La saison 2024 vient de se terminer, et dès le 10 mars prochain, la campagne 2025 ouvrira ses portes. Touchdown Actu en profite donc pour vous proposer un tour d’horizon des différentes franchises pendant l’intersaison. Quels joueurs garder et couper ? Quels agents libres prolonger ? Quelles recrues observer ? Voici quelques idées, franchise par franchise. A l’honneur, aujourd’hui, les Pittsburgh Steelers.

Entre fierté et frustration. Il est parfois difficile de pouvoir analyser sainement une saison des Pittsburgh Steelers sous Mike Tomlin ces dernières années. Si le technicien de 52 ans reste l’auteur d’une performance historique, avec 18 saisons conclues sans le moindre bilan négatif, il n’en laisse pas moins un arrière-goût amer dans la bouche de ses supporters.

Jugez plutôt : depuis 2016, en dépit d’un ratio de huit ou neuf victoires minimum à chaque fois, les Steelers n’ont plus été en mesure de franchir le palier du tour de wildcard. Pittsburgh fait donc partie des places incontournables de la conférence américaine. De là à considérer les Steelers comme un outsider crédible dans l’optique du Super Bowl ? Rien n’est désormais moins sûr …

Ces atermoiements s’expliquent en grande partie par la difficulté de la franchise à trouver une continuité offensive. La page Kenny Pickett et Matt Canada tournée, les fans des hommes d’acier ont constaté un meilleur rendement de l’attaque sous la coupe du coordinateur Arthur Smith. Suffisant pour permettre à Najee Harris d’aligner une nouvelle campagne à 1 000 yards au sol. Suffisant pour permettre à Russell Wilson de proposer un contenu décent pendant une large partie de la saison. Insuffisant pour permettre aux Steelers de lutter décemment, pendant quatre quart-temps avec leurs principaux rivaux, en décembre et en janvier.

De nouvelles mesures drastiques doivent être de nouveau prises. Mais quelle est justement cette marge de manœuvre à disposition du General Manager local Omar Khan ? Éléments de réponse …

Les tauliers

1. T.J. Watt (Edge Rusher)
2. Minkah Fitzpatrick (S)
3. Cameron Heyward (DT)

Tiercé inchangé par rapport à la saison dernière, mais avec quelques bémols tout de même à mettre en exergue. Pas concernant TJ Watt, qui reste l’un des tous meilleurs défenseurs de la ligue et fatalement la boussole permanente des hommes d’acier.

Pour Minkah Fitzpatrick, les choses coincent un peu plus, notamment d’un point de vue production. Le leadership et la polyvalence du bonhomme restent indéniables, mais niveau safeties, on a plus souvent vu DeShon Elliott auteur de jeux importants en 2024. Charge d’être sûr cette année qu’il n’a rien perdu de sa superbe depuis son retour de blessure.

Enfin, côté Cameron Heyward, le problème est tout autre. C’est lui seul qui semble déterminer s’il sera le taulier des Steelers l’an prochain, tout simplement car il est prématuré d’affirmer qu’il sera toujours dans l’effectif de Pittsburgh après cette intersaison. Certes, l’intéressé va sur ses 36 ans en mai prochain, mais il vient aussi d’être nommé All-Pro, ce qui pourrait le convaincre de rempiler une année de plus, pour rester l’un des fers de lance de cette défense élite.

Les indésirables

– Larry Ogunjobi (DL)
– Patrick Queen (LB)

Là encore, un élément de contexte est important. S’il a été un run stopper précieux ces trois dernières années, en Pennsylvanie, Larry Ogunjobi commence à coûter cher contractuellement. Et à moins d’une retraite anticipée de Heyward, il parait difficile de garder deux contrats massifs sur la D-Line pour les Steelers. Surtout au vu d’une certaine inconstance de la part de l’ancien joueur des Browns, en milieu de saison. Son départ permettrait à Mike Tomlin et Omar Khan d’économiser la somme de 7 millions. Non négligeable après s’être déjà séparé de Preston Smith, pour un gain de 13 millions de dollars.

