Pour fêter la semaine de la Draft, Touchdown Actu vous propose de découvrir ou de redécouvrir une série d’articles et de Top 5 consacrés à l’histoire de la Draft qui ont été publiés pour la première fois en 2012.
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De réunion de dirigeants devant un tableau noir dans un Hall d’hôtel à un évènement sur trois jours diffusé dans le monde entier, la Draft a parcouru un long chemin. Si les techniques ont évolué, son principe lui n’a pas changé. Retour sur les retours et étapes de son développement.
Dès sa création en 1920, la NFL rencontre des difficultés à réguler les salaires des joueurs. Les changements d’allégeance se succèdent continuellement, fonction de l’épaisseur des enveloppes proposées, déréglant un système qui se veut égalitaire au profit des équipes les plus riches ou prestigieuses. Certains entraîneurs n’hésitent pas à engager des joueurs universitaires contre l’avis de la ligue, participant à l’escalade anarchique des salaires. Et ce ne sont pas les règles imposées par le propriétaire des Bears George Halas en 1926 qui freinent cet état de fait, puisque lui-même se permet de les enfreindre.
Bert Bell, propriétaire des (faibles) Philadelphia Eagles, apporte un premier élément de réponse le 19 mai 1935, avec la proposition de l’organisation d’une Draft, la première tout sport confondu. Le concept est simple: chaque équipe est autorisé à sélectionner un joueur universitaire éligible jusqu’à ce qu’il n’y en est plus à disposition et ce, dans l’ordre inverse du classement NFL final. L’idée est d’interdire aux joueurs sélectionnés de négocier avec une autre équipe que celle qui a appelé leur nom, la NFL obtient ainsi un outil efficace de régulation des salaires.
Le 8 février 1936 a lieu la première édition de la Draft NFL au Ritz-Carlton Hotel de Philadelphie. Ce sont les Eagles qui obtiennent le premier choix historique et Bell sélectionne le running back Jay Berwanger de l’université de Chicago, vainqueur de la première édition du Heisman Trophy. Deux jours et neuf tours plus tard, les quatre-vingts dix joueurs éligibles ont trouvé preneur mais en raison du faible salaire de l’époque (1 à 2 dollars par match pour un joueur moyen), soixante-six d’entre eux – dont les neuf joueurs sélectionnés par la franchise de Philadelphie, Berwanger compris – refusent d’entamer une carrière professionnelle. Le numéro 1 sera finalement envoyé à Chicago.
Avec l’introduction des Rams en NFL, la Draft adopte un format à dix tours en 1937, en atteint treize en 1943 puis dix-neuf autour de 1951. Concurrencé par l’AAFC à partir de 1946, la NFL assiste impuissante à la reprise d’une envolée des salaires qui culmine avec le cas Charles Trippi, que se disputent les Chicago Cardinals (NFL) et les New-York Yankees (AAFC) pour une signature à 100 000 dollars échelonnés sur quatre ans. Un évènement fondateur de la fusion de ces deux ligues le 9 décembre 1949, qui met un terme à une nouvelle escalade.
L’émergence du scouting
Précurseurs en matière de Scouting, les Los Angeles Rams s’attachent les services d’Eddie Kotal en 1946. Il devient ainsi le premier Scout professionnel et à qui l’on attribue la paternité du 40-yards dash. Le mode de vie nomade de Kotal, sur les routes près de 200 jours par an, lui permet de bâtir un vaste réseau de contacts et d’assurer le succès des siens à Los Angeles. De 1949 à 1951, les Rams se qualifient systématiquement en finale nationale.
Si Kotal n’hésite pas à se salir les mains et à rendre visite aux plus petites universités du pays, les Rams n’hésitent pas à suivre aveuglément ses conseils. En 1951, ils sélectionnent ainsi le futur Hall of Famer Andy Robustelli au 19ème tour de la Draft. Plus fort encore, Kotal repère un autre futur Hall of Famer, Dick « Night Train » Lane, dès le lycée, un joueur qui ne jouera jamais au niveau universitaire et donc, « indétectable ».
En 1960, l’AFL entre en piste et suce la moelle des effectifs NFL pour alimenter les 8 franchises qui la compose. Si Charles Trippi avait signé avec les Chicago Cardinals pour 100 000 dollars dans les années quarante, les New-York Jets quadruplent la somme en 1965 pour s’attacher les services de Joe Namath. Au plus fort de la tempête, la NFL engage 125 « baby-sitters » chargés de séduire et accompagner les joueurs universitaires dans l’attente de la Draft. En 1966, la NFL signe 79 des 110 sélectionnés par l’AFL pour un montant prohibitif de 7 millions de dollars, argument fondateur de la fusion des deux ligues.
A la tête des Cowboys, Tex Schramm modernise le processus de Scouting. Il finance et développe un système informatique de classification des prospects selon 5 critères : la force, la vitesse, la vivacité d’esprit, le désir de compétition du sujet et, élément révolutionnaire, son caractère. Dernière évolution en date, l’apparition d’Internet a permis à tout un chacun de s’afficher sur la toile et chaque expert auto-proclamé, site ou forum dédié à la NFL dispose aujourd’hui de sa propre vitrine où publier ses analyses et/ou simulations de Draft (« Mock Draft »).
La médiatisation et le partenariat avec ESPN
Dans un autre registre, apparaît en 1976 le sobriquet de Mr.Irrelevant (« L’homme sans intérêt« ) pour qualifier le dernier joueur sélectionné à la Draft puis un module complémentaire en 1977, la Draft supplémentaire, qui permet la sélection de joueurs non-inéligibles jusqu’alors.
Retransmise pour la première fois en 1980 par ESPN – à la demande de la jeune chaîne – la Draft devient l’évènement incontournable de la saison-morte et un sérieux concurrent aux autres ligues américaines (MLB, NBA et NHL) en terme d’audimat. Depuis près de 20 ans, 5 millions de téléspectateurs y assiste chaque année. Pourtant, quand il a dit « oui » à ESPN, le commissioner Pete Rozelle ne pensait pas que des gens auraient envie de regarder la Draft.
Si le Madison Square Garden a accueilli l’évènement de 1996 à 2006, la Draft s’est depuis installée au Radio City Musical et s’étend, depuis 2010, sur 72 heures avec un premier tour en prime time.