Randall Cunningam, Kordell Stewart, Warren Moon, Steve Young, Mickael Vick, autant de quarterbacks qui ont construit leur réputation sur un jeu multidimensionnel, à la passe mais aussi à la course. Ce n’est pas un hasard si l’on retrouve ces noms dans le classement des plus longues courses effectués par un quarterback. Dans cette liste, figure également un autre nom qui peut surprendre : l’ancien Chief de Kansas City, Steve Bono.
Il faut dire que Bono n’a pas la réputation d’être un quarterback mobile. Pour ces cinq premières saisons en NFL, il n’a gagné que 109 yards à la course en 43 rencontres. Désormais titulaire avec les Chiefs après la retraite de Joe Montana au début de la saison 1995, il mène avec Marcus Allen à la course l’une des attaques les plus redoutable de la ligue.
Le 1er octobre 1995, les Chiefs se déplacent chez les Cardinals, l’une des plus faible équipes de la ligue. Le début de rencontre est terne, aucune des deux escouades n’arrivant à marquer de points dans le premier quart temps. Une minute après le début de la seconde période, les Chiefs se retrouvent avec une troisième tentative et un yard à parcourir sur leur ligne des 24 yards.
Tout le monde pense que Marty Schottenheimer va appeler un jeu pour Marcus Allen, le futur ex-meilleur ami d’OJ Simpson et l’un des plus grands coureur de l’histoire. Mais le coach des Chiefs a une autre idée derrière la tête et appelle un bootleg, un jeu feinté envoyant les coureurs et receveurs d’un côté du terrain pour libérer de l’espace au quarterback du côté opposé. Le défenseur de Cardinals, Seth Joyner expliquait après le match à l’Associated Press.
« Sur leur quatre premières rencontres, ils n’ont jamais appelé de bootleg. Mon rôle était de contenir le quarterback sur ce jeu. J’étais concentré sur Marcus Allen, et je me suis fait piéger ».
Se faire piéger est un euphémisme. L’ensemble de la défense des Cardinals mort à l’hameçon et Steve Bono se retrouve seul sur le côté droit, accompagné de son joueur de ligne offensive, Joe Valerio. La scène est cocasse, sur un rythme de sénateur, Steve Bono met 11 secondes pour parcourir les 76 yards qui le séparent de l’embut aux côtés de Valerio, qui lui fait signe que la voie est libre.
« La première personne que j’ai vu était l’arbitre, et j’espérais qu’il ne fasse pas un plaquage », racontait Valerio après la rencontre.
Il ne sera pas inquiété une seconde sur cette course, a la plus grande surprise de son entraîneur Marty Schottenheimer.
« Je vais être honnête, nous ne nous attendions pas à ce type de résultats. Je lui ai dit, ne va pas te faire un claquage… mais à la vitesse ou il a couru, il y avait peu de risque »
Une course de 76 yards, qui est alors la plus longue course de l’histoire pour un touchdown par un quarterback et qui représente à elle seule presque 30% des gains à la course en carrière par Bono. Remplaçant de Joe Montana durant toutes ces années, Steve Bono s’amuse de son exploit
« Il fallait que j’inscrive mon nom dans les livres de record comme Joe », explique-t-il après la partie, toujours l’AP.
Les Chiefs remporteront la rencontre 24 à 3, en route vers un record de 13 victoires et 3 défaites et le titre de l’AFC Ouest. Bono réalisera la meilleure saison de sa carrière, décrochant même une sélection Pro Bowl.