Peut-être l’action la plus célèbre de l’immense carrière de Dan Marino. Le 27 novembre 1994, le quarterback vedette offre la victoire aux Dolphins sur un jeu qui reste dans la légende : le fake spike, ou une feinte de mise au sol du ballon pour arrêter le chrono.
Souvent imité, jamais égalé, retour sur un coup ce coup de génie aux multiples conséquences.
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Le contexte
Ce dimanche de novembre 1994, les Dolphins se déplacent à New York chez leur rival de division, les Jets. 7 victoires et 4 défaites pour les Dolphins avant la rencontre, 6 victoires pour 5 défaites pour les Jets, ce match est un tournant de la saison dans la course à la première place de l’AFC Est.
« Je me rappelle être surmotivé pour cette rencontre contre les Dolphins car elle était très importante pour nous. Je me rappelle de l’entrainement cette semaine : c’était incroyable. On a mis beaucoup d’énergie pour cette rencontre. C’était primordial. On jouait pour la première place de la division » se rappelle Boomer Esiason, le quarterback des Jets. (via Rich Cimini d’ESPN)
Les Jets prennent rapidement l’avantage, 10 à 0, puis 24 à 6 au milieu du troisième quart-temps. Marino mène alors les Dolphins vers un incroyable retour avec deux passes de touchdown successives pour Mark Ingram. Troy Vincent, safety des Dolphins, se rappelle.
« Tout d’un coup, Dan est devenu bouillant. Tout s’enchainait. Comme disait alors le coach « ne vous mettez pas sur son chemin, laissez lui lancer le ballon ». Je me rappelle qui Bryan Cox (linebacker des Dolphins) nous motivait sur le bord du terrain : « Hey Danny est chaud, on doit lui récupérer ce ballon et lui donner » ».
La feinte
A 4 minutes de la fin, le score est de 27 à 24 pour les Jets. Les Dolphins peuvent égaliser avec un coup de pied à trois points et possèdent encore un temps-mort. Après une réception de Mark Ingram dans l’axe, Miami se retrouve sur les 8 yards des Jets et peut arrêter le chronomètre en jetant le ballon au sol, il reste alors 25 secondes à jouer. Marino crie « clock, clock, clock ! », tout le monde s’attend à un spike.
Il récupère le snap, laisse l’impression qu’il va jeter le ballon au sol. Alors que les coureurs reculés des Dolphins restent immobiles, la ligne offensive protège Marino qui lance sur la droite vers Mark Ingram. Touchdown, le quatrième de la journée pour Ingram. Tout le monde a mordu à la feinte, à commencer par la défense des Jets, immobile sur l’action.
Paul McGuire, qui commentent la rencontre avec Marv Albert pour NBC est le premiers surpris.
« Voir Marino faire cela, on a levé nos bras en l’air et pensions : qui peut bien penser à faire cela ? »
Même les arbitres sont surpris.
« J’ai regardé l’arbitre reculé Bill Lovett qui a signalé le touchdown et j’ai vu la surprise dans ses yeux. Je me rappelle de ce silence. Je vous promet, le stade était choqué. Le cornerback (Aaron Glenn) était choqué. Les deux seuls qui n’étaient pas choqués étaient Marino et le receveur (Ingram). Ingram avait se regard dans ses yeux disant : est-ce que cela compte vraiment ? » raconte Jeff Bergram
L’origine du jeu
Si Marino est le réalisateur du jeu, l’initiateur est Bernie Kosar, le quarterback remplaçant des Dolphins. En 1986, lors d’une rencontre de playoffs entre Jets et Browns, Kosar alors quarterback pour Cleveland, tente de trouver Webster Slaughter de la même façon. Sans succès toutefois pour Kosar, qui lance sa passe trop courte et surtout qui ne réussi pas à surprendre les Jets qui ne mordent pas à la feinte. Kosar garde depuis 1986 cette idée en tête.
« Pendant 8 années de ma vie, dans toutes les équipes ou j’ai joué, Browns, Cowboys ou les Dolphins, on s’entrainait à ce jeu. Cela à pris huit années pour que les étoiles soient alignés et que la situation se présente de nouveau. J’étais en communication avec Dan. Nous avons appelé le jeu avant même que l’on soit dans les 20 yards des Jets. Don Shula, Gary Stevens, Dan Marino, on était tous d’accord »
Marino confirme les dires de Kosar.
« Il faut rendre hommage à Bernie. C’est lui qui a amené ce jeu depuis Cleveland. Je l’entendais me dire dans le casque « Pense au Clock Play, pense au Clock Play ».
Les conséquences
Sur une belle dynamique, les Dolphins finissent la saison avec la première place de la division et échouent aux portes de la finale de conférence face aux Chargers.
Si les Dolphins exultent, les Jets sont eux au fond du trou. Cette défaite marque le début d’une période noir pour la franchise. Ils enchaînent 4 défaites de rang après avoir perdu face aux Dolphins et finissent la saison avec 6 victoires pour 10 défaites. Pete Carroll, pour sa première saison en tant que coach, est renvoyé. Pire encore, le bilan entre cette défaite et la saison 1996 est de 4 victoires pour 32 défaites : une des pires série de l’histoire. Des regrets que porte encore Paul Frase, defensive tackle des Jets.
« J’aurais pu être le héros et tout inverser. J’ai renversé mon adversaire (Bert Weidner) et j’ai été très proche d’attraper Marino. Quelques centimètres, c’est ce qui m’a manqué pour être le héros »
Souvent imité
Depuis ce jour, le fake spike est devenu un jeu souvent utilisé surtout par les plus grands. Tom Brady en 2007 trouve Randy Moss pour le touchdown. En 2014, Aaron Rodgers venge les fans des Jets en réalisant la feinte face aux Dolphins. Roethlisberer offre la victoire au Steelers en 2016 face aux Cowboys de la même façon. Même Blake Bortles, le roi du garbage time, réalise un fake spike lors d’une déroute face aux Colts.
D’autres, en revanche, ont moins de succès. Comme Caleb Hannie en 2011 avec les Bears. En feintant le jeu feinté, Hannie est alors pénalisé pour intentional grounding…
Ce n’est pas donné à tout le monde d’être Marino