La saison approche. La rédaction de TDActu vous propose de faire le point sur les forces et faiblesses des 32 franchises. Aujourd’hui, les Los Angeles Chargers 2024. Vous pouvez retrouver toutes les présentations en cliquant sur ce lien.
Une énième désillusion. Au lendemain de l’embauche du head coach Brandon Staley, les espoirs étaient grandissants sur la côte californienne. Une attaque aérienne ultra-séduisante, un coach entreprenant sur quatrième tentative, une qualification en playoffs en 2022… Tout cela malgré une défaite crève-cœur dans un match longtemps dominé à Jacksonville.
Cette sortie floridienne a sans doute d’ailleurs laissé plus de maux qu’il n’y paraissait. En 2023, les Chargers ont « surfé » malgré eux sur cette mauvaise dynamique. Ligne offensive poreuse, défense contre la passe aux abois, équipes spéciales en intermittence… Et que dire d’un coaching staff jugée trop jeune et en manque de mots pour remettre le vestiaire dans le bon sens ? Brandon Staley n’aura finalement même pas terminé l’exercice 2023, étant le premier domino à tomber dans l’optique d’une nouvelle reconstruction de l’organigramme.
Car le General Manager Tom Telesco a lui aussi pris la porte, après onze saisons passées à la tête des « Bolts ». Pour succéder à ce duo, certains visages connus … et qui se connaissent. Le nouvel homme fort en termes de direction sportif s’appelle Joe Hortiz. Après 25 ans passés dans l’ombre d’Ozzie Newsome et Eric DeCosta à Baltimore, le dirigeant de 48 ans quitte John Harbaugh … pour retrouver son frère Jim.
Celui qui a quitté la NFL par la petite porte, malgré un bilan plus que flatteur, et une participation au Super Bowl avec les San Francisco 49ers, renoue avec la NFL. Et désormais en tant que champion national universitaire en titre, trophée qu’il a glané avec son programme de cœur, les Michigan Wolverines. Comme à Ann Arbor, l’objectif est de donner cette confiance et cette culture de la gagne qui fuit trop souvent les Chargers d’une saison à l’autre.
La saison dernière : 5 victoires – 12 défaites, 4e en NFC Est
Les mouvements à l’intersaison
Arrivées notables : JK Dobbins (RB), Gus Edwards (RB), DJ Chark (WR), Will Dissly (TE), Hayden Hurst (TE), Bradley Bozeman (OL), Poona Ford (DL), Bud Dupree (EDGE), Denzel Perryman (LB), Troy Dye (LB), Kristian Fulton (CB), Tony Jefferson (DB).
Re-signatures : Easton Stick (QB), Alohi Gilman (DB).
Draft : Joe Alt (OT), Ladd McConkey (WR), Junior Colson (LB), Justin Eboigbe (DL), Tarheeb Still (CB), Cam Hart (CB), Kimani Vidal (RB), Brenden Rice (WR), Cornelius Johnson (WR).
Pertes notables : Austin Ekeler (RB), Keenan Allen (WR), Mike Williams (WR), Gerald Everett (TE), Will Clapp (OL), Corey Linsley (OL), Austin Johnson (DL), Nick Williams (DL), Eric Kendricks (LB), Kenneth Murray (LB), Michael Davis (DB).
La première mission du ticket Harbaugh-Hortiz a été de gérer les contrats colossaux de cadres vieillissants de l’équipe. Et si des accords ont été trouvés avec les pass rushers Khalil Mack et Joey Bosa, c’est en attaque qu’il a fallu rogner en termes de masse salariale, avec les coupes de Keenan Allen et du trop souvent blessé Mike Williams.
L’attaque semble d’ailleurs l’emphase principale pour tenter d’épauler efficacement Justin Herbert. Au sol, tout d’abord, marque de fabrique du nouveau coordinateur offensif Greg Roman, qu’Harbaugh a connu à San Francisco, deux nouvelles arrivées pour compenser le départ du polyvalent Austin Ekeler. Roman vient de Baltimore et s’en est rappelé, en demandant les signatures de Gus Edwards et JK Dobbins, tous deux passés dans le Maryland.
