[portrait] La story du vendredi – Jimmy Graham : maman je n’ai pas raté l’avion

Jimmy Graham survole les obstacles comme les défenseurs.

Tous les vendredi, la rédaction de TDActu vous propose le portrait d’un acteur NFL. Son parcours sportif, ses succès et ses échecs, son parcours de vie. Qualifié pour la finale NFC, gros plan sur Jimmy Graham le tight-end des Packers de Green Bay.

Jimmy Graham

Né le 24 novembre 1986 à Goldsboro, Caroline du nord
2m02 pour 120 kilos
Tight-end, Green Bay Packers, 10e saison

San Francisco

Si vous cherchez Jimmy Graham, il sera à San Francisco ce dimanche, il y disputera la finale de conférence NFC avec les Packers contre les 49ers locaux. Il permet à la franchise du Wisconsin d’obtenir une première tentative décisive alors qu’il reste deux minutes à jouer face aux Seahawks lors du tour précédent. Une revanche pour lui après trois saisons à Seattle où son utilisation ne fut pas optimale.

Après cinq saisons et 51 touchdowns inscrits avec les Saints de la Nouvelle-Orléans, Jimmy Graham est échangé à Seattle contre Max Unger et un choix du premier tour. Ce prix élevé, un lineman offensif titulaire et le choix numéro 31 de la draft 2015, sera constamment mentionné lors de ses trois saisons dans le nord-ouest du pays. Arrivé en fin de contrat en 2018, il rejoint alors Green-Bay sur un contrat de trois ans.

Lui qui a faillit par le passé déjà rejoindre l’université de Wisconsin : recruté par la fac pour y jouer au basketball, il visite le campus de Madison à 200 kilomètres du Lambeau Field. Mais c’est finalement bien plus au sud, qu’il exporte ses talents sur les parquets.

Sans sport fixe

Jimmy Graham n’est pas Lebron James, il est davantage ce joueur précieux dans une rotation, celui qui va au charbon en défense et dont on espère qu’une contribution modeste en terme de points inscrits. Pendant quatre saisons, il prend des rebonds et nettoie la raquette (5 rebonds et un contre en moyenne ses deux dernières saisons). Un coéquipier modèle. Un étudiant-athlète exemplaire qui finit diplômé dans deux disciplines : marketing et management.

Lors de sa quatrième année à l’université de Miami, une légende locale dans un autre sport, lui suggère de s’essayer au football. Jimmy Graham y a joué au lycée mais pas plus que ça. Bernie Kosar, champion national avec l’université en tant que quarterback voit en lui un potentiel sur le gridiron. Et alors qu’il peut devenir professionnel avec des offres venues d’Europe, il préfère retourner à l’université pour y jouer au football. Pour, tels Tony Gonzalez ou Antonio Gates, passer du basketball au football et en faire une carrière.

« L’aide la plus précieuse, je l’ai reçu de Bernie Kosar. Il m’a enseigné le jeu et ses nuances. Attraper le ballon n’a jamais été un problème mais il m’a aidé avec les tracés et a assimiler le playbook. Ed Reed m’a également aidé en m’aidant à comprendre comment linebackers et safeties essayeraient de me défendre. », pour le Miami Herald en 2009

Il ne joue qu’une saison, seulement 17 réceptions pour 213 yards. Mais 5 touchdowns et un potentiel athlétique faisant saliver les staffs NFL. Et si Bernie Kosar a fortement suggéré à son ancienne franchise, les Browns, de le sélectionner, ce sont les Saints qui le récupère au 3e tour en 2010.

(« Jimmy est quelqu’un de spécial. Qu’il ne soit pas un Brown est un péché mais Mickey Loomis et Sean Payton m’ont écouté et ils ont une superstar »).

