C’est un poste à part. Une autre pression. Celle d’une action arrêtée, avec un joueur souvent seul face à son objectif. Discussion avec Brandon McManus et Graham Gano, les deux kickers qui pourraient jouer un rôle déterminant lors du Super Bowl.
L’occasion d’en apprendre plus sur leur métier. Et tout commence souvent avec le ballon rond.
« Thierry Henry était mon joueur préféré quand j’étais jeune », nous prévient Brandon McManus lorsqu’on lui explique représenter un média français.
Même pas besoin de lancer le sujet, le football, notre football, le soccer des américains, sera donc un thème principal de l’interview.
« Au collège, j’ai joué quarterback, safety et kicker. Le choix évident a été le poste de kicker, puisque j’avais joué au soccer toute ma vie », explique le joueur des Broncos.
En parallèle du coup de pied, la passion pour la NFL s’était développée en allant voir des matches de football américain en famille dès 3 ans. Jouer un Super Bowl était donc bien un rêve pour McManus.
Le soccer, c’était aussi le point de départ pour Graham Gano.
« J’ai joué au football pendant 13 ans. Même un peu à l’université. C’est venu naturellement » explique-t-il.
Le kicker de Carolina garde d’ailleurs toujours un petit oeil sur le Bayern Munich, son équipe favorite.
98% des kickers passés par le ballon rond
Gano et McManus sont loin d’être des exceptions.
« Je dirais que c’est le cas pour 98% des gars », estime le joueur de Denver. « Il y a peut-être une personne pour qui ça n’est pas le cas. Tout le monde a joué au football dans sa jeunesse. »
« Il y a beaucoup de similarités. Évidemment, la forme du ballon n’est pas la même. Et la position du pied est différente. Mais notre coup de pied est très similaire. Dans le passé, les kickers attaquaient le ballon de face. Maintenant on parle de kickers « façon soccer », ce qui est le cas des 32 kickers de NFL actuellement. C’est lié au fait de frapper sous le ballon et bien faire monter le ballon. Je pense que c’est pour ça la plupart d’entre nous a une bonne jambe, c’est parce que nous avons passé notre enfance à jouer. »
Entrainement léger
La vie des kickers est-elle si différente de celle des autres joueurs. Apparemment, oui.
« Tous les autres joueurs veulent être à notre place jusqu’au jour du match », assure McManus. « On ne veut pas trop user notre jambe donc nous frappons deux fois par semaine. On s’entraîne deux fois dans la semaine avant le match. Et puis on se détend, et on se prépare mentalement pour la rencontre. En-dehors de ça, je suis parfois en train de lancer des ballons sur le bord du terrain et ils sont tous jaloux de nous. »
Du côté de Carolina, il y a même une limite chiffrée.
« Je ne frappe pas plus de 40 ballons sur une journée, pour garder la jambe fraiche. Les gens comparent ça à un lanceur au baseball. Il ne faut pas trop lancer pour laisser du temps à votre corps pour se reposer. »
Le programme est donc varié.
« Je frappe des ballons deux jours dans la semaine. Je passe beaucoup de temps à soulever de la fonte, à me préparer, à étudier des vidéos », explique Gano.
Avec l’extra point reculé à 33 yards, la préparation est plus importante que jamais. Le kicker des Panthers ne considère d’ailleurs même plus l’action de la même manière.
« Je ne pense plus que ce soit des extra point désormais, ce sont plutôt des field goals. »
Un métier à part. Dimanche, ces deux hommes pourront passer de héros à zéro en une fraction de seconde.
Propos recueillis à Santa Clara et San Jose