L’entrée ou non d’un joueur au Hall of Fame est souvent l’objet d’un débat passionné, et nombre de joueurs disposent d’autant de soutiens que de détracteurs. Après une première sélection interne à la rédaction, douze joueurs (non-éligible aujourd’hui) ont été retenus car ils ont recueilli des votes contradictoires et méritaient une analyse plus poussée. Ainsi pas de joueurs évidents comme Tom Brady ou Peyton Manning. Après ces douze volets, deux épisodes bonus vous seront proposés.
Néo-retraité, Eli Manning possède une carrière tout en paradoxe qui déchaînent souvent un débat assez violent sur sa possible place au Hall of Fame.
Les arguments favorables
Eli Manning dispose d’une armoire à trophée bien garnie, avec deux Super Bowls et deux titres de MVP de ce même Super Bowl. Il n’y a qu’un seul quarterback à avoir deux bagues en tant que titulaire sans être au Hall of Fame (Jim Plunkett), et aucun joueur ayant obtenu deux titres de MVP du Super Bowl ne manque à l’appel. L’importance des titres dans la selection au temple de la renommée est discuté depuis l’origine, mais nul ne peut douter qu’avoir une bague à chaque main est un argument fort dans une candidature.
Si on peut légitimement penser que le premier titre de MVP aurait pu revenir à la défense (coucou Justin Tuck), il n’empêche qu’Eli Manning a su réaliser des actions de légendes dans chacun des deux matches, entre helmet catch et lancer vers Mario Manningham. Et en stoppant les imbattables Patriots de 2007, il a changé l’histoire de la NFL. Battre ce qui est peut-être la meilleure équipe de l’histoire est le genre de performance dont tout le monde se souvient, notamment les votants.
Les New York Giants sont une équipe légendaire, avec un palmarès impressionnant. Logiquement cette histoire se compose de nombreux grands joueurs, dont peut-être le meilleur défenseur de l’histoire avec Lawrence Taylor. Mais Manning est de son côté le joueur offensif le plus iconique, étant titulaire pour la moitié des titres de la franchise. Avec 234 titularisations, 57 023 yards et 366 touchdowns notamment, il est présent dans les livres d’histoire de la franchise dans quasiment toutes les catégories statistiques relatives à son poste. Pendant 16 saisons, Manning a incarné la figure médiatique et sportive de son équipe, au côté de légendes comme Michael Strahan, et cela compte dans un dossier pour le Hall of Fame.
La durabilité d’Eli Manning lui a également permis de s’incrire dans les livres d’histoire dans de nombreuses catégories statistiques importantes. Il est 7e dans l’histoire en nombre de yards lancés (57 023) et aux nombre de touchdowns (366). Dans un sport ou les chiffres sont parfois plus important que la prestation sur le terrain, difficile d’ignorer un joueur qui est si haut dans les deux principales caractéristiques des quarterbacks.
Les arguments défavorables
Eli Manning a connu de belles campagnes de playoffs, mais ses saisons régulières ont été plus compliquées. En 16 saisons il ne compte aucune sélection dans une équipe All Pro et seulement 4 sélections au Pro Bowl. Son bilan global en saison régulière est de 117 victoires pour… 117 défaites. Difficile d’imaginer faire entrer dans le Hall of Fame un joueur incapable de faire gagner son équipe, alors qu’il a pourtant été épaulé par un bel effectif durant la majeure partie de sa carrière. Amani Toomer, OBJ, Hakeem Nicks et Victor Cruz entre autres, le casting est loin d’être ridicule.
S’il n’a jamais mené la ligue en touchdown lancés, il a dominé trois fois la ligue au niveau des interceptions. Dans ses saisons complètes, il n’a jamais réussi à lancer moins de 10 interceptions, il n’a jamais non plus atteint la barre symbolique des 100 d’évaluation sur une saison. Pire, il n’a eu une évaluation dans le top 10 de la ligue qu’une fois, une 7e place en 2011. Il est souvent admis qu’une des premières questions à se poser pour une entrée au Super Bowl est : le joueur a-t-il été top 5 à sa position. La réponse évidente pour Eli Manning est non.
De plus durant l’ensemble de sa carrière Eli Manning n’a disputé que 6 campagnes de playoffs, et quatre se sont terminés après seulement un match. Encore et toujours, la légitimité d’Eli se résume à deux saisons, mais elles ne cachent pas 14 saisons souvent décevantes. Comme l’a dit le reporter Andrew Hawkins de NFL media, si Trent Dilfer ou Nick Foles avaient remporté une deuxième bague, seraient-ils des Hall of Famers ?
Les votes
Pour (7 votants) : Jean-Michel Bougeard, Elioth Salmon, Alexandre Foy, Brice Duhamel, Nelson Caignard, Romain Therasse et Victor Roullier.
« Deux Super Bowl et deux fois MVP du Super Bowl. Très peu l’ont fait. Il souffre de la comparaison avec son frère, mais offrir deux titres à une ville comme New York, ça montre la qualité d’un joueur. » (Elioth Salmon)
« En fait je vois pas où est le débat. Eli a gagné 2 titres, en étant à chaque fois MVP du big game. Il a été hyper clutch à chacune des deux campagnes victorieuses. Il est 7e All time au classement des yards lancés et des touchdowns. J’en connais qui y sont pour moi que ça. » (Alexandre Foy)
« Selon mes critères personnels il n’est pas forcément un Hall of Famer. Mais un quarterback de New-York avec deux bagues? Il sera first ballot. » (Victor Roullier)
Contre (7 votants) : Mehdi Jullien, Raphael Masmejean, Raoul Villeroy, Camille Saraben, Matthieu Pasquier, Alain Mattei et Sébastien Polomeni.
« Je me demande s’il n’y a pas des critères éliminatoires pour le HoF ? Deux saisons à 25 et 27 interceptions ? Plusieurs années à -60% de passes complétées ? Je préfère la régularité aux coups d’éclats. » (Raoul Villeroy)
« Pas un top, ni un flop mais un bon joueur. Perso, je ne l’envoie pas à Canton mais il finira par y être. » (Sébastien Polomeni)
« Pour moi Eli est un joueur moyen, drafté sur son nom de famille et qui n’a pour lui qu’une carrière fade basée sur la longévité. Il réussit deux hold ups mais reste globalement très loin de son frère. » (Matthieu Pasquier)
Vote supplémentaire permettant de départager : Grégory Richard