Philadelphia Eagles – Kansas City Chiefs : 35-38
Au terme d’un match superbe, les Chiefs ont inscrit un field goal à 11 secondes de la fin pour s’imposer dans le 57e Super Bowl.
Menés de 10 points à la mi-temps, Patrick Mahomes et ses coéquipiers ont renversé la vapeur. S’il a semblé gêné par sa jambe, le quarterback des Chiefs a mené une partition sans erreur pour assurer la remontée. Il a été aidé par une défense qui a su calmer un excellent Jalen Hurts.
Le moment clé : une pénalité qui tue, Jerick McKinnon lucide
35-35, il reste 1mn58 à jouer. Sur une 3e&8, Mahomes cherche JuJu Smith-Schuster. Le ballon n’est pas capté, mais les arbitres sifflent un holding sur James Bradberry. Une pénalité qui donne un first down automatique aux Chiefs alors qu’ils sont déjà à portée de field goal et que Philadelphie n’a plus qu’un temps-mort. C’est donc quasiment fatal.
D’autant que les joueurs de Kansas City sont lucides. Les Chiefs ont le ballon sur la ligne des 11 yards adverses. Le running back Jerick McKinnon (4 courses, 34 yards – 3 rec, 15 yards), qui a la voie ouverte pour le touchdown, décide de s’arrêter juste devant la end zone pour permettre à Kansas City de faire écouler le temps. Les Chiefs font ainsi tourner le chrono jusqu’à obtenir un field goal de 27 yards avec seulement 11 secondes au chrono. C’est à ce moment-là qu’Harrison Butker met son équipe devant pour de bon.
Il n’y aura pas de miracle pour les Eagles, dont la dernière tentative échoue largement et qui sont obligés de s’incliner.
Le MVP : Patrick Mahomes
21/27 à la passe, 3 touchdowns et aucun ballon perdu, avec également 44 yards à la course, tout ça malgré une cheville qui l’a fait souffrir pendant la rencontre.
Pas de doute, Patrick Mahomes est né pour ce genre de moments, il est né pour être décisif au Super Bowl.
Alors qu’il a semblé de nouveau se blesser à la cheville en fin de première mi-temps, il a pourtant sorti quelques courses capitales pour aller assurer le succès de son équipe.
Le film du match
Ce 57e Super Bowl démarre très fort, avec deux attaques qui n’ont pas besoin de période de rodage. Les Eagles frappent en premier, portés par une ligne offensive dominante et une connexion Jalen Hurts (27/38, 304 yards, 1 TD, 70 yards au sol et 3 TD, 1 fumble perdu) – DeVonta Smith (7 rec, 100 yards) qui fait mal aux Chiefs. Après 10 jeux pour 74 yards, c’est Hurts qui conclut à travers un QB sneak (7-0).
La réponse de Kansas City est immédiate. Et comme souvent, la puissance offensive des Chiefs est basée sur la redoutable complémentarité entre Patrick Mahomes et Travis Kelce (6 rec, 81 yards, 1 TD). Les deux se trouvent les yeux fermés, le coureur Isiah Pacheco parvient également à se faufiler dans la défense adverse, et Kelce finit par égaliser sur une réception de 18 yards (7-7).
A la fin du premier quart-temps, après un stop défensif et une nouvelle grosse réception de Travis Kelce, les Chiefs ont l’occasion de prendre l’avantage pour la première fois du match mais leur kicker touche le poteau. Une belle occasion manquée, d’autant plus que derrière Jalen Hurts envoie une bombe vers A.J. Brown (6 rec, 96 yards, 1 TD) qui permet à Philadelphie de reprendre les commandes (14-7).
Le momentum est alors totalement côté Eagles, eux qui parviennent à récupérer rapidement le ballon après avoir mis la pression sur Mahomes. Mais ce momentum bascule contre toute attente en faveur des Chiefs, qui profitent d’une grosse bourde de Hurts pour revenir à égalité sur un retour de fumble signé Nick Bolton (14-14).
Déjà un tournant ? Non. Jalen Hurts fait preuve d’une grosse force mentale pour se remettre directement dans le match. Dès le drive suivant, il guide ses Eagles avec notamment une course de 28 yards sur une 4&5. Il profite ensuite d’une pénalité adverse, sur un nouveau quatrième down, pour trouver la end zone à la course (21-14).
La fin de la première mi-temps tourne mal pour les Chiefs. Non seulement ils sont menés, mais en plus Patrick Mahomes – sous pression – semble se blesser de nouveau à la cheville. Kansas City doit rendre le ballon à Philadelphie avec 1m30 à jouer et Mahomes grimace terriblement sur le banc. L’occasion pour les Eagles de prendre plus d’une possession d’avance sur un field goal après une réception de 22 yards d’A.J. Brown. 24-14 à la pause.