Sur la ligne offensive, les pépins physiques répétées du centre Corey Linsley l’ont amené à prendre sa retraite. L’ancien Panther Bradley Bozeman vient donc en renfort pour assurer les snaps et la protection du quarterback. Parlant de cette dernière problématique, les Californiens n’ont pas résisté à l’idée d’aller chercher le prospect le plus aguerri en termes de pass pro lors de la dernière draft. Le massif Joe Alt arrive en provenance de Notre Dame et constituera avec Rashawn Slater un des duos de tackles les plus intimidants de toute la ligue.
Défensivement, les retouches sont plus légères. A l’instar de son coordinateur défensif Jesse Minter, Jim Harbaugh s’appuie sur les piliers qu’il a connus à Michigan. Le linebacker Junior Colson est un plaqueur patenté avec une grosse marge de progression et devrait être le pendant d’un revenant sur le deuxième rideau, l’ancien Texan Denzel Perryman.
Equipe type :
Quarterback : Justin Herbert – Running back : Gus Edwards – Receveurs : Quentin Johnston, Ladd McConkey, Josh Palmer – Tight end : Will Dissly – Ligne Offensive (de gauche à droite) : Joe Alt, Zion Johnson, Bradley Bozeman, Jamaree Salyer, Rashawn Slater.
Ligne défensive : Morgan Fox, Poona Ford, Otito Ogbonnia – Linebackers : Khalil Mack, Denzel Perryman, Junior Colson, Joey Bosa – Cornerbacks : Asante Samuel Jr., Kristian Fulton – Safeties : Alohi Gilman, Derwin James.
Le(s) point(s) fort(s)
Si son utilisation dans le système offensif prôné par Jim Harbaugh et Greg Roman interroge, il est compliqué de ne pas conserver Justin Herbert comme un point fort indéniable des Chargers. Bien qu’avec des statistiques moins reluisantes en 2023 que sur les trois années précédentes, l’ancien d’Oregon a su composer avec un minimum de déchets dans les airs, en attestent ses sept petites interrogations sur le dernier exercice. Sur un échantillon de treize matches, seul CJ Stroud a fait mieux (5) et Lamar Jackson aussi bien (7).
Rien n’est encore garanti, mais comme évoqué plus haut, l’arrivée de Joe Alt en tant que tackle gauche rend la protection de passe extérieure des Angelinos très excitante sur le papier.
En défense, les stars du pass rush n’ont pas été conservés pour rien, Khalil Mack en premier lieu. Les Chargers ont collecté 48 sacks en 2023, dont 17 rien que pour l’ancienne star des Raiders et des Bears. Si Joey Bosa passe trop de temps à l’infirmerie, le rookie Tuli Tuipulotu a été une belle surprise de l’année passée, et le vétéran Bud Dupree vient apporter une profondeur qui pourrait s’avérer salvatrice.
Enfin, sur équipes spéciales, les jeunes loups sont à surveiller de près, au vue de l’efficacité globale du kicker Cameron Dicker l’an dernier, et des aptitudes de Derius Davis sur retour de coups de pied, laissant entrevoir des jours meilleurs dans ce secteur de jeu.
Le(s) point(s) faible(s)
Si, en défense, le pass rush a su faire front, on ne peut pas en dire autant de toutes les escouades. En dehors d’Alohi Gilman, le backfield défensif a été globalement une vraie catastrophe dans les airs, subissant non seulement les foudres des Kansas City Chiefs mais de bon nombre d’autres attaques de la ligue. 4 580 yards concédés contre la passe : seule Washington a fait pire en 2023.
On pourrait se dire que le run stop a été un poil moins inquiétant. Mais en cédant 18 touchdowns aux coureurs adverses, L.A. a là encore été l’une des défenses les plus permissives dans ce domaine. Il est urgent de réagir.
Terminons par le premier rideau, qui pourrait accuser le coup d’un point de vue talent brut et profondeur. A l’heure de l’écriture de ces lignes, les trois titulaires pressentis sont Morgan Fox, Poona Ford et Otito Ogbonnia. Deux des trois joueurs étaient déjà là en 2023 mais principalement utilisés dans la rotation. Pour une équipe qui appelle à miser sur sa force au sein des lignes, ce front-3 va avoir du pain sur la planche, même avec l’autre doublure Scott Matlock ou le massif rookie d’Alabama, Justin Eboigbe.
Facteur X : Le jeu au sol
Il n’était clairement pas un point fort non plus en 2023. Si Austin Ekeler a tenté de gommer cet état de fait grâce à son incroyable polyvalence, les Los Angeles Chargers version 2024 ont tout intérêt à enfin trouver un jeu au sol d’envergure pour mettre moins de pression sur les épaules de Justin Herbert.
