
Ca y est, le grand jour arrive ! Kendrick Lamar échauffe sa voix, les publicitaires se frottent les mains, vos familles vous posent leurs questions annuelles sur la NFL : cette semaine, c’est le Super Bowl LIX ! Deux ans après, les Eagles retrouvent les Chiefs. Kansas City peut viser un triplé historique. De son côté, Philadelphie espère que Saquon Barkley pourra changer son destin.
Lundi 10 février – 00h30
Philadelphia Eagles (NFC) – Kansas City Chiefs (AFC) – A suivre en direct sur M6
Le joueur à suivre côté Eagles : Saquon Barkley, l’instrument de la revanche ?
Philadelphie était passée si près. Il y a deux ans, les Eagles s’étaient inclinés sur le fil 38-35 face à Kansas City lors du Super Bowl LVII. A l’époque, la franchise de Pennsylvanie n’était pas favorite, mais son quarterback Jalen Hurts avait réalisé un grand match. À un très bon bilan de 27/38 passes complétées, 304 yards, 0 interception, 1 TD, dans les airs, il avait ajouté la bagatelle de 17 courses pour 70 yards nets gagnés et 3 touchdowns à la course. Des chiffres qui avaient fait de lui le premier producteur au sol de Philadelphie sur le match. Les trois coureurs de l’équipe, Kenneth Gainwell, Miles Sanders et Boston Scott n’avaient cumulé, ensemble, que 45 yards en 17 courses.
Hurts n’est plus seul, loin de là. Tout a été dit sur l’impact de Saquon Barkley sur son équipe. Le coureur est à 30 yards de battre le record d’un coureur sur une saison, éliminatoires inclus (2 476 yards de Terrell Davis en 1998 avec les Broncos). Hors blessure, il paraît incongru d’imaginer qu’il pourrait ne pas les atteindre. Il lui avait fallu seulement une action pour y arriver en finale NFC. D’ailleurs, on peine à imaginer un scénario dans lequel les Eagles gagneraient sans qu’il les atteigne. Barkley est devenu, plus que Hurts, le visage de sa franchise. Il faut dire qu’un jeu au sol efficace est une solution à beaucoup de problèmes. Il fait avancer l’attaque, et il est aussi une arme défensive pour priver Patrick Mahomes du ballon pendant de longues minutes de jeu. Dans les moments de tension, il peut rassurer : Saquon Barkley n’a commis que 8 fumbles (4 perdus) en carrière.
L’entraîneur à suivre : le nouveau chef-d’œuvre de Steve Spagnuolo ?
Alors, arrêter l’ancien des Giants sera la tâche numéro 1 de Steve Spagnuolo et de sa défense. La tâche du coordinateur défensif de Kansas City est d’autant plus difficile que Jalen Hurts reste un quarterback mobile. Il faut lui aussi le surveiller. Arriver à stopper le jeu au sol des Eagles est sans doute la première clé du match. Personne n’y est vraiment arrivé cette saison. Sur le papier, les Chiefs ont des armes : Chris Jones (DT) reste un monstre, et le trio Drue Tranquill, Leo Chenal, Nick Bolton forme une escouade de linebackers plus que redoutable. En saison régulière, les Chiefs avaient la 7e marque de la ligue avec 4,1 yards par course adverse.
Cette stat’ rassurante a néanmoins été mise en difficulté lors des playoffs. Lors de leurs deux tours précédents, Joe Mixon (Texans, 18 courses, 88 yards, 1 TD) puis James Cook (13 courses, 85 yards, 2 TDs) ont réussi leur match. Spagnuolo avait sans doute équilibré ses choix pour privilégier de contenir le jeu aérien. Cependant, l’attaque de Philadelphie lui laissera peu de marge. Tout miser sur le sol, c’est potentiellement ouvrir des brèches à A.J. Brown et DeVonta Smith… Que l’habitude de voir Kansas City gagner ne vous induise pas en erreur. Pour remporter ce match, les Chiefs vont devoir sortir un nouveau coup de génie. Heureusement, comme il l’a démontré sur l’action décisive face aux Bills, Spagnuolo en est un.
