[Statistiques avancées] Attaque ou défense, quel coach NFL choisir ?

Avec 7 postes vacants, la position de head coach NFL sera très recherchée cette intersaison. Ce début d’année 2024 a marqué la fin d’une ère avec le départ de deux des entraineurs les plus expérimentés de la ligue en la personne de Pete Carroll et Bill Belichick.

Profils totalement opposés dans la gestion d’un effectif, ils n’en incarnaient pas moins le même archétype de l’entraineur chef défensif. Ces licenciements s’inscrivent dans une NFL qui semble plus que jamais séduite par l’attaque, avec le recrutement régulier de coordinateurs de l’arbre Shanahan.

Ce changement de paradigme soulève une question bien connue des équipes sans tête pensante : faut-il un head coach défensif ou offensif ?

Méthodologie

Pour cet article, la liste des entraineurs principaux entre 2005 et 2023 a été récupérée. En fonction de leur passé de coordinateur, un profil a été attribué à chaque coach: offensif ou défensif. Pour les quelques coachs pour lesquels le parcours n’est pas évident (comme John Harbaugh qui a surtout entrainé des équipes spéciales), ils ont été mis de côté.

Dans le cas où un entraineur a été remercié en cours de saison, les résultats lui ont quand même été attribués.

État des lieux

Avant de plonger plus loin dans les analyses, il est intéressant de regarder où en est la NFL actuellement. Après 15 ans d’évolution offensive les franchises doivent d’adapter. Les directions ont bien reçu le message. Sur les 32 coachs, la part de coachs offensifs à énormément augmenté ces dernières années, passant de 45% à plus de 55% en 10 ans.

Un pic a été atteint en 2019 à la suite des expérimentations gagnantes de McVay et Shanahan. Mais les résultats justifient-ils toujours cette augmentation ?

Impact du profil du coach NFL sur les résultats

En comparant le nombre de victoires par profil de coach année par année aucune tendance ne se dessine vraiment. De 2005 à 2023, les head coachs offensifs ont en moyenne 8,23 victoires contre 8,16 pour les entraineurs défensifs. Les avantages s’alternent par période.

En revanche, si les coachs défensifs ont eu la part belle entre 2022 et 2014, un avantage net se dessine pour les coachs offensifs depuis 2020. C’est la première fois depuis 2005 qu’un avantage se répète sur au moins 3 saisons consécutives.

Le nombre de victoire ne quantifie pas toujours très bien le niveau d’une équipe. Pour pousser l’analyse, le différentiel de point (points marqués – points concédés) est une métrique plus adaptée et bien plus prédictive.

L’alternance des tendances est particulièrement visible mais ce n’est pas tout. Sur ces 4 dernières saisons, les équipes coachées par des entraineurs défensifs n’ont jamais été aussi peu performantes.

Les coachs de l’arbre de Shanahan influencent fortement ces résultats. Le succès de ces entraineurs dans la ligue expliquent certes une partie des résultat mais pas tous. Un des éléments de réponse se situe dans l’impact qu’ont les entraineurs sur la performance de leurs escouades.

Impact des entraineurs sur l’attaque et la défense

Les entraineurs défensifs avec des attaques apathiques ont jalonné l’histoire du football. Le même phénomène existe pour la défense, toutefois, pas nécessairement dans les mêmes proportions. Pour démontrer cela, les EPA par jeu permettent de quantifier la performance des attaques et des défenses.

Les performances par saison des différentes escouades en fonction du profil de l’entraineur sont comparées.

 

Ces deux graphes reprennent beaucoup de données mais une analyse visuelle rapide donne une tendance. Sur le graphe des performances défensives les courbes se suivent bien plus que sur son équivalent offensif. Qu’est ce que cela signifie ? Ce que l’on constate est que le profil de l’entraineur chef a bien plus d’impact sur l’attaque que sur la défense. Cette tendance est renforcée depuis 2020. Pire depuis 2021, les entraineurs chefs offensifs ont autant voire plus de succès en défense que leurs homologues défensifs !

Performances par période

L’observation précédente est nettement plus visible en isolant par périodes :

Les écarts de niveau des défenses des équipes coachées par des profils offensifs ou défensifs sont restés assez stables. En revanche pour les attaques, cet écart ne fait que s’accentuer. Aujourd’hui un coach offensif a donc bien plus de chance de faire progresser l’attaque sans pour autant pénaliser sa défense. Un coach défensif risque au contraire de pénaliser son attaque et n’est absolument pas une garantie de bon fonctionnement de sa défense.

En 2023, 8 des 10 meilleures attaques ont un entraineur offensif, mais c’est également le cas de 5 des 10 meilleurs défenses. 6 des pires défenses ont un entraineur défensif.

La raison de cet écart peut trouver plusieurs explications :

• D’abord la performance des défenses est beaucoup moins stable que celles des attaques. De nombreuses aléatoires viennent impacter les performances défensives. Ainsi un head coach qui prend en main son attaque devrait rencontrer un succès similaire tant qu’il est dans l’équipe (à condition que le quarterback soit le même). Un entraîneur défensif verra plus de variations appliquées à son escouade de prédilection. En tenant compte de cela, le départ d’un coordinateur défensif sera donc moins préjudiciable pour un entraineur offensif que ne le sera le départ d’un coordinateur offensif pour un entraineur défensif.
• Enfin il est possible que les head coachs offensifs de la nouvelle vague soient en général moins conservateurs que leurs homologues défensifs et donnent donc des opportunités à des coordinateurs innovants. Cette ouverture d’esprit leur permet de mettre en place de bonnes défenses.

Conclusion : avantage à l’attaque

Comme toujours il n’existe pas de formules magiques en NFL, la vérité d’aujourd’hui ne sera pas celle de demain. Il est fortement probable de voir prochainement un coordinateur défensif de talent accéder au poste supérieur et mener sa franchise au Super Bowl.

Mais aujourd’hui, le choix le plus évident reste de se diriger vers un coach offensif.

Le fait que la défense soit naturellement instable renforce cette idée. Ainsi il semble plus logique d’essayer de contrôler au maximum ce qui peut l’être. De plus l’attaque influence aujourd’hui bien plus les résultats d’une équipe que la défense ce qui en fait une escouade à privilégier. Mais le point le plus important est qu’un entraineur défensif n’est absolument pas la garantie d’une bonne défense, si vous en doutez, demandez à Brandon Staley.