Certains joueurs évoluent, d’autres non. Le tableau noir de la semaine est consacré au festival de boulettes signées Mark Sanchez. Incapable de faire marquer à son équipe le moindre point face à San Franscisco, le QB des Jets aurait du se retrouver sur le banc en fin de match, si son remplaçant ne s’appelait pas Tim Tebow. En fait, cela semble n’être qu’une question de temps, car Sanchez s’enfonce de semaine en semaine. Il a disposé d’un temps immense pour se développer, mais il continue à commettre des erreurs de débutant.
Merci à Pro Football Focus.
49ers @ Jets – 2ème quart-temps, 1:22 à jouer.
Sur une 3ème et 7, Mark Sanchez garde le ballon trop longtemps. Il concède un sack et perd le ballon, dans le camp des 49ers, qui ne mènent à ce moment que 7-0.
Typiquement le genre de boulette qu’un rookie peut faire, et pas vraiment celle que l’on attend d’un « franchise quarterback » qui a eu autant de temps de jeu que Sanchez. C’est la combinaison d’un manque total d’attention aux pass-rushers, et la croyance que l’on peut se balader un peu n’importe comment derrière sa ligne sans risquer de se faire transformer en steak haché.
Vous avez sans doute déjà entendu parler de « l’horloge interne » du QB. Celle qui lui indique à quel moment il faut impérativement lâcher le ballon. Les attaques de NFL sont construites sur des timings précis, plus ou moins longs, mais les meilleurs quarterbacks ont cette horloge mentale, qui leur permet de se sortir du pétrin, d’échapper à la pression, et de voir ce qu’il est possible de faire sur le prochain jeu. Mark Sanchez n’est à l’évidence pas pourvu d’une telle horloge. Et sur ce jeu, cela mène à un changement significatif du score, et cela ouvre un temps fort important pour les Niners.
L’excellente couverture de San Francisco empêche Sanchez de lancer là où il veut, c’est à dire sur le receveur dans le slot, parti sur un tracé en profondeur. Malgré l’évidence de la situation, Sanchez met trop de temps à réaliser ce qu’il se passe, et il garde le ballon 2.6 secondes après le snap, sans solution. San Francisco presse à quatre, avec deux rushers rapides sur les côtés, qui passent dans le dos de Sanchez lorsque ce dernier avance dans la poche. Le pire, c’est qu’en réfléchissant plus vite, le QB peut shooter sur le receveur à sa droite, qui effectue un hook au niveau des 20 yards adverses. Si Sanchez avait décroché de sa première lecture plus rapidement, il se serait offert une chance de convertir le first down. Mais son temps d’attente le pousse à filer hors de la poche, pour tenter une passe foireuse sur son running back posté dans la zone inférieure gauche.
Le problème, c’est qu’il est impossible de sortir tranquillement de la poche après y avoir passé trop de temps, sans avoir personne aux fesses. Il doit réaliser qu’en NFL, il est plus lent et moins puissant que les pass-rushers qui ne vivent que pour l’écraser comme un vulgaire raisin.
Au moment où Sanchez essaie de gagner du temps pour trouver son coureur, couvert par NaVorro Bowman, il est déjà en sursis, et les morts de faim approchent à grands pas. Ahmad Brooks est juste derrière. Aldon Smith est aussi de la partie. Brooks attrape Sanchez par derrière tel le léopard qui saute sur sa proie. Le QB parvient à esquiver, mais il est trop tard. Au moment où il tente de couper à l’intérieur, Smith porte le coup de grâce, et provoque le fumble. Les Niners récupèrent le ballon, et marquent trois points dans la foulée, après avoir échappé à un field goal.
49ers @ Jets – 3ème quart-temps, 10:29 à jouer.
Sur une 2ème et 7, Mark Sanchez force sa passe au milieu, et échappe miraculeusement à l’interception grâce à son tight end, qui doit jouer au défenseur sur l’action.
Si l’issue du match ne laisse rien aux Jets, rappelons-nous qu’au moment où Sanchez tente cette passe, les Niners ne mènent que 10-0, et que New York, sans avoir marqué, peut encore y croire. Tout ça pour dire que la situation ne pousse en aucun cas Sanchez à forcer une passe de la sorte, dans une couverture pareille.
Les quarterbacks NFL doivent parfois accepter que l’endroit du terrain où ils veulent lancer n’est parfois même pas envisageable. Cela peut sembler sympa avant le snap, avec une situation favorable, mais une fois que le jeu est lancé, tout peut rapidement se fermer. Dans cette configuration, Sanchez a du mal à accepter qu’il n’a aucune chance de réussir sa passe, compte tenu de la couverture adverse.
