ce n’est pas pour autant qu’il va tout d’un coup se transformer en Tom Brady. Depuis le début de ces playoffs, Jimmy G n’a lancé que 27 passes pour 17 attrapées, 208 yards, 1 TD et 1 INT. Rien d’exceptionnel en somme. Il faut dire que les 49ers n’avaient pas vraiment besoin de lui lors des deux derniers matchs. Les qualités défensives et celles du jeu au sol de cette équipe permettent au lanceur de camper dans le rôle du gestionnaire. Garoppolo le fait très bien. Sera-t-il capable en revanche d’aller gagner le match par lui-même si la situation le demande ?
Avantage : Kansas City Chiefs
Ils sont très peu de quarterbacks à pouvoir soutenir la comparaison avec Patrick Mahomes. L’ancien de Texas Tech est peut-être le lanceur le plus talentueux que l’on ait vu arriver dans la ligue depuis Aaron Rodgers. Il peut valider ce statut par une bague dès sa deuxième année à la tête des Chiefs.
Lignes offensives
Kansas City Chiefs : Si l’attaque tourne à plein régime depuis le début de la saison (6e au nombre de yards cumulés, 5e au nombre de points marqués), c’est parce que tous les groupes de cette escouade performent à haut niveau. Parmi ceux-là, la ligne offensive. Moins réputés que leurs concurrents dimanche, les gardes du corps de Patrick Mahomes sont là pour permettre au MVP 2018 d’exprimer tout son talent. Force est de constater qu’ils le font bien. En saison régulière, le lanceur n’a été plaqué qu’à 25 reprises derrière la ligne de scrimmage. C’est le troisième meilleur total de la ligue derrière les Rams (22) et les Cowboys (23). Et en playoffs, la série continue puisqu’en deux matchs, Patrick Mahomes n’a été sacké que deux fois. Là où le total était déjà à 8 lors des deux rencontres de post-saison des Chiefs l’an dernier. Reste maintenant à être plus performant dans le jeu au sol. Même si cette équipe semble ne pas avoir besoin de celui-ci.
San Francisco 49ers : Comment ne pas être impressionné par cette escouade ? La dernière fois que l’on a vu les 49ers jouer, ils ont enfoncé leur adversaire au sol. C’était lors de la finale de conférence face aux Packers et San Francisco a terminé avec 286 yards à la course. Beaucoup de crédit est revenu à Raheem Mostert, le running back, auteur du meilleur match de sa carrière (29 courses, 220 yards et 4 TDs), mais tout ça n’aurait pas été possible sans une ligne offensive de haut niveau. Les 5 joueurs ont été parfaits dans leurs blocs, bien aidés il est vrai par George Kittle, Kyle Juszczyk et les receveurs. C’est une constante depuis le début de la saison. Cette ligne a contribué à la bonne santé non seulement du jeu au sol, mais aussi de Jimmy Garoppolo. Même Joe Staley, blessé, puis critiqué, semble être revenu à son meilleur niveau au poste de tackle gauche.
Avantage : San Francisco
La ligne offensive des Chiefs est loin d’être un handicap pour cette franchise, mais en face, c’est carrément une force pour les 49ers. Leur démonstration face à Green Bay a impressionné.
Jeu au sol
Kansas City Chiefs : On le sait, Andy Reid n’est pas un entraîneur très porté sur le jeu au sol. Cette année n’a pas échappé à la règle. En saison régulière, les Chiefs étaient parmi les dernières équipes au nombre de course (375, 27e), de yards par match (98,1, 23e) et de yards par course (4,2, 20e). Il y a plusieurs raisons à ces statistiques. D’abord, parce que quand on possède Patrick Mahomes, on a plus tendance à lancer le ballon qu’à le porter. Logique. Ensuite, parce que le groupe de running back à la disposition du technicien n’est pas d’une grande qualité. Ni Damien Williams, ni Darwin Thompson, ni même LeSean McCoy ont su s’imposer comme une menace constante dans ce domaine cette saison. Et ce n’est pas les deux matchs de playoffs durant lesquels les Chiefs ont rapidement été menés qui leur ont permis d’être plus exploités.
San Francisco 49ers : Ils sont peu à pouvoir se targuer d’avoir fini un match de playoffs avec plus de 200 yards à la course. Si vous ajoutez 4 touchdowns, alors Raheem Mostert se retrouve tout seul dans la catégorie. En finale de conférence, le running back non drafté a explosé aux yeux du grand public. Pourtant, il livre la meilleure saison de sa carrière avec 772 yards et 8 TDs cette année. Il est l’un des éléments d’un jeu de course dévastateur à San Francisco. Avec Tevin Coleman et Matt Breida, Raheem Mostert a participé à la très bonne santé de ce secteur. Deuxièmes au nombre de yards par match au sol (144,1), derrière les intouchables Ravens dans ce domaine, premiers au nombre de touchdowns à la course (23), les 49ers s’appuient principalement sur leurs coureurs. La force de Shanahan ? Être capable de trouver à chaque match, LE coureur qui est dans son bon jour. Face à Green Bay, c’était Mostert. Au Super Bowl ce sera peut-être un autre. Tevin Coleman devrait d’ailleurs être remis. On n’oubliera pas de citer dans ce secteur de jeu, le fullback, élément clé du système offensif de Shanahan, Kyle Juszczyk.