Au retour des vestiaires, les Chiefs et Mahomes se relancent. Ils atteignent la terre promise sur une course de Pacheco, qui réduit le score (24-21). Comme en première temps, les Eagles parviennent à imposer leur jeu, alternant bien la course tout en réalisant des gains importants dans les airs par l’intermédiaire du tight end Dallas Goedert (6 rec, 60 yards). Mais une fois dans la zone rouge, c’est le coup d’arrêt, et Philadelphie doit se contenter d’un field goal (27-21).
Pour la première fois depuis un bon moment, on a l’impression que les Chiefs peuvent prendre le contrôle de la partie. Et ce n’est pas qu’une impression. Isiah Pacheco (15 courses, 76 yards, 1 TD) court comme si sa vie en dépendait, JuJu Smith-Schuster (7 rec, 53 yards) sort de sa boîte, et quand il faut conclure Patrick Mahomes sait faire les bons choix. Il trouve Kadarius Toney pour un touchdown de cinq yards, KC mène 27-28 !
Véritable homme de ce début de quatrième quart-temps, Toney se montre encore une fois décisif en retournant magnifiquement un punt après un nouveau stop de la défense des Chiefs. Cela permet à Kansas City de se retrouver à seulement cinq yards de la end zone adverse, et Kansas City ne rate pas l’occasion de creuser l’écart. Cette fois-ci, c’est Skyy Moore qui ajoute un touchdown à la réception (27-35).
Les Eagles sont officiellement dos au mur. Mais être dos au mur ne fait pas peur à Jalen Hurts et Cie. Le quarterback s’appuie sur A.J. Brown pour faire avancer les chaînes, mais envoie surtout une bombe de 45 yards vers DeVonta Smith. Derrière, Hurts se sert de ses jambes pour trouver la end zone, mais aussi pour arracher l’égalisation sur une conversion à deux points (35-35).
Cinq minutes à jouer, égalité. Qui va faire la différence ? Qui va craquer ? Les Chiefs sont les premiers à avoir le ballon, et Patrick Mahomes a le bon profil pour enfiler le costume de héros. Cheville en vrac ou pas, il sort une grosse course pour emmener Kansas City dans les 20 yards adverses. Une pénalité défensive (defensive holding) sur un troisième down fait ensuite très mal aux Eagles, et KC en profite pour faire tourner au maximum le chrono derrière.
C’est ainsi qu’on se retrouve avec seulement 11 secondes à jouer, et le ballon du match au pied du kicker des Chiefs Harrison Butker. Le snap est clean, le coup de pied est bon, la balle passe entre les poteaux ! 38-35 Kansas City, les Eagles ont les ailes coupées, les Chiefs sont champions !
Le flop : attention, terrain glissant
Des joueurs qui perdent leurs appuis, un kicker sur les fesses. Les glissades se sont multipliées d’une manière inexplicable sur le terrain ce dimanche. Inacceptable à ce niveau de la compétition pour une ligue comme la NFL.
La stat : 158
158, comme le nombre de yards parcourus à la course par les Chiefs dans ce Super Bowl, soit 43 de plus que les Eagles. Une grosse surprise sachant que Philadelphie était l’une des meilleures équipes au sol de la saison, contrairement à Kansas City.
La morale : au Super Bowl, les erreurs se payent cash
Les Eagles ont dominé le temps de possession (36mn contre 24), ils ont gagné plus de yards (417/340), ils ont été plus efficaces sur troisième tentative (11/18). Mais comment-ont ils perdu ce match ? Le fumble perdu par Jalen Hurts leur coûte immédiatement 7 points. Pénalisés six fois, contre trois pour leurs adversaires, ils ont concédé le first down décisif sur un mouchoir jaune.
Il n’y a pas de droit à l’erreur dans ce genre de rencontre.
Et maintenant ?
À 27 ans, Patrick Mahomes rejoint déjà des sommets historiques avec deux titres et deux titres de MVP. Il est d’ailleurs le premier MVP de la saison régulière à remporter le Super Bowl depuis Kurt Warner en 1999/2000. Avec lui et Andy Reid, Kansas City a de quoi voir venir, même s’il faudra sûrement renforcer son groupe de cibles pendant l’intersaison.
Les Eagles devront tenter de garder beaucoup de joueurs libres en fin de saison, mais le point positif du jour est sûrement que Jalen Hurts a montré qu’il a les épaules pour ce genre de grandes rencontres. Sans la fin de match réussie de Kansas City, c’est sûrement lui qui filait vers le titre de meilleur joueur du match, tant il a porté son équipe offensivement.