Avec les Saints, il trouve par cinq fois la zone d’en-but sa première saison NFL (46 fois les quatre suivantes) et dès le premier jour, il se sent bien dans cet environnement, qui bien que compétitif est géré avec une ambiance familiale. Et c’est bien ce qui compte le plus pour Jimmy Graham.

Sans famille

Sa jeune mère, divorcée, ne sait que faire de lui.  Quand il a 9 ans, elle le confie à son père mais peu après celui-ci réclame une pension pour cela. Sa mère ne veut pas payer 98$ par mois pour Jimmy. Le père refuse alors de s’en occuper et dépose son fils dans les escaliers d’un organisme de services sociaux. Sa mère le récupère mais deux ans plus tard, âgé de 11 ans seulement, il se souvient du jour où elle lui a dit de monter dans la voiture. Pour une ballade.

« Elle a arrêté la voiture et m’a dit de descendre. J’étais chétif et peureux et elle m’a laissé dans une prison pour enfants, ou tout comme. Il y avait des jeunes violents, des voleurs, je n’aurai pas du être là, moi j’étais un petit garçon gentil et poli et j’ai du apprendre à faire face dans ce milieu. », Jimmy Graham pour le Foster Focus Mag

Dans cet établissement pour orphelins et jeunes déliquants, il va apprendre à ses dépends que les plus faibles sont parfois la cible des autres : souffre-douleur des pensionnaires, il ne compte plus les coquards et autres coups et brimades. Le cauchemar cesse finalement au bout de neuf mois. Retour à la maison avec sa mère et…son nouveau petit-ami : nouveau cauchemar ! Ce dernier ne veut pas voir cet enfant dans sa maison et il le lui fait comprendre. Chaque jour.

Fréquentant l’office d’une église au bout de la rue, car y est distribué des repas gratuits, le petit Jimmy touche les volontaires, une notamment. Becky Vinson participe à l’office en compagnie de sa fille et quand un jour Jimmy Graham se confie sur son quotidien et sa crainte de retourner un jour dans un foyer pour jeunes, elle décide d’agir. Mère célibataire, elle a entrepris des études d’infirmières et n’a pas beaucoup de revenus : elle, sa fille et Jimmy vivent ensemble dans une caravane. Elle traite Jimmy comme son fils et celui-ci le devient officiellement quelques mois plus tard par le biais de l’adoption.

« Avec Becky et Karina, j’avais enfin une famille. », Jimmy Graham pour Foster Focus

Aimé et en sécurité, Jimmy Graham s’applique alors à être un bon écolier en plus d’être un athlète en devenir. Il peut désormais poursuivre ses rêves, tous ses rêves.

S’envoler

Voler. Un rêve depuis l’enfance. Comme beaucoup de garçons de son âge, cela a commencé en visionnant le film « Top Gun ». Depuis, il a ce désir en lui et quand à l’université de Miami, il a l’occasion de monter avec un pilote chevronné alors de désir juvénile cela devient un objectif.

« Voler était un tel rêve quand j’étais petit. Je suis toujours en recherche d’un nouveau challenge alors dès que je l’ai pu, je me suis mis au pilotage. Voler me permet d’évacuer la pression inhérante au sport, cela me recentre sur moi-même. Football et aviation, je ne pense pas que je pourrais être aussi bon dans un domaine sans l’autre. », pour USA Today

Alors qu’il est blessé en 2015, il profite de ce temps-libre pour restaurer un De Haviland DHC-2 Beaver de 1957. Dès qu’il le peut, fort de sa license obtenue en 2012, Jimmy Graham s’envole. Seul, la plupart du temps. Depuis son arrivée à Green Bay, il donne de son temps et de son argent pour donner des baptêmes de l’air à des jeunes de 8 à 17 ans par le biais de l’association Young Eagles.

Accompagnant ces enfants, il s’envole loin du stress d’un sportif de haut niveau, loin de son enfance à la réalité trop dure. Il rêve désormais de survoler la défense des 49ers pour un retour à Miami, siège du Super Bowl 54.

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