Voilà les jeux sont fait et la draft 2019 est actée. Cette semaine la rédaction de Touchdown Actu vous propose cinq portraits, ceux de cinq joueurs choisis dans le top 10 de la draft 2019. Aujourd’hui Josh Allen sélectionné en 7e position par les Jaguars de Jacksonville : Duuuval.
Josh Allen
né le 13 juillet 1997 à Cumberland County, Virginie
1m96 pour 120 kilos
Linebacker/defensive-end, Jacksonville Jaguars
Josh Allen en 2018 c’est 88 plaquages dont 17 sacks ! En compagnie du coureur Benny Snell, il conduit l’équipe de Kentucky à un bilan de 10-3, meilleur bilan de la fac depuis…1977 ! 17 sacks ainsi que 4 passes défendues et 5 fumble forcés. Un bilan lui faisant penser qu’il mérite d’être numéro 1 de la draft :
If I’m not #1 than I don’t know who is🤷🏾♂️ #GoCats
— Josh Allen (@JoshAllen41_) January 1, 2019
Carrément ! Il se voit sur le toit du monde. Et pourtant tout n’a pas été aussi simple pour arriver jusque là : entre épreuves et désillusions, il a su atteindre les étoiles grâce à un coup de pouce du destin, son caractère faisant le reste.
Au sous-sol
Enfant quelque peu turbulent, il est diagnostiqué comme atteint de trouble hyper-actif et il suit ses cours d’école élémentaire dans une classe spécialisée. Alors que les élèves « normaux » sont à l’étage, ses cours sont donnés au sous-sol de l’école. Comment ne pas se sentir inférieur ? Surtout qu’il a des problèmes de concentration, de diction et de lecture.
« On vous regarde différemment quand vous êtes là (au sous-sol). Certains ne s’en sont jamais vraiment remis. Moi, lorsque certains se moquaient de ma diction, je ne me battais pas, je me moquais d’eux à mon tour, l’humour était mon système de défense, j’étais tout le temps en train de plaisanter » (nfl.com)
Voulant se prouver à lui-même ses capacités, il décide à 14 ans de quitter le cocon familial et de rejoindre un de ses oncles dans l’état de l’Alabama pour y effectuer son lycée. Et cela lui a forgé le caractère ! Petit nouveau arrivant de la « ville », il fut la cible de toutes les (mauvaises) attentions de ses partenaires et plus d’une fois, il a voulu abandonner. Semblant sortir d’un autre temps, les professeurs étaient également autorisé à punir les mauvais élèves.
« Je me souviens qu’un jour l’entraineur, avec une batte de cricket, parcourait le terrain avec dans son autre main nos bulletins scolaires : vous en receviez un coup pour un D, deux pour un F. Un jour j’ai reçu 5 coups et je me retenais de ne pas pleurer » (kentucky.com)
Changement de coté
Avec le soutien d’un oncle, il s’est accroché et a fini par s’imposer dans l’équipe avant de retourner dans son New-Jersey pour sa dernière année de lycée, la plus importante pour lui, celle du passage définitif en défense. Car jusqu’ici, Allen joue surtout en attaque au poste de receveur. Coach Fiore voyant son potentiel appellera alors l’université dominante de l’état du New Jersey, Rutgers, pour les éclairer sur le talent de son joueur.
« J’ai du les appeler 50 fois au moins. Je lui ai dis (à Joe Rossi, DC de Rutgers), vous pouvez en faire un super defensive-end ou même un receveur. Il n’est pas aussi rapide que Kenny Britt mais plus physique encore » (nj.com)
Le receveur Kenny Britt a été formé à Rutgers avant de jouer en NFL de 2009 à 2017. Mais l’université ne se laisse pas convaincre. Allen signera finalement une lettre d’intention avec une autre université locale, bien moins prestigieuse en terme de football : Monmouth. Il est considéré par les sites spécialisés comme une recrue 2 étoiles (sur 5), 2121e joueur toutes positions confondues !
