Ça y est, c’est officiellement terminé. A l’âge de 36 ans, Michael Vick a annoncé sa retraite vendredi dernier, après une saison sans jouer.
Si cette nouvelle était plus ou moins attendue étant donné que le quarterback n’intéressait plus grand monde au sein de la NFL, elle marque tout de même la fin de carrière de l’un des joueurs les plus excitants et controversés de l’histoire de la ligue.
Un joueur unique…
Souvent, en NFL comme dans d’autres sports, on utilise des comparaisons pour décrire un joueur afin de mieux identifier ses qualités et ses défauts. Mais dans de rares cas, il est impossible de rapprocher celui-ci avec un autre, tout simplement parce qu’il possède un profil particulier. Michael Vick fait partie de ces phénomènes.
Sélectionné par les Falcons avec le premier choix de la draft 2001, le quarterback formé à Virginia Tech a réalisé tout au long de sa carrière des actions inédites. Doté de qualités athlétiques exceptionnelles, Vick était plus un coureur capable de lancer qu’un lanceur capable de courir, même s’il possédait un très gros bras. Véritable machine à highlights, il a enflammé tous les stades dans lesquels il est passé, et particulièrement le Georgia Dome d’Atlanta, où il a évolué pendant six saisons. Durant cette période, il était devenu une véritable star de la NFL, et un vrai ambassadeur pour certaines grandes marques (« The Michael Vick Experience » de Nike, ça vous dit quelque chose ?), à tel point qu’il a été la tête d’affiche du jeu vidéo Madden en 2004.
Il était également une légende vivante à Atlanta, ville où la culture afro-américaine a toujours été très présente, surtout à un moment où le Hip-Hop version Dirty South se retrouvait en pleine expansion. Originaire, comme Allen Iverson, d’un quartier difficile de Newport News en Virginie, Vick possédait une street credibility telle qu’il est apparu dans plusieurs clips de rap à l’époque. À travers son style de jeu, son style vestimentaire et le swag qui l’accompagnait, il était en quelque sorte le Iverson de la NFL dans ses meilleures années.
Passé également par Philadelphie (2009-2013), New York (2014) et Pittsburgh (2015) durant ses 13 saisons dans la ligue, Vick a établi plusieurs records qui restent encore d’actualité. Il est toujours le quarterback qui a réalisé le plus de yards au sol dans l’histoire de la NFL (6 109), ainsi que le recordman du nombre de yards parcourus à la course sur une saison (1 039 en 2006). Largement considéré comme le meilleur scrambler de tous les temps, Vick n’a pas été le premier lanceur à courir, mais il a été le plus impressionnant, le plus inarrêtable et le plus athlétique. Et si on voit aujourd’hui des joueurs comme Cam Newton, Russell Wilson et Tyrod Taylor aux commandes d’équipes NFL, c’est notamment parce qu’un certain numéro 7 a brillé avant eux.
…mais une carrière décevante
Cependant, malgré l’empreinte qu’il a laissée sur la ligue, difficile de ne pas être déçu par sa carrière dans son ensemble. À son arrivée chez les professionnels en 2001, Vick était perçu comme un prodige capable de changer le jeu en punissant les défenses adverses, autant avec ses jambes qu’avec son bras. S’il a effectivement été redoutable à la course pendant son passage en NFL, il ne s’est jamais imposé comme un grand lanceur. La preuve, il n’a complété que 56,2 % de ses passes pour 133 touchdowns et 91 interceptions. Son style de jeu très risqué a été la cause de nombreuses blessures, lui qui n’a réalisé qu’une saison complète de 16 matchs en l’espace de 13 ans. Il n’a jamais été un modèle de durabilité, ce qui est très problématique à son poste.
Au niveau du palmarès, Michael Vick a certes participé à quatre Pro Bowls, tout en remportant le titre de Comeback Player of the Year (2010) à Philadelphie suite à son passage en prison, mais il n’a jamais vraiment réussi à emmener l’équipe qu’il dirigeait vers le succès collectif. En-dehors d’une qualification en Finale NFC en 2004 et d’un exploit chez les Packers en Wild Card lors de sa seconde saison, le quarterback n’a pas remporté le moindre match de playoffs. Il termine sa carrière avec un bilan moyen de 61 victoires, 51 défaites et un nul en tant que titulaire, dont deux succès et trois revers en séries éliminatoires.
Une belle redemption story
Si les résultats collectifs n’ont donc pas vraiment été au rendez-vous, c’est surtout le scandale des combats de chiens qui reste le gros point noir de la carrière de Michael Vick. Incarcéré en 2007 pour avoir organisé des affrontements dans une propriété qu’il avait rebaptisée « Bad Newz Kennels », il aurait notamment supervisé l’exécution de six à huit chiens. Le quarterback a passé 19 mois derrière les barreaux et a été suspendu par la NFL. Devenu en un instant l’un des sportifs les plus détestés aux États-Unis et l’ennemi public numéro un des associations pour la protection des animaux, Vick avait soudainement perdu sa liberté, sa gloire et sa richesse, lui qui était le joueur le mieux payé de la ligue en 2004 (avec un contrat de 130 millions de dollars sur 10 ans).
Il faut parfois toucher le fond pour repartir sur des bonnes bases et reprendre sa vie en main. C’est ce qu’a fait Michael Vick, que l’on peut considérer comme un très beau modèle de réintégration depuis sa sortie de prison en 2009. Exemplaire hors du terrain et très impliqué dans la lutte contre les combats de chiens, il a su saisir sa seconde chance après avoir payé sa dette à la société. Sur les pelouses, il a réussi à retrouver une place de titulaire chez les Eagles en 2010, année où il a peut-être réalisé sa meilleure saison en carrière (3 018 YDS à la passe, 21 TD, 6 INT + 676 YDS à la course et 9 TD). Il a ensuite eu un déclin progressif, mais peu importe, il avait gagné son pari de redevenir un joueur majeur en NFL.
Quelle image faut-il retenir de Michael Vick ? Celle d’un joueur d’exception qui a su rebondir après avoir tout gâché ? Celle d’un athlète talentueux qui n’a pas répondu aux attentes ? Ou pire, celle d’un criminel qui a maltraité des chiens sans le moindre scrupule ?
Ce qui est certain, c’est qu’il ne laissera jamais personne indifférent.