Et la réussite du backfield offensif dépendra de pas mal d’éléments. Greg Roman a donc rapatrié deux anciennes connaissances venues de Baltimore, avec des références contrastées. Arrivé dans la ligue en 2018, Gus Edwards est un coureur dur au mal qui a très souvent répondu présent quand la franchise du Maryland en avait besoin. Son dernier exercice le démontre avec 13 touchdowns inscrits, en dépit d’un statut régulier de doublure. Peut-il réellement devenir le principal dépositaire de l’attaque au sol, lui qui n’a jamais franchi la barre des 1000 yards à la course en cinq saisons, et qui approche de la barre fatidique des 30 ans ?
Pour JK Dobbins, l’espoir est encore plus trouble. Après une année rookie encourageante, l’ancien d’Ohio State a joué de malchance et de passages permanents à l’infirmerie. Saison blanche en 2021, moitié de saison en 2022, un tout petit match l’an passé. Certains noteront qu’il reste un profil menaçant avec 12 touchdowns inscits en 24 matches joués. Mais c’est presque une bouteille à la mer qu’a envoyé le coaching staff californien en espérant son retour à 100%.
Parmi les autres options, l’intrigant rookie Kimani Vidal. Le rookie venu de Troy a un profil similaire à Keaton Mitchell, mais avec un gabarit beaucoup plus dissuasif. Il ne sera pas de trop pour tenter d’apporter du poids et de la valeur à un comité en manque de vraies repères à l’orée de cette nouvelle campagne.
Le joueur à suivre : Ladd McConkey (WR)
Un autre rookie va être scruté de près dès ses premiers snaps dans la ligue. Un joueur qui ne paye pas de mine au premier abord, mais qui a su se révéler extrêmement précieux en College Football. Aux côtés du néo-Raider Brock Bowers, qu’il s’apprête à retrouver deux fois dans l’année au sein de sa division, Ladd McConkey a été un atout majeur dans le développement offensif des Georgia Bulldogs en 2021 et 2022, participant activement aux deux titres nationaux glanés par le programme.
Doté de mains sûrs, d’appuis phénoménaux et d’un bon QI foot, il sait se faire oublier et punir les errements des defensive backs adverses. Son apport ne sera sans doute pas de trop, après le départ des cadres comme Keenan Allen et Mike Williams.
Au-delà du simple McConkey, ce sont les receveurs en général qui devraient faire l’objet de pas mal d’attention. Drafté au premier tour en 2023, Quentin Johnston a traversé le début de saison tel un fantôme et doit montrer plus. Quant à Josh Palmer, il est une option viable du cahier de jeu mais a vu sa dernière saison perturbée par un genou fragile. DJ Chark est d’ailleurs un pari, au vu de son historique de blessure, et la pression est déjà là pour Derius Davis dans le slot ou pour les rookies Brenden Rice et Cornelius Johnson sur les extérieurs. Ce mix peut-il être performant dès cette année, même avec Justin Herbert pour les alimenter ? Rien n’est moins sûr …
Calendrier des Los Angeles Chargers 2024
Raiders, @ Panthers, @ Steelers, Chiefs, @ Broncos, @ Cardinals, Saints, @ Browns, Titans, Bengals, Ravens, @ Falcons, @ Chiefs, Buccaneers, Broncos, @ Patriots, @ Raiders
La preview audio du podcast
En résumé
En 2011, pour ses débuts en tant que head coach des 49ers, Jim Harbaugh avait très vite réussi à redonner confiance à son groupe, l’emmenant en finale de conférence, la première année et au Super Bowl la deuxième. Difficile de concevoir cela lors de sa prise de pouvoir chez les Chargers, la faute à plusieurs paramètres : une conférence surchargée, d’imposants contrats qui ont limité la marge de manœuvre, des postes cruciaux qui n’ont pas été considérés d’emblée.
Pourtant, au vu de la volonté de se faire respecter dans les tranchées, Los Angeles pourrait être une équipe à même de montrer plus de caractère et d’application dans de nombreux domaines. Le fait d’affronter deux fois les Raiders et les Broncos, pas forcément les plus pourvus en talents en 2024, pourrait aussi permettre à la franchise de bonifier certaines opportunités pour faciliter cette période de transition inéluctable.