« C’est le genre d’histoire qui rendent les entraineurs très fiers. Quand vous dénichez un talent brut, un jeune homme travailleur et humble en qui personne ne croit et qui au final, devient un premier tour de draft » (nj.com)
Cette déclaration de coach Mark Stoops, en décembre 2018, décrit parfaitement la personnalité de Josh Allen. Lui qui depuis un an est désormais un père de famille : « Je me devais de hausser mon niveau de jeu car j’avais un fils, Wesley, et une famille à prendre en charge »
Un coup de pouce du destin
L’université de Kentucky n’est pas réputée en football comme elle l’est en basketball (et en athlétisme) cependant, ces dernières années la NFL profitent de joueurs qu’elle a su former : Cobb (Cowboys), Trevathan (Bears), Dupree (Steelers) ou Avery Williamson (Jets).
Une défection de dernière minute à l’université de Kentucky rend disponible une dernière place dans leur recrutement. Jim Matsakis est alors coach dans un lycée rival de Montclair et a pu voir, de ses yeux, le talent de ce joueur dont absolument personne ne parle dans les cercles spécialisés.
Il téléphone alors à son frère qui travaille dans les bureaux administratifs de l’université de Kentucky. Ce dernier persuade un assistant coach d’aller voir ce joueur et trois heures après être arrivé dans le New Jersey, Derrick Ansley alors entraineur adjoint, est convaincu et il repart avec Josh Allen en direction de Lexington.
Il joue très peu son année freshman (première année) mais devient titulaire dès la seconde en tant que SLB (Strong Side Linebacker) dans leur défense de formation dite 43 (quatre Dlinemen et 3 linebackers). Il finit la saison avec sept sacks et 62 plaquages.
Son année junior, il égale son total de sacks dès la moitié de saison mais désormais, Josh Allen est connu et craint par tous les coordinateurs offensifs de la si relevée conférence SEC. Les prises à deux qui en découlent font que son total de sacks n’augmente pas en seconde partie de saison. Alors, comme toujours il travaille, encore et encore : « Rien ne vous tombe tout cuit dans l’assiette » dit-il à kentucky.com avant le début de saison 2018.
Ma famille d’abord
« Ma mère était un parent-isolé avec six enfants à gérer, en plus de ses deux emplois »
Lui, son frère jumeau Isaiah et quatre sœurs. Alors travailler, il a eu la notion de ce que cela veut dire. Le linebacker des Wildcats aurait pu, en 2018 déjà, se présenter à la draft et être choisi parmi les cinquante premiers. Il a cependant préféré retourner à l’université pour parfaire son jeu et solidifier ses chances d’être sélectionné au premier tour, sa sœur l’a été en basketball au second tour (#19 en 2018 par Washington).
Elle aussi a quitté le New Jersey natal pour rejoindre l’état du Kentucky mais pour y jouer avec les rivaux de Louisville. Josh était bien entendu le premier supporteur de sa sœur mais lorsqu’il allait la voir jouer, il ne pouvait se résoudre à revêtir du rouge (Louisville), sauf une fois selon elle mais il ne faut pas le dire trop fort.
Fin avril 2018, lors de la draft il reçoit beaucoup de messages sur twitter le félicitant pour sa sélection au 7e choix ! Bien entendu ces messages étaient en fait destinés au quarterback choisi par les Bills, son parfait homonyme. Leurs auteurs ont sans doute effectué un copier-coller pour cette année car clin d’œil du destin, les Jaguars le choisissent avec le 7e choix.
Sa route le conduit donc désormais vers le nord de la Floride : « on va en floride hein ? » dit-il à son fils en marchant vers le podium de la draft. Il arrive dans une équipe qui a connu une désillusion l’an passé mais il y rejoint en défense des joueurs de la trempe de Calais Campbell, Jalen Ramsey, Myles Jack et autres Telvin Smith. Son association ou rotation avec Yannick Ngakoué excite les fans regardant les matchs des tribunes, dans une piscine.
Defensive-end avec Calais Campbell glissant vers l’intérieur pour remplacer Malik Jackson ? Comme linebacker sur le coté fort ? Une des forces de Josh est qu’il peut faire beaucoup de choses : pass rush, chasser les coureurs adverses ou même en situation de couverture de passe (regardez au bas de l’écran, le numéro 41) :
Tom Coughlin et Doug Marrone sont certains d’une chose à minima, celle que Josh Allen ne lâchera rien : 2121e joueur à sa sortie du lycée, il est le 7e après l’université ! Sa ténacité a payé.