Le thermomètre des Chiefs : Travis Kelce
Tout le monde se rappelle du Super Bowl LV, où les Buccaneers avaient fait vivre un enfer à Patrick Mahomes (31 – 9). Grâce à une ligne où Jalen Carter, Jordan Davis et Nolan Smith, entre autres, font des ravages, et une secondaire remplie de joueurs stars, les Eagles ont la meilleure défense contre la passe de la ligue. De quoi imaginer pareille débâcle de l’équipe du Missouri, moins impressionnante offensivement qu’elle ne l’a été dans les premières années du duo Reid – Mahomes ?
Ce n’est pas si simple. La ligne offensive des Chiefs, déjà, est bien meilleure que celle qui avait plié à Tampa. Creed Humphrey est un des meilleurs centres de la ligue. Qu’il joue au poste de guard ou de tackle, Joe Thuney est une valeur sûre à gauche : il pourrait devenir le troisième joueur de l’histoire après Charles Haley et Tom Brady à remporter un cinquième Super Bowl. Sans être aussi explosive qu’avant, l’attaque de Kansas City reste redoutable et monte en puissance. Face aux Bills, les Chiefs ont enfin dépassé les 30 points cette saison, ils ont bien choisi leur moment.
Reste que face à la solide défense de Vic Fangio, Patrick Mahomes va devoir trouver un allié dans les airs, un gage de sûreté pour faire avancer les chaînes. Forcément, tous les regards sont tournés sur Travis Kelce. Avec 81 yards face aux Eagles il y a deux ans, et 93 face aux 49ers l’année dernière, Kelce a été deux fois le receveur numéro 1 de la franchise du Missouri. S’il a été en retrait face aux Bills, il reste sur le papier la meilleure assurance tout risque de son quarterback. Si Kelce fait son match, Kansas City sera difficile à aller chercher. Sinon, il faudra trouver une autre soupape et un brin de magie.
Le facteur X : toujours de la magie dans le Kansas ?
“Toto, je crois que nous ne sommes plus au Kansas” : cette réplique du Magicien d’Oz est restée culte. En NFL, c’est pourtant du côté de Kansas City que la magie opère, surtout pendant les Super Bowl. De la réception miracle de Tyreek Hill face aux 49ers lors du Super Bowl LIV, à la récupération d’un punt l’an dernier dans le troisième quart-temps, en passant par les arabesques de Mahomes sur une jambe ou la chevauchée folle de Kadarius Toney face aux Eagles il y a deux ans, les Chiefs ont su trouver des manières parfois rocambolesques de faire basculer le destin lors de leurs épopées victorieuses.
Outre le talent de Mahomes, de Chris Jones, de Kelce, la qualité générale de l’effectif, la clairvoyance des entraîneurs et leur flexibilité tactique, c’est bien cela qui rend difficile de parier contre Kansas City. Un peu comme New England il fut un temps, lorsque Tom Brady remontait de 28-3 face aux Falcons ou quand Malcolm Butler privait les Seahawks d’un doublé sur le fil, il y a cette croyance en quelque chose d’insaisissable qui fera la différence lors de ce Super Bowl.
En s’amusant au jeu des prédictions, qu’est-ce que cela pourrait être cette fois ? Évidemment, toute perte de balle sera clé : les deux équipes en cumulent une seule en cette campagne éliminatoire. Et si c’était plutôt la performance d’un joueur qui sortirait tel un lapin du chapeau d’Andy Reid ? Xavier Worthy a explosé face aux Bills, pourquoi ne pas récidiver ? DeAndre Hopkins va-t-il redevenir la terreur d’antan, l’espace d’un match ? La liste des possibles est longue. Reid a plus d’un tour dans son sac. Face au boss de fin de la NFL, Philadelphie doit être prête à tout.
Le pronostic
Que ce soit pour l’histoire, si les Chiefs venaient à remporter un troisième titre d’affilée inédit, ou pour couronner la revanche d’une équipe bourrée de talent à Philadelphie, le champion sera beau.