Au mois d’octobre 2017, les propriétaires NFL ont retrouvé quelques joueurs pour une réunion autour de Roger Goodell. Le sujet du moment : les protestations pendant l’hymne national et le mouvement des joueurs pour plus de justice sociale.
Une réunion qui n’a pas débouché sur énormément de choses concrètes. Les joueurs l’avaient déjà dit quelques jours plus tard. Mais ce mercredi, le New York Times apporte un éclairage nouveau sur la réunion en question. Nos confrères se sont procurés un enregistrement des trois heures de la rencontre.
La plupart du récit n’apporte pas grand chose en terme d’informations concrètes. Le point qui ressort est l’aspect central du rôle de Donald Trump dans l’ambiance de l’époque. Pour rappel, à ce moment-là, le président s’en prend régulièrement à la NFL et aux joueurs qui protestent.
« Le genou au sol. Le problème que nous avons, c’est que nous avons un président qui va utiliser ça pour alimenter sa mission, dont je ne pense pas qu’elle soit dans le meilleur intérêt de l’Amérique », a ainsi expliqué Robert Kraft (Patriots) au cours de la rencontre. « Cela divise les gens et c’est horrible. »
Si certains propriétaires semblent simplement craindre la mauvaise publicité, d’autres avancent un point censé : ne pas entrer dans le jeu du locataire de la Maison Blanche.
« Nous devons faire attention à ne pas nous faire piéger par Trump ou quelqu’un d’autre. Nous devons trouver un moyen de ne pas être divisés et de ne pas tomber dans le piège », expliquait notamment Jeffrey Lurie (Eagles).
Évidemment, comptez sur Bob McNair (Texans) pour remettre un peu de condescendance là-dedans et ne pas laisser les prisonniers prendre trop la main.
« Les gars, vous devez dire à vos compadres, vos potes, d’arrêter et de faire quelque chose qui produit vraiment des résultats positifs, et là nous vous aiderons », a expliqué le propriétaire des Texans au sujet des protestations.
Kaepernick au coeur de l’ironie
Grand absent de la réunion, Colin Kaepernick s’est retrouvé dans le débat grâce à ses confrères joueurs.
« J’ai l’impression qu’on l’a laissé en plan. Tout le monde ici dit à quel point il nous soutient. Personne ne s’est avancé pour dire qu’il soutenais le droit de Colin à faire ça », a lancé Eric Reid. « Nous l’avons tous laissé devenir l’ennemi public numéro un dans ce pays et il n’a toujours pas boulot. »
Silence dans la salle…
« S’il était dans un effectif, toute cette négativité et ces divisions pourraient être transformés en quelque chose de positif » a ajouté Chris Long.
L’ironie a pointé le bout de son nez lorsque Terry Pegula, propriétaire des Bills, a expliqué qu’il faudrait que la NFL se trouve un porte-parole… à la manière de la NRA (National Rifle Association, puissant lobby des armes) avec Charlton Heston. Et à Anquan Boldin, qui lui a répondu que les propriétaires devraient aussi être des porte-paroles, Pegula a répondu qu’il serait important que le porte-parole en question soit noir. Pour rappel, tous les propriétaires NFL sont blancs.
Métis. Premier à lancer le mouvement. Actif auprès du grand public. Colin Kaepernick semblait pourtant avoir le profil de ce porte-parole que Pegula dit chercher.