Avantage : San Francisco 49ers
D’un côté, il y a des runnings backs qui ne sont qu’un prétexte pour tenter de ne pas trop concentrer la défense sur Patrick Mahomes. De l’autre, le jeu au sol est la principale arme offensive des 49ers. Forcément, San Francisco est devant dans ce domaine.
Receveurs — Tight End
Kansas City Chiefs : Tyreek Hill ou Travis Kelce ? Les Américains utilisent une expression très imagée dans ce genre de situation : « choisissez votre poison ». C’est un peu ce que doivent se dire les entraîneurs qui affrontent l’attaque aérienne des Chiefs. Tactiquement, il est quasiment impossible de faire des prises à deux sur deux joueurs offensifs en même temps. Alors, il faut choisir. Faire une prise à deux sur le receveur supersonique, au risque d’être pris par le tight end ? Ou bien doubler Travis Kelce en s’exposant à la vitesse de Hill ? Le choix est cornélien, symbole d’une attaque qui se montre souvent inarrêtable. Ajoutez à cela, un Sammy Watkins qui s’est réveillé face aux Titans, le rookie Mecole Hardman et Demarcus Robinson et vous avez certainement le meilleur groupe d’attrapeur de ballons de la ligue.
San Francisco 49ers : Eux ont moins de ballon à se mettre sous la dent que leurs homologues. Forcément quand la priorité est donnée au jeu au sol, les receveurs sont moins en vue. Pourtant, ce n’est pas le talent qui manque. Le rookie Deebo Samuel par exemple est utilisé dans beaucoup de situations différentes, ce qui laisse souvent la défense sur les talons. L’arrivée d’Emmanuel Sanders, vétéran confirmé, a aussi fait beaucoup de bien à cette attaque. Enfin, il y a George Kittle, celui qui a repris le flambeau de Rob Gronkowski. Il est un casse-tête dans le jeu aérien pour ses adversaires comme l’était l’ancien Patriot, mais aussi il est l’un des meilleurs bloqueurs à ce poste en NFL. C’est aussi cela, la force de ce groupe de joueurs. Tous les receveurs font un travail énorme au block dans le jeu de course. Un travail de l’ombre certes, mais une implication qui ouvre des brèches.
Avantage : Kansas City Chiefs
Avant la finale de conférence, Tyreek Hill affirmait qu’il était impossible de défendre sur lui. On n’est pas loin de penser qu’il n’a pas tort. En tout cas, il est la figure de proue d’un groupe qui ferait jalouser pas mal de coordinateurs offensifs dans la ligue.
DÉFENSE
Ligne défensive
Kansas City Chiefs : Leur mission sera primordiale : stopper le jeu de course des 49ers. Face à aux Titans, ils l’ont fait à merveille en finale de conférence, limitant Derrick Henry a seulement 69 yards en 19 courses. Sont-ils capables de réitérer cette performance ? Cette fois, ils auront un système différent face à eux. Ce n’est plus le jeu de course ultra-puissant porté par un seul homme, mais plutôt un comité de coureurs dont on ne sait jamais lequel sera dans un grand jour. Si arrêter le jeu de course est une affaire de toute l’équipe, cela commence par la ligne défensive qui ne doit pas se faire dominer par les linemen offensifs adverses. Un bonus serait de mettre la pression sur Jimmy Garoppolo, déjà sacké 3 fois en playoffs.
San Francisco 49ers : C’est certainement le groupe de joueurs le plus fort de ce match. DeForest Buckner, Arik Armstead, Nick Bosa, Thomas Solomon… depuis plusieurs années, les 49ers ont mis un point d’honneur à se renforcer dans ce secteur par la draft. Et tous ces choix mis bout à bout commencent à porter leur fruit. Les dirigeants y ont même rajouté une vieille connaissance des Chiefs, Dee Ford. Avec tous ces joueurs, cette ligne est capable de prendre le match à son compte. Il n’y a qu’à regarder les statistiques : 10 sacks pour Armstead, 9 pour Bosa, 7,5 pour Buckner et 6,5 pour Ford. C’est simple, quand ces quatre-là sont sur le terrain en playoffs, les 49ers autorisent un rating de seulement 0,7 aux quarterbacks adverses. Ils sont le cauchemar des lanceurs et tenteront d’atteindre Patrick Mahomes le plus souvent possible. Il en va du succès de leur équipe.
Avantage : San Francisco 49ers
Les meilleurs joueurs de San Francisco se trouvent peut-être sur cette ligne défensive. C’est l’atout principal de la franchise pour ce match et les 49ers sont loin devant les Chiefs pour ce qui est de cette escouade.
