Suite de la rencontre avec Sébastien Sejean (lire la première partie). On l’a quitté alors qu’il était à l’université de Laval, au Québec, et découvrait les caractéristiques d’un sport totalement différent en France et aux États-Unis.
Aujourd’hui, il nous parle de sa sélection par les Rams et de la préparation physique au quotidien.
Comment s’est passé ton grand saut vers la NFL ?
En fin de compte, c’est compliqué d’aller jouer en NFL. Il faut avoir passé au moins trois années en universitaire, puis par la suite passer des tests physique, face aux Canadiens, aux Américains et… il n’y a que 250 joueurs draftés.
Ça nous force à continuer la préparation physique, même pendant les six mois où on ne joue pas. C’est pour cela qu’on se demande pourquoi les joueurs de football américains sont beaucoup plus forts, ou beaucoup plus rapides que dans d’autres sports : on a six mois où on joue et six mois de préparation, ce qui n’est pas le cas dans tous les autres sports.
Dans mon cas, c’est certain que jouer dans le meilleur programme canadien, ça attire le regard de certaines franchises. Au final, ça c’est fait comme ça. J’ai été très très chanceux, mais avant il y a des heures et des heures de travail en salle d’entrainement, et avec les entraîneurs. Jouer en professionnel, ça ne demande pas que des qualités athlétiques, il faut aussi enregistrer les jeux, les tactiques qu’on nous donne, et les appliquer immédiatement sur le terrain.
Et donc, tu te retrouve aux Rams…
C’est ça, j’ai été choisi en 2008. Les installations m’ont impressionné… Ce que peu de gens savent, c’est que quand on arrive au niveau pro, on a tous consenti des sacrifices pour y arriver, que ce soit au niveau de la famille, des études… Quand on y est, c’est que du bonus, on le mérite. Alors des gens se disent « oui, ils ont pas besoin d’être escorté par la police pour arriver à l’aéroport », mais ils ne se rendent pas compte du travail qu’il y a derrière… et que ce n’est qu’un début ! Nos contrats ne sont pas garantis, on signe mais du jour au lendemain on peut être coupé. Ça permet d’avoir des joueurs à 110% tout le temps, et on ne peut jamais s’asseoir sur nos contrat.
C’est quoi l’emploi du temps d’un joueur NFL ?
Il est segmenté en trois parties. En janvier, quand la saison est finie, on se repose et on se prépare physiquement pour les camps d’entrainements. En juillet-août, c’est très dur, on se lève le matin à six heures, on se couche vers onze heure-minuit parce qu’on assimile les tactiques, les assignations sur le terrain. C’est une partie très cognitive, mais il faut aussi se maintenir en bonne santé. Et enfin il y a la saison régulière. C’est le plus difficile : chaque semaine, le playbook change, il faut assimiler à peu près 60-90 tendances par semaine. À coté de ça il faut être performant, et on a juste une semaine de repos.
Avec les Rams, tu as joué la présaison, puis ensuite plus rien. Comment tu l’as vécu, mentalement ?
En fin de compte, mon contrat était bloqué sur la pratice squad. Pendant la saison, ils ont voulu me couper puis me re-signer mais ils ne le pouvaient pas. L’année d’après, ils m’ont fait signer un nouveau contrat, mais entre temps je suis arrivé aux Jets, en réserve. Si quelqu’un se blessait je jouait mais ça ne s’est pas fait, et mes droits ont atterris aux Miami Dolphins. Ça s’est terminé comme ça.
Tu te prépare comme les autres joueurs. Il y a une équipe titulaire en défense, et une deuxième équipe. J’étais dans celle là. Tu te prépare de la même façon. Ok, t’as pas tout à fait le même temps de préparation que les titulaires, mais sinon c’est pareil. À ce niveau là, les joueurs sont assez mature, on sait qu’en tant que remplaçant, il y a de fortes chances qu’on ne joue pas, mais qu’il y a quand même une possibilité. On arrive pro, mais pas comme dans les autres sports. On arrive à 24-25 ans, pas à 19 ans, donc on est plus mature.
Et comment cela se passait avec tes coachs ? Le fait que tu soit français ne posait pas de problèmes ?
J’avais de bons rapports, les entraineurs sont là pour performer, mais aussi pour éduquer. Ils sont capables de tirer le meilleur d’un joueur sans forcément lui crier dessus, lui donner des heures de boulot supplémentaire, ils sont bons psychologues. Je n’étais choisi que sur la performance.
Même si tu savais que c’était au hasard avec la draft, tu aurais rêvé de quelle équipe ?
J’ai pas d’équipe favorite. Moi ce que j’aime c’est jouer au foot ! Jouer en NFL, c’est suffisant. Entre jouer à New York ou Minneapolis, ou à San Diego…Beaucoup choisiraient San Diego. Mais aux États-Unis, qu’on joue à Green Bay ou à Miami, les exigences sont les mêmes. Et ta notoriété est la même.
Tu suis encore tes potes dans l’effectif ?
Oui beaucoup ! j’ai gardé contact avec Chris Draft, un linebacker, qui a fait de belles années en NFL, avec Steven Jackson, qui est venu il y a un an à Paris, même si maintenant il joue aux Falcons…Puis d’autres, quand je vais aux US en vacances on essaye de se voir, on reste en contact.
Et tu suis les résultats des Rams ?
Le gros problème pour eux, c’est que l’équipe se bâtit sur la draft. Ils peuvent avoir une équipe compétitive l’année prochaine, mais ça risque d’être compliqué si Bradf
ord n’est pas mieux protégé. Donc là, ils ont fait une bonne draft, intelligente. Je ne les vois pas gagner le Super Bowl, surtout dans la division avec Seattle, les Cardinals – qui vont être très bon -, les Niners…Mais je le souhaite ! Ils ont Jeff Fischer, un coach qui a su construire une belle équipe aux Titans donc je ne m’inquiète pas, c’est une équipe qui aura de bons résultats.
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Propos recueillis par Pierre Chambaud et Tommy Cattanéo à Strasbourg
Crédit photo: Thomas Depaepe.
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