La position de tight end est devenue cruciale dans les attaques de NFL aujourd’hui. Cela n’a pas toujours été le cas.
Ce poste, autrefois simple poste de complément, est devenu un maillon indispensable pour toutes les franchises du pays, et son évolution est un long processus qui a commencé dès les années 60.
Années 60 : Mike Ditka et les pionniers
S’il faut un pionnier, c’est bien lui. Choisi en cinquième position de la draft 1961 par les Bears de Chicago, et dès la première saison il s’impose comme un receveur exceptionnel, avec 56 réceptions pour 1 076 yards et 12 touchdowns, un total inimaginable à l’époque pour un joueur à son poste. Il finit sa carrière avec 427 réceptions pour 5 812 yards, des chiffres dignes du « Hall of Fame » à l’époque.
Pour la première fois un tight end n’est plus uniquement un bloqueur, mais également un joueur phare à la réception, capable d’amener une solution supplémentaire en attaque. Cette tendance prend de l’ampleur dans les années 60.
Ditka n’est pas le seul qui permet cette transformation du poste : John Mackey, arrivé deux ans plus tard, participe à la popularisation de la position avec un touchdown crucial lors du Super Bowl V pour permettre la victoire des Colts contre les Cowboys. Dave Casper des Raiders devient également une tête d’affiche à ce poste dans les années 60, avec plus de 5 000 yards et 52 touchdowns.
Années 80 et 90 : la confirmation
Les années 80 permettent la confirmation de la tendance commencée dans les années 60, et même une évolution plus profonde. Car si le poste évolue, le physique des joueurs à la position change également.
Un des premiers joueurs considéré comme un joueur « hybride » entre tight end et receveur est Todd Christensen. Le joueur des Raiders connaît une carrière relativement courte mais productive, et dans l’équipe de Los Angeles, il est considéré comme une arme principale en attaque au même niveau que les receveurs de l’équipe.
Puis viennent trois joueurs qui finissent d’installer le poste de tight end dans toutes les attaques NFL.
Le premier est Kellen Winslow Sr, joueur iconique des San Diego Chargers, qui avec ses 1 mètre 96 pour 113 kilogrammes devient un modèle physique pour les joueurs à venir. Plus grand et plus rapide que les pionniers des années 60, les tight ends deviennent des joueurs extrêmement mobiles, capable non seulement de réceptionner des passes courtes, mais également de prendre le dessus sur les linebackers sur des tracés plus long.
Le second est Ozzie Newsome, titulaire indiscutable des Browns pendant plus d’une décennie, il accumule près de 8 000 yards en 13 saisons. Son impact et ses statistiques lui permettent d’intégrer le Hall of Fame et son héritage est toujours présent dans l’Ohio. Enfin, le troisième est Shannon Sharpe, joueur emblématique des Broncos qui est le premier joueur à son poste à atteindre les 10 000 yards, total improbable quelques années auparavant.
Années 2000 et 2010 : la consécration
Le nouveau millénaire marque la consécration ultime des tight ends et l’apogée de leur impact en NFL. Encore une fois, trois joueurs ont marqué leur époque.
Le premier est celui de tous les records à la position : Tony Gonzalez, joueur mémorable des Chiefs puis des Falcons. Avec 15 127 yards et 111 touchdowns, il prouve de 1997 à 2013 que les tight ends peuvent avoir des statistiques de receveur. Il est d’ailleurs le 6e joueur le plus prolifique à la réception dans l’histoire de la NFL, tous postes confondus. Lors de la saison 2000, il atteint un total de 1 203 yards à la réception, faisant de lui une référence en NFL.
Les deux autres tight ends qui ont marqué cette époque ont tous les deux commencé en 2003. Il s’agit de Antonio Gates et Jason Witten. Gates est le meilleur receveur de l’histoire des Chargers (11 841 yards et 116 touchdowns) et même les plus jeunes fans ont pu voir son talent s’exprimer sur les terrains de NFL. Il reste encore maintenant un joueur bénéficiant d’une aura importante en NFL. Et même à 38 ans, il est capable de causer des maux de tête aux défenses.
