Super Bowl LVIII : Kansas City Chiefs – San Francisco 49ers : 25-22
Dans un match ennuyeux au début puis palpitant au fur et à mesure que les minutes se sont écoulées, les Kansas City Chiefs ont remporté un troisième titre en 5 ans, validant définitivement le statut de « dynastie ». Pour la deuxième fois dans l’histoire de l’ère Super Bowl, le match est allé en prolongation.
San Francisco a eu à plusieurs reprises l’opportunité de gagner ce Super Bowl LVIII, mais Patrick Mahomes (34/46, 333 yards, 2 TD, 1 INT, 66 yards au sol) a trouvé les ressources pour remporter ce match au bout du suspense, après 75 minutes de jeu.
Le moment clé : le drive de la victoire des Kansas City Chiefs
Il reste six secondes dans la prolongation quand Patrick Mahomes lance ce qui est le touchdown de la victoire, pour le revenant Mecole Hardman (57 yards, 1 TD). Ce jeu conclut un drive de 13 jeux et 75 yards qui a vu Patrick Mahomes faire encore une fois preuve d’un sag froid remarquable. Décisif au sol, il a été aidé par Travis Kelce (93 yards), Rashee Rice (39 yards) et Isiah Pacheco (92 yards), point final d’un arc de rédemption réussi pour une attaque en difficulté la majorité du match.
Avec cette victoire, la légende des Chiefs vient encore de prendre en épaisseur.
Le MVP du Super Bowl LVIII : Patrick Mahomes (Quarterback, Chiefs)
Triple vainqueur NFL, triple MVP du Super Bowl.
Il n’y a plus vraiment de mots pour décrire Patrick Mahomes. En difficulté une grande partie du match, abandonné par ses coureurs et sous pression sur quasiment 40% des snaps, l’ancien Red Raider de Texas Tech a encore trouvé le moyen de gagner.
Auteur de 333 yards dans les airs et 66 au sol, il a porté son équipe à bout de bras, permettant à ses coéquipiers de monter en régime au fil du match. Jamais battu, Mahomes donne l’impression d’être insubmersible. Pour la troisième fois, il a gagné le Super Bowl en étant mené de 10 points ou plus. Parfois, il faut juste s’incliner face au génie.
Le film du Super Bowl LVIII
Dès le premier drive, l’attaque de San Francisco trouve un rythme, avec un Christian McCaffrey( (160 yards, 1 TD) inarrêtable au sol et dans les airs. C’est alors que le premier tournant du match va avoir lieu : Leo Chenal provoque la perte de balle de Christian McCaffrey, et George Karlaftis récupère le ballon.
Les pertes de balles sont souvent décisives au Super Bowl, et les hommes de Kyle Shanahan commencent mal. Heureusement la défense tient le coup, et oblige les Chiefs à se dégager sans obtenir une seule première tentative. San Francisco n’a pas plus de réussite, avec un drive marqué par 20 yards de pénalité, dont 15 pour Trent Williams.
Après une nouvelle attaque infructueuse des hommes de Patrick Mahomes, le match semble malgré tout sous le contrôle des 49ers. La ligne défensive est en forme, à l’image d’un Chase Young auteur d’un sack décisif.
Avant la fin du premier acte, les Niners avancent dans les airs avec des héros inattendus : Chris Conley (18 yards) et Ray-Ray McCloud (19 yards), trouvés par Brock Purdy (>23/38, 255 yards, 1 TD). Fin du premier quart sans point, mais avec 125 yards pour les Californiens contre 16 pour les Chiefs.
Le second quart-temps commence avec des points, puisque après une passe bien défendue par Trent McDuffie, c’est Jake Moody qui ouvre le score avec un field goal de 55 yards (0-3). Kansas City croit pouvoir revenir, avec une passe de 53 yards de Mahomes pour Mecole Hardman. Mais sur l’action suivante Isiah Pacheco perd le ballon alors que le « momentum » semblait avoir changé.
Alors que l’ennui pointe le bout de son nez, les hommes de Shanahan débloquent le match. Après un drive bien construit, ils décident de faire un jeu ambitieux, où Jauan Jennings (42 yards, 1 TD, 1 TD en tant que QB) trouve à la passe Christian McCaffrey pour le touchdown de 21 yards (0-10). Le premier touchdown du match, enfin.
Pour la quatrième fois en autant de Super Bowl, Patrick Mahomes et son équipe sont menés de 10 points. Mais le quarterback ne meurt jamais, et utilise les 3 minutes qu’il lui reste pour faire avancer son équipe minutieusement et sans précipitation. Arik Armstead stoppe l’offensive, mais Kansas City marque des points avant la pause, de quoi relancer le match, un peu (3-10).*
Alors que Kansas City a le ballon pour démarrer le second acte, l’attaque va continuer à sombrer. Alors que Pacheco réalise un second fumble qui fait perdre 12 yards, Patrick Mahomes lance une interception dans les mains de Ji’Ayir Brown.
Après un nouvel échange de punt, C’est encore Patrick Mahomes qui fait avancer son équipe, avec ses jambes. Abandonné par ses receveurs, il ne peut faire plus que de mettre son équipe en position de field goal, converti par Harrison Butker pour 57 yards (6-10).