Linebacker
Kansas City Chiefs : C’est peut-être la plus grosse faiblesse de cette défense. Depuis quelques années, les Chiefs ont du mal à trouver de la constance dans le second niveau de leur escouade. Cette saison n’échappe pas vraiment à la règle. Pourtant, ce groupe semble avoir progressé depuis la semaine 1. Une bonne chose. Eux aussi seront essentiels dans la mission de Kansas City qui sera de bloquer le jeu de course adverse. Damien Wilson ou Anthony Hitchens par exemple, parmi les joueurs les plus utilisés à ces postes par Steve Spagnuolo, ne sont pas vraiment ce qu’on pourrait appeler des linebackers modernes, mais ils ont réussi petit à petit à dissimuler leurs faiblesses.
San Francisco 49ers : Depuis le début du succès de cette défense, la lumière est beaucoup braquée sur la ligne défensive des 49ers, voire ses défensives backs. Peu sur son groupe de linebackers. Il est vrai que c’est peut-être le niveau le moins bon de la défense, ce qui ne veut pas dire qu’il est faible. Bien au contraire. Composé le plus souvent de Fred Warner, Kwon Alexander et Dre Greenlaw, ce groupe est très polyvalent. D’abord, le retour de l’ancien Buccaneer a fait beaucoup de bien. Ensuite, les qualités en couverture de Fred Warner donnent de nombreuses possibilités à Kyle Shanahan pour son système défensif. Ça tombe bien le numéro 54 de San Francisco pourrait bien avoir à se coltiner Travis Kelce dimanche prochain à Miami.
Avantage : San Francisco 49ers
Dans la lignée du premier niveau de cette défense, le groupe de linebackers des 49ers est nettement supérieur à son homologue des Chiefs.
Défensive backs
Kansas City Chiefs : Le groupe d’arrière défensif de Kansas City est probablement celui qui s’est le plus amélioré depuis 2018. Il y a un an, les Chiefs affichaient la 31e défense face à la passe. Cette saison, ils sont passés 8e. Une progression énorme qui se ressent aussi au nombre d’interceptions (5e avec 16 unités). Ce groupe n’est plus un élément rédhibitoire à la victoire finale comme il pouvait l’être l’an dernier. Les joueurs sont meilleurs et le vestiaire a aussi été renforcé par l’arrivée de Tyrann Mathieu. L’ancien Cardinal et Texan a apporté une stabilité et une expérience non négligeable dans le dernier niveau de cette défense. À ses côtés, Daniel Sorensen, l’autre safety, semble avoir explosé. Il n’y a qu’à voir son match en finale de conférence contre les Titans. Mais attention, tous ces safeties et cornerbacks ne sont pas utiles qu’en couverture. Dans le système défensif de Kansas City, les blitz peuvent venir de partout et les Chiefs sont très efficaces quand un cornerback ou un safety se lance à l’assaut du lanceur. Cela aussi a contribué à rendre cette escouade dangereuse.
San Francisco 49ers : Il est le symbole de ce fond du terrain californien : Richard Sherman est revenu à son meilleur niveau. Si l’on ne se lancera pas dans le débat pour savoir s’il est le meilleur cornerback de la ligue, en zone, en homme à homme, etc… on peut affirmer avec certitudes que les quarterbacks se posent la question deux fois avant de lancer dans sa direction. Autour de lui, les autres joueurs ne sont pas en reste. Comme Jimmie Ward le safety par exemple qui montre à quel point il peut être utile maintenant qu’il est enfin en bonne santé. Robert Saleh, le coordinateur défensif peut se faire plaisir avec tous ces joueurs à sa disposition et résultat, les 49ers possèdent la meilleure défense contre la passe de la ligue (169,2 yards autorisés par match en saison régulière). Dimanche, ils seront probablement face à leur plus grand défi de la saison. Une attaque aérienne que personne n’a vraiment réussit à stopper depuis l’arrivée de Patrick Mahomes. Tant mieux, Richard Sherman et ses coéquipiers aiment les challenges.
Avantage : San Francisco 49ers
On finit cette revue d’effectif défensif par la même conclusion que lors des deux groupes précédents : San Francisco possède plus de talent que Kansas City dans ce domaine.
ÉQUIPES SPÉCIALES
Pour l’instant, aucune des deux équipes n’a eu à taper un field goal de la gagne en playoffs cette saison, mais cela pourrait bien arriver à Miami. Dans ce domaine, les Chiefs et Harrison Butker, leur kicker, sont à 89,5 % (34/38) de réussite cette saison. Là où Robbie Gould, son homologue des 49ers n’est qu’à 76,9 % (30/39). On se rappelle tout de même que le kicker de San Francisco a donné la victoire à son équipe en saison régulière face aux Saints avec un coup de pied à la dernière seconde.
Durant ces playoffs, les équipes spéciales de Kansas City ont aussi prouvé qu’elles pouvaient compter, notamment avec un punt bloqué contre les Texans. Une action qui a participé au retour des Chiefs dans la rencontre. Et puis quand on a Mecole Hardman en tant que retourneur, le danger est constant.
Avantage : Kansas City Chiefs