Parlant gros pactole, le cas Patrick Queen est sans doute plus polarisant. L’un des linebackers les plus courtisés du marché en 2024, celui qui était aux Ravens avait surpris en rejoignant le rival de division. Un an plus tard, difficile de savoir si Pittsburgh est totalement satisfait de cette décision. Non content d’avoir soufflé le chaud et le froid, notamment sur la couverture, Queen a vu l’émergence insolente du rookie Payton Wilson, ce qui pourrait offrir aux Steelers un levier pour s’en séparer à moindre coût (10 millions d’économie sur le cap) en recrutant durant l’intersaison un linebacker moins glamour mais plus besogneux. Reste à savoir si on prônera la patience ou l’exaltation au sein de l’organigramme local.

George Pickens, enfin prêt à montrer un autre visage ?

L’homme de l’été

George Pickens (WR)

Entre ombre et lumière. Comme beaucoup d’autres receveurs passés par Pittsburgh avant lui, George Pickens est un profil truculent qu’il est parfois bien difficile de contenir. Si ses démonstrations en bord de touche ou ses sorties médiatiques laissent parfois à désirer, l’impact qu’a le bonhomme sur la production offensive de son équipe reste assez bluffant. En ayant manqué trois matches en 2024, l’ancienne star de Georgia a tout de même franchi la barre des 900 yards et a contribué à la saison encourageante de Russell Wilson en Pennsylvanie. Sa production en termes de touchdown (3 en 2024) laisse encore à désirer, mais hormis Pat Freiermuth, il reste aussi le principal joueur surveillé à l’approche de l’en-but.

Pour la deuxième année d’Arthur Smith comme coordinateur offensif de l’équipe, nul doute que Pickens pourrait être une arme encore plus létale, s’il tend à s’inscrire totalement dans le projet et à moins rester fixé sur sa prestation.

Avec l’émergence de Calvin Austin et les espoirs autour du joueur de deuxième année, Roman Wilson, blessé l’an passé, il pourrait avoir plus d’espaces à disposition pour aller de nouveau chercher la barre des 1 000 yards voire mieux, lui qui avait obtenu 1 140 yards lors de la campagne 2023.

Les principaux free agents

1. Russell Wilson (QB)
2. Najee Harris (RB)
3. Donte Jackson (CB)
4. Dan Moore (OT)
5. James Daniels (G)

Les autres : Justin Fields (QB), Jaylen Warren (RB), Mike Williams (WR), Van Jefferson (WR), MyCole Pruitt (TE),  Nate Herbig (OL), Isaiahh Loudermilk (DL), Elandon Roberts (LB), Cameron Sutton (CB), James Pierre (CB), Damontae Kazee (S).

Un intérim de qualité, sans plus. C’est sans doute ce qu’a l’air de se dire le staff des Steelers. Russell Wilson, transfuge des Broncos, recruté sans que Pittsburgh ait besoin de payer son salaire annuel, a été une belle surprise au poste de quarterback, remportant son duel direct avec Justin Fields pour le poste de titulaire. Est-ce suffisant pour autant ? Rien n’est moins sûr. Mike Tomlin n’a sans doute pas oublié la fin de campagne compliquée de son joueur, et notamment une prestation abyssale contre les Kansas City Chiefs le jour de Noël.

En attaque, d’autres cas de conscience vont se poser. Habituellement titulaire sur le côté gauche de la ligne, Dan Moore pourrait subir la récente draft de Troy Fautanu pour changer d’air, et James Daniels pourrait lui aussi aller voir ailleurs, après avoir accumulé les blessures ces dernières années. Dans le backfield, Najee Harris est un cas atypique. S’il a perpétuellement produit à 1 000 yards au sol depuis son arrivée dans la ligue, le coureur a manqué de tranchant et de leadership dans le secteur offensif, et le fait que sa cinquième année de contrat n’ait pas été activée par la franchise est un indice notable de la suite des événements pour lui.

Enfin, en défense, Donte Jackson a comme souvent apporté d’un point de vue turnovers, en étant l’un des meilleurs intercepteurs de la ligue en 2024 (cinq picks) mais il a aussi paru trop permissif sur le jeu au sol notamment. Agent libre restrictif, Jaylen Warren a de bonnes choses de revenir, tout comme d’autres joueurs utiles dans la rotation ou sur équipes spéciales (Pruitt, Loudermilk, Pierre).