Jason Witten, récemment sorti de sa retraite, est lui aussi le recordman de sa franchise en nombre de yards (12 448 yards) et a marqué la NFL de son empreinte. Capable d’exploiter le moindre matchup favorable, il a su faire parler sa puissance et sa rapidité pour atteindre quatre fois la barre des 1 000 yards sur une saison, performance remarquable dans une attaque des Cowboys dont il a incarné l’âme avec son quarterback emblématique Tony Romo.
Fin des années 2010 : les années folles
Si le tight end le plus reconnaissable de la période actuelle est Rob Gronkowski, qui vient d’annoncer sa retraite, ils sont plusieurs à battre les records actuellement.
Honneur donc au néo-retraité, pilier des Patriots des années 2000, qui a joué un rôle majeur dans la conquête de trois titres NFL. Force physique hors du commun, il a terrorisé les défenses NFL pendant une décennie, réalisant des réceptions mémorables tant en saison régulière qu’en playoffs. Le point d’orgue, c’est une saison 2012 où il cumule 1 327 yards et 17 touchdowns, une référence en la matière.
Pourtant, la fin du « Gronk » ne marque pas la fin de l’âge d’or des tight ends. Loin de là ! L’année 2018 nous a démontré que le poste est plus fourni que jamais, avec de nombreuses de haut vol dans une même saison (dans l’ordre alphabétique) :
- Zach Ertz : 116 réceptions, 1 163 yards et 8 touchdowns ;
- Travis Kelce : 103 réceptions, 1 336 yards et 10 touchdowns ;
- George Kittle : 88 réceptions, 1 377 yards et 5 touchdowns.
Aujourd’hui, la NFL a de plus en plus recours aux tight ends, et les franchises utilisent même de plus en plus souvent des formations à deux tight ends, en cherchant à mettre en difficulté la défense qui doit faire face à un double dilemme :
- Si c’est un linebacker qui couvre le tight end, le manque de vitesse du défenseur peut lui porter préjudice, mais physiquement il est en mesure de rivaliser ;
- À l’inverse, si la défense rajoute un joueur de ligne arrière, il pourra suivre le tight end en terme de vitesse mais peux se retrouver en difficulté physiquement.
C’est donc aujourd’hui devenu un casse-tête pour nombre d’équipes de défendre ces profils hybrides, qui à défaut d’être aussi bon bloqueurs que dans les décennies précédentes, représentent une menace d’une gravité rarement vue en NFL.
La possibilité de voir certains tight ends pouvoir se placer à l’extérieur avant la mise en jeu aggrave le problème, tous les défenseurs ne pouvant pas défendre dans cette circonstance. Cependant, les défenses commencent à s’adapter en utilisant des safeties au physique et à la vitesse suffisante pour défendre dans toutes les circonstances le tight end. Derwin James, le rookie des Chargers, l’a démontré cette année.
Année 2020 : quel avenir ?
Quel est donc l’avenir pour la position, cela dépendra en fait de plusieurs facteurs.
– La génération de tight end actuelle est excellente. Verrons-nous une génération aussi talentueuse arriver dans le futur ?
– Les défenses trouveront-elles des schémas organisationnels permettant de limiter l’impact de ces joueurs hybrides ?
– Les schémas d’attaque à plusieurs TE (02,12,13,22,23) sont-ils viables sur le long terme ?
– La ligue continuera-t-elle de tendre vers plus de jeu de passe et donc plus d’opportunité de briller pour les tight ends receveurs ?
Ce sont toutes ces interrogations qui entourent les futures saisons de NFL, et qui détermineront si le poste a atteint son âge d’or ou s’il prendra une part toujours plus importante dans la ligue.