C’est alors que les Niners implosent. Auteur d’une deuxième mi-temps catastrophique en attaque, avec -2 yards en 3 drives, les hommes de Shanahan tiennent en défense. Mais c’est l’équipe spéciale qui va craquer, avec un ballon qui retombe sur le pied de Darrell Luter et qui est récupéré par Jaylen Watson. Sur l’action suivante, Patrick Mahomes trouve Marquez Valdes-Scantling pour un touchdown tout en finesse (13-10). Les Chiefs sont devants pour la 1ere fois du match.
Paradoxalement, alors que San Francisco semble à terre, ce touchdown encaissé va remobiliser les troupes. Brock Purdy retrouve sa vista, et Brandon Aiyuk vient en aide. Mais l’homme le plus décisif des 49ers ce soir est Jauan Jennings. C’est lui qui marque le touchdown, et redonne l’avantage à son équipe, même si l’extra point derrière est manqué. (13-16) Sur ce drive il faut souligner le choix payant de Kyle Shanahan de jouer une quatrième tentative dans la zone rouge.
Personne ne veut pour autant abdiquer. Mahomes trouve Travis Kelce et Justin Watson pour atteindre la zone rouge. Kansas City gère mal la zone rouge, avec des appels discutables et se contentent d’un field goal (16-16). Les deux équipes sont dos à dos à 5 minutes de la fin.
Les 49ers repartent en attaque, et avancent par l’inévitable Jauan Jennings. Malheureusement pour les Niners ils ne parviennent pas à faire mieux que de se mettre en position de field goal. Jake Moody ne tremble pas, et redonne l’avantage à San francisco (16-19). Il reste moins de deux minutes, mais les hommes d’Andy Reid ont de la ressource. Travis Kelce monte en puissance et continue à porter cette équipe, qui échoue (encore) en zone rouge. Mais l’essentiel reste que Kansas City peut marquer le field goal de l’égalisation (19-19).
Direction la prolongation !
Les 49ers commencent en attaque, et sont bien chanceux de ne pas rendre la balle après 3 actions. Deon Bush commet un holding sur la troisième tentative qui redonne des munitions à Brock Purdy et ses hommes. Christian McCaffrey prend les choses en mains, mais comme souvent les attaques peinent dans la zone rouge. San Francisco marque trois points supplémentaires et la pression est à nouveau sur Kansas City (19-22).
C’est alors que Kansas City va réaliser le touchdown de la victoire, non sans difficulté. En quatrième tentative sur les 34 de Kansas City, Mahomes utilise ses jambes pour prolonger le jeu et valider la première tentative. Distribuant à ses cibles sans perdre patience, il avance méthodiquement jusqu’à trouver Mecole Hardman pour le touchdown. Echec et mat.
Le flop : la ligne offensive des 49ers
Les 49ers n’ont encaissé qu’un sack dans ce match, ce qui peut paraitre comme une bonne performance. Sauf qu’en réalité l’escouade a pris l’eau tout le match, et Brock Purdy a évité par son intelligence de jeu dans la poche au moins 5 à 6 touchdowns.
Il n’est pas possible de n’avoir aucune solution contre un plan de jeu connu avant le match, et le coaching staff devra également répondre de cela. Mais quand aucun des cinq joueurs ne semble vouloir faire l’effort, les entraineurs ne peuvent pas faire grand-chose.
La stat : 25% de conversion en troisième tentative (49ers)
Sur bien des aspects, le match des deux équipes est similaire : 24 première tentatives (Chiefs) à 23 (49ers), 5,8 yards par jeux (Chiefs) contre 5.4 (49ers), 2 pertes de balles partout et 55 yards de pénalités (Chiefs) contre 40 (49ers).
Il faut donc chercher la différence dans d’autres domaines statistiques, comme les conversions en troisième tentative. Alors que les Chiefs ont surmonté un mauvais début de match pour finir à 9 sur 19, les Niners finissent à 3 sur 12, soit 25% de réussite. Sans réponse face au blitz, les hommes de Shanahan n’ont jamais trouvé de solutions face à une escouade pourtant affaiblie. Des soupapes de sécurité comme George Kittle (4 yards) ont semblé ne pas faire parti du plan de jeu trop souvent, inacceptable à ce niveau.
La morale : dur dur d’être un kicker
Le match de Jake Moody est paradoxal. Auteur d’un trois sur trois au field goal, dont deux à plus de 50 yards (record du SB), le kicker a réalisé un grand match.
Oui, mais il a loupé la conversion de touchdown qui aurait pu donner la victoire à son équipe. S’il est toujours difficile d’identifier le coupable sur ces phases de jeu, le coup de pied semble bien bas. Les détails sont cruciaux au Super Bowl, et cette action est une nouvelle preuve.
Le poste de kicker restera toujours le plus exposé aux critiques, même dans un match presque parfait.
Et maintenant ?
Pour Kansas City, la fête commence pour fêter un troisième titre en cinq ans et le premier doublé depuis deux décennies. Patrick Mahomes est une légende, et n’est plus qu’à un titre de Joe Montana.
Pour les 49ers, il va falloir digérer cette cruelle défaite. Ils ont eu plusieurs occasions de l’emporter, sans jamais réussir pour autant. Kyle Shanahan va devoir surmonter cette nouvelle déception, et construire autour de Brock Purdy, qui a prouvé ce soir qu’il est l’avenir de cette franchise. Combattif dans un environnement difficile, le quarterback a l’étoffe d’un très grand.