Le Top 5 des besoins

1. Quarterback
2. Running back
3. Ligne défensive
4. Cornerback
5. Receveur

Qu’il semble loin de temps où le duo Ben Roethlisberger – Le’Veon Bell était LE point d’ancrage offensif de cette formation ! Dix ans plus tard, les Steelers sont encore à la croisée des chemins au sein du backfield offensif, et les rumeurs ne semblent pas s’accorder sur un retour de Russell Wilson et de Najee Harris. Charge à eux donc, de trouver lors de cette intersaison un nouveau duo capable d’être vraiment complémentaire de l’ossature défensive si caractéristique de la franchise.

En défense, justement, et contre la passe, des réponses doivent être trouvées. Heyward sur la fin, Ogunjobi très cher, Jackson en fin de contrat … Les bons rapports qualité-prix sont à trouver dans un groupe globalement solide.

Enfin, la question du receveur se pose forcément, tant Pickens a semblé seul pour faire des différences en un contre un. Une autre solution efficace sur les extérieurs permettrait clairement de libérer beaucoup plus d’espaces et d’aérer sérieusement le cahier de jeu d’Arthur Smith.

Milton Williams, encore en Pennsylvanie en 2025 ?

La cible

Milton Williams (DL)

Parmi les solutions viables qui existent sur le marché pour dynamiser la ligne défensive, Milton Williams est un profil qui sort du lot. Rusher occasionnel lors de ses premières années en Pennsylvanie, l’ancien de Louisiana Tech a pris une dimension supplémentaire en 2024, aux côtés du monstrueux Jalen Carter, pour finir la saison avec 10 hits et 5 sacks. Son gabarit et sa polyvalence lui offrent une capacité à pouvoir aussi bien être utilisé en lineman intérieur sur un front 4 ou en “5-tech” plus écarté sur un front-3. La question sera avant tout financière, mais si Omar Khan mène bien sa barque, les Steelers pourraient tenir le remplaçant immédiat d’Ogunjobi, tout en renforçant un pass rush déjà très efficace, et préparer plus sereinement la succession de Cameron Heyward.

D’un point de vue coaching, les connexions sont assez légères, mais certains auront noté que le nouveau coach des linebackers à Pittsburgh, Scott McCurley, connait bien David Blackwell, l’ancien coordinateur de Williams à l’université. A suivre donc …

Le sang neuf

Omarion Hampton, RB

S’il y a bien une intersaison où il pourrait être intéressant de trouver un successeur à Najee Harris à moindre frais, c’est bien celle-ci. Car si la draft 2025 place clairement Ashton Jeanty comme un coureur “générationnel”, le casting derrière lui n’est pas plus rebutant. TreVeyon Henderson (Ohio State) est un joueur complet, mais a composé avec des blessures pendant son cursus. Kaleb Johnson (Iowa) est un moteur constant, mais doit encore rassurer sur la protection de passe. Omarion Hampton, de North Carolina, semble être un savant mélange entre ces deux joueurs.

Lieutenant de Drake Maye, lors de ses premiers mois sur le campus de Chapel Hill, le running back a pris une dimension XXL en 2024, malgré l’exercice manquée de son programme et le départ du head coach Mack Brown en fin de campagne.

1 660 yards et 15 touchdowns au sol, le tout avec des soucis de blessure au poste de quarterback et avec une attention forcément décuplée de la défense à son encontre. Au-delà de sa production pure et dure au sol, Hampton s’est affirmé comme une arme précieuse en sortie de backfield avec 67 réceptions sur les deux dernières saisons, a démontré des changements d’appuis louables, lui permettant de sévir sur l’intérieur et sur les extérieurs, et a enfin été sollicité assez souvent sur le pass pro, pour un résultat assez honorable compte tenu du casting de cette cuvée.

La principale question le concernant est de savoir où sera-t-il disponible ? Annoncé par certains en fin de premier tour, Hampton pourrait aussi être une denrée intéressante en tout début de deuxième tour si les Steelers venaient par exemple à descendre plus bas pour leur premier choix. Mais son tandem avec Jaylen Warren aurait en tout cas de quoi offrir à Pittsburgh un solide repère à la course, même si les prestations de la ligne offensive, assez inégales ces dernières saisons, joueront elles aussi un rôle non négligeable dans le fonctionnement à plein régime de cette escouade.

Autres choix : Quinn Ewers (QB), TreVeyon Henderson (RB), Jay Higgins (LB).