Les Jets ouvrent avec deux receveurs au large de chaque côté. Positionné en shotgun avec deux running backs à ses côtés, Sanchez a aussi un tight end à sa gauche. Les 49ers restent dans leur formation de base en 3-4 sur ce jeu, ce qui laisse le tight end Jeff Cumberland (en jaune) seulement couvert par un linebacker. Cumberland part vers l’axe, en profondeur. Un tracé idéal dans ce type de cas. Sauf que le linebacker en question s’appelle NaVorro Bowman (en rouge), probablement l’un des tous meilleurs actuellement. Bowman est en homme à homme sur Cumberland. Il recule à la perfection et se retrouve en très bonne position, avec l’avantage à l’intérieur. Il suit le tracé en profondeur, colle sa hanche à celle de Cumberland, et se retourne pour jouer l’interception. C’est du grand art en terme de couverture individuelle. Quand Sanchez se décide à lancer, il doit alors lancer à travers Bowman pour réussir sa passe.
On peut comprendre que Sanchez tente un coup qui consiste à dire : « soit mon receveur l’attrape, soit personne ne l’attrape ». Ou alors qu’il tente de lober sa passe, en espérant que son tight end se transforme subitement en Jimmy Graham. Mais le QB des Jets n’a rien fait de tout cela. Il a juste shooté directement sur Bowman, avec une infime chance que le linebacker ne soit plus là lorsque le ballon arrive.
Et Sanchez a eu beaucoup de chance, car Cumberland se transforme sur ce jeu en defensive back, qui empêche une interception facile pour Bowman. Malgré son expérience, Mark Sanchez a visiblement encore beaucoup de mal à sortir de sa tête certaines passes impossibles à réaliser.
49ers @ Jets – 4ème quart-temps, 7:58 à jouer.
Sur 1ère et 10, Mark Sanchez mène son receveur droit au carton sur un linebacker, causant une passe incomplète.
Sans doute l’erreur la plus flagrante, aux conséquences potentiellement désastreuses. Cela en dit long sur le processus de développement du QB, à qui il reste énormément de choses à comprendre. Le problème sur ce jeu, c’est qu’un receveur aurait pu se faire vraiment très mal (et les Jets ne sont pas particulièrement chargés dans ce domaine), et que la cause principale de ce raté pose un vrai souci sur tous les autres lancés.
La NFL, c’est pas l’université. Ici, les linebackers sont des monstres qui pèsent dans les 110-120 kilos, qui frappent comme des 38 tonnes, et couvrent comme des defensive backs universitaires. Quand on parle d’accélération du jeu entre le niveau universitaire et la NFL, on fait principalement référence à la vitesse de poursuite des linebackers. Ces derniers sont capables de réagir en un quart de seconde, pour venir fermer des fenêtres qui semblaient pourtant grandes ouvertes. Les jeunes QB mettent souvent du temps à comprendre et anticiper cela.
Sur ce jeu, les Niners démarrent avec leurs linebackers collés à la ligne de scrimmage. Ils reculent ensuite en couverture, et se portent sur la gauche. Les Jets lancent un tracé croisé face à eux, et lorsque que Patrick Turner se sépare d’Aldon Smith, il a alors une petite ouverture. Mais Sanchez le voit trop tard. Au lieu de lancer avant qu’il ne soit ouvert, en anticipant l’ouverture, Sanchez attend qu’il soit ouvert. Cela peut sembler paradoxal, mais c’est très logique : quand le ballon part, Turner n’est plus ouvert.
Bowman est l’autre linebacker à rouler sur la gauche (en rouge). Dès qu’il comprend où Sanchez veut lancer, il stopppe net sa course, se retourne face au jeu, et visualise une cible géante sur Turner. Heureusement pour sa santé, Turner réalise juste à temps qu’il file dans un mur, et se rétracte sur la réception. Il subit le contact, mais c’est bien moins violent que le carton qui l’attendait, et qui aurait tourné en boucle sur toutes les chaînes pendant un an.
Mark Sanchez n’est plus un rookie. Il doit comprendre comment fonctionne la couverture de zone en NFL, et comment les linebackers au milieu peuvent réagir à chaque passe. Il ne peut pas se permettre d’attendre qu’un receveur soit ouvert, car entre le moment où le ballon quitte ses mains et arrive sur le receveur, ce dernier court vers un autre défenseur, qui se fera un plaisir de lui couper la tête.
Les Jets maintiennent que Sanchez est toujours leur réponse en attaque. Mais peut-être se posent-ils la mauvaise question. Quel quarterback entrant dans sa 4ème saison pro commet encore des erreurs qui embarrasseraient un rookie ? A l’évidence, si Mark Sanchez continue à jouer comme ça, Tim Tebow sera bientôt amené à prendre les rênes. Pour quelle amélioration dans le jeu de passe ?